Retrouvez le Café Géo de Reims du 29 janvier 2014, consacré à « Géopolitique des vins de Champagne », sur le site de l’université de Reims.
https://podcast.univ-reims.fr/videos/?video=MEDIA140414153647960
Retrouvez le Café Géo de Reims du 29 janvier 2014, consacré à « Géopolitique des vins de Champagne », sur le site de l’université de Reims.
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Au Café de Flore le mardi 11 février 2014
Invités : Sophie Lignon-Darmaillac et Yohan Lafragette
Introduit et animé par Maryse Verfaillie
Sophie Lignon-Darmaillac est Maître de conférences à Paris IV. Elle dirige le Master Alimentation, Cultures alimentaires. Dans le cadre de son HDR (Habilitation à diriger des recherches) parrainée par Jean-Robert Pitte, elle a produit un travail très original sur « L’œnotourisme en France. Nouvelle valorisation des vignobles », éditéchez Féret à Bordeaux en 2009.
Yohan Lafragette est encore étudiant. Il est membre des Cafés géographiques depuis 4 ans et membre du Comité de Rédaction depuis cette année. Il est intervenu à Reims, lors du petit voyage organisé par l’Association, sur les vins de Champagne. Pour obtenir son Master en géographie des risques, il a œuvré deux ans sur les vins du Nord de la France, à travers le prisme du changement climatique.
Gavin Bowd, Un géographe français et la Roumanie. Emmanuel de Martonne (1873-1955), L’Harmattan, 2012, 218 p.
Si Emmanuel de Martonne est resté célèbre en raison de ses travaux en géographie physique (cf. notamment son fameux Traité) et de son rôle organisationnel dans la géographie à l’échelle nationale et internationale, il ne faudrait pas oublier qu’il fut tout au long de sa vie passionné par un pays : la Roumanie. C’est dire tout l’intérêt du livre de Gavin Bowd, professeur à l’Université de St Andrews (Ecosse), première étude approfondie de géographie politique sur les relations entre Emmanuel de Martonne et la Roumanie, où l’auteur mobilise, pour la première fois à notre connaissance, les nombreuses archives roumaines où il est possible de suivre les étapes de ces relations.
Café-géo liégeois du 19 avril 2013.
Intervenants : François Nawrocki, conservateur du département des cartes de la BnF à Paris ;
Jasmine D.Salachas, cartographe.
En début de séance, Mme Salachas rappelle l’importance de la vérification des sources. Mr Nawrocki souligne quant à lui le rôle de la carte en tant que document de synthèse, notamment pour défendre un territoire ou pour éclairer la genèse de limites territoriales.
Les contours de la Belgique ont évolué au cours du temps comme le montrent les nombreuses illustrations, issues des collections de la BnF, présentées au cours de la soirée.
La carte « Leo Belgicus » (Pieter van der Keere, vers 1650) montre un territoire correspondant approximativement à la forme d’un lion assis : les Pays-Bas actuels constituent la tête et le cou, le reste du corps représente la Belgique.
A l’époque de Louis XIV, une carte des Pays-Bas présente la division géographique du territoire entre les différentes puissances qui le gouvernent. Les frontières sont soit des limites naturelles, soit une suite de places fortes participant au système de défense du territoire. Les conflits nombreux entraînent souvent l’apparition d’enclaves.
En France, la conception du vin, à mettre en parallèle avec la notion de terroir, est différente de celle en vigueur dans le monde anglo-saxon : le terme « technologique » y est entouré de mépris et même d’une vision d’horreur, celle d’une exploitation qui ressemble à une raffinerie de pétrole… Lors de cette dégustation, nous allons essayer de quitter nos préjugés.
En Bourgogne, la nature est considérée comme divine, supérieure, et ne peut faire que de bons vins. Clos Vougeot s’inscrit dans la longue durée, avec un savoir-faire ancestral et 1 000 ans de tradition. L’alliance nature/culture et le savoir-faire, consacré par les appellations d’origine contrôlée (AOC), ont permis l’émergence d’un discours, d’un vocabulaire, avec des codes (comment tenir son verre de vin blanc) et une tradition. Ce sont des vins qui se dégustent presque religieusement, entre happy few, pour lesquels il est nécessaire d’avoir le bagage culturel pour y accéder, à l’aide de tout un discours poétique. Dans la sérieMondovino, Robert Mondavi (décédé en 2007) raconte qu’il a visité l’Europe vers 1950 et entendu un discours traditionnel, dans lequel la fermentation malolactique est méconnue (deuxième fermentation des vins en plus de la fermentation alcoolique, dans laquelle la levure transforme le sucre en alcool).
