Nos géographies sur France Culture (suite)

Nos Géographies : podcast et réécoute sur France Culture

 

Nous avons évoqué dernièrement le grand intérêt de cette nouvelle émission de radio consacrée à la géographie (http://cafe-geo.net/nos-geographies-sur-france-culture-une-nouvelle-emission-passionnante-consacree-a-la-geographie/). Selon le rythme hebdomadaire prévu (tous les jeudis de 21h à 22h) elle poursuit sa carrière en traitant des sujets toujours aussi passionnants tels que les frontières et l’espace urbain avec la participation d’intervenants de qualité (géographes bien sûr mais aussi économistes, urbanistes, historiens, sociologues, hauts fonctionnaires, journalistes, etc.).

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Fragilités démocratiques et enseignement de l’Histoire

Vers la création d’un Observatoire de l’enseignement de l’histoire en Europe

 

Le centre d’Histoire de Sciences Po a retransmis par zoom un séminaire consacré à l’enseignement de l’histoire en Europe (celle des pays siégeant au Conseil de l’Europe), à partir du rapport d’Alain Lamassoure (1) montrant une grande méconnaissance de ce sujet par les élèves et étudiants.

 

Alain Lamassoure insiste sur ce que sa double expérience de député du Pays basque et de député européen lui a appris : le besoin de bien connaitre l’histoire pour réaliser le « gros œuvre de notre temps », c’est-à-dire le chantier européen, ce « miracle historique » de la conjuration de la malédiction de la guerre. Pas d’art de la paix sans connaissance historique.

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Nos Géographies sur France Culture, une nouvelle émission (passionnante) consacrée à la géographie

Nos géographies : podcast et réécoute sur France Culture

 

 

Une nouvelle émission de France Culture est consacrée à la géographie : Nos géographies. Produite par Dominique Rousset, elle est à écouter le jeudi de 21 h à 22 h ou à podcaster. Cette émission se veut au cœur des cartes et des territoires. Non seulement elle comble un manque mais surtout elle tombe à pic car l’actualité a remis sur le devant de la scène les savoirs des géographes, des démographes, des urbanistes. La géographie humaine, sociale et politique raconte un pays, la vie de ses populations, l’accès à l’emploi, aux services publics, à la culture comme au numérique. Elle éclaire les inégalités, le rapport à la nature, au monde animal, à l’agriculture.

 

Un nouveau voyage aux confins d’une discipline très souvent convoquée sur notre chaîne et ailleurs, omniprésente et pourtant méconnue, complément indispensable à toute intrusion dans les champs du politique, du social, de l’écologie, des pratiques culturelles… la géographie.

 

Nous passons en revue les sujets des premières émissions, du 27 août au 29 octobre 2020 en reproduisant les textes de présentation de la productrice/animatrice Dominique Rousset.

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Une géographe au Festival International de Géographie de Saint-Dié-des-Vosges (édition 2020)

La ville de Saint-Dié-des -Vosges pendant le FIG. https://www.fig.saint-die-des-vosges.fr/  

 

En cette année de pandémie un certain nombre d’évènements ont été purement et simplement annulés. Mais le FIG de Saint-Dié-des-Vosges a fait de la résistance et mérite un grand coup de chapeau !

Certes, sur les deux thèmes prévus, un seul a survécu, le pays invité (le Portugal) ayant disparu de l’affiche. Au départ, la thématique de cette 31ème édition est consacrée au(x) climat(s). A l’arrivée, la Covid-19 s’est largement invitée dans le débat.

Les cieux étaient maussades, mais cela n’a pas dissuadé les intervenants de maintenir leur venue dans les Vosges et de faire des prestations souvent de grande qualité. Ci-dessous sont résumées les interventions que j’ai pu suivre à titre personnel.

