Habiter le périurbain

rehabiliter-le-periurbain

Café géographique au Café de Flore, Paris, mardi 30 septembre 2014. Avec Hélène Nessi, Maître de conférences en Aménagement et Urbanisme à l’Université de Paris Ouest-Nanterre-La Défense,  et Lionel Rougé, Maître de conférences en géographie à l’Université de Caen Basse-Normandie.

Forum Vies Mobiles est un institut de recherche et d’échanges indépendant créé par SNCF pour comprendre comment évoluent nos modes de vie, fondés sur les déplacements et les communications, et préparer la « transition mobilitaire ».

Cet institut a organisé les 24 et 25 janvier 2013 les deuxièmes Rencontres internationales réunissant quelque 300 chercheurs, artistes et praticiens pour réfléchir à la question : des mobilités durables dans le périurbain, est-ce possible ?

Il s’agit de montrer que, contre toute attente, les espaces périurbains font partie des lieux qui permettront de répondre aux aspirations individuelles tout en autorisant un développement durable. Voilà un des enjeux actuels et futurs pour habiter le périurbain, un enjeu parmi d’autres qui ont été largement évoqués lors de ce Café géographique.

Hélène Nessi et Lionel Rougé, après un bref historique de la question périurbaine, insistent sur la diversité des situations et des définitions dans une volonté de dépasser des modèles théoriques. L’appropriation et le vécu des populations vivant dans ces territoires permettent de nuancer voire contrecarrer l’image péjorative souvent associée à l’espace périurbain.

(suite…)

Géographie et sexualités : repolitiser la ville

Café géographique au Café de Flore, Paris
Mardi 27 mai 2014

Avec Charlotte Prieur et Rachele Borghi (Université Paris-Sorbonne)
Animation Judicaëlle Dietrich

Rachele Borghi revient sur ces thématiques courantes mais peu connues, car invisibilisées ou ignorées. On pense parfois que ces questions ne concernent pas la géographie. L’idée est d’expliquer comment des géographes regardent la ville, et plus largement l’espace, en ajoutant une catégorie d’habitude cantonnée à la chambre à coucher. A travers la sexualité, on mélange les autres catégories pour faire sortir quelque chose du chapeau.

La géographie des sexualités est assez ancienne

Les lectures des sexualités dans les espaces urbains datent déjà des années 1970 aux Etats-Unis. On s’est alors surtout penché sur les formes spatiales des communautés gays et lesbiennes qui polarisaient les questionnements initiaux : les sexualités autres. Le principal apport de la géographie à l’époque était de cartographier des zones résidentielles gays dans les villes américaines. Culture, consommation, espace urbain : les communautés gays interviennent dans le processus de gentrification des villes. Dans les années 1990, la question est abordée différemment : comment l’hétéronormativité influence l’espace public. L’espace public n’est pas qu’un support, une scène, mais il est conçu selon des normes hétérosexuelles et influence les normes sexuelles. L’hétéronormativité apparaît comme une injonction, une obligation. On la transforme en norme. Les hétérosexuel.le.s ont un accès légitime à l’espace public. Les sexualités produisent des espaces d’inclusion et d’exclusion. On abandonne l’approche cartographique et on se concentre sur les rapports entre espace, identité et pouvoirs. On crée des espaces de pouvoir, avec des catégories dominantes. La géographie féministe renouvelle ces questionnements. L’idée était de rendre visibles les sexualités dissidentes, afin de résister à l’hétéronormativité. S’y ajoutent l’étude de la bisexualité, et l’étude des trans. Ces sexualités et ces genres non normatifs ont un impact sur l’espace.

Les points faibles sont les suivants : la production scientifique est très liée au contexte gay, des hommes blancs étudient des zones commerciales, où la culture gay était prévalente. Le point fort creusait le lien entre sexualité et espace. Cela éclaire la production de connaissances géographiques – des connaissances situées, qui viennent d’un certain point de vue. Il faut voir comment le monde académique est lui aussi hétéronormé. Le prisme de la sexualité visibilise le caractère situé de la production de la connaissance, surtout assurée par des hommes blancs, riches, hétérosexuels.

En France, les études en géographie de la sexualité sont de plus en plus répandues. Le travail de Marianne Blidon a porté l’attention sur le fait que les personnes ne se questionnaient pas sur ces problématiques de recherche. Le monde académique français devait alors considérer un objet jusque-là considéré comme illégitime.

(suite…)

Chemin de fer et diplomatie

Café de Flore, Café géographique, 29 avril 2014

flore 29-04-14

Henry Jacolin, ancien ambassadeur, Président de l’Association internationale d’histoire des chemins de fer www.aijc-irha-aihf.com

Alain Gascon, Professeur émérite à l’Institut Français de Géopolitique de Paris 8, ancien chargé de cours à l’INALCO

Paul Véron, modérateur de la soirée, est directeur de la communication et directeur du Moyen-Orient de l’Union internationale des chemins de fer. L’Union internationale des chemins de fer est une organisation mondiale de coopération des chemins de fer, créée en 1922 au lendemain de la Première Guerre mondiale à Paris. Elle gère toutes les formes de coopération entre les chemins de fer du monde : standardisation des équipements ferroviaires et représentation du secteur ferroviaire auprès des grands organismes mondiaux.

