11 millions de km², pour quoi faire ? Le bien commun, fondement de la stratégie maritime de la France
Carte de la stratégie maritime de la France

La carte représente en bleu foncé les espaces maritimes formant la zone économique exclusive française. La Commission des limites du plateau continental, un organe spécifique de l’ONU, vient de donner son aval à l’extension du domaine maritime français. (https://www.journalmarinemarchande.eu/filinfo/la-france-autorisee-a-etendre-son-domaine-maritime)

Le dernier « Mardi de la mer », organisé par l’ICP en partenariat avec l’Institut de la mer, a été consacré à l’immense domaine maritime que possède la France, deuxième ZEE (zone économique exclusive) au monde après celle des Etats-Unis.

En introduction, Eudes Riblier rappelle le souci du Président Macron de faire de l’océan, « bien commun de l’humanité », le premier objectif de notre stratégie, le socle de la grandeur maritime de la France. (suite…)

Visioconférence n°4 : Camille Schmoll parle des migrations féminines en Méditerranée

Programmes scolaires et organisation territoriale. Que sauront les « bacheliers 2021 » de la décentralisation ?

En juin 2020, E. Macron, recevant les propositions des membres de la « Convention citoyenne pour le climat », s’est déclaré « favorable » à la réécriture de l’article 1 de la Constitution en insistant sur la dimension fondamentale de ce dernier[1]. Tous les élèves de France auront, sans doute, entendu au moins une fois tout ou partie de cet article tel qu’il est actuellement rédigé :

 

Article 1 de la Constitution de la Ve République

La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale.
Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion.
Elle respecte toutes les croyances. Son organisation est décentralisée.

La loi favorise l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives,
ainsi qu’aux responsabilités professionnelles et sociales.

Source : Légifrance (site consulté le 18 décembre 2020).

 

Quels élèves pourront comprendre ce qui constitue, dans le texte, un des cinq piliers de la République : « Son organisation est décentralisée. » ? Chaque personne attirée par une question, quelle qu’elle soit, regrette qu’elle ne soit pas assez enseignée. Mais il ne s’agit pas ici de préoccupations d’un champ disciplinaire, plutôt de ce qui a été mis en exergue par les représentants de la Nation. Si l’École française a pour but de permettre aux élèves de se forger une culture citoyenne et d’être à même de comprendre la société dans laquelle ils vivent, les programmes scolaires contemporains se donnent-ils les moyens de cette ambition ?

Cette question est d’autant plus d’actualité que le Président de la République ne fait pas mystère de son souhait de « changer profondément l’organisation de l’État » (allocution du 14 juin 2020, thème déjà abordé dans le deuxième sujet soumis aux Français lors du « Grand débat national » lancé en janvier 2019[2]).

Que doivent savoir les bacheliers de l’organisation territoriale de la République et de ses transformations ? Que connaîtront des communes, des départements et des régions ceux qui auront, plus ou moins brillamment, terminé leurs études secondaires ?[3]

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L’Institut de Géographie : un lieu-symbole des pouvoirs académiques et institutionnels mais révélateur de ses clivages disciplinaires

Photographie prise par Hugues Bellevier-Royal le mercredi 14 octobre 2020 à 16h21 à Paris (75005)

 

L’Institut de Géographie : l’exemple d’une appropriation spatiale par des pouvoirs académiques et institutionnels

