Le Brexit, quels changements ?

Présentation par Mark BAILONI et Thibault COURCELLE, Maîtres de conférences, respectivement à l’Université de Lorraine et à l’I.N.U Champollion d’Albi.
Ce Café Géo a eu lieu le mardi 13 décembre 2016 au Saint-James, Place du Vigan à Albi à partir de 18h30.

Présentation problématique :

Les résultats du référendum du 23 juin 2016 sur l’appartenance du R-U à l’Union européenne, organisé par David Cameron, ont surpris nombre de sondeurs, commentateurs et hommes politiques britanniques et européens. Plus de la moitié des Britanniques, 51,9%, a choisi de quitter l’UE, avec une participation massive à ce scrutin (72%).  Les conséquences de ce choix sont énormes. Quarante-trois ans après son intégration au sein de la Communauté européenne, le R-U et les institutions européennes préparent donc le Brexit et cherchent à fixer les modalités de nouveaux accords entre ce pays et l’UE.

Ce résultat est-il vraiment si surprenant ? Comment comprendre ce vote à partir d’une analyse géographique et géopolitique du vote ? Quelles peuvent-être les conséquences internes et externes de ce vote pour le R-U ?

Pour y répondre, nous nous attacherons à expliquer la place singulière du R-U dans la CEE, puis l’UE, ainsi que l’ancienneté et la persistance de l’euroscepticisme britannique. Nous rappellerons que ce Brexit s’inscrit également dans un contexte géopolitique européen de défiance largement partagée dans de nombreux pays vis-à-vis des institutions européennes. Nous reviendrons ensuite sur le contexte géopolitique de ce référendum et expliquerons le résultat par une analyse géographique et sociale du vote à partir de plusieurs études de cas montrant une société profondément clivée et un territoire morcelé, pour enfin aborder les conséquences de ce Brexit pour le R-U et pour les relation entre ce pays et les autres pays de l’UE.

The International New York Times, 23 juin 2016

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Quelle géographie dans les séries modernes ?

Présentation par Bertrand PLEVEN, Professeur à l’Espe Paris IV et doctorant à Géographie-Cités.
Ce café géo a eu lieu le mardi 12 janvier 2016 au Saint James, Place du Vigan à Albi à partir de 18h30.

Présentation problématique :

Les séries dites de « dernières générations » (M. Winckler) se caractérisent, notamment, par des univers spatiaux profonds. Elles reproduisent des imaginaires géographiques autant qu’elles créent des géographies imaginaires. Le café géographique se donne pour objectif de réfléchir aux « territoires » qu’elles produisent et qu’elles mettent en partage à l’échelle mondiale. La réflexion se veut ouverte aux fans (que peut leur apporter une lecture géographique ?) comme aux novices (comment envisager ces « nouveaux territoires » télévisuels ?), mais surtout à ceux qui sont intéressés aux manières de réfléchir à la fiction (audiovisuelle) en géographie.

Schématisation du générique de Hung, HBO

Il s’agit, dans un premier temps, de suggérer que ces séries s’appuient sur un imaginaire géographique et notamment un impensé cartographique. Quelques génériques (Games of Thrones, Hung) permettront de discuter collectivement de cette première hypothèse.

Néanmoins, les séries ne font pas que recycler les imaginaires géographiques communs, elles sont aussi des promesses de voyages et portent –par leurs formats spécifiques- des expériences géographiques plus ou moins inédites pour le spectateur. La série The Affair, et plus précisément un épisode de cette dernière sera le support d’une analyse de la manière dont une série crée des lieux, ses lieux.

Bien loin d’être des univers clos, les séries interagissent avec le monde, l’actualité, par un système d’écho, parfois vertigineux. Le cas de Homeland et de la saison 5 (située en Allemagne et traitant notamment d’une attaque terroriste à Berlin) sera l’occasion d’interroger la manière dont les séries débordent le cadre et brouillent les limites entre réel et fiction.

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Carnet de géographe : La République Tchèque

Présentation par Pascal CHEVALIER, Professeur de géographie à l’Université de Montpellier III.

Ce Café Géo a eu lieu le mardi 18 avril 2017 au Saint-James, Place du Vigan à Albi à partir de 18h30.

