L’Istrie ou l’identité plurielle en partage

Inspirée par Daniel Oster, cette escapade organisée pour les Cafés géographiques par Isabelle Mazenc du 11 au 15 mai 2025 a bénéficié des éclairages de Henry Jacolin et Denis Wolff.  La péninsule istrienne, située à l’extrémité nord-ouest des Balkans et divisée en trois pays (Croatie, Slovénie et Italie), est une région où trois peuples se rencontrent : les Slaves, les Italiens et les Germaniques. Trieste est la ville-symbole de ces trois influences. Ljubljana, capitale de la Slovénie et propice à un vol direct depuis Paris, fut le point de départ de ce voyage.

Carte de l’Istrie (https://fr.wikipedia.org/wiki/Istrie#/media/Fichier:Karte_Istrien_en.png)

(suite…)

Le Chili, une « folie géographique »
Mémoire et identité

 

Partir au Chili c’est aller à la rencontre d’une excentricité géographique affirmée et constitutive de l’identité nationale. C’est parfois aussi s’y engager sur les traces d’une géographie qui a servi de cadre à des formes de contrôle de la population, notamment pendant la dictature de Pinochet (1973-1990).

Désert d’Atacama. Vallée de la Lune (2265m). (Photo Claudie Chantre, 2025)

(suite…)

Spilliaert et les espaces d’Ostende – Exposition Spilliaert, lumière et solitude, Musée d’Orsay

Les Galeries royales, Léon Spilliaert, vers 1908. Lavis d’encre de Chine, pinceau et crayon de couleur sur papier. Collection particulière

 

La dernière exposition importante consacrée à Léon Spilliaert en France, a eu lieu il y a quarante ans au Grand Palais. Au musée d’Orsay, l’exposition Léon Spilliaert, prévue initialement du 13 octobre 2020 au 10 janvier 2021, n’est pas une rétrospective mais un coup de projecteur sur un aspect de son œuvre. Un exploit en période de Covid quand on connait l’extrême fragilité de l’œuvre de Spilliaert, composée de dessins à l’encre noire de Chine. Bien que nombre de dessins viennent de Belgique, certains sont inédits. Comme ceux de la Bibliothèque royale de Belgique, qui possède un fonds extraordinaire d’une centaine de dessins jamais montrés. Certains appartiennent à des collections particulières américaines mais aussi au Metropolitan Museum of Art de New York. L’exposition se concentre sur la période 1900-1919 qui compte les réalisations les plus percutantes et qui correspond à la période que couvre le musée d’Orsay. Anne Adriaens-Pannier, commissaire de l’exposition et Leila Jarbouai, co-commissaire de l’exposition et conservatrice au musée d’Orsay ont souhaité explorer les liens essentiels que Spilliaert entretenait avec la littérature francophone de l’époque, comme les écrits de Mallarmé, Maeterlinck, Verhaeren.  Léon Spilliaert reste peu connu hors des frontières belges, notamment en France, mais le musée d’Orsay a contribué à sa notoriété, par l’achat de deux œuvres ces dernières années (L’Autoportrait aux masques et Les Dominos) et par une exposition consacrée à ses autoportraits en 2007.Par un caprice du destin, celui que les critiques prédestinaient à une gloire certaine, et dont on trouvait les tableaux chez Stefan Zweig et Emile Verhaeren, a échappé à la célébrité. Ce papier n’a pas pour ambition de faire un compte-rendu de l’ensemble de l’exposition mais d’amener à une réflexion sur la partie consacrée aux paysages des « espaces d’Ostende » pour reprendre l’intitulé d’un des panneaux de l’exposition.

(suite…)

Altdorfer, pionnier du paysage autonome

Exposition Albrecht Altdorfer. Maître de la Renaissance allemande (du 1er octobre 2020 au 4 janvier 2021) https://www.louvre.fr/expositions/albrecht-altdorfer-maitre-de-la-renaissance-allemande

 

Prévue par le musée du Louvre au printemps 2020, l’exposition « Altdorfer, maître de la Renaissance allemande » avait dû être repoussée. Organisée en étroite collaboration avec le musée de l’Albertina de Vienne, l’exposition ambitionne de présenter pour la première fois au public français toute la richesse et la diversité de son œuvre peinte, dessinée ou gravée, en la replaçant dans le contexte de la Renaissance allemande. Elle est présentée du 1er au 4 janvier 2021. C’est une exposition substantielle de plus de 200 œuvres (14 tableaux sur les 55 peints par Altdorfer, de nombreux dessins, gravures de sculptures et objets), beaucoup venues d’Allemagne et d’Autriche. An sein d’un parcours chronologique, plusieurs sections thématiques viennent mettre en valeur les spécificités de son art. Ce compte rendu n’a pas pour ambition de présenter l’ensemble de l’exposition proposée par le Louvre mais de faire un éclairage sur la thématique « paysage ».

