Dictionnaire géopolitique de l’Islamisme (Antoine Sfeir, dir.)

Dictionnaire géopolitique de l’islamisme, Antoine Sfeir, Collectif, Bayard Jeunesse, Études et Essai, octobre 2009, 617 p.

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La récente intervention de la France au Mali suivie de la prise d’otages d’In Amenas et aujourd’hui les attaques des Shebab somaliens au Kenya ont ouvert le champ médiatique à une invraisemblable quantité « d’experts », psalmodiant régulièrement de non moins invraisemblables vérités, erreurs grossières aux conséquences parfois lourdes, que ces « caporaux stratégiques », chers au général Krulak[1], n’auraient assurément pas commis s’ils avaient pris la peine une fois d’ouvrir le Dictionnaire géopolitique de l’islamisme, ouvrage de référence qui conjugue synthèse et précision pour ouvrir des horizons nouveaux aux lecteurs, qu’ils soient ou non spécialistes.

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Un géographe français et la Roumanie. Emmanuel de Martonne (1873-1955) (Gavin Bowd)

Gavin Bowd, Un géographe français et la Roumanie. Emmanuel de Martonne (1873-1955), L’Harmattan, 2012, 218 p.

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Si Emmanuel de Martonne est resté célèbre en raison de ses travaux en géographie physique (cf. notamment son fameux Traité) et de son rôle organisationnel dans la géographie à l’échelle nationale et internationale, il ne faudrait pas oublier qu’il fut tout au long de sa vie passionné par un pays : la Roumanie. C’est dire tout l’intérêt du livre de Gavin Bowd, professeur à l’Université de St Andrews (Ecosse), première étude approfondie de géographie politique sur les relations entre Emmanuel de Martonne et la Roumanie, où l’auteur mobilise,  pour la première fois à notre connaissance, les nombreuses archives roumaines où il est possible de suivre les étapes de ces relations.

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Pasteur et ses lieutenants (Annick Perrot, Maxime Schwartz)

Pasteur et ses lieutenants (Annick Perrot, Maxime Schwartz)

pasteurAnnick Perrot et Maxime Schwarz, Pasteur et ses lieutenants. Roux, Yersin et les autres, Odile Jacob, 2013, 270 p.

C’est une page essentielle de l’histoire de la biologie et de la médecine qu’Annick Perrot et Maxime Schwartz ont choisi de raconter à travers les destins croisés de Pasteur et de ses disciples, du milieu du XIXe siècle à la Seconde Guerre mondiale. Si l’un de ces découvreurs (Louis Pasteur) conserve une place éminente dans la mémoire nationale et même mondiale, il n’en est pas de même des autres savants  « pasteuriens » alors que leur rôle a été fondamental dans la guerre livrée contre les maladies infectieuses. Il aura fallu le roman à succès de Patrick Deville[i], publié en 2012, pour attirer l’attention sur l’un de ces personnages extraordinaires, Alexandre Yersin, à qui l’on doit la découverte du bacille de la peste à Hong-Kong en 1894.

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Changer Barcelone (Hovig Ter Minassian)

changer-barceloneHovig Ter Minassian, Changer Barcelone. Politiques publiques et gentrification dans le centre ancien (Ciutat Vella), collection « Villes et Territoires », Presses Universitaires du Mirail, 2013.

Cet ouvrage du géographe français Hovig Ter Minassian est le fruit d’un travail de thèse réalisé entre 2005 et 2009 et, par la suite, remanié et enrichi. Deux axes principaux organisent la réflexion, celui de la métropole catalane, bien sûr, et celui, plus conceptuel, de la gentrification comme l’annonce clairement le sous-titre de l’ouvrage.

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De la Terre aux hommes (Paul Claval)

de_la_terre_aux_hommesPaul Claval, 2012, De la Terre aux hommes. La géographie comme vision du monde, collection Le temps des idées, Armand Colin.

