Pour une nouvelle géographie du vin : le « vin nature »

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Ces photographies ont été prises dans le cadre d’un repas géographique, organisé par les Cafés géo. Les vins de la soirée peuvent tous être considérés comme « nature ». L’expression « vin nature » ou « vin naturel » interpelle le géographe. La géographie pouvant se définir comme l’étude des relations entre nature et sociétés, elle s’est depuis longtemps emparée du vin pour l’étudier. C’est en effet un produit des sociétés dont l’élément de base, le raisin, est « naturel » (biotique). Les guillemets autour de « nature » et « naturel » sont là pour rappeler que la nature est une construction sociale, qui n’existe que par l’idée que les sociétés s’en font. Le terme « vin nature » est donc intéressant ainsi que l’émergence de son marché. La visibilité du « vin nature » sur le marché est relativement nouvelle et redessine la France du vin, du producteur au consommateur. Pour s’en rendre compte, il faut d’abord définir ce qu’est le ou les « vins nature » et expliquer l’émergence de son marché actuellement.

Le « vin nature », qu’est-ce que c’est ? La géographie est-elle utile à son étude ?

Le « vin nature » peut être défini simplement comme un vin produit sans intrants. Ce qui se traduit par exemple par une absence de pesticides et d’engrais chimiques pour la vigne, de conservateurs pendant la vendange et de levures ajoutées pendant la vinification. Les techniques de filtrage et de collage sont également interdites, tout comme les innovations technologiques considérées comme violentes pour le vin (osmose inverse, micro-oxygénation, …). L’Association des Vins Naturels (AVN) autorise cependant l’ajout de soufre en petite quantité1. L’association des vins S.A.I.N.S. l’interdit totalement2.

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Une géographie des esclavages

Compte rendu café géographique de Saint-Brieuc du 25 février 2016

Marcel Dorigny, professeur à l’université de Paris 8, est l’un des spécialistes des processus d’abolition de l’esclavage et des mouvements indépendantistes. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, en particulier « Atlas des premières colonisations : XVe-début XIXe siècle », Editions Autrement, 2013 ; « Atlas des esclavages » en collaboration avec Bernard Gainot, Editions Autrement, 2013 ; « Grand Atlas des empires coloniaux » Editions Autrement, 2015.

flyer une géographie des esclavages

Marcel Dorigny rappelle que le sujet proposé par les Cafés Géographiques étant très vaste, il abordera  aujourd’hui l’esclavage colonial, celui issu de la traite.

Si le plan chronologique s’impose pour comprendre l’engrenage qui se met en place à partir du XVIe siècle, l’approche géographique est indispensable car l’esclavage colonial a modifié durablement les territoires de trois continents.

En guise d’introduction : l’esclavage, une pratique permanente

L’esclavage n’est pas une invention de l’époque coloniale, consécutive aux Grandes Découvertes. C’est une pratique permanente qui n’est attaché ni à une civilisation, ni à un espace géographique, ni à une époque donnée. L’un des fragments d’écriture les plus anciens est un décompte d’esclaves, en Mésopotamie qui date des environs de 2600 av. J.-C. Les grandes civilisations de l’Antiquité (Egypte pharaonique, Grèce antique, République romaine) étaient des sociétés esclavagistes. Le travail humain était principalement un travail servile. Captifs de guerre, les esclaves étaient vendus sur des marchés d’esclaves à Rome, à Athènes…L’esclavage a existé partout, dans les empires précolombiens, dans les empires arabes ainsi qu’en Asie du sud-est.

En Europe occidentale, à partir du Vème siècle, un grand nombre de pouvoirs locaux succèdent à l’Empire romain. Ces sociétés médiévales n’ont plus les moyens militaires de capturer des esclaves. L’esclavage va donc lentement disparaître dans le courant du Moyen Age, il sera remplacé par d’autres pratiques comme le servage. Le travailleur forcé est sur place (plus besoin de razzias), il va être asservi c’est-à-dire qu’on lui impose un ensemble de contraintes, c’est le régime féodal. Si l’esclavage antique n’existe plus entre la Loire et le Rhin, il perdure en Europe méridionale (Sud de l’Espagne, Portugal, Sicile, Chypre) ; ces formes antiques qui survivent vont rencontrer le nouvel esclavage, l’esclavage colonial.

