Géographie et cinéma au cœur de l’Amérique en crise

Entretien avec Jean-Loïc Portron, co-réalisateur de Braddock America (sortie le 12 mars 2014)

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France  – 1h43 min
Scénario : Jean-Loïc Portron
Image : Jean-Loïc Portron
Son : Gabriella Kessler
Montage : Véronique Lagoarde-Ségot
Musique : Valentin Portron

« No dirt, no job »

Au Nord-Est des Etats-Unis, la ville de Braddock, ancien bastion sidérurgique, a aujourd’hui perdu de sa superbe. Pourtant, une communauté ébauche au quotidien une action solidaire pour dessiner l’avenir. Dans cette Small town de la « Rust belt », ville « rétrécissante », Jean-Loic Portron filme à travers ce documentaire, co-réalisé avec la new-yorkaise Gabriella Kessler, ce qui  sépare Braddock d’une Dead city (Mike Davis).

Entretien avec un historien passionné de géographie, lecteur de Pierre Deffontaines, d’Yves Luginbühl ou encore de Philippe Gervais-Lambony. Il partage avec ce dernier le terrain sud-africain sur lequel il va revenir dans son prochain projet. On retrouve aujourd’hui l’auteur des séries Paysages et Foyers de Création pour Arte, pour la sortie de son long métrage, au cinéma.

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Le Far West selon John Ford : Une géographie épique

« My name is John Ford. I make westerns ». Les westerns représentent une part importante des près de cent quarante films de la carrière aussi inégale qu’éclectique de John Ford. Plusieurs sont des chefs-d’œuvre et ont participé à donner une certaine légitimité à un genre largement relégué, dans les années 1930, au rang de complément dans les doubles programmes, devenus la règle après 1929 – les fameuses « séries B ». L’œuvre de Ford donne ainsi quelque valeur à la fameuse formule d’André Bazin et Jean-Louis Rieupeyrout, selon laquelle le western est « le cinéma américain par excellence » (Rieupeyrout, 1953). Affirmation qui, à son tour, soutient l’idée que les westerns sont un objet d’investigation incontournable pour qui s’intéresse aux représentations de l’espace nord-américain.

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La Mondialisation contemporaine (2/2)

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Le  navire porte-conteneurs, symbole de la maritimisation du monde actuel 

1- Quelques  aspects de la mondialisation contemporaine[1]

a-   Les nouveaux enjeux maritimes

La maritimisation du monde actuel constitue à l’évidence un des aspects majeurs de la mondialisation contemporaine. Cette réalité est en rapport avec l’accroissement exceptionnel des mobilités et des échanges, à toutes les échelles, dont le transport maritime représente l’élément central. Jamais le monde n’a été aussi tributaire des flux maritimes et la révolution du conteneur incarne cette capacité d’interconnexion croissante de la planète.

Mais la maritimisation ne se résume pas à la question des transports maritimes. Les mers et les océans sont désormais présentés comme la « dernière frontière » du monde contemporain dont les immenses ressources, prouvées ou espérées, aiguisent les appétits des Etats et des entreprises. Dans cette perspective, le nouveau droit de la mer, mis en place depuis trois décennies, favorise une territorialisation grandissante du domaine océanique, battant ainsi en brèche la traditionnelle liberté des mers. Cette stratégie cherche à fixer des règles pour l’exploitation de l’espace maritime sans pouvoir empêcher les contestations entre les Etats. La modestie des actions de réglementation internationale et les difficultés croissantes liées à la criminalité transnationale comme aux questions environnementales soulignent l’importance des nouveaux enjeux maritimes.

Ceux-ci expliquent la montée en puissance des aspects géopolitiques et géostratégiques des océans provoquant une recomposition des puissances maritimes.

