La planète football

Compte-rendu  café géographique de Saint-Brieuc
26 novembre 2015
planete football

Julien Sorez est historien. Ses travaux de recherche portent sur l’histoire sociale et culturelle d’une pratique sportive, le football. Sa thèse « Football en Seine. Histoire sociale et culturelle d’une pratique sportive dans Paris et sa banlieue (fin XIXème siècle – 1940) » a été publiée en 2013 aux Presses Universitaires de France.

Pourquoi et comment peut-on parler de « Planète football » ? Julien Sorez se propose de livrer, à partir d’une approche historique et de sa dimension spatiale, quelques éclairages sur le succès d’une des pratiques les plus mondialisées.

1 – L’Angleterre, foyer du football moderne

C’est dans l’Angleterre de la RI à partir du XVIII° et XIX° siècles qu’apparait un ensemble d’activités de loisirs impliquant une dépense physique dans un cadre compétitif.

Depuis l’Antiquité, des formes d’affrontement physiques existaient mais la nouveauté, dans cette Angleterre industrialisée, c’est l’émergence d’un système sportif que l’on appelle moderne qui se caractérise par au moins quatre points singuliers qui créent une rupture par rapport aux pratiques physiques et ludiques antérieures.
(suite…)

Astana, la fabrique d’une capitale

Compte-rendu Cafés Géographiques de Saint-Brieuc
23 octobre 2015

Christiane Barcellini, présidente de l’association « Les Cafés Géographiques de Saint-Brieuc » et géographe est intervenue sur le sujet « Astana, la fabrique d’une capitale » en remplacement du sujet prévu « A la recherche des protestants bretons », Laurent Theis ayant été hospitalisé d’urgence.

Astana, au coeur des steppes de l’Asie centrale, là où la température descend à -40°C en hiver, est la capitale du Kazakhstan depuis 1997. Cette ville surprenante, extravagante est née de la volonté d’un homme, Noursultan Nazarbaïev, président du Kazakhstan qui exerce, depuis 1991, une autorité absolue sur ce nouvel Etat né de l’implosion de l’URSS.

Astana accueillera l’Exposition internationale « Energie du Futur. Action pour la durabilité mondiale » du 10 juin au 10 septembre 2017.

Comment cette petite ville de province dans les années 1990, s’est-elle hissée au rang de capitale mondiale ? Il s’agit de comprendre, avec ce café géographique « Astana, la fabrique d’une capitale »,  le projet politique de Nazarbaïev.

Astana est la capitale spectaculaire d’un  pays immense (2 700 00 km2, soit cinq fois la France, 9ème au classement mondial), à la charnière de l’Europe et de l’Asie. Très enclavé, le Kazakhstan ne s’ouvre sur aucun océan. Il a des frontières communes avec deux grandes puissances, la Russie au nord (plus 6000km), la Chine à l’est (environ 1500km); au sud, il est limitrophe de trois Etats issus, comme lui, de l’ex-URSS : le Kirghizstan, l’Ouzbékistan et le Turkménistan. La population de 17 millions d’habitants, soit une densité d’à peine 5,5 habitants au km2, est située en périphérie du territoire. Les conditions naturelles rendent compte en partie de ce territoire-bracelet. Le centre du Kazakhstan est le domaine des températures extrêmes (-40°C l’hiver , +35°C l’été), des vents violents et des précipitations faibles (350 mm). La steppe d’Asie centrale, au climat continental semi-aride, qui couvre une grande partie du Kazakhstan, a longtemps été le domaine des pasteurs nomades à cheval. Pendant la guerre froide, l’URSS choisit cette steppe désertique pour ses essais et laboratoires nucléaires (polygone nucléaire de Semipalatinsk, cosmodrome de Baïkonour) ainsi que pour ses camps du Goulag.  L’aridité diminue à l’est (Altaï), au sud-est (monts Tian Shan) et au sud où quelques larges vallées ont favorisé la sédentarisation de la population; c’est là que se trouvent les principales et plus anciennes villes du Kazakhstan (Taraz, Chymkent), étapes prospères sur la route de la Soie, ainsi que l’ancienne capitale Almaty.  Les villes au nord du Kazakhstan, comme Pavlodar, reçoivent, pendant la période soviétique, une immigration massive de jeunes Russes, dans le cadre de la politique de « campagnes des terres vierges » et de russification des Républiques qui constituaient l’URSS. Les villes à l’ouest comme Aktaou doivent leur développement aux projets d’exploitation des vastes réserves de pétrole et de gaz de la mer Caspienne.

