Le pays Konso en Ethiopie. Un paysage culturel classé par l’Unesco.
 Cliché de Maryse Verfaillie (février 2016), comme tous les clichés publiés dans cet article

Cliché de Maryse Verfaillie (février 2016),
comme tous les clichés publiés dans cet article

L’Ethiopie, pays immense (grand comme deux fois la France) compte plus de 80 nationalités différentes… et bien décidées à le rester !

Ce pays, situé globalement entre le tropique du Cancer et l’Equateur, est un pays de montagnes (avec un sommet à 4 620 m) et de hauts plateaux. C’est donc un vaste château d’eau qui distribue cette denrée vitale à l’Egypte (par le Nil bleu) et à toute la Corne de l’Afrique. Il est donc hautement stratégique !

La vallée du Rift qui du Nord au Sud l’échancre profondément est actuellement perçue comme le berceau de l’humanité : on y a retrouvé les ossements de Lucy (vieux de 3 millions d’années) et plus récemment, autour du lac Turkana, au Kenya, des mandibules qui vieillissent encore le genre humain de 400 000 ans. C’est donc un endroit clé pour comprendre l’histoire de nos origines !

Enfin, l’Ethiopie est la 2ème puissance démographique d’Afrique avec environ 80 millions d’habitants. Pays encore très pauvre, il est néanmoins « en voie de développement » et attire les investisseurs les plus variés. On parle très peu de l’Ethiopie en France et c’est fort dommage.

Le choix d’aborder la région à travers l’exemple du pays Konso est lié à l’existence de sources écrites sur une société originale qui depuis plus de 400 ans a créé un paysage culturel étonnant fait de terrasses et de fortifications de pierre. Ce paysage culturel a été officiellement inscrit par l’Unesco en 2012 sur la liste du Patrimoine mondial, faisant de l’Ethiopie le pays d’Afrique comprenant le plus grand nombre de sites protégés.

(suite…)

Cartographier la crise des réfugiés. Enjeux géographiques, éthiques et politiques

Compte-rendu du Café géographique de Chambéry – 2 décembre 2015 au Café Le Beaujolais, avec Sarah Mekdjian, Maître de conférences en géographie à l’Université Grenoble-Alpes

Sarah Mekdjian s’intéresse particulièrement aux questions migratoires et frontalières contemporaines par le biais d’approches critiques. Dans le cadre d’un projet de recherche européen, elle a participé à une réflexion portant sur le franchissement des frontières et la production de cartes participatives et expérimentales. Grâce au collectif de chercheurs AntiAtlas des frontières, ces productions feront l’objet d’une exposition à partir du 3 février 2016 au 29 mai 2016 au Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation à Lyon.

Ces recherches et productions ont été au cœur de ce Café géo dont l’objet était : « Cartographier la crise des réfugiés. Enjeux géographiques, éthiques et politiques ».

Photographie 1 : cartographie d’un réfugié (© Sarah Mekdjian)

Photographie 1 : cartographie d’un réfugié (© Sarah Mekdjian)

 

Ce sujet est au cœur de l’actualité médiatique. Un des enjeux de ce Café géo est de comprendre, d’analyser la crise des réfugiés et de l’historiciser.

Depuis quand les médias parlent de crise ? Est-ce qu’il y a quelque chose de nouveau dans les faits et les processus migratoires ? Qu’est-ce qui est en train de se jouer de nouveau ? Qu’est-ce qui ne l’est pas ?

Comment cartographier la crise des réfugiés en partant des réfugiés eux-mêmes ?

Tout d’abord, pourquoi traiter de ce sujet à partir de la cartographie ? Une des hypothèses est que la crise des réfugiés, telle qu’elle est représentée dans les médias, passe beaucoup par les images. C’est un des éléments voire l’élément central du discours médiatique. Avant la carte, ce sont les photographies qui sont majoritairement utilisées. La photographie à la Une du Monde le 27 novembre 2015 est une image de radeau surchargé au milieu de la mer. Cette photographie a été prise au large de l’île de Lesbos, au large de la Grèce en novembre 2015. Cette image est même une icône, qui fait référence au Radeau de la Méduse de Géricault. C’est un topos de l’art, c’est aussi la figure d’innocents à la mer. C’est une esthétique connue dans l’art de l’Occident qui rejoue la figure du naufragé.

Il faut bien sûr prendre de la distance par rapport à ce type de figure. Une autre figure existe, elle est moins connue mais très présente dans les médias, et notamment dans Le Monde : c’est la carte. Il s’agit souvent d’une carte de flux et de routes migratoires, généralement composée de flèches. Nous constatons donc un double registre représentatif : la photographie qui fait appel aux sensibilités, à l’empathie et la carte qui serait l’objet de raisonnement, de compréhension. Il s’agira de montrer que cette opposition entre émotion et raison, photographie et carte, ne tient pas. Ces images combinent des fonctions émotionnelles, cognitives, informatives, en plus de fonction politique.