Le chemin de fer est beaucoup plus qu’un mode de transport. Il peut être étudié sous de très nombreux angles. Les premiers chemins de fer, lents, desservant des distances courtes, ont servi à réaliser quelques prouesses techniques et à transporter personnes et marchandises entre des centres importants. Progressivement, le chemin de fer est devenu un outil d’aménagement du territoire, de contrôle des territoires, d’exercice du pouvoir et outil de stratégie militaire. Première ligne internationale entre Liège et Cologne. Puis le chemin de fer devient mode d’expression du pouvoir politique, militaire, colonial.

(suite…)

Représenter l’espace urbain dans la bande dessinée

Café géographique de Paris du 28 janvier 2014, avec Aymeric Landot (agrégé d’histoire, ancien élève de l’ENS-Lyon, co-président du Laboratoire junior Sciences Dessinées) et Bénédicte Tratnjek (doctorante en géographie, chargée de cours à l’université Lyon 3 et l’ISFEC de Rennes, Laboratoire junior Sciences Dessinées).

CafeGeo_Ville_BandeDessinee

Suite au Café géographique du 28 janvier 2014, les deux intervenants ont souhaité rédiger un texte approfondi des différents points qu’ils ont abordé pendant ce café géo :

(suite…)

Sur la route de la Kolyma, la Sibérie du Goulag à aujourd’hui

Café géographique, au café de Flore (Paris), le mardi 25 mars 2014

Avec Nicolas Werth, Directeur de recherche au CNRS, auteur entre autres de La route de la Kolyma (Belin, 2012). Un débat animé par Jean-Louis Tissier (Professeur de géographie, Univ. Paris 1)

Des lieux (mé)connus 

Jean-Louis Tissier rappelle d’emblée combien La route de la Kolyma (Belin, 2012), ce récit de voyage de Nicolas Werth sur l’un des lieux de l’enfer, croise bien des curiosités de géographes. On visite des lieux d’une singulière mémoire. Il faut dire que Nicolas Werth a travaillé des années sur les archives de l’Union soviétique et reconstruit toute une histoire du phénomène stalinien. A partir de ce travail de fond, il est parti plusieurs décennies après, sur des lieux sibériens connus des géographes de la génération de Jean-Louis Tissier. La littérature soviétique en parlait, les Récits de la Kolyma : quai de l’enfer (1987) de Varlam Chalamov et le Ciel de la Kolyma (1967) d’Evguénia Guinzbourg avaient popularisé le lieu. On est entré par la littérature dans cette très claire taïga, très claire parce que très froide, aux ressources minières importantes (notamment aurifères).

(suite…)

Les défis de la viticulture française : le vin cherche ses marques

Au Café de Flore le mardi 11 février 2014
Invités : Sophie Lignon-Darmaillac et Yohan Lafragette
Introduit et animé par Maryse Verfaillie

Sophie Lignon-Darmaillac est Maître de conférences à Paris IV. Elle dirige le Master Alimentation, Cultures alimentaires. Dans le cadre de son HDR (Habilitation à diriger des recherches) parrainée par Jean-Robert Pitte, elle a produit un travail très original sur « L’œnotourisme en France. Nouvelle valorisation des vignobles », éditéchez Féret à Bordeaux en 2009.

Yohan Lafragette est encore étudiant. Il est membre des Cafés géographiques depuis 4 ans et membre du Comité de Rédaction depuis cette année. Il est intervenu à Reims, lors du petit voyage organisé par l’Association, sur les vins de Champagne. Pour obtenir son Master en géographie des risques, il a œuvré deux ans sur les vins du Nord de la France, à travers le prisme du changement climatique.

defis_viticulture_francaise

 

(suite…)

L’Italie de la crise

Café Géo, mardi 17 décembre 2013 de 19h30 à 21h30 au Café de Flore (Paris)

Invités :
Dominique Rivière, géographe, Professeure à l’Université Paris Diderot – Paris 7
Aurélien Delpirou, urbaniste et géographe, Maître de conférences à l’Université Paris-Est Créteil

Introduit et animé par Daniel Oster

manifestation_rome_2011

Manifestation contre l’austérité budgétaire le 6 septembre 2011 à Rome (photo de Remo Casilli, source : RFI.fr )

L’Italie apparaît comme l’un des « pays malades » de l’Europe du Sud, dans une zone euro durement affectée par ce que l’on appelle « la crise ». Aux problèmes structurels plus ou moins anciens tels que les problèmes de compétitivité de l’économie, le niveau très élevé de l’endettement ou l’instabilité politique, s’est ajoutée la crise de la dette souveraine. Tout cela se traduit par différentes formes de crise, notamment socio-économiques et politiques. Comment  l’Italie se recompose-t-elle sous l’effet de ces crises ? Peut-on y déceler un effet-miroir pour la France ? Deux géographes viennent traiter le sujet analysant les mutations spatiales de la Botte à différentes échelles.