(suite…)

La Grèce, sortie de crise ?

Compte Rendu du café géographique de Saint-Brieuc
19 mars 2015

Michel Sivignon est géographe, professeur émérite à Paris-X Nanterre. Il est un spécialiste de la Grèce et des Balkans. Parmi les ouvrages qu’il a écrits, « La Grèce sans monuments », Hachette, 1978 ; « L’Atlas de la Grèce », travail collectif de spécialistes grecs et français, La Documentation Française, 2003 ; « Les Balkans, une géopolitique de la violence », Belin, 2009.

flyer_cafes_geo6_grece

 

Michel Sivignon se propose, pour mener à bien sa réflexion sur le sujet de ce soir « La Grèce, sortie de crise ? » et pour comprendre ce qui se passe aujourd’hui, d’évoquer les héritages historiques de ce pays.

1 – L’emboîtement de trois histoires

La Grèce s’est construite à partir de trois phases historiques ou plus exactement de l’emboîtement de trois histoires.

La première, c’est celle de la longue, voire très longue durée, pour parler comme l’historien Fernand Braudel. A partir de quelques exemples, Michel Sivignon nous explique que la langue grecque actuelle est la même langue sans rupture de continuité depuis plus de treize siècles avant notre ère ; en Europe, qu’il n’y a pas d’histoire d’une langue écrite aussi longue. Pour exemple, le terme « hématome » vient du grec « hema », le sang, qui est encore le terme pour signifier le sang aujourd’hui comme on le disait, comme on l’écrivait il y a plus de treize siècles avant notre ère.  Cette extrême ancienneté de la langue fonde la nation grecque ce dont les Grecs en sont parfaitement conscients et que personne d’ailleurs ne leur conteste.

Par ailleurs, la nation grecque s’est construite à partir de deux « ancêtres », de deux histoires, la plus ancienne avec Platon, Hérodote, Aristophane, les pères de la médecine…et une plus récente que l’on oublie souvent, la période byzantine. La destruction de l’unité de l’Empire romain, sa chute en 476 et la création de deux empires, l’Empire romain d’Occident et l’empire romain d’Orient vont façonner de façon durable la Grèce.

(suite…)

Le Sahara, un enjeu du temps présent 

Compte-rendu  café géographique de Saint-Brieuc 
16 janvier 2015 

 cg-st-brieuc-sahara

 

Marcel Cassou, polytechnicien, connaît bien le Sahara qu’il parcourt régulièrement depuis de nombreuses années (1969, ascension de la Garet el Djenoun ; 1971, traversée du désert du Tanezrouft  en solitaire). De 1973 à 1980, il dirige une action humanitaire pour venir en aide aux Touaregs du Niger victimes de la sècheresse. Il a publié plusieurs livres sur le Sahara et reste un observateur vigilant de tout ce qui s’y passe.

Ce café géographique « Le Sahara, un enjeu du temps présent » est d’une brûlante actualité en ce début d’année 2015.

De l’Afrique à l’Asie, d’immenses territoires sont aujourd’hui contrôlés par l’islamisme radical déstabilisant des régions entières et ayant des répercussions dans les démocraties occidentales. C’est le cas d’une grande partie du Sahara sous contrôle de l’AQMI (Al-Qaïda au Maghreb Islamique).

Notre intervenant va nous donner ce soir, quelques pistes de réflexion pour mieux comprendre la complexité de cet immense espace pris entre des intérêts contradictoires.

Il se propose de définir le Sahara, à travers ses données naturelles, son histoire et son peuple, le peuple Touareg, ce qui lui permettra  de cerner l’enjeu de cet immense désert.

(suite…)

La Bretagne demain: quels enjeux, quels territoires pour agir?