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La Mondialisation contemporaine (1/2)

mondialisation_drapeauxSi la mondialisation est devenue incontournable pour appréhender les mutations du monde actuel, il n’est pas toujours aisé de se retrouver dans le maquis, parfois bien confus, des définitions et des notions telles que la mondialisation et la globalisation, sans parler des hypothèses formulées par les chercheurs et des controverses suscitées par la dynamique mondialisante.

1 Est-il possible de définir et de dater la mondialisation ?

Le développement du capitalisme libéral depuis le XIXe siècle se traduit par une expansion géographique continue mais contrariée par les guerres mondiales, le colonialisme et le socialisme. Dans le dernier quart du XIXe siècle, l’internationalisation des échanges ne connaît quasiment plus de limites spatiales. La mondialisation contemporaine favorise la convergence des prix, homogénéise les marchés locaux en un seul marché unique, intégré. Ce qui n’existait à aucune autre époque d’élargissement des échanges, ni à la Renaissance, ni au début du XXe siècle. Sans doute est-ce la raison de l’apparition du terme « mondialisation » en 1961 dans sa version anglaise de « globalization », un terme qui ne s’est imposé véritablement qu’au début des années 1980, il y a donc 30 ans environ. Un terme aujourd’hui dont le contenu fluctue selon les utilisateurs  qui l’emploient. A cela plusieurs raisons :

– La traduction française du terme anglais « globalization » hésite entre « mondialisation » et « globalisation ».

– La mondialisation est un processus, à la fois inédit et en évolution constante.

– L’idée reçue d’un phénomène essentiellement économique, associé au triomphe du capitalisme néolibéral.

– Les jugements de valeur, écartelés entre ceux qui l’encensent et les autres qui l’accusent de dérives préjudiciables à des territoires et des populations considérables, voire à l’ensemble de la Terre sur le plan environnemental.

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Le Tour de France, ou comment le vélo dessine la France

« La Grande Boucle, avec sa caravane, me fait penser à un western » Didier Daeninckx

« C’est la fête d’un été d’hommes, et c’est aussi la fête de tout notre pays, d’une passion singulièrement française » Louis AragonLe Tour en toutes lettres, ADPF.

« La géographie du Tour est entièrement soumise à la nécessité épique de l’épreuve » Roland Barthes, Mythologies, 1951.

« Quand le solstice d’été allume à l’horizon ses premiers feux, l’homme revient à un peu de géographie »
Jean-Louis Ezine, Le Nouvel Observateur, n° 2016

à P. R., et tous ces enfants devenus géographes grâce au Tour de France.

Pour tous les observateurs du sport dans le monde, le Tour de France est une énigme. Comment cette course de 1903, conçue pour concurrencer un journal, a-t-elle pu gagner ses marques de longévité et prendre cette ampleur qui en fait un événement sportif mondial chaque année, dans la presse européenne comme sur les radios et chaînes de télévision japonaise, américaines, africaines ? Comment cette compétition s’est enracinée dans les rituels nationaux, comment est-elle devenue un spectacle suivi, {de visu}, par des millions de supporters nationaux et étrangers qui se massent sur les lieux de la course et devant leur poste de télévision ? « C’est que l’épreuve est plus qu’une course, elle s’adresse à la conscience collective, à des références communautaires autant qu’à la curiosité sportive. Elle joue avec la géographie, les provinces, les frontières. Elle met en scène un espace-nation, un décor fait du territoire lui-même » (Vigarello, 1992-1, p. 884). Le Tour de France est bien plus que cela, mais il est {aussi }cela.