Présentation problématique :

La République tchèque a traversé, au cours du 20ème siècle, des transformations de grande ampleur. De l’instauration du collectivisme et du démembrement des systèmes socialistes au retour de la démocratie locale au tournant des années 1990, elle fait désormais partie intégrante de l’Union européenne.

Cette intégration effective depuis 2004, pourrait laisser supposer que la question de sa singularité est désormais close et que les séries de réformes, engagées durant la phase de transition postcommuniste et de préadhésion à l’Union européenne, ont permis une réduction des écarts fonctionnels et structurels avec les autres territoires d’Europe occidentale. En réalité, la situation est plus complexe. Si l’intégration à l’économie de marché dès 1990, et l’européanisation des institutions ont effectivement engagé le pays vers un modèle convergent de gestion politique et économique sur le modèle occidental, les recompositions territoriales progressent toujours de manière extrêmement inégale selon les contextes régionaux. Entre trajectoire de convergence et renforcement des spécificités, ces recompositions, fortement liées au poids des héritages structurels, s’apprécient encore souvent de manière contradictoire. Elles tendent parfois à rapprocher la République Tchèque d’un modèle territorial occidental, basé sur une diversification des fonctions socioéconomiques et la mise en place de nouveaux modes de gouvernance à la croisée de politiques d’action publique et d’initiatives endogènes.

Mais, dans le même temps, elles concourent à les singulariser et à appuyer leur spécificité dans des domaines aussi variés que l’industrie, l’agriculture et la démographie.

Finalement, 27 ans après le lancement de la grande transformation post collectiviste et quelques années après son intégration à l’Union européenne, où en sont les territoires tchèques ? Quelles sont aujourd’hui les principales tendances à l’œuvre? Les réponses apportées par les changements structurels permettent-elles d’affirmer qu’elles convergent vers un modèle européen ? Ou au contraire, les régions tchèques, dont la polymorphie ne cesse de s’accuser, constituent-t-elles encore un cas particulier dans une Union élargie

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Santiago et le reste du territoire chilien : quelles relations ?

Présentation par Fransisco MATURANA, professeur de géographie à l’Université Alberto Hurtado, Chili.
Ce Café Géo a eu lieu le mardi 11 octobre 2016 au Saint-James, Place du Vigan à Albi à partir de 18h30.

Présentation problématique :

Au Chili, 85% de la population est urbaine et sur ce total, approximativement 40% des habitants vivent dans la région Métropolitaine, où se trouve la capitale du pays : Santiago. Cette concentration est un processus qui se développe depuis le début de la conquête du pays par les Espagnols et qui se concrétise aujourd’hui par une telle ampleur.

En effet, il y a plusieurs moments dans l’histoire du pays qui expliquent une telle concentration à Santiago. Le premier, se réfère à la conquête espagnole et la forte résistance exprimée par les Indiens Mapuche, qui ont empêché l’articulation des centres urbains au sud du pays au cours des 200 premières années de la conquête. Un deuxième élément, qui est associé au point antérieur sur les conditions de paix à Santiago, est que cette ville a été la première à avoir développé une infrastructure urbaine, des liaisons ferroviaires, le contrôle sur les exportations, entre autres. Tout ceci a contribué à la concentration économique et au contrôle politique sur les autres villes. Un autre aspect à prendre en compte a été la crise du salpêtre qui a touché le nord du Chili entre les années 1920-1930. Cette crise a produit une migration de population du nord vers le sud du pays, mais Santiago a été la ville qui a le plus attiré la population vers elle. Un autre élément à relever est l’inexistence d’un centre urbain qui fasse contrepoids à la puissance de la ville de Santiago. A tout cela, nous ajoutons le processus migratoire ville-campagne qui agit depuis les années 1940 vers les différents centres urbains du pays, Santiago étant la ville la plus attirante. Ainsi, cette hypermacrocéphalie est un exemple des fortes disparités spatiales qu’il est possible de trouver au Chili.

Si nous analysons la distribution du PIB par habitant, il est possible de voir que la région minière d’Antofagasta dans le nord du Chili possède un PIB par habitant 10 fois plus élevé que celui de la région avec le plus faible PIB dans le pays, La Araucania1. Ainsi, nous avons une région avec des valeurs similaires aux pays européens comme la France ou l’Italie, mais par contre, sur quelques kilomètres, nous avons des territoires dont les revenus ressemblent à ceux que nous pouvons observer au Nigeria et au Soudan.