A l’inverse, les vins du Nouveau Monde ont choisi de s’appuyer sur la technologie, avec des cuves en inox, des moyens de réfrigération, la haute technologie étant considérée comme un gage de qualité.
La nature propose des conditions favorables dans les régions du Nouveau Monde qui cultivent de la vigne, en Californie, en Australie et notamment au Chili, avec un bon ensoleillement dans ces régions dont le climat ressemble au climat méditerranéen. La tradition y est perçue comme poussiéreuse, un handicap même pour la production de grands vins. Les vins du Nouveau Monde ont souhaité mettre fin aux codes en vigueur dans les milieux viticoles (des gestes que l’on fait de tout temps (ou presque !), sans savoir pourquoi), s’ouvrir vers les jeunes, vers les femmes, vers les pays qui ne sont pas de culture viti-vinicole, et construire un projet démocratique afin que chacun puisse accéder au vin et y goûter. Le numéro de juillet 2007 de la revue Decanter, qui mentionne en surtitre « The World’s Best Wine Magazine », pose une question redoutable : Le terroir est-il un mythe ?, question à mettre en relation avec nos préjugés. Peut-on faire des vins, des grands vins, voire même d’excellents sur des terres sans histoire ?
« Buveurs très illustres… » C’est par ces mots d’une délicieuse insolence que François Rabelais apostrophait en 1534 les lecteurs de Gargantua. Quelques lignes plus loin, à la fin du prologue, Rabelais avouait avoir écrit lui-même les aventures de son célèbre géant sous l’influence du vin. Les toutes premières pages de ce livre carnavalesque plaçaient donc la littérature sous le signe d’une franche ébriété, rassemblant auteur, lecteurs et buveurs en une seule communauté et invitant chacun d’entre eux à une dégustation d’une drôle de nature : une fête bachique qui permettrait en quelque sorte de passer gaiement du vin aux écrivains, et vice versa.
Du vin, soit. Mais quel vin ? Ce petit vin blanc d’Anjou dont parle Rabelais à plusieurs reprises dans l’ensemble de son œuvre ? Ou bien le vin énigmatique de la « dive bouteille », après laquelle court Panurge dans Le Cinquième Livre ?
Les vins allemands et du nord de l’Europe ne sont pas très connus. Ce sont les vins les plus septentrionaux qui soient et ils se développent encore vers le Nord : des vignes sont plantées aujourd’hui à Maastricht (Pays-Bas) et les Danois commencent à s’y mettre, mais en petite quantité, donc nous n’en parlerons pas encore. Avec le réchauffement climatique, les vignes vont se développer en Allemagne, une des régions les plus peuplées du monde. Et les vins voir leur qualité s’accroître. C’est pourquoi nous conseillons de boire ce que personne ne boit encore aujourd’hui. Les gens du Nord ne vont pas se contenter d’acheter des vins à l’extérieur, ils vont en faire, de plus en plus, et à leur goût. Soyons attentifs à ce qui se passe sur les bords du Rhin et au-delà. C’est le sens de notre dégustation de ce soir.
Début mars, mission agréable pour un géographe attaché aussi aux plaisirs de la vie que d’être envoyé par les Cafés géographiques pour rendre compte d’un tel thème. A Montpellier, l’hiver s’achève tout juste mais le printemps tarde. La tramontane encore fraîche, car elle vient de la neige des hautes terres des « Gabachs », le rappelle au tout petit groupe qui se dirige vers le Comptoir de l’Arc – ce café dont l’appellation appelle aux voyages, à la gastronomie pour y entendre Diane Losfelt sur un sujet qui s’annonce passionnant : « la vigne, c’est féminin ».
La place de la Canourgue offre une belle perspective sur la ville car comme à Rome elle couronne une colline. Référence et révérence à une Antiquité d’autant plus forte que la ville n’est née que vers l’an mille. Ici, la toponymie fait dans le grand (Grand cœur ; Grand Boutonnet….) ou dans l’antique (Antigone, Amphitrite, Odysseum…). Une salle sympathique bien qu’un peu rétro, un public d’une vingtaine de personnes où manquent les jeunes, les hommes et les géographes : aucun n’est connu, ni identifié, ni identifiable, ni même déclaré. L’animatrice de ce Café du genre, psychothérapeute, y présente des thèmes variés, le prochain étant l’orgasme… Diane Losfelt attend patiemment, mais son sourire aiguisé, son élégance stricte, son allure sportive révèlent déjà de l’impatience et du caractère. Les bouteilles alignées sur une table, deux très belles cuvées du château de l’Engarran, laissent augurer une soirée agréable.