 

C’est la première exposition d’importance qui soit consacrée à Albrecht Altdorfer en France. On peut parler d’un véritable événement car il s’agit de mettre en lumière un « outsider » et la France ne possède aucune de ses peintures dans ses collections publiques. C’est une véritable performance dans le contexte de la pandémie, de la moindre fréquentation du musée et compte tenu du fait que Altdorfer peignait sur de sensibles et fragiles panneaux de bois. Exposer un maître ancien, c’est savoir que l’on va se priver de chefs-d’œuvre. Il faut noter l’absence dommageable de deux pièces maîtresses : La Bataille d’Alexandre de la Alte Pinakothek de Munich et le polyptique de Saint-Sébastien de l’abbaye de Saint-Florian. Les commissaires, Hélène Grollemund, Olivia Savatier Sjöholm et Séverine Lepape, assument et compensent ces manques grâce à une accumulation d’œuvres qui méritent qu’on s’y attarde. L’ancienne Pinacotèque de Munich ne s’est pas séparée de La bataille d’Alexandre à Issus (1529) mais le chef-d’œuvre peut être vu sur écran. La venue des œuvres à Paris a tenu de l’exploit, les obstacles imposés par la situation sanitaire ayant pu être contournés grâce à une collaboration étroite avec les musées allemands et autrichiens et en particulier un partenariat exceptionnel avec l’Albertina de Vienne, un généreux prêteur.

 

(suite…)

Fuji, pays de neige

Jusqu’au 12 octobre 2020, le musée Guimet propose l’exposition « Fuji, pays de neige » qui poursuit une réflexion engagée par deux autres expositions du MNAAG (Musée des Arts asiatiques Guimet) :  Les paysages japonais de Hokusai à Hasui et Sur la route du Tokaido, présentées respectivement en 2017 et en 2019. L’affiche de l’exposition, présentée ci-contre, reproduit l’estampe Pèlerin devant le mont Fuji, une œuvre de Yashima Gakutei réalisée vers 1823. De l’estampe à la céramique, en passant par le textile et la photographie, le mont Fuji est l’acteur majeur, mais non unique, de cette exposition. Il laisse place, dans les dernières salles au thème de la neige ou plus exactement aux estampes de paysages enneigés.

 

LE MONT FUJI OU FUJI-SAN, UN SUJET MAJEUR DE L’ART JAPONAIS

De ses 3776 mètres, le mont Fuji est un cône parfait aux neiges éternelles qui domine Honshu, l’île principale de l’archipel nippon. C’est la dernière éruption volcanique de 1707-1708 qui a déterminé ses formes actuelles. Accompagné de sa particule honorifique (san) Fuji-san est un kami – une entité divinisée du shintoïsme – qui règne sur les esprits, le paysage et les arts au Japon. Il est au cœur de quelques-unes des séries d’estampes les plus célèbres de la période d’Edo (1603-1868). D’Edo à la période Showa, les références littéraires de ces estampes sont nombreuses. Le mont Fuji est aussi un des sites les plus photographiés du pays. Il a été inscrit en 2013 sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco au titre de lieu sacré et source d’inspiration artistique. Il est connu comme une montagne sacrée depuis le VIIème siècle, que ce soit dans le shintoïsme, la religion ancestrale du Japon, ou le bouddhisme. Pour les shintoïstes, le Fuji renfermerait un élixir d’immortalité qui, en se consumant, laisserait apercevoir de temps en temps un panache de fumée. Pour les bouddhistes, la forme du Fuji évoque un lotus à huit pétales autour d’un bouton blanc. Le symbolisme religieux de la montagne associé à la symétrie et la perfection de ses formes désigne le mont Fuji comme sujet de prédilection pour les artistes japonais. Représenté comme une nature changeante, il illustre alors la notion bouddhique d’impermanence.

(suite…)

L’esprit géographique de l’œuvre de Jean-Paul Kauffmann

Les Cafés géographiques reçoivent ce samedi 18 janvier à l’Institut de géographie Jean-Paul Kauffmann, journaliste et écrivain, pour dialoguer sur la thématique de l’esprit géographique de son œuvre d’écrivain. Une matinée particulièrement réussie autour d’un invité exceptionnel par son histoire personnelle, sa riche personnalité et la qualité de sa production littéraire.

 

Jean-Paul Kauffmann au milieu de ses « interviewers » (Photo de Jean-Pierre Némirowsky)

 

Cette rencontre se présente sous forme d’une conversation avec l’invité (JPK) animée par le trio Claudie Chantre (CC), Daniel Oster (DO), Michèle Vignaux (MV).

(suite…)

Sous la direction d’Anne Sgard & Sylvie Paradis, « Sur les bancs du paysage. Enjeux didactiques, démarches et outils »

 

 

En avril 2019, Anne Sgard et Sylvie Paradis ont dirigé et publié aux Editions MetisPresses, un ouvrage intitulé « Sur les bancs du paysage. Enjeux didactiques, démarches et outils ».