C’est dans ce contexte que cet exposé veut discuter le rôle de cette ville dans la structure du système de villes du pays. Il s’agira de montrer le contraste socio-économique du pays, le processus historique et l’évolution de la concentration de la population qui constituent aujourd’hui cette hypermacrocéphalie. Nous discuterons les théories et arguments pour répondre aux questions suivantes : comment arrivons-nous à un tel point de concentration ? Quels événements historiques ont contribué à la formation d’un tel processus ? Quel est le rôle de l’Etat dans cette concentration ?

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La tragédie malienne: comment en est-on arrivé là?

Compte rendu du café géo albigeois du 10 décembre 2013
Présentation par Stéphanie Lima et Patrick Gonin,
Géographes, MCF au Centre universitaire J.-F. Champollion d’Albi, LISST-CIEU, et Professeur des Universités à l’Université de Poitiers, Migrinter.

Depuis juillet 2013, la France se désengage militairement du Mali après une opération de plusieurs mois, mais, pour autant, le Mali est-il revenu à une situation de stabilité ?

Sur le terrain, la menace djihadiste semble contenue, et les élections présidentielles et législatives ont pu avoir lieu dans des conditions satisfaisantes pour les observateurs internationaux. Cependant, le pays est-il sur le chemin de la reconstruction ?

Ramener la tragédie malienne à la montée en puissance de l’islam radical dans cette zone de turbulences qui va de la Somalie à la Mauritanie serait réducteur. Une lecture purement internationale de la crise peut s’avérer trompeuse : le Mali est en réalité confronté à de graves défis internes, que pas un de ses gouvernements n’est jusqu’alors parvenu à résoudre (par exemple la réforme de décentralisation, la gestion des migrations).

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Patrick Gonin, introduit son propos en contextualisant la place du Mali dans le monde. Pour comprendre comment le Mali s’est retrouvé dans cette situation instable, il propose une approche de géographie politique et de géostratégie. Il existe plusieurs causes profondes qui expliquent le conflit : la faillite de l’Etat depuis plusieurs années, la montée d’un islam radical (qui s’étend de la Somalie à la Mauritanie en passant par le Sahara), un djihadisme local très ancien (qui remonte à plusieurs décennies, voire plusieurs siècles) le terrorisme transnational, les poussées indépendantistes, des zones de non droits (trafic de drogue, d’armes, et de migrants), les tentatives sécessionnistes (cinq révoltes Touaregs avant et après l’indépendance), les émeutes de la faim (insécurité alimentaire).

Ainsi, on peut se demander s’il existe une dimension globale à cette crise ? L’hypothèse centrale du livre La tragédie malienne  (Editions Vendémiaire) est donc que pour comprendre le nord du pays, il faut aussi regarder le sud. Il faut également s’intéresser de plus près aux problèmes internes du pays.

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Trente ans après son adhésion à l’UE, quel Portugal aujourd’hui ?

Café Géographique mardi 12 avril 2016 au Saint-James, Place du Vigan à Albi.

Présentation par José Alberto RIO FERNANDES, Professeur titulaire au Département Géographie de la Faculté de Lettres de l’Université de Porto et Chercheur au Centre d’Etudes de Géographie et d’Aménagement du Territoire (CEGOT), Président de l’Association Portugaise des Géographes.

Rien n’est plus certain que le changement. Les bouleversements économiques et sociaux qu’a connu l’Europe ces dernières années amènent cette idée à prendre tout son sens. Néanmoins, les changements sont de natures très différentes en fonction des pays, régions et villes. Dans le cas du Portugal, après 1974, on peut parler d’une véritable révolution, telle la profondeur et la diversité des altérations.

Tout d’abord, cette révolution prend source dans un changement politique de taille avec la fin de la dictature. Mais les changements sont aussi très importants dans d’autres domaines. C’est à partir de ces changements que l’on va s’interroger sur la situation actuelle du Portugal. Ce pays, après le « succès » de l’intégration dans l’Union Européenne et son adhésion dans la zone euro, a connu les effets de la crise des subprimes et les problèmes que soulève la dette souveraine.

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Les cartes, en tant qu’outil, permettront de nous questionner sur des valeurs comme la liberté et l’égalité, ainsi que sur le développement, que l’on étudiera dans une dimension territoriale. L’objectif est de mieux comprendre ce pays ouvert au monde bien que situé à l’extrémité de l’Europe occidentale.