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Le mythe de la disparition du lac Tchad

Professeur de géographie à Paris 1, longtemps chercheur au CIRAD, Géraud Magrin a fait de l’Afrique subsaharienne, du Sénégal au Tchad principalement, son terrain de recherche. Par ces temps d’alarmisme environnemental, le lac Tchad présente des enjeux particuliers : sa disparition est régulièrement annoncée, et depuis 2010, sur fond de terrorisme montant (Boko Haram), le lac Tchad devient un sujet central. Autour de ce lac, on peut étudier particulièrement les aspects politiques et institutionnels d’un jeu d’acteurs complexe entre Etats, bailleurs de fonds internationaux, ONG et médias.

La COP 21, en raison des messages et des discours contradictoires qui y sont tenus sur le lac Tchad, constitue une excellente entrée en matière. Trois événements récents emblématiques du type de discours qui peut être tenu sur ce lac :

  • Juste avant le début de la COP 21, un mini sommet avec F. Hollande, 12 chefs d’Etats africains ainsi que la présidente de la commission de l’Union Africaine (Nkoszana Dlamini-Zuma) se sont exprimés et ont déploré l’assèchement progressif du lac Tchad en liant cet assèchement avec l’insécurité qui règne aujourd’hui dans la région (une région qui est actuellement sous l’emprise de Boko Haram depuis 2 ans). Avec ces discours, ils ont voulu tirer la sonnette d’alarme et attirer l’attention de la communauté internationale sur la situation qui sévit actuellement. Le président tchadien notamment a exprimé son mécontentement quant à l’inaction relative par rapports à la « situation catastrophique » qui est en train de s’établir dans cette région.

  • Deux jours après, dans le pavillon Afrique (géré par la Banque africaine de développement), les bailleurs de fonds (Banque mondiale, UE, Agence française de développement..) ont mis en place un atelier technique pour lancer un programme en faveur du lac Tchad, avec notamment la Commission du bassin du lac Tchad (CBLT, c’est l’agence régionale qui représente les pays riverains du lac, chargée de gérer ensemble les eaux du lac et de son bassin), qui a présenté un plan d’adaptation et de développement avec une approche technique très proche de celle des chercheurs.

  • Deux jours plus tard, l’Institut de recherche pour le développement (IRD) a organisé un « side event » (c’est-à-dire un événement parallèle qui n’était pas officiel dans les négociations) où les chercheurs ont présenté leur compréhension de cette disparition, où des représentants de la société civile qui vit autour de ce lac se sont exprimés (sur les difficultés que peuvent rencontrer les populations en abordant davantage des questions socio-économiques qu’environnementales). Pourtant un ministre français présent s’exprime et demande à ce que les chercheurs de l’IRD arrêtent de dire que le lac Tchad ne disparaît pas puisque quand un lac varie autant, cela perturbe tellement les gens qu’il y une nécessité de dire qu’il disparaît afin qu’un nombre plus important de personnes se sentent concernées.

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La 3ème révolution agricole du numérique et de la connaissance

Ce mardi 26 Janvier 2016, le thème de la soirée est la 3ème révolution agricole du numérique et de la connaissance.

Michel Sivignon nous présente Rémi Dumery, « cultivateur expérimentateur en agriculture sociétale » et grand fan des nouvelles technologies et de l’innovation. Rémi Dumery possède une exploitation de 130 ha en Beauce, au Sud-ouest de Paris, à Boulay-les-Barres. Il cultive des céréales, mais aussi des oléagineux et des betteraves. L’agriculteur beauceron aime parler de son métier et de sa manière de travailler. Passionné d’informatique, Rémi Dumery aime surfer sur internet et tweeter ses followers sur les réseaux sociaux : c’est, pour lui, une façon de transmettre à un large public ses connaissances et ses savoir-faire en agriculture. Et c’est une manière de répondre à l’un des grands enjeux du XXIe siècle : la 3ème révolution agricole du numérique et de la connaissance.