La crise des réfugiés est une crise humanitaire et une crise politique qui amène l’Union européenne à repenser l’espace Schengen notamment.

(suite…)

Tableau géophotographique du Brozoufland d’Ariane Bourbaki

Tableau géophotographique du Brozoufland d’Ariane Bourbaki, Université de Genève, 2015.
Compte rendu des extraits du livre disponibles sur le site Visions Carto.

État enclavé, le Brozoufland possède néanmoins une marine composée du seul patrouilleur Sirius. Il ne défend pas la frontière internationale qui, invisible, passe au milieu du lac. Il se concentre seulement sur la sécurité des sommets internationaux qui ont souvent lieu sur ses rives. On craint moins un conflit avec le pays voisin qu’une manifestation de gauchistes. (Photo : Alberto Campi, 2015. Vision Cartos)

État enclavé, le Brozoufland possède néanmoins une marine composée du seul patrouilleur Sirius. Il ne défend pas la frontière internationale qui, invisible, passe au milieu du lac. Il se concentre seulement sur la sécurité des sommets internationaux qui ont souvent lieu sur ses rives.
On craint moins un conflit avec le pays voisin qu’une manifestation de gauchistes. (Photo : Alberto Campi, 2015. Visions Carto)

 

Itinéraire 2 : Imaginer un nouveau pays, le Brozoufland

Sur une idée de Jean-François Staszak, de l’université de Genève, Saint-Dié va officialiser ses relations avec un nouveau territoire : le Brozoufland. Mais qu’est-ce donc ce pays ? Qui sont les Brozouflandais ?

Pour le festival, on verra des plaques d’immatriculation, mais on ne connaît pas leur capitale ? Ce pays inconnu est-il si petit ? Le climat si ingrat que personne n’en rêve ? Pourquoi la ségrégation y est-elle si poussée jusqu’à imaginer des toilettes pour Noirs, des toilettes pour Blancs, des toilettes pour hommes, des toilettes pour femmes ?

Le Festival invitera des Brozouflandais, venus spécialement de leur pays, pour en parler. Miss Brozoufland portera les couleurs et les rêves de ceux qui veulent découvrir le pays. Ainsi que le ministre des Sports brozouflandais, champion du monde du Gummock, art martial conçu au Brozoufland.

Le Festival a convoqué des géographes spécialistes du Brozoufland pour comprendre de quoi il s’agit quand on parle d’un pays. Une table-ronde «A quoi servent les pays de fiction» peut montrer comment la géographie se fait en rendant visible la fabrique d’un territoire. Comment les discours, les phénomènes, les processus géographiques s’emboîtent à travers une forme qui peut être excessive, voire caricaturale.

L’enjeu de cette découverte du Brozoufland, une découverte ludique, pédagogique, épistémologique et scientifique est de faire découvrir une des facettes les plus attachantes d’une géographie en train de se construire.

Béatrice Collignon, Philippe Pelletier et Jean-François Staszak

NB : Le Brozoufland, un des thèmes (itinéraire 2) du FIG 2015 (Festival international de Géographie à Saint-Dié) consacré aux territoires de l’imaginaire

(suite…)

La province russe et les écrivains

Les 5 et 6 février 2016, a eu lieu la septième édition des journées européennes du Livre russe sur le thème de « la province. » Les tables rondes, les rencontres avec les auteurs, le salon du livre se sont déroulés à la mairie du Vème arrondissement ou au lycée Henri IV. D’autres lieux y étaient associés comme le CRSC, la BULAC, le Studio-Théâtre de Charenton, la bibliothèque Tourgueniev et le cinéma Le Grand Action. Ce fut l’occasion de parcourir la province russe en compagnie de nombreux écrivains russes et russophones mais aussi avec des écrivains français dont les œuvres se déroulent en Russie ou y sont rattachés. Par « province », il semble que l’on entende ici la nature, la campagne, les étendues immenses mais ce n’est pas sûr. De quoi interpeller l’auditeur géographe ! Le fil conducteur a été celui d’une littérature qui, des grands écrivains russes du XIXème siècle à aujourd‘hui sans oublier ceux de la période soviétique, a exploré ces thèmes. Ces journées ont aussi été l’occasion d’aller à la rencontre de la littérature des peuples autochtones de Sibérie.

  1. La nature comme consolation de l’homme moderne

Une table ronde réunit Jana Grishina, spécialiste de l’écrivain Mikhaïl Prichvine, Mikhaïl Tarkovski, écrivain et scénariste, neveu du réalisateur André Tarkovski et Vassili Golovanov qui se nomme lui-même « géographe métaphysique » et qui voit son livre « Eloge des voyages insensés » comme un manifeste géopoétique.

