Vers quelle nouvelle grande région Midi­Pyrénées/Languedoc­Roussillon ?

Café Géo de Montpellier #1 du 06 Septembre 2015
Avec Pascal Chevalier, Professeur à l’Université Montpellier 3, UMR Art­Dev, et Pierre Girard, chef du service des études et de la diffusion INSEE Languedoc Roussillon

Ce café géo avait la volonté d’éclairer certain­e­s de nos citoyen­ne­s sur la réforme actuelle qui redéfinit le contour de notre région, le Languedoc-­Roussillon, qui deviendra l’une des plus vaste de France lors de sa fusion avec la région Midi­-Pyrénées, effective le 1er janvier 2016. Les intervenants ont pu interroger la cohérence de cette réforme.

Intervention de Pascal Chevalier

Il  faut  dans  un  premier temps rappeler le contexte de la fusion des régions, et interroger cette question de la cohérence. Quelle est la meilleure échelle à prendre depuis les lois sur la décentralisation ? Le modèle français est unique car il est fragmenté, et cela même à grande échelle puisque le territoire national est composé de 36 000 communes.

L’idée de rassembler ces dernières en des ensembles plus vastes n’est pas neuve. En effet,  une  réforme  a  déjà  pu  voir le jour dès le XIX° siècle :  les SIVU, ou Syndicat Intercommunal à Vocation Unique, qui exprimaient déjà la volonté de regrouper des communes  entre elles. C’est alors un leitmotiv puisque cette question du regroupement reparut dans les années 1960, période durant laquelle on réfléchit sur un maillage territorial dans une France pourtant centralisée. Les lois sur la décentralisation font des territoires français des collectivités. La dernière de ces collectivités nous est connue : il s’agit de la Région.
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Vie et mort du couple Nord/Sud

Compte rendu du café géo du 17/09/2015 à Annecy
« Vie et mort du couple Nord/Sud »
Christian Grataloup

En matière d’inégalités dans le monde, les préoccupations d’aujourd’hui (cf l’ouvrage de Piketty et son succès) concernent la croissance des inégalités internes au sein des sociétés plus qu’entre pays. Cela est vrai en Europe et aux États-Unis, dans les pays émergents, les « BRIC » notamment. Alors que l’on constate par ailleurs une diminution des inégalités à l’échelle mondiale.

Or ce sont ces inégalités à l’échelle mondiale, qui sont à l’origine de la distinction « Nord Sud ». Cette distinction aussi floue que consensuelle, commode par son incertitude,  est-elle mourante, alors qu’elle procède d’une histoire déjà longue, et qu’elle survit ponctuellement ?

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« Géographes et Bédéphiles, Géophiles et Bédégraphes. La géographie et le neuvième art. »

Café Géographique d’Annecy du 11 juin 2015, avec Bénédicte Tratnjek (Université de Savoie) et Thierry Saint Solieux (BD Fugue Café Annecy).

Compte-rendu publié sans l’amendement des intervenants.

 

Ce café autour de la géographie et de la Bande Dessinée a donné lieu à un dialogue éclairé entre les deux intervenants : Bénédicte Tratnjek, chargée de cours à l’Université de Savoie, membre du bureau des Cafés géographiques et Thierry  Saint Solieux, libraire à BD Fugue Café Annecy. Une petite introduction d’abord sur l’intérêt que peut représenter la BD pour les géographes, alors même que la BD est encore considérée comme étant « un thème de recherche-plaisir ». Ensuite le Café, et donc son compte –rendu, sont appuyés sur des exemples d’auteurs, d’ouvrages, autour de thèmes significatifs :

  • Une gestion de l’espace, celui de la case, donc de la page.

Ex de Tintin : Pendant que notre œil descend au file de la page, on a l’impression / la sensation que le personnage monte les escaliers. Ceci constitue un aspect très technique dont Hergé est le précurseur.

  • Les géographes regardent le type d’espace représenté. Dans Lucky Luke par exemple, c’est l’espace mythifié de la conquête de l’Ouest avec des symboles qui font sens à la lecture tels que le saloon, l’enclos…
  • La BD est un art séquentiel : il y a des trous, des blancs et c’est au lecteur de faire son propre chemin suivant son imagination. Le lecteur participe par son imaginaire, et c’est cet imaginaire qui intéresse les géographes : selon l’âge, les lecteurs ne mettent pas les mêmes éléments au sein de ces blancs ni ne perçoivent l’espace représenté de la même manière.
  • La BD est un outil pédagogique incroyable pour comprendre un espace, car dans cet art, c’est l’espace qui fait le réel. C’est un outil pour comprendre les espaces, notamment dans le cas de la BD de reportage qui met en place des espaces plus ou moins réalistes, de même que certaines BD totalement fictives peuvent permettre de mieux comprendre certaines des réalités spatiales.

