Café géo au café de Flore, Paris, lundi 3 novembre 2014
Avec Gunther Capelle-Blancard, professeur d’économie à Paris 1, responsable du Master Recherche Banque et Finance et Renaud Le Goix, professeur de géographie à Paris-Diderot, UMR Géographie-cités.

Quel plaisir que d’écouter un café géo sur la finance ! Sujet ardu s’il en est, qu’on préfère en général laisser aux économistes et aux financiers. Sujet qu’on a tendance à analyser de haut, de très haut même, ne voyant que des flux de capitaux à la surface du globe, et oubliant un peu trop vite que le capital est certes mobile mais qu’il doit aussi s’immobiliser (s’investir) ici et là, tout en conservant sa liquidité. Ce mouvement et cette dialectique mobilisations de capitaux / immobilisations / remobilisations ne peuvent se comprendre sans une analyse fine de leurs espaces, de leurs localisations et de leurs circulations.

Si les capitaux sont mobiles, ils devraient circuler partout ! Alors comment se fait-il que la finance globale demeure concentrée dans un tout petit nombre de places financières mondiales ? Si les capitaux s’immobilisent, s’investissent ici et là, est-ce à dire que le plus quotidien de nos vies est aussi financiarisé ? Nos maisons ou appartements, nos emprunts, nos dettes, les produits que nous consommons peuvent en fait être tous parties prenantes d’une géographie de la finance qu’on aborde à tort de loin et de haut, alors qu’elle nous concerne au premier chef ! Le titre de l’ouvrage de P Langley (2008) est du reste éloquent : The Everyday Life of Global Finance : Saving and Borrowing in Anglo-America [La vie quotidienne de la finance globale : épargner et emprunter dans le monde anglo-américain].

La géographie de la finance est un champ plus que labouré dans la géographie anglophone, notamment depuis les travaux de David Harvey qui cherche depuis des décennies à spatialiser la théorie de Marx (The Limits to Capital, 1982), comme le rappelle avec humour son interview en forme de dessin animé sur la crise du capitalisme, disponible sur Thersa.org). Dans la géographie francophone, c’est beaucoup moins le cas, la géographie financière étant fort peu développée. D’où l’intérêt d’un tel café géo !

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