(suite…)

L’Afrique du Sud, 20 ans après, est-elle nouvelle ?

C’est la question posée à  Philippe Gervais-Lambony lors du  Café géo du 26 novembre 2013 au Café de Flore.

flore 26-11-13

Philippe GL se propose de répondre à cette question en quatre temps.

Les inerties spatiales

– Le nouveau paysage politique

– Mémoires et nostalgies

– Le changement social

(suite…)

Les séries TV, miroirs obscurs de la géographie urbaine ?

Café géo « Les séries TV, miroirs obscurs de la géographie urbaine ? », avec Pauline Guinard (ENS Ulm), David Buxton (Université Paris 10), Anne-Marie Paquet-Deyris (Université Paris 10, Crea), Amélie Flamand (ENSA Clermont-Ferrand, CRH-UMR Lavue) et Bertrand Pleven (IUFM Paris 4 – Paris 1), le mardi 28 mai 2013, à 19h30 au Café de Flore.

« Les séries constituent ainsi de véritables terrains d’observations des villes nord-américaines et peut-être au-delà, des miroirs tantôt déformants, tantôt grossissants où se reflète une condition urbaine, dans laquelle nous nous reconnaissons confusément. On comprend alors mieux pourquoi elles nous fascinent, à défaut de nous rassurer. » (Philippe Simay et Stéphane Tonnelat, 2011, « La ville des séries télé », Métropoliques, 7 novembre 2011).

Pour lancer ce café géo, Bertrand Pleven emprunte quelques lignes de l’ouvrageLes miroirs obscurs. Grands séries américaines d’aujourd’hui[1] de Martin Winckler, qui a inspiré le titre du café géo de cette soirée :

« Les fictions constituent un miroir de la société américaine et de ce qui la fait bouger, intimement, intérieurement – tout particulièrement depuis le 11 septembre 2001. A l’heure où le monde est en proie à de nombreux conflits, ouverts ou larvés, les séries sont, plus que jamais, par leur gravité et leur sombre description – directe ou métaphorique – de la réalité, les “miroirs obscurs” de la société américaine ».

(suite…)

La géographie des familles pour comprendre le monde

Café géo “La géographie des familles pour comprendre le monde” animé par Emmanuel Todd (historien et démographe, Institut national des études démographiques INED), le mardi 26 février 2013, au premier étage du Café de Flore, Paris

gilles_fumey_emmanuel_todd

Emmanuel Todd revient dans un premier temps sur le qualificatif de géographe qui pourrait lui être attribué : sa pensée étant spatialisée, il accepte bien l’idée qu’il l’est aussi. Après tout, la géographie, comme on l’a dit souvent au café géo, n’est pas la propriété des géographes.

Gilles Fumey pose tout de suite la question : « Comment en êtes-vous venus à l’analyse des familles ? »

Emmanuel Todd explique que concernant la famille, ce sujet lui est tombé dessus un peu par hasard. Quand il était étudiant, ce qui le passionnait c’était la démographie historique (travaux de Jacques Dupâquier) et qu’il aimait beaucoup la statistique. Emmanuel Le Roy Ladurie l’a envoyé à Cambridge pour travailler avec Peter Laslett qui lui demande d’étudier des listes d’habitants de Longuenesse, un village du Pas-de-Calais à la fin du XVIIIe siècle. Il fallait calculer le réseau de parenté en combinant la reconstitution des familles faite avec le registre paroissial et la liste d’habitants pour calculer une densité des réseaux de parenté. Puis Emmanuel Todd explique avoir été pris par le « démon du comparatisme », et avoir travaillé notamment sur des familles toscanes, du sud de la Suède et de Bretagne. « Quand on parle de système familial, les gens pensent immédiatement à leur famille, à une relation verticale. Mais il y a souvent un malentendu. » En vérité, Todd concède être arrivé tardivement à une définition satisfaisante de ce terme, qu’il a émise dans son dernier ouvrage (cf : Le Mystère français, 2013 avec Hervé Le Bras) : un système familial, ce sont des familles qui échangent des conjoints sur un territoire. Le système familial présuppose l’existence de valeurs communes à des familles sur un territoire. Si l’on pense en termes de modèle familial, E. Todd évoque son propre exemple familial en affirmant avoir vécu dans un système nucléaire égalitaire, étant né à Saint-Germain-en-Laye. Son système familial relève donc de celui de ce territoire.

(suite…)

« Page précédentePage suivante »