Cet album, de taille modeste mais au contenu très dense, traite de ce qui constitue la moitié des calories consommées sur la planète, les céréales, cultivées, transformées, transportées, utilisées à des fins politiques. Sur les 40 fiches proposées, 20 sont consacrées au blé, à deux échelles, mondiale et française, 20 traitent des autres céréales et des produits alimentaires les plus populaires conçus à partir des céréales. Chaque thème est abordé par un texte de deux courtes pages, un « focus » qui en développe un aspect majeur ou peu connu et une illustration (carte, graphique ou schéma).
Un titre sobre d’ouvrage universitaire, une couverture austère, quelques cartes, tableaux et graphiques en noir et blanc. Avant d’en avoir commencé la lecture, rien n’indique que Géopolitique du blé est un ouvrage passionnant. Mais dès les premières pages, le lecteur est immédiatement rappelé à cette évidence : la sécurité alimentaire est la première des sécurités et le blé une matière première vitale. Dans la dernière décennie (2010-2020), 830 millions de personnes ont souffert de la faim qui reste la première cause de mortalité, et 2,3 milliards d’insécurité alimentaire. A nos concitoyens, ponctuellement soucieux d’être privés de pétrole, mais peu inquiets de manquer de baguette, ces données sont utiles à rappeler. Dans les relations internationales le « pétrole doré » s’impose devant l’« or noir ».
Sébastien Abis, Thierry Pouch, Agriculture et mondialisation Un atout géopolitique pour la France, Nouveaux Débats, Les Presses de SciencesPo, Paris, 2013, 185 p.
Dans le présent ouvrage, deux experts rappellent, avec compétence et rigueur, que la France, pays traditionnellement rural, n’est parvenue qu’assez récemment à faire de son agriculture une activité économiquement structurante et géopolitiquement stratégique. En effet, il a fallu attendre le début des années 1970 pour que « l’agriculture change de statut : elle ne constitue plus un frein à la croissance de l’économie » (p.36). La France est alors devenue le second agro-exportateur mondial.
Or, il y a longtemps que la richesse des sols et la tempérance des climats ne font plus l’opulence agricole. Désormais, « détenir des avantages comparatifs relève de déterminants sociopolitiques et institutionnels » (p.38). Partant, ce sont les lois d’orientation agricole de 1960-1962, ainsi que la Politique agricole commune, qui ont donné une impulsion décisive à la vocation exportatrice de la France. La puissance agricole n’existe donc pas a priori mais s’avère être un construit né du volontarisme politique.