Cette table ronde a pour traductrice Odile Melnik-Ardin et pour modérateur Yves Gauthier, auteur pour qui les terres inconnues et la Sibérie occupent une très grande place.

(suite…)

Alimentation et environnement en Chine : l’équation urbaine

Café géographique du 21 janvier 2016

Etienne Monin, jeune docteur en géographie, agronome de formation qui vient de soutenir sa thèse intitulée « Formation agraire, nouveaux modèles agricoles et encadrements métropolitains à Shanghai »

Comment prendre en considération la durabilité des espaces agricoles chinois, dans la phase présente du développement du pays ? En référence à leur fonction alimentaire et en rapport avec l’environnement ?

En Chine, il y a une dynamique incontournable aujourd’hui : la métropolisation qui s’accompagne d’une forte hiérarchisation des villes dans l’espace régional, amenant une redéfinition des rapports entre villes et campagnes. Ces rapports sont un thème de recherche récurrent en France, qu’il s’agisse de la grille de lecture par la périurbanisation ou de la « géographie des relations » décrite dans les Suds. La question des échelles en Chine est primordiale pour comprendre les nouveaux agencements ville-campagne, en particulier ceux des régions métropolitaines en formation, et interpréter les interactions des aires urbanisées avec leurs périphéries agricoles et rurales. On est amené à s’interroger sur la façon dont fonctionnent ces espaces au plan des activités et des ressources qu’elles mobilisent, comment le développement urbain rejaillit localement, et quelles spécificités supportent les activités agricoles, à l’intersection de l’alimentation et de l’environnement.
(suite…)

Vivre aux frontières en Arménie, entre mémoire et géopolitique

Vivre aux frontières en Arménie, entre mémoire et géopolitique
100 ans après le génocide de 1915

Café géographique organisé par l’AGUO (Association de Géographie de l’Université d’Orléans) avec la participation de Mme Françoise ARDILLIER-CARRAS, professeur émérite des Universités, chercheuse au laboratoire CEDETE-Orléans et vice-présidente de la Société de Géographie-Paris

CAFE-GEO-9-DECEMBRELe café géographique a lieu à 18h30 dans la salle de conférence du Bouillon, sur le campus universitaire d’Orléans-La Source.

Eileen CHARLES, Présidente de l’AGUO, se présente et introduit Mme ARDILLIER-CARRAS, qui fait part de son émotion de participer à ce premier café géographique de l’AGUO. Elle explique ensuite son sujet d’étude, dont la thématique des frontières prend place dans une actualité brûlante. Une frontière de droit est l’aboutissement d’un accorde et elle exprime la souveraineté d’un Etat. Ces délimitations peuvent donner lieu à des conflits lorsqu’un Etat franchit la frontière d’un autre, c’est alors un casus belli. Plusieurs situations ayant trait aux frontières du Sud-Caucase et de l’Arménie vont être présentées au cours de l’exposé, avec en second lieu des questions pour ceux qui le souhaitent.

L’Arménie est un petit Etat, grand comme la Belgique mais il n’en a pas toujours été ainsi puisqu’il existait en effet une grande Arménie sous Tigran Medz, pendant l’Antiquité. C’est une ancienne république soviétique qui vivait en vase clos, séparée de l’OTAN (par le biais de la Turquie) par le rideau de fer. L’héritage soviétique y est encore très présent. Le pays a obtenu son indépendance en septembre 1991 mais il s’est retrouvé enfermé dans d’autres types de frontières. Elle reste cependant souveraine de son territoire, avec des frontières de jure (établies par le droit). Son principal désavantage est l’enclavement : elle ne possède pas d’accès à la mer. Elle connaît également un enclavement géopolitique suite au conflit du Haut-Karabagh. Les populations locales ont été bouleversées par le choc des changements économiques et politiques. Enfin, l’Arménie fait office d’exception au cœur du monde turcophone, puisqu’elle le premier Etat à s’être converti au christianisme, en 305.

(suite…)

La planète football

Compte-rendu  café géographique de Saint-Brieuc
26 novembre 2015
planete football

Julien Sorez est historien. Ses travaux de recherche portent sur l’histoire sociale et culturelle d’une pratique sportive, le football. Sa thèse « Football en Seine. Histoire sociale et culturelle d’une pratique sportive dans Paris et sa banlieue (fin XIXème siècle – 1940) » a été publiée en 2013 aux Presses Universitaires de France.

Pourquoi et comment peut-on parler de « Planète football » ? Julien Sorez se propose de livrer, à partir d’une approche historique et de sa dimension spatiale, quelques éclairages sur le succès d’une des pratiques les plus mondialisées.