Car l’homme moderne est plein de paradoxes, nous explique Michel Sivignon. Dans un monde mondialisé, les « gens de la ville » sont en effet devenus des « animaux d’appartement » et ont perdu leurs racines campagnardes. Ces gens de la ville manifestent aujourd’hui une réelle envie de renouer avec la campagne, de revenir aux terroirs. Le terroir est de plus en plus présenté – à tort ou à raison – comme le véritable territoire authentique. Mais le lien que l’homme moderne veut conserver avec la nature et le lien qui s’y rattache réellement n’est plus le même que celui qui existait encore au XXe siècle (50% de la population active était agricole en 1929, et depuis cette part ne cesse de décliner). L’époque où les jeunes allaient passer quelques jours à la campagne chez le grand-père ou chez un oncle et où ils revenaient avec une idée – même vague – du fonctionnement du métier, est bel et bien révolue. Cependant, malgré ce déclin du secteur agricole, nous dit Michel Sivignon, une vision idéologisée – bien relayée notamment par le mouvement écologique – demeure ancrée dans nos mentalités : l’homme de la ville est le premier à s’inquiéter du déclin des campagnes. Pour l’urbain, c’est une question de priorité : il faut sauver l’agriculture. Mais avant de vouloir sauver l’agriculture, ne faut-il pas déjà savoir ce que c’est ? Ne faut-il pas déjà connaître ceux qui en sont les acteurs, c’est-à-dire les agriculteurs ? Car derrière ces propos marqués par les mots d’authenticité, de typicité et de pérennité, les contenus restent vagues. Et c’est à nous, citoyens du XXIe siècle, qu’il incombe de modérer cette distance béante entre une profonde et dangereuse méconnaissance de l’agriculture, et une vision chimérique, rêvée et fantasmée d’une agriculture menacée que l’on doit impérativement sauver.

Lors de ce Café Géo à la pointe de l’actualité, Rémi Dumery intervient sur un sujet qu’il connait bien pour sensibiliser et alerter le public de la situation de l’agriculture et surtout des agriculteurs. Car si les Français adorent leur paysannerie et leurs agriculteurs, ils se méfient au contraire de leur agriculture qu’ils ont finalement tendance à méconnaître et à stéréotyper.

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Des géographes hors-les-murs ?

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Pascal CLERC, Marie-Claire ROBIC (dir.), Des géographes hors-les-murs ? Itinéraires dans un Monde en mouvement (1900-1940), L’Harmattan, 2015, 408 p., 34 €. Contributions de Roland CARRUPT, Pascal CLERC, Christian GERMANAZ, Nicolas GINSBURGER, Josefina GÓMEZ MENDOZA, Philippe OULMONT, Hugues PEUREY, Marie-Claire ROBIC, Michel SIVIGNON, Mercedes VOLAIT.

Chers amis des Cafés géo, savez-vous qu’à côté des Vidal, Martonne, Blanchard et autres célébrités, il existe une constellation, une myriade de géographes inconnus ? Ce sont les géographes hors-les-murs, des hétérodoxes, des hommes libres. Leur itinéraire, bien différent de ceux des « grands », jalonné de bifurcations, jamais linéaire, sort de la voie classique : ENS, agrégation, thèse, chaire universitaire. Cet ouvrage propose des monographies d’une dizaine de ces outsiders de la première moitié du vingtième siècle et quelques chapitres sur les Balkans, espace marginal pour des Français, mais travaillé aussi par les Allemands et au cœur des enjeux de la Première guerre mondiale (un chapitre sur le géographe serbe Jovan Cvijić et un autre sur la géographie des Balkans rédigé par Michel Sivignon).

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Les ressources territoriales de l’entreprise. Géo-histoire de l’ancrage Michelin à Clermont-Ferrand

Pour le premier Café Géo de Lyon de l’année 2016, nous accueillons Thomas Zanetti, maître de conférences à l’Université Lyon III Jean Moulin et chercheur au CRGA de l’UMR 5600. Il a soutenu une thèse en géographie intitulée « Une ville et sa multinationale, une multinationale et sa ville : emprise spatiale, organisation sociale, fonction économique et régulation politique du « territoire Michelin » à Clermont-Ferrand (fin XIXème à nos jours) » en 2012.

Il propose une étude du système productif de Michelin ; la présentation est avant tout centrée sur la dimension locale de ce système productif et son ancrage à Clermont-Ferrand. Le cas de Michelin à Clermont-Ferrand est emblématique de la manière dont les systèmes productifs évoluent dans le temps et s’articulent en fonction des échelles.

On peut tout d’abord souligner les liens affectifs qui lient Michelin à la ville de Clermont-Ferrand. Pour débuter, T. Zanetti nous propose des photographies qui montrent les obsèques d’Edouard et de François Michelin. Près de 10 000 personnes étaient présentes lors des funérailles d’Edouard Michelin, et beaucoup de Clermontois ont également assisté aux funérailles de François Michelin décédé en 2015. Michelin reste donc très lié à la ville qui l’a vu naître. Clermont-Ferrand a d’ailleurs été surnommée « Michelin-ville ». Pourtant, Michelin est une multinationale implantée dans de nombreux pays. Quelles sont donc les stratégies spatiales de cette multinationale ? Si elle recherche une certaine indépendance vis-à-vis des territoires, sa stratégie n’est pas pour autant aspatiale.