Anne Sgard est géographe, professeure conjointement au Département de géographie et environnement et à l’Institut de formation des enseignants de l’Université de Genève. Sylvie Paradis est géographe, architecte-urbaniste et chercheure associée à l’UMR (Unité mixte de recherche) Territoires de l’Université de Clermont-Ferrand.

Ainsi que le définissent les auteures, « Cette recherche est née de la volonté d’une dizaine d’enseignants-chercheurs de réfléchir à leurs pratiques pédagogiques, d’échanger sur leurs outils et leurs terrains et d’identifier ce qui peut nourrir une didactique du paysage afin de renouveler les formations au et par le paysage. »

Ce livre est l’aboutissement d’un programme de recherche international de trois années (2015-2018), financé par le Fonds national suisse de la recherche scientifique (FNS) et intitulé « Didactique du paysage.  Mutualisation des expériences et perspectives didactiques à propos des controverses paysagères. »

  (suite…)

Barbara LOYER, Géopolitique. Méthodes et concepts

Barbara Loyer, Géopolitique. Méthodes et concepts, collection Cursus, Armand Colin, 2019

Agrégée de Géographie, Barbara Loyer est professeur à l’Institut Français de Géopolitique qu’elle a dirigé de 2010 à 2018. Elle y est responsable de la spécialisation sur l’approche géopolitique du risque. Elle est également membre du comité de rédaction d’Hérodote. Spécialiste de la géopolitique de l’Espagne, ses réflexions portent également sur l’Europe et l’Union européenne. Elle pilote la construction d’un consortium Erasmus Mundus spécialisé dans l’analyse géopolitique pluridisciplinaire des conflits en Europe.

La géopolitique, un terme qui désigne un savoir géographique

Son ouvrage « Géopolitique » publié chez Armand Colin en mars 2019 dans la collection Cursus, se propose de travailler sur un terme qui jouit d’un véritable engouement et qui, même s’il est employé dans toutes les disciplines, désigne avant tout un savoir géographique. Conçu comme une initiation au raisonnement géopolitique, il s’adresse aux étudiants en Géographie, en master de Géopolitique et à ceux des classes préparatoires littéraires. La géopolitique faisant son entrée au lycée dès la rentrée 2019, il peut aussi être une aide précieuse pour les professeurs du Secondaire.

(suite…)

Géographie et polar polaire: les Cafés géo reçoivent Olivier Truc

Le samedi 16 mars 2019 de 10h à 12h, un public nombreux est rassemblé dans la salle du nouvel amphi de l’Institut de Géographie pour accueillir Olivier Truc, journaliste et écrivain français qui habite Stockholm depuis 1994. Il est l’auteur d’une trilogie de romans policiers « ethnologiques » consacrés aux Sami de Laponie. Olivier Truc est de passage à Paris pour la sortie de son dernier livre « Le cartographe des Indes boréales » aux éditions Métailié qu’il présente au Salon du Livre ce week-end.

Cette rencontre a lieu sous forme d’un échange avec Daniel Oster et Michèle Vignaux. Elle donne une suite substantielle à l’article « De l’actualité des Sami » signé Michèle Vignaux et publié sur ce site en novembre 2018.

(suite…)

Les nouvelles routes de l’entre-soi(e)

Sophie Boisseau du Rocher et Emmanuel Dubois de Prisque, « La Chine e(s)t le monde. Essai sur la sino-mondialisation », Éditions Odile Jacob, janvier 2019

 

Sophie Boisseau du Rocher, chercheur associé au Centre Asie de l’IFRI et d’Emmanuel Dubois de Prisque, chercheur associé à l’Institut Thomas More et corédacteur en chef de la revue Monde chinois-nouvelle Asie sont les auteurs du passionnant « La Chine e(s)t le monde. Essai sur la sino-mondialisation », publié en janvier 2019 aux éditions Odile Jacob.

Dans le chapitre 3, les auteurs se livrent à une réflexion sur les Routes de la soie, cette proposition chinoise d’une nouvelle organisation de l’espace mondial. Il s’agit de créer de nouvelles connectivités entre la Chine et le monde pour un budget annoncé de 1 000 milliards de dollars.

Ce projet répond d’abord à une urgence économique. A son arrivée au pouvoir en 2013, Xi Jinping cherche à maintenir un taux de croissance jugé nécessaire à la paix sociale et à la stabilité politique. La Chine qui dispose d’une capacité financière considérable doit résorber ses surcapacités industrielles. Elle va chercher à l’extérieur les points de croissance indispensables à sa stabilité et à la légitimité du Parti. Le projet Routes de la soie permet aussi de réduire les déséquilibres territoriaux persistants (désenclavement et contrôle du Grand Ouest chinois).

(suite…)

Page suivante »