Souvent raillée, la géographie des œuvres culturelles a de nombreux détracteurs, qu’ils considèrent au mieux comme sympathique mais inutile. Il me semble au contraire que géographie et musique font bon ménage. Olivier Milhaud, au FIG de 2015, a analysé 3 chansons pour introduire à un large public la démarche géographique de manière très pédagogique. Le zoo de Vincennes (Bénébar), Telegraph road (Dire Straits) et Supplique pour être enterré à la plage de Sète (Brassens) deviennent sous l’œil du géographe : milieu, espace, territoire, les 3 « paradigmes » de la discipline. Cela m’a fait penser à une chanson, travaillée dans le cadre du sujet « Mers et Océans » pour la préparation aux concours de l’enseignement en 2014-2015.
Qu’elle est bleue, de Massilia Sound System (1993)*, peut être écoutée en géographe mais il me semble qu’elle justifie également une méthode géographique. Les couplets de cette chanson ressemblent (presque) à une dissertation d’agrégatif, avec un plan : 1-Milieu, 2-Espace, 3-Territoires. Nous avons donc ici une œuvre culturelle, issue de non-géographes, qui fait un tableau de Marseille comme un géographe. Ces « Messieurs Jourdain » de la géographie donnent du poids à la démarche géographique, qui est utile et utilisée hors du champ scientifique.
1er couplet : le milieu naturel
Description rapide de l’écosystème marin, hors de toute influence humaine. C’est la mise en place d’un « cadre naturel » immuable, avec des poissons, la dimension verticale du milieu marin, la chaîne alimentaire… Vision naïve d’une nature éternelle, que les hommes se doivent de respecter.
Pour le géographe, cela renvoie à une géographie dépassée. Une analyse de la biocénose comme s’il n’y avait pas d’êtres humain. L’opposition entre nature et culture qui transparaît dans ce couplet n’est plus considérée comme valable dans la géographie actuelle. C’est donc un premier couplet de géographe physicien d’il y a 50 ans.