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Croatie/Slovénie : une intégration réussie ?

Présentation par Joseph Krulic, magistrat et Professeur associé à l’Université de Paris-Est-Marne-La-Vallée.
Ce Café Géo a eu lieu le mardi 07 avril 2015 au Saint-James, Place du Vigan à Albi à partir de 18h30.

Présentation problématique :

Il peut paraître légitime de s’interroger sur le bilan de l’intégration de deux pays de l’ex-Yougoslavie qui ont rejoint l’UE, alors que d’autres pays comme la Serbie, le Monténégro ou la Macédoine continuent des négociations sur ce sujet.

C’est surtout vrai de la Slovénie qui est entrée dans l’UE depuis le 1er mai 2004 et dans la zone Euro depuis le 1er janvier 2007. La Slovénie a connu une période faste, toutes choses égales par ailleurs, entre 2000 et 2008, où l’endettement était inférieur à 43% du PIB, la croissance supérieure à 2% en moyenne, jusqu’à 3,7%. La petite Slovénie (moins de 2 moins millions d’habitants pour un peu plus de 20 000 Km², c’est-à-dire à peine plus que la Bretagne administrative) semblait accomplir, suivant un cliché qui lui colle à la peau, un destin de « petite Suisse » post-communiste au sein de l’UE. Mais les crises politiques et d’abord financières ont montré que le système bancaire était au bord de l’effondrement, et il a fallu recapitaliser les banques slovènes à plus de 4,7 milliards d’euros, chiffre énorme pour un pays dont le PIB oscille entre 3 et 4 milliards d’Euros. La Suisse sans les banques, et qui doit solder dans sa mémoire et son système de valeur et système politique, la mémoire de deux guerres mondiales et la fin de deux empires (Autriche–Hongrie et Yougoslavie communiste), ce n’est pas la Suisse.

La Croatie, entrée dans l’UE le 1er juillet 2013, pourrait paraître moins impactée par l’interaction avec l’UE, mais la négociation a été longue (2005-2013), pour une candidature posée en 2002/2003, et des législations entières ont dû être restructurées (lois sur la concurrence, organisation de la justice, point tout à fait crucial). Comme en Slovénie, un de ses Premiers ministres a été condamné pour corruption (Janez Jansa en Slovénie en 2013, Ivo Sanader, accusé depuis 2009, condamné en 2012 et 2013) en raison, en substance, de logiques européennes de luttes contre la corruption. L’application de la libre concurrence et du droit européen pour la Croatie est un vrai défi. Le Chômage est à un niveau structurel plus important (environ 17% contre plus de 10% en Slovénie).

Dans le dernier tableau économique de l’Europe Orientale (Cf. Jean-Pierre Pagé, CERI, IEP de Paris, 9 janvier 2015), on peut voir que la Slovénie et la Croatie sont les deux seuls pays membres de l’UE, en Europe centrale et orientale, qui sont encore en récession en 2014, voire en 2015. De ce point de vue, leur histoire récente, mais aussi leurs relations avec le passé communiste, celui de la seconde guerre mondiale, mais aussi la très longue durée (depuis le 10ème siècle, puis l’intégration dans le Système des Habsbourg après 1273 ou 1526) mérite d’être éclairées, même brièvement.

On pourrait ajouter que les relations entre ces deux pays si proches, mais si différents, depuis 1991, ont été marquées par de nombreux contentieux (le plus médiatique est celui de la frontière maritime du Golfe de Piran, mais les différends bancaires et nucléaires sont notables. Voir Joseph Krulic « Les relations Slovéno-croates » dans le livre collectif dirigé par Reneo Lukic, 2006, aux Presses Universitaires Laval de Québec, dans lequel 5 contentieux sont analysés.

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Alsace-Kivu, destins croisés

75ème Café de géographie de Mulhouse
Thierry Kranzer, United Nations, Department of Public Information, News and Media Division – Meetings Coverage section, Président des Alsaciens de New-York.
17 avril 2015
À la Cour des chaînes à Mulhouse

L’ONU au Kivu

On me dit toujours que je mets l’Alsace à toutes les sauces. Mais le fait est que je trouve nombre de similitudes entre ma région d’origine et celle du Sud-Kivu où j’ai été en mission pour l’ONU de mai 2006 à septembre 2007.  Nos quatre changements de nationalité, nos dizaines de milliers de morts, l’évolution de notre situation entre 1945 et Maastricht en 1992 m’ont permis de trouver des arguments pour sensibiliser la société civile du Sud-Kivu, en essayant de montrer que l’exemple de l’Alsace était la démonstration que tout est possible en termes de développement et de pacification d’une frontière, mais qu’il fallait laisser le temps au temps.