Le succès du Tour de France dépasse l’enjeu cartographique mais c’est bien sur la carte du Tour, publiée chaque année, que se construit une petite part de la mémoire de la France, une leçon annuelle de géographie nationale, qui borne et jalonne la France et ses voisins de repères symboliques, constitutifs de l’identité française et, peut-être un jour, européenne. Cette dramaturgie estivale est une lutte contre les reliefs et les éléments de la géographie française, avec un dosage subtil d’épreuves sur le plat et en montagne, si possible programmées dans les fins de semaine car elles sont les plus spectaculaires. Ses jalons étapes tendent un fil sur l’Hexagone d’environ 3 500 kilomètres qui dessine chaque année une silhouette enveloppante, celle d’un « tour » qui emprunte sa mythologie à l’histoire et qui offre une géographie idéale. Mais cette géographie est constamment en reconstruction : elle épouse les questions du temps et les aléas de l’Histoire. Elle fabrique pour les villes étapes un nouveau rapport à elles-mêmes et aux autres. Elle se trempe dans les montagnes qui valident les ressources des champions. La géographie du Tour est une construction mythique qui emprunte aux lieux et aux coureurs tous les ressorts d’une histoire qui étonne par sa dynamique.

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La crise mondiale : une ardoise de 55 800 000 000 000 de dollars

Laurent Carroué Directeur de recherche à l’Institut français de Géopolitique, Université Paris VIII Expert du groupe Mondialisation du Centre d’Analyse Stratégique (ex Commissariat Général au Plan)

Née aux États-Unis à la fin de 2006, la crise dite « des subprimes » est devenue au premier semestre 2009 une crise systémique mondiale d’une ampleur historique tout à fait inédite. On a en effet progressivement assisté en deux ans à un double phénomène de diffusion. Le premier est de nature sectorielle : cette crise initiale de la dette nord-américaine s’est progressivement transformée en une crise financière puis économique généralisée. Le second est de nature géographique : frappant de plein fouet la puissance états-unienne, elle s’est progressivement déployée dans l’espace mondial en touchant les grands pays développés, en particulier l’Europe occidentale et le Japon, avant d’atteindre les grands pays émergents (Chine, Brésil Russie, Inde) puis aujourd’hui l’ensemble de la planète.

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La crise des subprimes : enjeux géopolitiques et territoriaux de l’entrée dans le XXIe siècle

Laurent Carroué est Directeur de recherches à l’Institut Français de Géopolitique (université de Saint-Denis-Paris VIII).

En quelques semaines, la crise des subprimes est devenue à la fois la plus grande crise financière de l’histoire humaine et corrélativement le Plus Grand Casse du Millénaire. Alors qu’elle couve paradoxalement depuis presque deux ans et qu’elle monte en puissance depuis le printemps 2008, le mois de septembre 2008 menace de voir brutalement s’effondrer le système financier mondial. Comment en sommes nous arrivés là ? Comment expliquer une telle cécité quand en février 2008 un des principaux économistes de la réserve fédérale de New York peut écrire dans un rapport : « le déclenchement de la crise du crédit de 2007 constitue une énigme manifeste » (sic) (Adrian & Shin, 2008) ? Le traitement même de la crise, encore aujourd’hui, laisse songeur. Réduites à des effets d’annonce politiques plus ou moins fumeux qui répondent eux mêmes à la montée des faillites bancaires et à la panique des marchés, les informations distillées font trop souvent l’impasse sur une réflexion de fond quant à la nature même des événements auxquels nous sommes confrontés. Dans ce contexte, il semble indispensable de dégager rapidement quelques enjeux géopolitiques et territoriaux. Autrement dit : de l’importance de la géographie et de la géopolitique dans l’intelligibilité du monde contemporain.

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Crise ou crises ? Du « peak oil » au crunch monétaire.

Thierry Rebour est Maître de conférences à l’Université d’Amiens (SEDET, Paris 7).
Conférence donnée à Reims le 8 juillet 2008 et retranscrite par Farid Benhammou.