Cette carte postale révèle les techniques et stratégies spatiales qu’opèrent les pouvoirs académiques et institutionnels pour s’approprier l’espace public. En effet, on observe des inscriptions ponctuelles de ces pouvoirs, appelées « marquages ». Pour les étudier et les comprendre, portons nous sur la définition des Mots de la Géographie « le marquage symbolique de l’espace est destiné à signaler une appropriation » (Brunet, 1993) ou du Dictionnaire de l’habitat et du logement « le marquage, par la disposition des objets ou les interventions sur l’espace habité, est l’aspect matériel le plus important de l’appropriation » (Segaud, 2003). Ainsi, le marquage doit être compris comme le produit d’une action matérielle et symbolique.
La principale stratégie d’appropriation de l’espace public rendue visible, dans cette photographie, par les pouvoirs académiques et institutionnels est le « marquage trace [ou] architectural » (Veschambre, 2004). Ils se mettent en scène via le processus de « monumentalisation de l’espace public » (Monnet, 1998), c’est-à-dire la construction d’un édifice prestigieux qui occupe le centre de la carte postale : l’Institut de Géographie. De facto, cet établissement et son toponyme gravé sur la pierre permettent d’inscrire dans la durée les autorités académiques. Enfin, est écrit en haut de l’édifice que « l’Institut de Géographie a été fondé par la marquise Arconati-Visconti en souvenir de son père Alphonse Peyrat, homme de lettres et sénateur ». Ce marquage laisse la trace de la « réussite économique et [de la] domination sociale et politique [des classes dominantes] » (Veschambre, 2004), ici les intellectuels du quartier latin considérés comme les acteurs des pouvoirs dominants de l’espace étudié.
La deuxième stratégie d’appropriation spatiale du pouvoir académique s’observe par la présence des corps d’étudiants au premier plan. Appelée « marquage présence » (Ibid.), elle matérialise une communauté représentative des autorités académiques : les enseignants-chercheurs et étudiants appartenant à la discipline géographique. Mais ces derniers peuvent matérialiser des « marquages contestataires », plus éphémères et modestes que ceux émis par les pouvoirs dominants. En effet, au second plan, à droite de la photographie, des étudiants et enseignants ont accroché une affiche sur le mur de l’édifice (« Géographes mobilisés pour une société plus juste et solidaire ») qui critique la loi LPPR portée par la Ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal. Cette forme de « contre-pouvoir » rend ce bâtiment comme un mur support de tracts.

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Visioconférence n°3 : Christian Grataloup parle de la construction de son Atlas… et des Atlas

Visioconférence n°2 (GEOPOLITIQUE) : Henry Jacolin parle des conflits dans le Haut-Karabagh

Visioconférence n°1 : Yvette Veyret parle des littoraux français face au changement climatique

Accédez ici à la chaîne YouTube des Cafés Géographiques. Pour regarder la vidéo directement sur YouTube, c’est .

 

 

 

L’Égypte : carrefour ou impasse migratoire ?

Présentation par Julie PICARD, Maîtresse de conférences, Université de Bordeaux, INSPE de l’Académie de Bordeaux.

Ce Café Géo a eu lieu le mercredi 20 Novembre 2019 au 14.80, brasserie Sainte-Cécile (Albi) à partir de 18h30.

Présentation problématique :

Moins médiatisée que ses voisins nord-africains lorsque sont évoqués les flux migratoires en Méditerranée, l’Égypte accueille pourtant depuis le début des années 1990 des migrants originaires du sud du Sahara, dont les nationalités et les statuts se sont progressivement diversifiés (demandeurs d’asile, réfugiés, étudiants, autres migrants, etc.). Pour la majorité d’entre eux, l’objectif initial n’était ni d’atteindre l’Europe, ni de rester durablement en Égypte. Pourtant, en dépit de conditions de vie difficiles (discriminations, racisme, absence de politiques d’accueil gouvernementales, instabilité locale), beaucoup se sont finalement installés au Caire (métropole de plus de 23 millions d’habitants), depuis parfois plus de 20, voire 30 ans.

Les recherches de Julie Picard (menées sur place depuis 2005) lui ont permis d’identifier un certain nombre de parcours et de profils de migrants et de mieux comprendre comment ces processus d’ancrage territorial « non prévus » se réalisaient (quartiers d’installation, emploi, réseaux sociaux). Certains acteurs confessionnels (ONG, anciennes Églises missionnaires) mais aussi les propres croyances et pratiques religieuses des migrants sont apparus comme des ressources particulièrement actives dans la vie quotidienne de ces migrants africains, afin de mieux vivre l’exil, l’arrivée et l’« attente ». Julie Picard tentera ainsi de montrer que, malgré leur sentiment d’être « en transit » de longue durée, ces étrangers subsahariens possèdent de multiples compétences afin de s’ancrer et de prendre discrètement place dans la ville

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Henri Matisse, Le Bonheur de vivre

Le Bonheur de vivre, 1905-1906  –  Fondation Barnes, Philadelphie (Etats-Unis)

 

Matisse (1869-1954) a marqué le XX ème siècle de son art. Farouchement moderne sans céder à l’abstraction, il a manié le trait, la couleur, le mouvement, avec virtuosité. Dans une œuvre abondante qui aborde toutes les techniques (peinture, dessin, sculpture, gouache découpée, vitraux) le bonheur de peindre et celui de vivre ne font qu’un.