Paul Claval, professeur émérite de l’Université de Paris IV-Sorbonne, pionnier en France de l’introduction des questions économiques, puis culturelles, parmi les préoccupations centrales des géographes, et plus largement de l’entreprise de reconnexion de la géographie aux sciences sociales, publie à quatre-vingts ans un joli livre venant s’ajouter à une riche bibliographie. Plus exactement, il s’agit de trois essais réunis en un volume, proposant chacun une forme d’histoire de la géographie, une manière de voir le destin de la discipline et du « tournant culturel » qu’elle a traversé dans les dernières décennies du XXe siècle. Cette structure explique de rares répétitions d’un bloc à l’autre et, surtout, permet une lecture indépendante de chacun des trois.

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La localisation des industries. Enjeux et dynamiques (B.Mérenne-Schoumaker)

localisations-industriesBernadette Mérenne-Schoumaker, 2011, La localisation des industries. Enjeux et dynamiques, Presses Universitaires de Rennes, collection Didact Géographie, Rennes, nouvelle édition (1e édition : 2002), 255 p.

Dans ce manuel destiné principalement aux étudiants, la géographe Bernadette Mérenne-Schoumaker revient sur les répartitions des structures industrielles, leurs enjeux et leurs dynamiques. Deux axes préoccupent la géographe dans une démarche pédagogique visant à expliciter la place de l’industrie dans les territoires et les économies : « l’axe spatial (via les thèmes de la localisation et de l’espace) et l’axe temporel (à travers l’étude des dynamiques) » (p. 7). L’ouvrage croise à la fois approche théorique (notamment par des définitions et des typologies, particulièrement utiles aux candidats préparant la question « Systèmes productifs »1 ou aux étudiants confrontés à la géographie économique), conceptuel (Bernadette Mérenne-Schoumaker ne propose pas seulement un panorama des localisations des industries, mais confronte le lecteur aux grands cadres explicatifs de ces localisations et de leurs conséquences, par un regard pluridisciplinaire croisant notamment géographie et économie) et documents particulièrement précieux pour les étudiants (schémas théoriques et applications pratiques sur des études de cas à différentes échelles).

Les transformations de l’espace productif questionnent à la fois les transformations des espaces économiques à différentes échelles, les mutations des systèmes productifs (mutations techniques et technologiques ; économiques et sociales ; et enfin politiques) dans des systèmes économiques où la distinction entre les grands secteurs tend à s’atténuer (notamment par une imbrication de plus en plus grande de l’industrie et des autres secteurs économiques), et les conséquences de ces transformations à plusieurs échelles. L’ouvrage confronte ainsi la manière dont les espaces sont impactés, de manière différente en fonction des stratégies d’acteurs et des contextes économiques, par l’industrie : on apprécie tout particulièrement les chapitres confrontant les dynamiques spatiales des industries (de leur présence ou de leur absence) à différentes échelles. Par cette démarche, ce manuel vient utilement compléter les manuels d’économie, et montre la pertinence de (re)penser aujourd’hui les localisations des industries, sans tomber dans la géographie-catalogue.

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Diagnostic et gouvernance des territoires : Concepts, méthode, application (G.-F. Dumont)

Les cafés géo rencontrent un auteur

dumontGérard-François Dumont, 2012, Diagnostic et gouvernance des territoires : Concepts, méthode, application, Armand Colin, Coll. U

Les Cafés géo : Votre ouvrage paraît unique en son genre. D’un côté le terme de gouvernance est employé à tout va, de l’autre une méthode pour faire un diagnostic précis d’un territoire et de sa gouvernance manquait jusque-là. Peut-on tout d’abord revenir sur le terme de gouvernance? Comment pourrait-on le définir?