Je me suis retrouvé dans ce coin des trois frontières, coincé entre la RDC, le Rwanda et le Burundi,  où en « nonante-quatre », pour reprendre le vocabulaire local hérité des Belges. Les images des massacres au Rwanda de 1994 m’avaient bouleversé.  On ne comprenait pas à l’époque comment cette crise rwandaise avait eu un tel impact sur l’Est de la RDC voisine où s’étaient réfugiés 2 millions de Rwandais hutus craignant les représailles du FPR qui venait de prendre le pouvoir à Kigali.  Nous ne savions pas encore alors que nous vivions la fin de l’ère Mobutu. Deux ans après le génocide rwandais, en 1996, Laurent Désiré Kabila envahissait la RDC à partir de la Ville d’Uvira, avec le soutien logistique des nouveaux maîtres du Rwanda. A l’époque tout semble compliqué. On ne sait plus à un moment qui massacre qui, jusqu’à l’arrivée de Laurent-Désiré Kabila au pouvoir à Kinshasa en 1997, ni pourquoi et comment s’était développé en RDC un nouveau « génocide » provoqué par la colère et la vengeance des rescapés, parfois parqués dans les mêmes camps en RDC que leurs bourreaux : les génocidaires du Rwanda en 1994.

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Du base-jump à la randonue, des transgressions récréatives en montagne.

Philippe Bourdeau – 6/05/2015. 5e café géo Annecy-Chambéry, 3e à Chambéry.

Philippe Bourdeau est professeur de géographie à l’Institut de Géographie Alpine de Grenoble. Il travaille sur les activités récréatives en contexte de montagne, notamment le métier de guide. Plus largement, il s’intéresse au hors-quotidien, au rapport des individus et des sociétés à l’ailleurs … et dans ce cadre, aux « dissidences récréatives ». Par cette expression, il entend tout une myriade de pratiques à la marge, non conformes aux « standards » – si tant est qu’il y en ait – des pratiques récréatives, au-delà des deux exemples évoqués dans l’intitulé de ce café géo.

Quelques publications :

Bourdeau Ph. (dir.), 2006, La montagne comme terrain de jeu et d’enjeux. Débats pour l’avenir de l’alpinisme et des sports de nature, L’Argentière la Bessée, Éditions du Fournel, 206 p.

Bourdeau Ph., Christin R., 2011, Le tourisme, émancipation ou contrôle social ?, Éditions du Croquant, 288 p.

« Parler de dissidences récréatives en salle avec ce temps [grand beau et chaud à Chambéry, ndlr], c’est une gageure ! J’arrive avec deux images en tête, des vidéos visionnées sur Internet :

– celle d’une place urbaine, dans une grande ville touristique, avec une fontaine et un jet d’eau : un homme arrive avec une combinaison néoprène et s’y jette, il surfe sur le puissant jet de la fontaine pendant plusieurs minutes. Puis voyant la police arriver, sort de la fontaine et part.

– sur une route de montagne, un homme avec casque intégral se met des roulettes sur les bras et les jambes, se jette dans le flux de voitures allongé sur une planche à roulettes, passe les tunnels, double les voitures… »

Ces références enclenchent un tantinet de jubilation, pas tant pour l’extrême (dans le cas de la fontaine, ça ne l’est pas), même si les prises de risques sont parfois importantes, mais plutôt pour l’extra-ordinaire et le transgressif, parce que ces pratiques apportent une transfiguration de l’ordinaire. L’ « exceptionnel normal » pour reprendre l’expression utilisée par l’historien Edoardo Grendi, l’un des initiateurs du courant de la Microstoria.

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L’implantation de parcs éoliens, un facteur de développement local ? (vidéo)

Retrouvez en vidéo le café géographique de Reims du 22 avril 2015, sur le thème « L’implantation de parcs éoliens, un facteur de développement local ? », avec Céline Burger (Université de Reims Champagne-Ardenne, EA Habiter) et Mathieu Senegas (Association Nationale pour la Protection du Ciel et de l’Environnement Nocturnes – ANPCEN).

