Visiter Christiania, une pratique touristique ambivalente au sein d’un espace public communautarisé. (Cliché Camille Girault, août 2014)
Visite de quartier sous surveillance
Deux routards se font face. Celui de droite, en bleu, porte un sac à dos énorme et il semble vouloir se délester de deux sachets blancs en les donnant à son amie. Par ce geste anodin, le voyageur cherche sans doute à se libérer les mains pour une raison ou pour une autre, mais certainement pas pour prendre une photographie. Un panneau au symbole explicite le lui interdit, et la même icône est reproduite sur le bâtiment juste derrière, en rouge et d’une plus grande taille, pour que l’injonction soit évidente.
Leur banal échange de sacs plastiques est en outre sous surveillance. Aucune caméra n’est fixée ici ou là, mais il y a ce jeune homme, torse nu, qui observe avec attention l’attitude des deux voyageurs. L’insouciance du couple contraste avec la méfiance du témoin. Derrière lui, cinq personnes se promènent, sans doute une famille qui visite le quartier avec une légèreté propre aux vacances. Un autre contraste se dégage de l’image : le jeune homme en bermuda est seul et immobile alors que les autres passants, toujours en petits groupes, se déplacent. D’ailleurs, c’est bien l’arrêt momentané des deux routards qui semble avoir attiré l’attention de cet observateur solitaire.
Christiania, un quartier piéton et fortement végétalisé, invite à la flânerie. Pourtant notre vigie et le double symbole « Pas de photographie » distillent une tension palpable. Ce constat n’est pas dû au hasard d’un cliché qui aurait été pris au mauvais moment.
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