La Mondialisation contemporaine (2/2)

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Le  navire porte-conteneurs, symbole de la maritimisation du monde actuel 

1- Quelques  aspects de la mondialisation contemporaine[1]

a-   Les nouveaux enjeux maritimes

La maritimisation du monde actuel constitue à l’évidence un des aspects majeurs de la mondialisation contemporaine. Cette réalité est en rapport avec l’accroissement exceptionnel des mobilités et des échanges, à toutes les échelles, dont le transport maritime représente l’élément central. Jamais le monde n’a été aussi tributaire des flux maritimes et la révolution du conteneur incarne cette capacité d’interconnexion croissante de la planète.

Mais la maritimisation ne se résume pas à la question des transports maritimes. Les mers et les océans sont désormais présentés comme la « dernière frontière » du monde contemporain dont les immenses ressources, prouvées ou espérées, aiguisent les appétits des Etats et des entreprises. Dans cette perspective, le nouveau droit de la mer, mis en place depuis trois décennies, favorise une territorialisation grandissante du domaine océanique, battant ainsi en brèche la traditionnelle liberté des mers. Cette stratégie cherche à fixer des règles pour l’exploitation de l’espace maritime sans pouvoir empêcher les contestations entre les Etats. La modestie des actions de réglementation internationale et les difficultés croissantes liées à la criminalité transnationale comme aux questions environnementales soulignent l’importance des nouveaux enjeux maritimes.

Ceux-ci expliquent la montée en puissance des aspects géopolitiques et géostratégiques des océans provoquant une recomposition des puissances maritimes.

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La représentation de la conquête de l’Ouest investit le Nord

the_frontier_in_american_historyLe concept de frontier attribué à Frederick Jackson Turner au tournant des XIXe et XXe siècles a encore de beaux jours devant lui. Définie comme la limite du monde civilisé en 1935 dans The Frontier in american history, la frontier de Turner est un concept associé à un espace (ici l’Ouest américain) doté d’une nature qu’il faut dompter pour pouvoir ensuite aménager le territoire nouvellement conquis. Aujourd’hui, la frontier (que les géographes ne traduisent pas en français pour la distinguer de la frontière comme limite de souveraineté) nous permet d’évoquer des espaces pionniers qui, selon la formulation de Roger Brunet, « avancent dans l’inconnu ». C’est donc sans surprise que l’on y retrouve l’Arctique. Le sujet en géographie n’est pas nouveau, il est  d’ailleurs présent dans les programmes de l’enseignement secondaire.

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Bordeaux en son miroir

Bordeaux, la « belle endormie », s’est réveillée maintenant il y a plusieurs années, à tel point qu’une importante partie de la ville, le port de la Lune,  est inscrite depuis 2007 sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco. L’arrivée d’Alain Juppé à la mairie de Bordeaux en 1995 a incontestablement apporté un souffle nouveau à la gestion municipale après les 48 ans de l’ère Chaban-Delmas (1947-1995) : création du tramway (première ligne inaugurée en 2003), nouveaux ponts sur la Garonne, reconquête des quais, redynamisation de la rive droite, etc. Nouveau visage, nouvelle image. Désormais, Bordeaux figure parmi les  villes préférées des Français (au deuxième rang après Paris selon un sondage BVA réalisé en 2013).

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Photo prise à Bordeaux le 10 août 2011, par Daniel Oster

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Guerlain ou les territoires du luxe français
La nouvelle boutique Guerlain des Champs-Elysées

La nouvelle boutique Guerlain des Champs-Elysées

Guerlain,  l’un des fleurons du luxe français, vient de rouvrir sa boutique historique à Paris. Entièrement rénovée par l’architecte Peter Marino, la boutique est désormais dotée d’un restaurant animé par le chef étoilé Guy Martin.

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Le match Boeing-Airbus arbitré par les compagnies du Golfe

salon_aeroLe 13e salon aéronautique de Dubaï a ouvert ses portes le 17 novembre 2013 et, dès le premier jour, il  a enregistré un montant record de commandes qui profite surtout à l’américain Boeing avec son nouveau long-courrier Boeing 777X. Mais l’européen Airbus tire également bénéfice de ces commandes historiques grâce notamment à son A380, le plus gros avion civil de transport de passagers actuellement en service. C’est du jamais vu. Ce sont les trois principales compagnies du Golfe qui sont à l’origine de cet événement. Emirates de Dubaï, Etihad d’Abu Dhabi et Qatar Airways ont commandé pour environ 140 milliards de dollars dans ce qui s’avère être une nouvelle manche du match Boeing-Airbus, après le salon du Bourget qui avait vu la victoire de justesse de l’avionneur européen sur son rival de Seattle. La bataille entre les deux constructeurs se concentre désormais sur les long-courriers alors qu’elle a longtemps porté sur le marché des appareils moyen-courriers.

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Frida Kahlo, Diego Rivera, l’art en fusion

Frida Kahlo, Diego Rivera
L’art en fusion

Musée de l’Orangerie
9 octobre 2013- 13 janvier 2014

Autoportrait en robe de velours (1926)

Autoportrait en robe de velours (1926)

Lorsque deux artistes se rencontrent, qu’ils partagent l’amour de l’art, la passion de leur pays et les mêmes combats politiques… cela fait boum !

Les deux peintres mexicains, unis dans la vie pour le meilleur et pour le pire, sont deux peintres immenses et singuliers. Leur relation fut tumultueuse mais créatrice, chacun reconnaissant le génie de l’autre.

Frida est restée longtemps dans l’ombre de Diego. Mais aujourd’hui, une sorte de « Fridamania » l’emporte dans la lumière. Elle est devenue l’icône et l’image de toutes les modernités.