Choisir de l’évoquer au travers d’un petit nombre de tableaux est ardu. Mais en cette fin d’année 2020 qui célèbre les cent cinquante ans de sa naissance, revenons vers l’un des rares peintres heureux de vivre. Même lorsque les obsessions mémorielles deviennent exaspérantes, lorsqu’il s’agit de Matisse, on ne résiste pas.

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Arles capitale camarguaise, ville double aux identités multiples

La ville s’est d’abord déployée sur un coude du Grand Rhône puis très vite sur celui du petit Rhône avec le faubourg de Trinquetaille. Au nord de la ville, il y a deux confluences, celle du Gard et celle de la Durance, et au sud on entre dans la Camargue. Ici commencent « les bouches du Rhône », c’est-à-dire un delta. Arles fut nommée Arelate, mot d’origine celtique qui signifie « située près d’un étang. Dans l’intérieur des terres, au-delà de la plaine de la Crau, s’étend le massif des Alpilles.

 

Le fleuve a fait la richesse de la ville, qui commerce dès l’Antiquité, avec le centre de la Gaule et la Méditerranée. La cité abrite toute une population de bateliers Le tout premier pont d’Arles traversant le Rhône était probablement un pont de bateaux romain. Il y avait aussi un bac. C’est finalement en 1875 que le premier pont moderne en dur est construit. Il s’agit du pont de Trinquetaille peint par Van Gogh en 1888. Détruit en août 1944 par les bombardements alliés il est reconstruit au même emplacement en 1951. Un second pont, plus récent est mis en place en 1969, pour l’autoroute.

 

Avant l’arrivée du chemin de fer, Arles avait une sorte de monopole sur la navigation. Le pont de bateaux, qui jusqu’en 1875 barrait le fleuve, obligeait à débarquer les marchandises : grains, bois, fourrages venant du nord et sel de Camargue remontant le Rhône et la Saône. La flotte de la ville a compté jusqu’à 150 navires et faisait vivre 4 000 personnes. Mais le Rhône est aussi un voisin dangereux avec lequel les Arlésiens doivent compter.  En décembre 2003, une importante inondation, de type centenaire, touche la commune, à la suite d’une rupture de digues. Près de 7 000 habitants sont évacués et plus de 3 800 logements et 353 entreprises inondés. Le sud de la commune est le point de jonction du canal de navigation d’Arles à Bouc au Rhône, relié par une écluse. L’activité fluvio-maritime déclina fortement avec l’arrivée du chemin de fer en 1848. C’est l’écrivain-député Lamartine qui impose le passage de la ligne du PLM par Arles et un nouveau quartier surgit autour de la gare, au nord de la ville et de ses remparts. Plus tard des Ateliers de réparation du matériel ferroviaire s’implantent au sud-est des remparts. Arles est déjà un carrefour de routes à l’époque des Romains. Le chemin d’Arles appelé « via Tolosana ou « Route de Provence, ou encore Via Arelatensis prolonge les chemins venus d’Italie ou d’Espagne. Un nouveau réseau dessert aujourd’hui la ville, qui reprend sensiblement les mêmes axes.

 

Arles appartient administrativement à la région PACA, mais elle est frontalière avec la région Occitanie. Elle se situe dans le département des Bouches du Rhône et en Provence. Mais elle est plus proche d’Avignon (Vaucluse, Comtat Venaissin) ou de Nîmes (Gard) ou de Montpellier (Hérault) que de Marseille, préfecture des Bouches du Rhône. Arles, la plus vaste commune de France n’est que sous-préfecture et ne compte que 50 00 habitants aujourd’hui, alors qu’à son apogée, elle en abritait environ le double !

 

Arles a assimilé bien des cultures : camarguaise, provençale, gitane, puis espagnole lorsque sont arrivés les ouvriers agricoles suivis par les Marocains qui ont aujourd’hui remplacé les Hispaniques dans les jardins maraîchers et les rizières. « Carrefour des Suds », plus qu’une ville, Arles est un état d’esprit.

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