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Nouzonville, Ardennes – Une petite page d’histoire familiale ou quand la petite histoire rejoint la grande

Nouzonville est une localité d’environ 5 800 habitants. Elle s’appelait Nouzon jusqu’en 1921. Le changement de nom avait pour but d’éviter une confusion avec un autre village des Ardennes, Mouzon. Il avait été envisagé de l’appeler Nouzon-les-Forges en raison de ses industries. Une enclume et un marteau figurent d’ailleurs sur le blason de la ville. Mais en 1914, elle comptait 7500 habitants.

Mon arrière-grand-père, Emile Delorme, y avait, en 1912, trouvé un emploi comme comptable dans une de ces forges. Auparavant, il était comptable dans une petite entreprise à Hirson, tout au nord du département de l’Aisne. Lors d’un conflit social, lui qui tenait les comptes de l’entreprise, avait fait valoir que le patron aurait pu répondre favorablement aux revendications du personnel, et il avait été licencié.

Sa fille aînée, ma grand-mère Emilie, née en 1890, était institutrice à Hirson. Elle avait été très bonne élève à l’École Normale de Laon, mais ses parents l’avaient dissuadée de se présenter à Fontenay : « Ce n’est pas pour nous ». En septembre 1912, elle s’était mariée à mon grand-père, Edmond Morbois, né en 1887, instituteur lui aussi.

Lorsqu’Edmond fut mobilisé en août 1914, elle était enceinte de quelques semaines. La région étant envahie par les allemands, elle fut séparée par la ligne de front de son mari qu’elle ne devait revoir que fin 1918.

Elle vint donc s’établir à Nouzon, auprès de ses parents. Emile Delorme, dont on a vu plus haut quel était son caractère, refusant de travailler pour les Allemands, avait quitté son emploi pour vivre, avec sa femme et trois enfants encore jeunes, du salaire de ses deux filles aînées, institutrices, et des légumes de son jardin qu’il cultivait avec le plus grand soin. Au moment des récoltes (en particulier celle des pommes de terre) il organisait un service de surveillance de nuit. Ma grand-mère et sa jeune sœur montaient la garde de 21 h à minuit et lui prenait la suite jusqu’au matin. Mais la présence des deux sœurs qui, peureusement, restaient blotties au pied de la maison n’empêchait pas toujours la disparition de quelques précieux pieds, ce qui leur valait des reproches véhéments du maître de maison.

Ma grand-mère était donc institutrice à Nouzon. Elle avait 80 élèves dans sa classe. Elle devait être bonne pédagogue car, à Pâques, les trois quarts d’entre eux savaient lire.

C’est ici que le frère aîné de mon père, mon oncle André, est né le 9 avril 1915. C’était un enfant chétif, malingre, souffrant de la malnutrition, tant étaient grandes les pénuries, et précaires les conditions d’existence. Il n’y avait pas de lait. Pour s’en faire attribuer une ration supplémentaire, on avait conduit la plus jeune sœur de ma grand-mère, la petite Marguerite, âgée de cinq ans, chez le médecin. Elle racontait qu’à sa grande honte, on l’avait juchée, toute nue, sur une balance. Elle n’était pas bien grosse, elle non plus, et avait ainsi mérité cette ration qui devait aider son neveu à vivre. Le petit André vécut, malgré les privations, malgré les maladies. Un docteur allemand, le médecin des enfants du Kronprinz, qui séjournait dans un château près de Charleville, lui avait, à l’occasion d’une d’entre elles, sauvé la vie. A trois ans, pourtant, il marchait à peine. Quant à ma grand-mère, à moins de 30 ans, elle avait perdu toutes ses dents, et portait un dentier complet.

En 1914, envahissant la Belgique sans déclaration de guerre et le nord de la France, les troupes allemandes avaient fait montre d’une extrême brutalité. L’armée impériale voulait terroriser la population des régions envahies pour annihiler toute velléité de résistance, même passive, d’où des réquisitions brutales, des fouilles, des incendies de maisons, des exécutions sommaires… Ainsi dans les Ardennes, le village de Gué-d’Hossus avait été brûlé. 800 maisons avaient été incendiées dans la vieille ville de Rethel. Mais selon ma grand-mère, les troupes d’occupation à Nouzon étaient des soldats plutôt âgés, bon enfant, surtout préoccupés d’envoyer en Allemagne ce qui pouvait manquer à leur famille.