• Vidéo à visionner sur le site de l’université de Reims :
https://podcast.univ-reims.fr/videos/?video=MEDIA150521165944788

Les murs frontaliers ou la face obscure de la mondialisation

77ème Café de géographie de Mulhouse .
Stéphane Rosière, P
rofesseur à l’Université de Reims Champagne Ardenne
21 mai 2015 Engel’s coffee. Maison Engelmann. Librairie 47° Nord Mulhouse

J’enseigne à Reims mais je suis aussi enseignant à l’université Matel Bel (Banska Bystrica, Slovaquie) où j’assure des cours de Master de géopolitique conjoint Franco-slovaque. Je suis aussi le directeur de publication de la revue de géographie politique et géopolitique « L’Espace politique » dont le contenu est gratuit.

J’ai travaillé sur la question des violences politiques (génocides, nettoyages ethniques) qui sont des thèmes rarement abordés par les géographes, autant de politiques létales ayant un fort impact spatial, parmi ces violences le refoulement des migrants qui une des formes de « modification coercitive du peuplement » m’a conduit à m’intéresser aux frontières où se multiplient les « murs ».

Le retour des murs a commencé dans les villes avec la construction des gated communities décrites dans « Fortress America » d’Edward Blakely et Marie Snyder, paru dès 1997. Est-ce le signe d’un nouvel « encastellement » (pour reprendre le terme Pierre Toubert, l’historien médiéviste) ? L’analogie contemporaine entre gated communities et les états a déjà été soulignée (Van Houtum et Pijpers 2007, Ballif et Rosière 2009). Mais les frontières internationales, objet d’étude plus ou moins « ringardisé » dans les années 1990, ont été moins étudiées que les villes.

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Périph’Strip

Rando-géo 30.06.2014

Carte topographique IGN au 1/50000°, n°2043 ET, 2010. Les numéros sont ceux de quelques photos.

Carte topographique IGN au 1/50000°, n°2043 ET, 2010. Les numéros sont ceux de quelques photos.

Les textes en italique sont extraits de « Périphérique intérieur »,
publié aux Ed . Wildproject , 2014

Un cercle n’a pas d’origine, on entre sur le périphérique et sur ses marges par le côté : bretelles autorisées pour le premier, mais bris de clôture pour les secondes. Double effraction : de la propriété privée de la Société d’autoroute, et surtout d’un espace inconnu entre rocade et ville, rarement parcouru, vaguement inquiétant, plutôt sans intérêt ou répulsif dans notre imagination.

1. Entrée des artistes

1. Entrée des artistes

Embarqués sur cette terre inconnue que nous refusons de nommer « non-lieu », nous écoutons ce qui vient à nous.

Ce jour-là les paysages sont de larges aplats
Un          deux           trois           quatre
Vous les reliez
atomes disciplinés
mais la matière ici est rompue à toutes les expériences
Vous les traversez

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« Penser le monde avec des cartes »

76ème Café de géo de Mulhouse
« Penser le monde avec des cartes »
D’après L’Atlas global (Les Arènes, 2014)
6 mai 2015, Maison Engelmann Engels café. Librairie 47°Nord

Gilles Fumey, Professeur de géographie culturelle à l’université Paris-Sorbonne, Chercheur au CNRS

Les co-auteurs de l’atlas se sont posé deux questions :

  • Comment parler du Monde avec une représentation intelligible au temps des atlas numériques ? Google Earth bouleverse notre pratique de la carte. Surtout pour les plus jeunes qui n’auront, dans quelques années, rarement eu contact avec la carte papier.
  • Quel récit du Monde pouvons-nous construire ? Laissons-nous toujours l’Occident au centre de nos représentations ? Il nous faut « désoccidentaliser » notre manière de voir le monde.

On part du travail de Christian Grataloup, selon lequel la cartographie est une convention. Faut-il en changer ? Non pas, comme on aimerait le faire, mettre en ordre le monde, mais bien exposer les désordres. De manière visuelle. Et que cette exposition soit l’engagement d’une pensée destinée à lever des lièvres plus qu’à relier des pensées éparses.

Certes, le globe est une figure fascinante, totémique. Il porte avec lui l’idée de totalité, mais pourtant le Monde est très fragmenté. Et, surtout, depuis 1969, on ne va plus le voir du dedans. Mais du cosmos. Révolution ! Car la planète bleue paraît tout d’un coup très fragile. D’aucuns y voient le point de départ de nos visions de l’environnement aujourd’hui. Qui insiste sur l’enveloppe atmosphérique, la bulle, les océans….

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