Gérard-François Dumont : mon ouvrage s’inscrit dans une suite de publications sur le territoire1, dont mon analyse ancienne de la métropolisation que j’avais définie, comme « l’exercice de forces centripètes conduisant à la concentration des activités et des hommes dans les espaces urbains les plus peuplées tandis que les villes moyennes et les espaces ruraux perdent, au moins relativement, de la vitalité », définition reprise par exemple en 1994 par le Commissariat général au Plan2. Or, depuis, qu’est-il advenu de cette « métropolisation » ? Même si le processus demeure réel, il est très inégal et non général. Ainsi, il faut constater des évolutions d’intensité très variable entre des villes situées dans un contexte géographique comparable : Toronto, auparavant moins importante que Montréal, l’a largement dépassée ; São Paulo est devenue considérablement plus importante que Rio de Janeiro ; Dubaï, dont les revenus dus aux hydrocarbures sont devenus marginaux, a pris la dimension que l’on sait tandis que la ville iranienne de Bandar-Abbas, pourtant située au cœur du détroit d’Ormuz, a connu un développement limité. Et, pour ne citer qu’un exemple en France, Montpellier, qui a longtemps eu une importance semblable à Nîmes, l’est désormais deux fois plus… D’ailleurs, concernant les territoires de l’Europe occidentale, il faut par exemple noter qu’il y a actuellement de « petites Allemagne » en France et de « petites France » en Allemagne. Autrement dit, certains territoires français ont un taux de chômage inférieur à celui de l’Allemagne alors que certains territoires allemands ont un taux de chômage supérieur à celui de la France. Rappelons que, à l’échelle des zones d’emploi, le chômage varie dans l’Hexagone dans un rapport de 1 à 4.
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La Crise qui vient. La nouvelle fracture territoriale

Davezies, Laurent, 2012,La Crise qui vient. La nouvelle fracture territoriale, Paris, Seuil, 128 p.

« À force de crier au loup, il a fini par arriver. » Voilà l’une des conclusions (p. 103) du dernier ouvrage de Laurent Davezies, économiste et professeur au CNAM. Celui-ci avait déjà évoqué ledit loup, la métropolisation, dans son précédent livre[1]. Il y montrait que la concentration des activités productives les plus rentables dans les métropoles, décrite à l’envi par les tenants de la « Nouvelle géographie économique »[2], si elle est un fait indiscutable, est pourtant loin d’épuiser la réalité géoéconomique française. Parallèlement à cette concentration des facteurs de croissance (mesurée par le produit intérieur brut), ce sontles territoires capables d’attirer retraités, touristes et grands pendulaires, qui connaissent un véritable développement (mesuré notamment par le revenu) : les territoires les plus riches ne sont pas ceux qui créent la richesse.

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Le Tourisme suisse et son rayonnement international (XIXe-XXe siècles). « Switzerland, the playground of the world »

Humair, Cédric & Tissot, Laurent (dir.), 2011,Le Tourisme suisse et son rayonnement international (XIXe-XXe siècles). « Switzerland, the playground of the world », Lausanne, Antipodes.

Quels facteurs ont permis à la Suisse de devenir l’une des destinations les plus prisées, attirant l’essentiel de la demande européenne au XIXe siècle et se maintenant parmi les grandes puissances touristiques depuis ? L’ouvrage dirigé par Cédric Humair et Laurent Tissot, enseignants-chercheurs respectivement à Lausanne et Neuchâtel, tente d’expliquer cette « soif » que la Suisse a attisée chez les Anglais dès la fin du XVIIIe siècle, puis les autres Européens.

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Environs et mesures (Pierre Senges)

Pierre SENGES, Environs et mesures,
Le Cabinet des Lettres, Gallimard, 2011 (104 pages)

Environs et mesures : l’approximatif et l’exact, le flou et le fixe, le proche et le précis, le fictif et l’effectif, etc. Cet essai distingue et associe les mots :la fable et le vrai, le mythe et le savoir se mêlent dans les œuvres de fiction comme dans les écrits du savant.« On ne peut pas s’empêcher d’interroger le réel en même temps que l’imaginaire, c’est-à-dire décortiquer chaque élément d’une fable pour voir s’il peut, en plus de distraire, obéir aux lois de la physique » (p. 72). Le géographe n’y échappe pas, qui cherche en vain le bout du monde et l’entrée des Enfers, ou qui croit mesurer la terre alors qu’il la toise. Mais « la géographie n’est pas la seule à donner l’hospitalité à la fois au vrai et au faux » (p. 30).Déjà, en 2004, Pierre Senges avait réfuté par la fiction la découverte de l’Amérique[1] ; il interroge ici « les  terres à moitié imaginaires, à moitié réelles de notre géographie » (p. 89).

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