Selon les projections démographiques de l’ONU, le seuil de 8 milliards d’êtres humains a été franchi le 15 novembre 2022. N’oublions pas que le cap du milliard d’habitants n’a été atteint qu’en 1800. C’est dire l’accroissement considérable du nombre d’humains sur la Terre en un peu plus de deux siècles ! Dans leur scénario moyen les Nations unies prévoient que nous serons 10 milliards en 2050 et à peine plus à la fin du XXIe siècle (prévisions de 10,4 milliards). Nous pouvons dire qu’une période unique de l’histoire démographique est en train de s’achever.
Un café géo passionnant est programmé mardi 15 novembre 2022 de 19h à 21h au Café de Flore (Paris 6e). Le titre en est Russes et Ukrainiens, les frères inégaux, reprenant exactement le titre du livre de l’historien autrichien Andreas Kappeler publié en Allemagne en 2017 et qui vient d’être traduit en français chez CNRS Editions. L’intervenant de la soirée sera Denis Eckert, géographe, directeur de recherche au CNRS, qui a traduit l’ouvrage. Celui-ci est une géohistoire de la relation entre Ukrainiens et Russes en même temps qu’un modèle de réflexion historique.
Russes et Ukrainiens : la métaphore des frères dans deux ouvrages d’histoire récents
Au Festival de géographie de Saint-Dié, qui fêtait sa 33e édition, je suis allée, par la thématique des déserts attirée. L’infinie complexité des espaces désertiques a été décortiquée par des intervenants passionnés. Le Portugal était le pays invité.
Le programme des Cafés géo de Paris, fixé en ce début de saison, marque la reprise d’un rythme de rencontres mensuelles après la crise sanitaire qui a longuement perturbé nos activités en 2020 et 2021. Il traduit la volonté des responsables de l’association de témoigner de la diversité de la géographie, une discipline qui s’avère très utile pour rendre compte des transformations du monde contemporain. Cela dit, nous n’avons pas invité des intervenants en puisant dans le seul vivier des géographes puisque nous avons obtenu le concours d’un sociologue, de plusieurs historiens et même d’une architecte devenue une importante responsable dans le domaine de l’énergie.
Créé en 2020, le Prix du Livre de Géographie des Lycéens et Etudiants récompense un ouvrage de géographie qui s’adresse notamment au public des lycéens et des étudiants en classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) et à l’Université. Ce sont des lycéens et étudiants encadrés par un enseignant qui votent chaque année pour désigner le livre lauréat.
L’association des Cafés Géographiques qui soutient cette belle initiative est heureuse d’annoncer le résultat du Prix 2022. Il s’agit de l’ouvrage de Camille Schmoll Les damnées de la mer. Femmes et frontières en Méditerranée (éditions La Découverte, 2020). Et cela d’autant plus que nous avons eu le privilège d’un entretien exclusif avec Camille Schmoll au sujet de ce beau livre. Cet entretien a été publié sur notre site et peut être suivi dans la rubrique « Les vidéos » (Les Cafés Géo » Visioconférence n°4 : Camille Schmoll parle des migrations féminines en Méditerranée (cafe-geo.net).
Le réchauffement climatique et la croissance des échanges entre Extrême-Orient asiatique, Europe et Amériques ont entrainé un intérêt nouveau pour les régions polaires qui sont restées pendant longtemps le domaine de l’imaginaire et le terrain de jeu d’héroïques aventuriers. Aujourd’hui on en évalue les ressources, la navigabilité et les objectifs des Etats qui y exercent une certaine souveraineté, parfois avec quelque inquiétude.
C’est dans ce cadre que s’est récemment déroulé à la Cité des Sciences de Paris un colloque intitulé « Régions polaires : quels enjeux pour l’Europe ? ». Toutes intéressantes, les interventions ont porté sur les questions climatiques, la faune, les ressources minières aussi bien que sur l’imaginaire et les difficultés psychologiques à supporter l’isolement d’un hivernage dans une station de l’Antarctique. Nous avons choisi d’évoquer la communication de Hervé Baudu, professeur en Chef de l’Enseignement maritime, spécialiste de la navigation dans les glaces. (suite…)
Nous nous réjouissions de recevoir, le 8 mars prochain au Flore, Cédric Gras, géographe, grand voyageur (1), et excellent écrivain. De nombreuses questions suscitaient notre curiosité : rapport entre voyage et écriture, nécessité du temps long pour appréhender un lieu, goût des confins et des frontières, dilection particulière pour le monde russe de Mourmansk à Vladivostok. Il y a vécu plusieurs années dont cinq en Ukraine où il dirige l’Alliance française de Donetsk en 2014 lorsqu’intervient la révolution de Maïdan. Son expérience des déchirements qui affectent alors le Donbass sécessionniste est transposée dans un roman, Anthracite (2). Très affecté par la situation actuelle de l’Ukraine, Cédric Gras a décidé de s’y rendre. Nous le retrouverons à son retour pour un café consacré à ce pays.
1) Membre de la Société des Explorateurs Français
2) Anthracite, Paris : Stock, 2016
Le mercredi 13 octobre à 18h00, nous accueillerons Hervé Théry (Directeur de recherche émérite au CREDA) pour un Café géo sur « Les quatre capitales du Brésil » (Le passe sanitaire sera demandé.)
