Le Mardi 13 Décembre 2016 s’est tenu un café géo au Gazette Café présenté par Thierry Ruf sur «  Les enjeux de l’eau dans et autour de la métropole de Montpellier »

Thierry Ruf est Géographe, Directeur de Recherche à l’IRD, spécialiste de gestion sociale de l’eau. Il est Vice-président du Conseil d’Administration de la Régie Publique de l’Eau de la Métropole de Montpellier Méditerranée.

Dans une approche géopolitique de la question de la gouvernance de l’eau, Thierry Ruf aborde son analyse en commençant par un cadrage historique de la place de l’eau, puis il poursuit l’expansion urbaine de Montpellier et de ses périphéries au XXIème siècle, avant de mettre au grand jour les enjeux actuels anciens et actuels.

Premièrement, aborder la question de l’eau, c’est aborder la question des territoires. Dans notre région l’eau a une dimension culturelle et patrimoniale importante. Montpellier a souvent été présentée comme une ville à problème d’eau. Elle a construit son histoire sur la captation des eaux souterraines par des puits, ce qui a eu pour effet en retour, de polluer la nappe phréatique.  Même si l’idée remonte au XIIème siècle, il faut attendre le XVIIIème siècle pour voir apparaitre les premières arrivées d’eau de surface captée à la source de Saint Clément et conduite jusqu’au Peyrou avec l’aqueduc construit par Pitot. La ville dispose de fontaines publiques en plus des puits toujours en service. Dans la deuxième partie du XIXème siècle, après de nombreux conflits et procès, la conduite de Pitot reçoit enfin de l’eau de la source du Lez (c’était le projet initial). Dès lors, l’accès à l’eau potable peut se faire par immeuble. C’est donc à la fin du XIXème siècle qu’une première régie municipale de l’eau est instaurée avec un règlement de l’eau. La mise en place de cette régie va avoir un impact sur le développement de la ville tandis que les périphéries restent encore tributaires d’alimentation en eau par de nombreux puits publics ou privés. Dans le département de l’Hérault, la crise de l’eau va justifier l’organisation d’un Congrès de l’eau en 1923 qui appelle à une nouvelle gouvernance entre les différents territoires ruraux sous-équipés et les villes.

Cependant, au cours du XXème siècle, Montpellier continue à s’étendre sans se préoccuper des villages qui l’entourent. Il faudra attendre les années 1950 pour voir les communes se fédérer en trois grandes entités territoriales (les communes de la vallée du Lez, celles du sud-ouest qui forment le « syndicat du Bas Languedoc » et celles du nord-est qui forment le « syndicat Garrigues-Campagne ». Un quatrième ensemble plus limité réunit quelques communes proches du Salaison dans le « syndicat du Salaison ».

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