Nouvelles énergies. Gaz de schiste : mise en valeur ou dégradation des campagnes ?

Présentation par Sylvain Lapoix, journaliste et auteur de la bande dessinée, Energies extrêmes, parue en 2014 aux éditions Futuropolis (Dessins de D. Blancou), et François Taulelle, professeur de géographie, (Centre universitaire Champollion d’Albi, LISST CNRS – UMR 5193, Centre interdisciplinaire d’études urbaines – CIEU).

Ce Café Géo a eu lieu le mardi 04 novembre 2014 au Saint-James, Place du Vigan à Albi à partir de 18h30.

Présentation problématique :

Depuis la loi interdisant en France la technique d’extraction dite de « fracturation hydraulique » en juillet 2011 de nombreux retours d’expériences se sont faits jours : aux Etats-Unis bien sûr mais aussi au Canada, en Pologne ou en Argentine. Dans chacun de ces lieux, les spécificités locales sont écrasées sous le poids des engins de chantiers et les espaces ruraux conquis avec l’aide de la législation. Les ressources naturelles ne sont plus que des zones de prospections potentielles visant à assouvir la soif d’énergie des industries et des transports urbains.

Compte-rendu :

Compte-rendu réalisé par Fayçal BENMOUFFOK et Gensane BOIT-BRUGEL, étudiants en licence de géographie et d’espagnol au Centre universitaire J.F.Champollion, sous la direction de Thibault COURCELLE et Mathieu VIDAL, enseignants-chercheurs, co-animateurs des Cafés Géo d’Albi.

Source : Blancou D., Lapoix S., Energies extrêmes, Futuropolis, 2014

Source : Blancou D., Lapoix S., Energies extrêmes, Futuropolis, 2014

Eléments de la présentation :

François Taulelle s’est intéressé aux gaz et huiles de schiste en participant à des réunions publiques sur ce sujet en Ardèche. La dimension géographique, notamment celle du paysage, n’est généralement pas prise en compte. F. Taulelle a publié un article à ce sujet dans le journal Libération1 en 2013. L’intérêt des géographes pour les gaz de schistes n’est pas celui des industriels. Les extracteurs s’intéressent au sous-sol et non au paysage. Celui-ci est plutôt une contrainte pour eux car il ajoute de la difficulté à leurs travaux de prospection.

Les recherches menées par F. Taulelle en Argentine dans la Pampa (dans le cadre d’un programme de recherche ANR portant sur les mutations des espaces ruraux) lui ont fait rencontrer d’autres personnes elles aussi intéressées par le sujet. Ensemble, ils ont participé à un colloque sur la problématique des ressources minières en Amérique. En recherchant un spécialiste de la technique d’extraction des gaz de schiste, ils ont fait connaissance de Sylvain Lapoix, journaliste et coauteur de la bande dessinée, Energies extrêmes2, bande dessinée parue en 2014 aux Editions Futuropolis.

Sylvain Lapoix rappelle que ce café géo s’inscrit dans la continuité de son travail, entrepris il y a déjà 4 ans. En guise d’introduction, il met en évidence l’importance du sujet dans nos sociétés actuelles. Lorsque l’on crée une alerte Google sur le gaz de schiste, on reçoit plus d’une centaine d’alertes par jour. Le point de vue géographique dans ce domaine est plus « doux », comparé à la « froideur » qui règne dans le milieu de l’extraction de gaz de schiste. Pas de femme, peu de diversité ethnique. On réfléchit en terme d’autorisation, d’éléments administratifs, de permis d’exploiter et en droits de vente miniers.

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Carnet de voyage : des chercheurs français dans la pampa ?

Café Géo « Carnet de voyage : des chercheurs français dans la pampa ? », animé par Laurence BARTHE, Maître de conférences en géographie et aménagement à l’Université de Toulouse le Mirail et membre de l’UMR Dynamiques rurales, et par François TAULELLE, Professeur de géographie et aménagement au Centre universitaire J.-F. Champollion d’Albi et membre du LISST-CIEU.

Ce Café Géo aura lieu le mardi 12 mars au Pré en Bulle – 9 Lices Jean Moulin, Albi à partir de 18h30.

Présentation problématique :

Le carnet de voyage n’est pas le fait de spécialistes de l’Argentine, venus livrer un exposé synthétique sur la géographie de ce pays. C’est le témoignage de deux enseignants-chercheurs engagés depuis plusieurs années dans un programme de recherche dont les terrains d’enquête sont situés dans la Pampa et plus précisément dans la province de Buenos Aires. A l’occasion de différentes missions effectuées depuis 2010, les deux chercheurs ont parcouru des milliers de kilomètres et se sont intégrés à des réseaux sociaux divers allant des collègues chercheurs jusqu’aux industriels, militants du social ou encore élus locaux et nationaux.

La première partie de la soirée portera sur les images que gardent les chercheurs de l’Argentine : ce sera le moment de questionner les bousculements de regards autour de concepts et d’objets géographiques comme la faible densité, le déplacement, la trame urbaine, le lien au lieu et au temps, l’identité territoriale.

Dans la seconde partie, il s’agira de mettre en perspective les premiers résultats d’un travail de recherche inscrit dans un programme financé par l’ANR sur la question de l’Insertion Territoriale de l’Agriculture (INTERRA) : les deux intervenants explorent le rôle des municipalités argentines et des villes moyennes dans l’organisation et le pilotage du développement rural (travail d’enquête ciblé sur trois municipalités : Tandil, Necochea et Villarino). A partir du cadre municipal, les auteurs se demandent comment se fabrique le développement territorial dans un contexte affirmé de décentralisation de l’Etat. En comparant plusieurs lieux géographiques combinant une ville moyenne et des communes (pueblos) de l’arrière pays, les analyses permettent de rendre compte des difficultés qu’ont les municipalités à intervenir de manière autonome et puissante face aux enjeux du développement économique et social de leurs territoires.

Les années 1990 constituent en Argentine un tournant en matière d’organisation territoriale par la valorisation de l’échelle des provinces et des municipalités. En 1994, la Constitution nationale mentionne l’autonomie municipale et les nouvelles fonctions des pouvoirs infra-nationaux. Dans un contexte de crise économique, ces municipalités se trouvent vite confrontées à la gestion de situations sociales très tendues. Malgré leur activisme, l’ampleur de la tâche dépasse alors considérablement leurs moyens. On voit alors apparaître, à l’échelle locale, des bricolages institutionnels pour suppléer l’absence de l’Etat qui permettent de décrire l’émergence d’un système d’acteurs local associant des représentants du monde associatif, des coopératives et des organismes de développement et de la recherche, essayant tant bien que mal de faire face aux demandes croissantes de la population locale en matière de développement économique et social. Cette étude permet aussi de mettre en évidence des figures du développement territorial : le délégué municipal, les associations, les coopératives et de construire ainsi des modèles d’analyse de la sphère locale.

(Première publication le 12 mars 2013, à l’url http://www.cafe-geo.net/article.php3?id_article=2557)