Le sergent fourrier Edmond Morbois est revenu de la guerre, il a retrouvé sa femme et fait la connaissance de son petit garçon. De leurs retrouvailles est né mon papa, en 1921. Mes grands-parents maternels se sont quant à eux mariés lorsque mon grand-père est revenu de trois ans de captivité en Allemagne, et ma maman est née en 1920. Que mes quatre grands-parents aient survécu à la première guerre mondiale, et mes parents à la deuxième (en dépit de leurs activités de résistance) fait donc de moi, d’une certaine façon, un rescapé de ces deux conflits.

 

Jean-Pierre Morbois, septembre 2020

 

Note de Daniel Oster :

Ce texte a été rédigé à l’occasion d’un voyage dans les Ardennes (du 4 au 6 septembre 2020) organisé et préparé par Maryse Verfaillie, Marc Béteille et Michel Degré pour les adhérents de l’association des Cafés Géographiques. Le thème de ce voyage « Ardennes, terres de contacts » trouve toute son illustration dans le beau texte de Jean-Pierre Morbois : à Nouzonville, les contacts ont réuni ou opposé des populations, des armées, des territoires, des productions… dans cette Ardenne française, région frontalière meurtrie par plusieurs conflits européens et aujourd’hui bien reliée à l’espace européen, ce qui lui laisse quelque chance de surmonter la grave crise industrielle qui l’accable douloureusement.

Le patrimoine religieux de Porto-Novo (Bénin)

Photo 1 : Façade avant des deux grandes mosquées de Porto-Novo. © Jean Rieucau, septembre 2018

 

Photo 2 : Façade arrière des deux grandes mosquées de Porto-Novo. © Jean Rieucau, juillet 2018

 

La société béninoise participe de la profonde religiosité des peuples africains. Une situation de tolérance religieuse caractérise le pays, dans lequel la vie quotidienne est profondément marquée par le culte vaudou. Au sein de cet apaisement confessionnel, la concurrence entre les religions monothéistes (christianisme et islam) s’exprime néanmoins par un foisonnement de lieux de culte urbains et par leur monumentalité. La grande mosquée de style afro-brésilien, bâtie selon l’architecture d’une cathédrale baroque, constitue un patrimoine unique au Bénin et occupe une place singulière dans le paysage religieux et cultuel de Porto-Novo. Cet édifice jouxte une grande mosquée moderne qui reçoit de très nombreux fidèles. La richesse du patrimoine religieux dans la ville-capitale du Bénin, qui repose également sur le patrimoine chrétien, Orisha-Vaudou, fonde-t-elle une fréquentation touristique africaine et internationale ?

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Union européenne-Royaume-Uni, vers un nouveau partenariat

Au CNAM (Conservatoire National des Arts et Métiers), le 20 février 2020, le Forum Europe accueille Michel Barnier, négociateur en chef pour l’Union européenne chargé de mener les négociations liées au Brexit. Il évoque le nouveau partenariat entre l’UE et le Royaume-Uni.

Organisé par la chaire « Union européenne, institutions et politiques » sous la direction de Nicole Gnesotto, le Forum Europe a pour objectif d’aider au déchiffrage des interactions nouvelles qui se tissent entre l’Union européenne et le processus de mondialisation économique.

 

Michel Barnier et Nicole Gnesotto au CNAM, le 20 février 2020

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Du populisme et du nationalisme en Hongrie et en Pologne

La Hongrie et la Pologne : des populismes bien implantés (http://files.newsnetz.ch/story/2/4/8/24829055/3/topelement.jpg)

 

La jolie maison de Jean Monnet à Bazoches-sur-Guyonne accueille régulièrement des colloques et conférences sur l’Union européenne, ses réalisations, ses travaux et les menaces qui pèsent sur elle. La semaine dernière, était évoqué un sujet qui inquiète beaucoup de citoyens européens, au-delà des deux pays évoqués, « Le réveil des nationalismes et des populismes en Europe : les violations de l’Etat de droit et des libertés individuelles en Pologne et en Hongrie ».