Dans une certaine mesure, cette réflexion sur la géographie du Portugal essaie aussi de pouvoir servir comme un moyen de mieux comprendre la France et le Monde auquel on veut contribuer, car chaque pays comme chaque personne se connaît seulement s’il est capable de se comparer aux autres.

Il est curieux de s’interroger sur le Portugal dans une ville comme Albi, qui semble bien loin de ce pays situé à l’extrémité de l’Europe occidentale. Pourtant, c’est en partant de cette volonté de connaître d’autre pays que l’on apprend à mieux se connaître soi-même. José Alberto Rio Fernandes prend exemple sur son expérience, où il dit avoir appris à mieux comprendre le Portugal en étudiant la Norvège, la France ou le Brésil. L’enjeu est alors, après une présentation géographique du Portugal, de voir également différemment la France.

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La carte : Un outil pour comprendre l’actualité internationale ?

La guerre en Syrie, le fléau Boko Haram, le conflit chiites-sunnites ou encore les migrants à Calais sont autant de sujets que le journal Le Monde choisit aujourd’hui de raconter en carte. Depuis quelques années en effet, ce quotidien consacre des pleines pages à la cartographie pour expliquer la complexité des conflits. Si les cartes existent depuis les débuts du journal Le Monde, la place qui est lui est désormais réservée s’inscrit dans une prise de conscience croissante de l’intérêt des lecteurs pour les informations visuelles. Deux journalistes-cartographes au Monde, Flavie Holzinger et Delphine Papin, toutes deux formées à l’Institut français de géopolitique, viennent nous raconter les difficultés qu’il y a à concevoir et réaliser dans l’urgence des cartes pour un quotidien.

Ce Café Géo animé par Flavie HOLZINGER et Delphine PAPIN, journalistes-cartographes au journal Le Monde, docteures en géopolitique, a eu lieu le mardi 12 mai 2015 au Saint-James, Place du Vigan à Albi à partir de 18h30.

La place de la carte dans le journal Le Monde, comparée à d’autres journaux.

Delphine Papin et Flavie Holzinger présentent leur travail au sein du journal Le Monde. Ce travail est un peu particulier, car bien qu’étant journalistes, leur travail au quotidien est de raconter l’actualité en cartes. Leur équipe travaille donc souvent avec le service « international », parfois avec le service « France », parfois avec le service « planète » (qui regroupe les questions d’environnement, de migrations). Avec leur équipe, elles mènent donc une réflexion qui est de raconter l’actualité autrement que par de l’écrit, ce qui, pour le journal Le Monde, est en soi une révolution. La tradition de ce grand journal quotidien, qui fait référence, c’est d’abord l’écrit. La volonté d’intégrer des cartes dans le journal correspond à peu près au moment de la révolution internet où l’équipe s’est aperçue que le lecteur avait besoin, soit de zapper, soit de voir les événements et qu’une grande photo en « une » ou un dessin ou une carte pouvait choquer, interpeller ou questionner. Produire un côté plus visuel pouvait alléger le journal. Cette prise de conscience date des années 2000, bien que la cartographie au journal Le Monde ait toujours été présente. Dès mai 1945, six mois après le début du journal, a été produite une carte du Vercors, dessinée à la main. Le journal Le Monde a toujours été un acteur de la carte. Mais depuis six ou sept ans, l’infographie a pris une place plus importante. Et depuis 4 ans, il y a un virage sur la façon dont Le Monde imagine la carte au sein du journal, qui est totalement nouvelle.

Pour se renouveler, le journal est parti du constat que les Français sont vraiment attirés par les cartes, qui prennent une place de plus en plus importante dans la société, comme on peut le constater par la diffusion d’un grand nombre d’atlas thématiques depuis une dizaine d’années, également avec l’émission du Dessous des cartes produite par Arte.

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Croatie/Slovénie : une intégration réussie ?

Présentation par Joseph Krulic, magistrat et Professeur associé à l’Université de Paris-Est-Marne-La-Vallée.
Ce Café Géo a eu lieu le mardi 07 avril 2015 au Saint-James, Place du Vigan à Albi à partir de 18h30.

Présentation problématique :

Il peut paraître légitime de s’interroger sur le bilan de l’intégration de deux pays de l’ex-Yougoslavie qui ont rejoint l’UE, alors que d’autres pays comme la Serbie, le Monténégro ou la Macédoine continuent des négociations sur ce sujet.