Une grande partie des œuvres présentées vient du musée de Dolorès Olmedo, mécène qui a mis sa vie au service de l’art mexicain et des deux monstres sacrés aujourd’hui exposés à l’Orangerie.

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La Mondialisation contemporaine (1/2)

mondialisation_drapeauxSi la mondialisation est devenue incontournable pour appréhender les mutations du monde actuel, il n’est pas toujours aisé de se retrouver dans le maquis, parfois bien confus, des définitions et des notions telles que la mondialisation et la globalisation, sans parler des hypothèses formulées par les chercheurs et des controverses suscitées par la dynamique mondialisante.

1 Est-il possible de définir et de dater la mondialisation ?

Le développement du capitalisme libéral depuis le XIXe siècle se traduit par une expansion géographique continue mais contrariée par les guerres mondiales, le colonialisme et le socialisme. Dans le dernier quart du XIXe siècle, l’internationalisation des échanges ne connaît quasiment plus de limites spatiales. La mondialisation contemporaine favorise la convergence des prix, homogénéise les marchés locaux en un seul marché unique, intégré. Ce qui n’existait à aucune autre époque d’élargissement des échanges, ni à la Renaissance, ni au début du XXe siècle. Sans doute est-ce la raison de l’apparition du terme « mondialisation » en 1961 dans sa version anglaise de « globalization », un terme qui ne s’est imposé véritablement qu’au début des années 1980, il y a donc 30 ans environ. Un terme aujourd’hui dont le contenu fluctue selon les utilisateurs  qui l’emploient. A cela plusieurs raisons :

– La traduction française du terme anglais « globalization » hésite entre « mondialisation » et « globalisation ».

– La mondialisation est un processus, à la fois inédit et en évolution constante.

– L’idée reçue d’un phénomène essentiellement économique, associé au triomphe du capitalisme néolibéral.

– Les jugements de valeur, écartelés entre ceux qui l’encensent et les autres qui l’accusent de dérives préjudiciables à des territoires et des populations considérables, voire à l’ensemble de la Terre sur le plan environnemental.

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Un abécédaire géolittéraire (2/26) : B comme Balcon

un_balcon_en_foretUn géographe qui voyage cherche assez vite à «  prendre de la hauteur », non par un quelconque complexe de supériorité mais plutôt pour embrasser le paysage qu’il découvre. Cette position lui permet d’exercer ses capacités d’analyse spatiale liées à sa formation géographique. Julien Gracq appartient à cette catégorie d’écrivains pour qui un paysage révèle plus facilement ses secrets depuis un promontoire ou un belvédère, ce qui lui fait préférer les vues panoramiques, les vastes espaces et les horizons vertigineux. Dans Un balcon en forêt (1958), dès les premières pages du livre, le personnage principal s’arrête un instant sur un point haut aménagé au bord de la route en lacets pour regarder le paysage de la vallée en contrebas :

« De là le regard effleurait le sommet du versant d’en face, un peu moins élevé ; on voyait les bois courir jusqu’à l’horizon, rêches et hersés comme une peau de loup, vastes comme un ciel d’orage. A ses pieds, on avait la Meuse étroite et molle, engluée sur ses fonds par la distance, et Moriarmé terrée au creux de l’énorme conque de forêts comme le fourmilion au fond de son entonnoir. La ville était faite de trois rues convexes qui suivaient le cintre du méandre et couraient étagées au-dessus de la Meuse à la manière des courbes de niveau ; entre la rue la plus basse et la rivière, un pâté de maisons avait sauté, laissant un carré vide que rayait sous le soleil oblique un stylet sec de cadran solaire : la place de l’église. Le paysage tout entier lisible, avec ses amples masses d’ombre et sa coulée de prairies nues, avait une clarté sèche et militaire, une beauté presque géodésique (…) »

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Dictionnaire géopolitique de l’Islamisme (Antoine Sfeir, dir.)

Dictionnaire géopolitique de l’islamisme, Antoine Sfeir, Collectif, Bayard Jeunesse, Études et Essai, octobre 2009, 617 p.

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La récente intervention de la France au Mali suivie de la prise d’otages d’In Amenas et aujourd’hui les attaques des Shebab somaliens au Kenya ont ouvert le champ médiatique à une invraisemblable quantité « d’experts », psalmodiant régulièrement de non moins invraisemblables vérités, erreurs grossières aux conséquences parfois lourdes, que ces « caporaux stratégiques », chers au général Krulak[1], n’auraient assurément pas commis s’ils avaient pris la peine une fois d’ouvrir le Dictionnaire géopolitique de l’islamisme, ouvrage de référence qui conjugue synthèse et précision pour ouvrir des horizons nouveaux aux lecteurs, qu’ils soient ou non spécialistes.

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La vie domestique (I. Czajka) : desperate périurbain

La vie domestique (Isabelle Czajka)
France, Octobre 2013, 1h33

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Desperate périurbain

« Domaine du grand parc », indiquent des lettres posées sur un  panneau de bois, tandis que la voiture emprunte l’allée. Il ressemble étrangement à celui planté par le générique de la série télévisée américaine Weeds (1) à l’entrée d’« Agrestic », la gated community qui sert d’environnement aux deux premières saisons

Juliette et son mari rentrent d’un diner chez un voisin, chef d’une entreprise de photocopieuse et caricature de misogynie affable. Il a remis Juliette a sa place, celle d’une Desperate Housewife dont la seule ambition devrait être de s’ « occuper ».

Il fait nuit, la voiture progresse. On ne voit rien encore du cadre que le film va progressivement définir et indurer, celui d’un lotissement périurbain cossu, d’un espace social agissant comme une nasse sur notre captive  volontaire à son corps défendant  jouée par Emmanuelle Devos.

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