Le mercredi 10 novembre, à 18h, Franck Ollivon (Docteur en géographie, AGPR à l’Ecole Normale Supérieure) nous fera découvrir le champ encore méconnu de la géographie carcérale dans son Café géo « Au bord de la liberté : éléments de réflexion pour une géographie du « milieu ouvert » pénitentiaire. »
Si la prison continue d’occuper le cœur du système pénal français, l’immédiat après-guerre a initié une longue période de réforme de l’institution judiciaire qui se prolonge encore aujourd’hui. Les alternatives à l’incarcération dites « peines en milieu ouvert » se sont ainsi développées à travers différents dispositifs – travail d’intérêt général, mise à l’épreuve, bracelet électronique… Toutefois, ces peines qui se déroulent hors de l’espace carcéral interrogent : au prix de quels ajustements les lieux ordinaires du quotidien se voient-ils investis de la double mission de punir et de réinsérer l’individu ? Que disent de nos sociétés ces modes de contrôle à l’air libre auxquels elles recourent ?
Et le mercredi 15 décembre, de nouveau à 18h, Emmanuelle Surmont (Docteure et agrégée de géographie, Enseignante au lycée des Lumières de Mamoudzou)s’intéressera aux enjeux de protection de la biodiversité à Mayotte dans son Café géo « Mayotte : une île à protéger. Le parc naturel marin de Mayotte : un merritoire de la protection original« .
L’outre-mer français concentre 80 % de la biodiversité nationale et près de 10 % de la biodiversité mondiale. Mayotte, petit archipel situé dans le canal du Mozambique est un territoire à la biodiversité marine exceptionnelle : le lagon abrite plus de 200 espèces de coraux, 400 espèces de mollusques et près de 250 espèces de poissons. A cela s’ajoute une impressionnante mégafaune : baleines à bosse, dauphins, dugongs et tortues marines. Un parc naturel marin (PNM) de 69 000 km² y a été mis en place en 2010 afin de protéger la biodiversité et d’assurer un développement raisonné de l’espace et de l’île. Deuxième PNM de France et premier en outre-mer, la mise en place de ce parc marin répond à des enjeux écologiques, mais aussi et surtout politiques. En effet, en sus de respecter ses engagements internationaux pris et réitérés lors des différentes COP et sommets, les gouvernements successifs cherchent à réaffirmer la souveraineté française sur un territoire disputé, bien que départementalisé en 2011. La biodiversité de Mayotte est également mise en avant à la fois comme une opportunité de développement économique (écotourisme, pêche durable) pour un territoire marginalisé, où 77 % des habitants vivent sous le seuil de pauvreté national. Dans ce café géo, je souhaite montrer l’usage politique qui est faite de ce parc marin, avec ses contradictions et ses limites. Des « merritoires » de la protection originaux et parfois concurrents se mettent en place, poussés par des acteurs aux objectifs divers.
Une route. Pas une autoroute, une voie express, un périphérique, mais une route étroite, sinueuse, au bitume mal ravaudé. C’est pourtant cette route qui relie deux univers opposés, celui des jardins luxuriants des miniatures mogholes à celui des terres minérales et arides des hautes terres himalayennes. Parmi les peu nombreuses routes transhimalayennes, la NH 1D conduit de Srinagar, capitale d’été du Cachemire, à Leh au cœur du Ladakh, le « pays des hauts cols ».
L’aventure commence par un séjour paisible dans la ville qu’aurait fondée Ashoka il y a plus de 2000 ans. Située à 1760 m d’altitude, Srinagar offre une villégiature fraîche en été à ceux qui veulent fuir la touffeur de la vallée du Gange et de la plaine du Penjab. Rois bouddhistes, empereurs moghols, maharajas hindous puis colons britanniques en ont goûté l’atmosphère. (suite…)
Loin de la Genève des banquiers et de la Zurich des psychanalystes, il existe une Suisse où la rigueur germanique se colore de fantaisie italienne, où les italophones vont prier au temple. C’est dans les Grisons, le Val Bregaglia, qui, depuis l’époque romaine, a été parcouru par troupes et marchands franchissant les Alpes centrales entre la plaine du Pô et la vallée du Rhin [1]. Et au cœur du Val Bregaglia, un lieu unique attend le voyageur sur une terrasse aménagée, Soglio, que le peintre Giovanni Segantini a imaginé comme « le seuil du paradis ».
On peut arriver à Soglio par Chiavenna et franchir la frontière italo-suisse, mais on préférera la route d’Engadine à partir de Sils-Maria, bourgade au charme suranné qui a su retenir Nietzsche [2] et séduire Proust [3]. Du col de la Maloja (1845m), on plongera, par des virages serrés, dans le Val Bregaglia. Dans cette vallée glaciaire très creusée, plusieurs bourgades s’étalent le long du cours torrentueux de la Maira. L’une d’elles, Stampa, est célèbre pour y avoir abrité la naissance d’un des sculpteurs les plus attachants du XXe siècle, un sculpteur qu’on associe surtout à la vie trépidante du Montparnasse de l’entre-deux-guerres mais qui a façonné dans le bronze de ses statues les reliefs dentelés des massifs granitiques voisins, Alberto Giacometti. (suite…)