C’est surtout vrai de la Slovénie qui est entrée dans l’UE depuis le 1er mai 2004 et dans la zone Euro depuis le 1er janvier 2007. La Slovénie a connu une période faste, toutes choses égales par ailleurs, entre 2000 et 2008, où l’endettement était inférieur à 43% du PIB, la croissance supérieure à 2% en moyenne, jusqu’à 3,7%. La petite Slovénie (moins de 2 moins millions d’habitants pour un peu plus de 20 000 Km², c’est-à-dire à peine plus que la Bretagne administrative) semblait accomplir, suivant un cliché qui lui colle à la peau, un destin de « petite Suisse » post-communiste au sein de l’UE. Mais les crises politiques et d’abord financières ont montré que le système bancaire était au bord de l’effondrement, et il a fallu recapitaliser les banques slovènes à plus de 4,7 milliards d’euros, chiffre énorme pour un pays dont le PIB oscille entre 3 et 4 milliards d’Euros. La Suisse sans les banques, et qui doit solder dans sa mémoire et son système de valeur et système politique, la mémoire de deux guerres mondiales et la fin de deux empires (Autriche–Hongrie et Yougoslavie communiste), ce n’est pas la Suisse.

La Croatie, entrée dans l’UE le 1er juillet 2013, pourrait paraître moins impactée par l’interaction avec l’UE, mais la négociation a été longue (2005-2013), pour une candidature posée en 2002/2003, et des législations entières ont dû être restructurées (lois sur la concurrence, organisation de la justice, point tout à fait crucial). Comme en Slovénie, un de ses Premiers ministres a été condamné pour corruption (Janez Jansa en Slovénie en 2013, Ivo Sanader, accusé depuis 2009, condamné en 2012 et 2013) en raison, en substance, de logiques européennes de luttes contre la corruption. L’application de la libre concurrence et du droit européen pour la Croatie est un vrai défi. Le Chômage est à un niveau structurel plus important (environ 17% contre plus de 10% en Slovénie).

Dans le dernier tableau économique de l’Europe Orientale (Cf. Jean-Pierre Pagé, CERI, IEP de Paris, 9 janvier 2015), on peut voir que la Slovénie et la Croatie sont les deux seuls pays membres de l’UE, en Europe centrale et orientale, qui sont encore en récession en 2014, voire en 2015. De ce point de vue, leur histoire récente, mais aussi leurs relations avec le passé communiste, celui de la seconde guerre mondiale, mais aussi la très longue durée (depuis le 10ème siècle, puis l’intégration dans le Système des Habsbourg après 1273 ou 1526) mérite d’être éclairées, même brièvement.

On pourrait ajouter que les relations entre ces deux pays si proches, mais si différents, depuis 1991, ont été marquées par de nombreux contentieux (le plus médiatique est celui de la frontière maritime du Golfe de Piran, mais les différends bancaires et nucléaires sont notables. Voir Joseph Krulic « Les relations Slovéno-croates » dans le livre collectif dirigé par Reneo Lukic, 2006, aux Presses Universitaires Laval de Québec, dans lequel 5 contentieux sont analysés.

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Ukraine, État islamique… Une multiplication de conflits non conventionnels ?

Café Géo animé par Béatrice GIBLIN, Professeur émérite de géographie, Institut Français de Géopolitique de l’Université Paris 8. Co-fondatrice et directrice de la revue Hérodote.

Ce Café Géo a eu lieu le mardi 13 janvier 2015 au Saint-James, Place du Vigan à Albi à partir de 18h30.

Présentation problématique :

Qu’entend-t-on par conflits conventionnels ? Une guerre armée officiellement déclarée à une date précise entre deux ou plusieurs Etats dont les armées professionnelles s’affrontent sur des champs de bataille bien identifiés. Dans ce type de guerre, les armées doivent respecter les règles de la convention de Genève. Tout comme il y a une date pour le début de la guerre, il y a aussi une date pour sa fin.

Avec les conflits non conventionnels il en va tout autrement et le droit de la guerre est systématiquement bafoué.