La présentation reviendra d’abord sur les ressources locales mobilisées par l’entreprise pour construire un système productif dans le temps long. Quelles sont les ressources économiques, sociales, spatiales et politiques du système productif Michelin à Clermont-Ferrand ? La présentation abordera ensuite les évolutions spatiales et temporelles de ce système productif pour enfin s’intéresser aux mutations contemporaines et aux caractéristiques actuelles de la stratégie spatiale de Michelin.

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La carte : Un outil pour comprendre l’actualité internationale ?

La guerre en Syrie, le fléau Boko Haram, le conflit chiites-sunnites ou encore les migrants à Calais sont autant de sujets que le journal Le Monde choisit aujourd’hui de raconter en carte. Depuis quelques années en effet, ce quotidien consacre des pleines pages à la cartographie pour expliquer la complexité des conflits. Si les cartes existent depuis les débuts du journal Le Monde, la place qui est lui est désormais réservée s’inscrit dans une prise de conscience croissante de l’intérêt des lecteurs pour les informations visuelles. Deux journalistes-cartographes au Monde, Flavie Holzinger et Delphine Papin, toutes deux formées à l’Institut français de géopolitique, viennent nous raconter les difficultés qu’il y a à concevoir et réaliser dans l’urgence des cartes pour un quotidien.

Ce Café Géo animé par Flavie HOLZINGER et Delphine PAPIN, journalistes-cartographes au journal Le Monde, docteures en géopolitique, a eu lieu le mardi 12 mai 2015 au Saint-James, Place du Vigan à Albi à partir de 18h30.

La place de la carte dans le journal Le Monde, comparée à d’autres journaux.

Delphine Papin et Flavie Holzinger présentent leur travail au sein du journal Le Monde. Ce travail est un peu particulier, car bien qu’étant journalistes, leur travail au quotidien est de raconter l’actualité en cartes. Leur équipe travaille donc souvent avec le service « international », parfois avec le service « France », parfois avec le service « planète » (qui regroupe les questions d’environnement, de migrations). Avec leur équipe, elles mènent donc une réflexion qui est de raconter l’actualité autrement que par de l’écrit, ce qui, pour le journal Le Monde, est en soi une révolution. La tradition de ce grand journal quotidien, qui fait référence, c’est d’abord l’écrit. La volonté d’intégrer des cartes dans le journal correspond à peu près au moment de la révolution internet où l’équipe s’est aperçue que le lecteur avait besoin, soit de zapper, soit de voir les événements et qu’une grande photo en « une » ou un dessin ou une carte pouvait choquer, interpeller ou questionner. Produire un côté plus visuel pouvait alléger le journal. Cette prise de conscience date des années 2000, bien que la cartographie au journal Le Monde ait toujours été présente. Dès mai 1945, six mois après le début du journal, a été produite une carte du Vercors, dessinée à la main. Le journal Le Monde a toujours été un acteur de la carte. Mais depuis six ou sept ans, l’infographie a pris une place plus importante. Et depuis 4 ans, il y a un virage sur la façon dont Le Monde imagine la carte au sein du journal, qui est totalement nouvelle.

Pour se renouveler, le journal est parti du constat que les Français sont vraiment attirés par les cartes, qui prennent une place de plus en plus importante dans la société, comme on peut le constater par la diffusion d’un grand nombre d’atlas thématiques depuis une dizaine d’années, également avec l’émission du Dessous des cartes produite par Arte.

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L’Allemagne aujourd’hui, 25 ans après la réunification

Le mercredi 14 octobre 2015, nous avons eu le plaisir d’accueillir à Chambéry Antoine Laporte, maître de conférences à l’ENS de Lyon et spécialiste de l’Allemagne, pour un café géographique portant sur l’Allemagne aujourd’hui, 25 ans après la réunification.

Pour introduire son propos, A. Laporte expose deux idées.