Depuis quelques mois, l’économie mondiale est entrée dans une phase de crise. Tout a commencé aux Etats-Unis par la crise immobilière dite des subprimes, laquelle s’est propagée vers l’Europe assez rapidement. Une forte inflation, en particulier des matières premières, coexiste avec une déprime paradoxale des prix industriels apparemment d’origine structurelle. En outre, des crises financières récurrentes qui vont de bulles spéculatives enkrach secouent les indicateurs économiques mondiaux depuis plusieurs dizaines d’années.
En réalité, il s’agit de l’interaction de plusieurs crises au tempo différent :
une dépression longue qui touche essentiellement les pays développés depuis plus de 40 ans, où prix et volumes divergent à long terme ;
une crise de surproduction (ou/et de sous-consommation), conséquence de la précédente, liée à un ajustement par le bas des revenus du travail dans le monde à cause de la concurrence internationale entre pays de niveau de développement très différent ;
enfin une crise financière, de court terme mais dont les racines sont pluridécennales et dont la conséquence se manifeste par un surinvestissement sur les marchés des matières premières, en particulier les marchés à terme.

Pour comprendre les relations d’interdépendance entre ces trois phénomènes, nous étudierons tout d’abord la crise inflationniste de court terme et nous montrerons qu’elle est une conséquence de la dépression longue. Celle-ci fera l’objet de la deuxième partie. Enfin nous analyserons les effets de feed-back entre conjonctures longue et courte afin de comprendre la nature du problème financier structurel qui affecte l’économie du monde depuis plusieurs décennies.

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Archives – Vox Geographica

Le Kosovo, les joueurs de football et la « nation », Bénédicte Tratnjek, 23 février 2013
 kosovo-football-nation.pdf

Londres, métropole mondiale en restructuration à l’approche des J.O., Manuel Appert, 01 décembre 2012
 londres-metropole-JO.pdf

Diaspora et espace mobile : le cas indien, Eric Leclerc, 04 novembre 2012
 diaspora-espace-mobile.pdf

Le paysage: entre évidence et impuissance géographiques ?, Véronique Fourault-Cauët, 18 octobre 2012
 paysage-evidence-impuissance.pdf

La course vers la Maison-Blanche : quelle géographie pour les élections présidentielles étatsuniennes ?, Elisabeth Vallet, Bénédicte Tratnjek, 06 octobre 2012
 course-maison-blanche.pdf

La géographie des espaces domestiques dans les albums pour enfants, Christophe Meunier, 09 juillet 2012
 geo-espaces-domestiques-albums.pdf

Le monde de Bond. Mobilité et pratique des lieux chez James Bond, Serge Bourgeat, Catherine Bras, 30 avril 2012
 monde-de-bond.pdf

Russie : l’Est assimilé au Nord, Cédric Gras, 16 mars 2012
 russie-est-nord.pdf

France : un droit d’asile à géographie variable, Bénédicte Tratnjek, 14 février 2012
 france-droit-d-asile.pdf

Géographie de l’homophobie, Yves Raibaud – mardi 6 décembre 2011
geographie-homophobie.pdf

Vis-à-vis d’îles. Petite excursion sur trois îles divisées : Haïti & République dominicaine, Saint-Martin, Timor, Marie Redon – jeudi 3 novembre 2011
 excursions-3-iles-divisees.pdf

Ethiopie : la jeunesse d’un vieil empire, Jacques Lamoise – mardi 11 octobre 2011
ethiopie-vieil-empire.pdf

Djibouti, Quentin Panisse – lundi 26 septembre 2011
 
djibouti-etat-contre-nature.pdf

De Zanzibar au Kilimandjaro. Une traversée du littoral swahili aux hautes terres de Tanzanie, Julien Besson – mercredi 14 septembre 2011
zanzibar-kilimandjaro.pdf

Le zoo : un espace politique et métaphysique, Jean Estebanez – mardi 19 juillet 2011
zoo-espace-politique.pdf

Les paradoxes de la capitale soudanaise. Khartoum, Lise Piquerey, Elsa Rollin – mardi 28 juin 2011
 paradoxes-khartoum.pdf

Coup de théâtre dans le Bassin du Nil, Emilie Lavie – mercredi 25 mai 2011
 bassin-nil.pdf

Le Far West selon John Ford : une géographie épique, Manouk Borzakian – lundi 16 mai 2011
 far-west-john-ford.pdf

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