Cependant, parler de conflits non conventionnels serait-ce une façon d’éviter de parler de guerre ? Car c’est en effet bien de cela qu’il s’agit quant à leurs conséquences sur les populations combattantes ou non et au vu des destructions non seulement d’objectifs militaires mais aussi civils. Les conflits non conventionnels ont souvent un caractère de guerre civile puisque s’y affrontent des armées dont les combattants peuvent avoir la même nationalité. Le terme même de « civile » est d’ailleurs inapproprié non seulement parce que ces conflits n’ont vraiment rien de « civils » mais aussi parce que chacune des armées qui s’affrontent c’est-à-dire l’armée officielle et l’armée ou les armées des rebelles est soutenue financièrement et militairement par des Etats étrangers.

Mais ceci n’a rien de nouveau et les guerres asymétriques existent depuis longtemps.

Serait-ce donc leur multiplication qui serait le caractère novateur et préoccupant de ces conflits conventionnels ? C’est à cette question que nous tenterons de répondre.

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Nouvelles énergies. Gaz de schiste : mise en valeur ou dégradation des campagnes ?

Présentation par Sylvain Lapoix, journaliste et auteur de la bande dessinée, Energies extrêmes, parue en 2014 aux éditions Futuropolis (Dessins de D. Blancou), et François Taulelle, professeur de géographie, (Centre universitaire Champollion d’Albi, LISST CNRS – UMR 5193, Centre interdisciplinaire d’études urbaines – CIEU).

Ce Café Géo a eu lieu le mardi 04 novembre 2014 au Saint-James, Place du Vigan à Albi à partir de 18h30.

Présentation problématique :

Depuis la loi interdisant en France la technique d’extraction dite de « fracturation hydraulique » en juillet 2011 de nombreux retours d’expériences se sont faits jours : aux Etats-Unis bien sûr mais aussi au Canada, en Pologne ou en Argentine. Dans chacun de ces lieux, les spécificités locales sont écrasées sous le poids des engins de chantiers et les espaces ruraux conquis avec l’aide de la législation. Les ressources naturelles ne sont plus que des zones de prospections potentielles visant à assouvir la soif d’énergie des industries et des transports urbains.

Compte-rendu :

Compte-rendu réalisé par Fayçal BENMOUFFOK et Gensane BOIT-BRUGEL, étudiants en licence de géographie et d’espagnol au Centre universitaire J.F.Champollion, sous la direction de Thibault COURCELLE et Mathieu VIDAL, enseignants-chercheurs, co-animateurs des Cafés Géo d’Albi.

Source : Blancou D., Lapoix S., Energies extrêmes, Futuropolis, 2014

Source : Blancou D., Lapoix S., Energies extrêmes, Futuropolis, 2014

Eléments de la présentation :

François Taulelle s’est intéressé aux gaz et huiles de schiste en participant à des réunions publiques sur ce sujet en Ardèche. La dimension géographique, notamment celle du paysage, n’est généralement pas prise en compte. F. Taulelle a publié un article à ce sujet dans le journal Libération1 en 2013. L’intérêt des géographes pour les gaz de schistes n’est pas celui des industriels. Les extracteurs s’intéressent au sous-sol et non au paysage. Celui-ci est plutôt une contrainte pour eux car il ajoute de la difficulté à leurs travaux de prospection.

Les recherches menées par F. Taulelle en Argentine dans la Pampa (dans le cadre d’un programme de recherche ANR portant sur les mutations des espaces ruraux) lui ont fait rencontrer d’autres personnes elles aussi intéressées par le sujet. Ensemble, ils ont participé à un colloque sur la problématique des ressources minières en Amérique. En recherchant un spécialiste de la technique d’extraction des gaz de schiste, ils ont fait connaissance de Sylvain Lapoix, journaliste et coauteur de la bande dessinée, Energies extrêmes2, bande dessinée parue en 2014 aux Editions Futuropolis.

Sylvain Lapoix rappelle que ce café géo s’inscrit dans la continuité de son travail, entrepris il y a déjà 4 ans. En guise d’introduction, il met en évidence l’importance du sujet dans nos sociétés actuelles. Lorsque l’on crée une alerte Google sur le gaz de schiste, on reçoit plus d’une centaine d’alertes par jour. Le point de vue géographique dans ce domaine est plus « doux », comparé à la « froideur » qui règne dans le milieu de l’extraction de gaz de schiste. Pas de femme, peu de diversité ethnique. On réfléchit en terme d’autorisation, d’éléments administratifs, de permis d’exploiter et en droits de vente miniers.

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