La volonté n’est pas de stigmatiser deux États voisins mais de montrer comment l’intolérance y est de plus en plus institutionnalisée et les principes fondateurs de l’UE bafoués, même si on peine à trouver un vocabulaire adéquat car « nationalisme » se réfère aussi à la formation de nouveaux États aux XIXe et XXe siècles et « populisme » est un terme ancien qui a été réinstitué récemment.

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Phnom Penh, la ville résiliente [1]

Vue de Phnom Penh depuis le Mékong https://freedomdestinations.co.uk/wp-content/uploads/Image-2-Phnom-Penh-City.jpg

 

Nous voilà à présent installés à Phnom Penh, la colline de Madame Penh. Le déménagement est arrivé plus tard que prévu. A temps, certes, au port de Sihanoukville, mais coincé dans les procédures douanières et les multiples jours fériés de cette fin d’année et notamment le festival de l’Eau.

Nous sommes ravis et enchantés !

Nous sommes aussi dans cette belle période qu’est la découverte d’une nouvelle aventure et d’une culture étrangère, et également dans les souvenirs de nos mamans respectives qui ont vécu au Vietnam. La toute proche Hô Chi Minh-Ville, ex-Saïgon, n’est qu’à 250 km environ de Phnom Penh.

 

Début décembre, nous sommes montés à Siem Reap vers le nord en voiture pour participer au marathon d’Angkor Vat (dix km pour moi seulement). Il faisait 16 degrés le matin. Royal. Les parcours des 10 et 21 km étaient tracés à travers les temples, ce fut merveilleux. Prendre le départ à l’aube et admirer en courant le soleil qui monte timidement derrière les temples…et le silence dans la forêt. Nous n’avons pas eu le temps durant ce court week-end de visiter en détail ces superbes architectures, qui méritent au moins deux jours pleins tant il y a de temples, ce sera l’objet de prochaines balades dans l’année.

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« OK Boomer ! ». Petites leçons de démographie (lucides et positives malgré tout).

OK Boomer : une expression découverte en 2019 qui a connu un succès foudroyant. Annonce-t-elle une lutte des âges? (https://news.northeastern.edu/2019/11/20/heres-how-ok-boomer-is-and-isnt-like-the-slang-that-came-before-it/)

 

J’appartiens à une « génération sans pareille » pour reprendre l’expression de l’historien Jean-François Sirinelli[1] qui a beaucoup étudié cette génération du baby-boom née au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. A ce titre, j’ai longtemps bénéficié de l’alignement des planètes ayant permis « la paix, la prospérité, le plein emploi et le progrès comme ligne d’horizon »[2]. Ayant eu 20 ans en mai 68, je suis souvent considéré comme un ancien soixante-huitard, donc forcément porteur de valeurs et de contre-valeurs jugées néfastes pour l’évolution de la société française par les uns ou, au contraire, éminemment positives par les autres. En fait, comme beaucoup de jeunes, j’ai trouvé qu’à cet âge il était dur d’« apprendre sa partie dans le monde »[3]. Aujourd’hui que j’ai un âge, disons…plus avancé, je suis accusé de ne rien comprendre au « nouveau monde », en particulier à l’urgence des solutions pour faire face au changement climatique(« OK, boomer »[4]). Heureusement, je vais peut-être bientôt expier mon péché générationnel grâce à Michèle Delaunay, une ancienne ministre socialiste[5], également baby-boomeuse[6], qui me prédit un « fabuleux destin » ainsi qu’à l’ensemble de mes collègues baby-boomers. Et en prime, après mai 68, je vais pouvoir participer à une seconde révolution, une « révolution de l’âge » cette fois-ci !

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