Dans l’actualité, l’Allemagne est un pays fréquemment comparé d’un point de vue socio-économique avec d’autres pays européens, et avec la France en particulier. Les médias mettent régulièrement en avant le modèle social allemand qui pourrait servir de référentiel.
L’Allemagne a également une histoire riche et complexe. Sa réunification explique certaines logiques que l’on retrouve dans le monde allemand contemporain. Néanmoins, un quart de la population allemande est née après le 3 octobre 1990, date de la réunification de l’Allemagne, et, pour elle, la période antérieure appartient à l’histoire ; le changement de perspectives sociale, économique, politique et culturelle post 1990 apparaît comme une réalité.
Sur ce préambule, A. Laporte a d’abord expliqué les ressorts de la « superpuissance » allemande, puis il en a livré une analyse critique avant de détailler différentes formes d’inégalité en Allemagne.

Cette « superpuissance » est révélatrice à divers égards.

Par exemple, l’annonce de l’accueil des migrants par la chancelière allemande renforce l’image d’Eldorado attribuée à l’Allemagne. C’est un pays qui s’enrichit, qui est capable de présenter des avantages pour sa population, où les universités sont gratuites, etc. Autant de signes de puissance à l’échelle européenne et mondiale dans un contexte de morosité économique. Des évènements internationaux, comme la victoire de l’Allemagne lors de la coupe du monde de football en 2014, sont des emblèmes de la réussite du pays. Berlin est aussi une métropole puissante d’un point de vue diplomatique et géopolitique : aujourd’hui, la capitale allemande accueille ainsi 160 ambassades et elle a dépassé Paris à cet égard.

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La Chaussée des Géants (Irlande du Nord)

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Située sur le littoral de l’Irlande du Nord, la Chaussée des Géants (en anglais : Giant’s Causeway) est l’un des plus célèbres sites naturels d’Europe, inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1986. Son nom irlandais « Clochan na bhFomharach » signifie « le petit tas de pierres des Fomoires ». Il s’agit d’une composition d’orgues basaltiques, plus précisément de colonnes hexagonales verticales juxtaposées. L’ensemble évoque un pavage commençant à la base de la falaise pour disparaître plus loin dans la mer. Environ 40 000 colonnes sont présentes sur l’estran mais aussi dans la falaise qui est haute à cet endroit de quelque vingt-huit mètres. Ce paysage naturel exceptionnel est lié à l’histoire du volcanisme.

Une histoire de volcans

Après le volcanisme (68-60 Millions d’années), trois grandes provinces magmatiques se sont mises en place. La plus importante, et aussi la plus ancienne, est la province magmatique de l’Atlantique nord qui s’est formée durant le Paléocène et l’Éocène ancien, englobant les côtes est et ouest du Groenland, les Hébrides, les îles Féroé, et le nord de l’Irlande. La Chaussée des Géants traduit ponctuellement l’impressionnante activité volcanique qui a produit cette province.[1]

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Pasaiako Portua : un petit port basque à vocation industrielle
Le port de Pasaia en Espagne (« Pasaiako portua « en basque ). Cliché de Stéphane Dubois, 29 décembre 2015

Le port de Pasaia en Espagne (« Pasaiako portua « en basque ). Cliché de Stéphane Dubois, 29 décembre 2015

En 1843, Victor Hugo découvre Pasajes (Pasaia en basque), tombe sous le charme de ce port de pêche et le décrit en des termes élogieux[1]. La petite cité côtière est, depuis, devenue un port polyfonctionnel : aux produits de la mer (13 000 tonnes déchargées en 2013, ce qui en fait le troisième port de pêche espagnol derrière Vigo et La Coruña), s’ajoutent des trafics de marchandises variées à forte base industrielle.

Un petit port placé dans un environnement logistique concurrentiel

Le port de commerce de Pasajes, dans la province du Guipúzcoa, s’inscrit dans la vaste conurbation basque espagnole qui réunit la ville frontalière d’Irún à la métropole touristique qu’est San Sebastian et comprend les cités industrielles de Lezo, Rentería et Pasajes Antxo.

De prime abord, ses trafics apparaissent modestes. En 2015, 3,79 millions de tonnes de marchandises ont été manipulées sur les terminaux du port. L’objectif actuel des autorités portuaires est d’atteindre et de dépasser les 4 millions de tonnes. De fait, Pasajes en impose peu, face notamment à Bilbao, dont les trafics ont atteint 32,8 millions de tonnes en 2015. Qui plus est, l’environnement concurrentiel du port guipuzcoan est renforcé par la proximité de Bayonne. Le port français a certes connu une année 2015 assez difficile (2,3 millions de tonnes) mais il n’en reste pas moins pour Pasajes un adversaire d’autant plus coriace que les orientations logistiques de trafics de part et d’autre de la frontière sont assez analogues.

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