1 – L’Angleterre, foyer du football moderne

C’est dans l’Angleterre de la RI à partir du XVIII° et XIX° siècles qu’apparait un ensemble d’activités de loisirs impliquant une dépense physique dans un cadre compétitif.

Depuis l’Antiquité, des formes d’affrontement physiques existaient mais la nouveauté, dans cette Angleterre industrialisée, c’est l’émergence d’un système sportif que l’on appelle moderne qui se caractérise par au moins quatre points singuliers qui créent une rupture par rapport aux pratiques physiques et ludiques antérieures.
(suite…)

Le maintien de la biodiversité est-il compatible avec le développement des activités humaines ?

Les Cafés Géographiques de Metz ont souhaité rendre hommage à Jean-Marie Pelt, biologiste et écologue, décédé le 23 décembre 2015, en mettant en ligne sur le site des Cafés Géo, son intervention lors de la séance inaugurale des Cafés Géographiques de Metz le 2 mars 2006. Fondateur, en 1971, à Metz, quand bien peu se souciaient du sujet, de l’Institut européen d’écologie qu’il a présidé, Jean-Marie Pelt, intransigeant dans ses convictions, a mené de façon pacifique et citoyenne le combat pour une prise en compte responsable de la nature et de ses richesses. Ses propos, lors de cette rencontre-débat, montraient la nécessité d’une prise de conscience à l’échelle mondiale pour préserver notre planète. La COP 21 qui s’est tenue à Paris du 30 novembre au 12 décembre 2015, montre à quel point le combat de Jean-Marie Pelt était urgent.

Christiane Barcellini

« Le maintien de la biodiversité est-il compatible avec le développement des activités humaines ? »

Jean Marie Pelt,
le 2 mars 2006
aux Cafés Géographiques de Metz

L’Homme nuit-il à son propre avenir ?

Parler de la biodiversité est un exercice difficile car c’est un concept très large qui rendcompte de la diversité de la vie et de la nature. Cette diversité est telle qu’elle rend difficile tout classement. Même les astrophysiciens sont en grande difficulté pour classer les astres dans les catégories qu’ils ont pourtant définies. Il faudrait peut-être qu’ils inventent la cosmo-diversité. Pour les sociétés, la diversité est telle qu’on pourrait parler d’ethno-diversité et d’une socio-diversité. Pour la vie dans son sens le plus large, on parle de biodiversité.
(suite…)

La réforme régionale : une réforme pour rien ? (Vidéo)

Retrouvez en vidéo le café géographique de Reims du 18 novembre 2015, sur le thème « La réforme régionale : une réforme pour rien ? », avec Elisabeth Bonnet-Pineau (géographe, professeur en classes préparatoires, consultante auprès des collectivités locales) et Eric Dellemme.

• Vidéo à visionner sur le site de l’université de Reims :
https://podcast.univ-reims.fr/videos/?video=MEDIA151202092007878

La Nouvelle-Zélande : identités croisées et mentalités. Par Adrian Macey.

Compte rendu du Café géopolitique qui s’est tenu au Café de la Mairie, Paris 3e, le  26 novembre 2015

nouvelle-zelande-loin-europe

La Nouvelle-Zélande, loin de l’Europe ?

Présentation de l’intervenant :

Adrian Macey est un diplomate néo-zélandais qui bénéficie depuis longtemps de liens étroits avec la France et la culture française. Il est parfaitement francophone, il est titulaire d’une maîtrise de lettres (Université de Tours) et d’une thèse de doctorat sur Diderot. Il a été auditeur à l’ENA (promotion Mendès France). à l’ENA. Il a été ambassadeur de Nouvelle-Zélande en Thaïlande puis, de 2002 à 2006, en France. Il a suivi plusieurs COP et il est actuellement observateur à la COP 21, en tant que chercheur à l’Université de Wellington.

Le café sera articulé en deux points :

  • Les fondements géopolitiques de la Nouvelle-Zélande (environnement, histoire, etc.)
  • Un point de vue sur les négociations climatiques autour de la COP 21.

La Nouvelle Zélande sur la carte

  • Sur nos cartes européennes, la Nouvelle-Zélande est ordinairement placée dans un coin, en bas et à droite.
  • Les cartes locales centrées sur la Nouvelle Zélande la montrent dans un immense environnement maritime.

Les idées qui dominent sont donc l’isolement et la domination de l’océan. Ces deux éléments jouent un rôle constant à travers l’histoire de la Nouvelle-Zélande.

La Nouvelle Zélande couvre 270.000 km2, soit la moitié de la France. Elle est peuplée de 4.589.000 habitants en 2015.

(suite…)

« Page précédentePage suivante »