Compte Rendu du café géographique de Saint-Brieuc
21 novembre 2014

 

cg-st-brieuc-gourlay-bretagne-demain

 

Florence Gourlay est maître de conférences à l’Université de Bretagne-Sud (Lorient). Elle est responsable du master « Aménagement et Développement des territoires maritimes et littoraux ». Ses travaux de recherche portent sur la recomposition des territoires dans un contexte de mondialisation. Ses territoires de recherche sont essentiellement le pays de Lorient et la Région Bretagne. Elle est l’auteur, avec Ronan Le Délézir, lui aussi maître de conférences à l’Université de Bretagne-Sud, d’un ouvrage « Atlas de la Bretagne, les dynamiques du développement durable » dans la collection autrement.

Notre intervenante se propose à partir du sujet « La Bretagne demain : quels enjeux, quels territoires pour agir ? » de mener, non pas un exercice de prospective mais une réflexion sur l’intégration par les territoires bretons des logiques de la société-monde contemporaine.

Demain, c’est une projection d’éléments présents que l’on considère aujourd’hui comme potentiellement structurant dans un avenir plus ou moins proche. Ainsi en est-il,  par exemple, du changement climatique avec pour conséquence l’élévation du niveau de la mer  et la nécessaire adaptation des sociétés. Demain, c’est un probable mais aussi un possible, une perspective qui interpelle, qui mobilise, qui suggère une possibilité d’actions. Demain est en quelque sorte un système complexe d’atouts, de contraintes et d’opportunités.

Transition énergétique, crise systémique mais aussi développement durable, termes qui nous sont familiers…reflet d’un des paradoxes de notre époque, celui d’avoir l’ambition de construire des politiques du durable dans une période de mutation, ce qu’Edgar Morin appelle des antagonismes complémentaires, c’est-à-dire des phénomènes qui pris séparément s’opposent mais qui participent à une même dynamique.

Les territoires, eux aussi peuvent relever d’antagonismes complémentaires (métropolisation/décentralisation, uniformisation/différenciation…)

Trois questions se posent alors.  Quelle société demain? Quel projet de société? Quels territoires d’action pour la Bretagne ?

(suite…)

« La mémoire est-elle géographique ? »

Compte Rendu café géographique de Saint-Brieuc
17 octobre 2014

affiche_memoire_geographique_hertzog

Anne Hertzog est maître de conférences de géographie à l’Université de Cergy-Pontoise, membre du Laboratoire MRTE, associé à l’EIREST (Paris 1 – Sorbonne). Elle travaille sur les processus de patrimonialisation, le lien tourisme-mémoire et la géographie des musées. Ses recherches actuelles portent tout particulièrement sur la fabrique patrimoniale de la première Guerre mondiale et la territorialisation des constructions liées à ce conflit.

Notre intervenante se propose, dans un premier temps, de répondre à la question «La mémoire est-elle géographique ? » à partir de quelques pistes de réflexion et dans un second temps de les croiser avec ses terrains de recherche afin d’illustrer son propos.

(suite…)

Partie de campagne en Chine

Compte-rendu du 2ème café géographique de Saint-Brieuc
4 avril 2014

diapo_veron_01

Emmanuel Véron, géographe et sinologue, prépare une thèse de doctorat en géographie sur les nouvelles relations ville-campagne engendrées par le tourisme rural en Chine. Il a choisi la région du grand Shanghai (delta du Yangzi) pour conduire ses recherches. Plus généralement, il s’intéresse aux mutations de la Chine contemporaine, de sa société et de son espace. Il travaille sous la direction du Professeur Sanjuan. Emmanuel Véron est rattaché à l’UMR 8586 Prodig et à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne. Il est par ailleurs ATER au sein de cette même université.

C’est à travers le prisme du tourisme rural qu’Emmanuel Véron  analyse les mutations socio-spatiales de la Chine contemporaine.

Le choix du titre « Partie de campagne en Chine » fait en effet écho à ce qui se passe aujourd’hui en Chine notamment dans les espaces ruraux aux périphéries immédiates des grandes métropoles comme Pékin ou Shanghai. Ces « parties de campagne » signalent un changement global de la société chinoise depuis une vingtaine d’années, aux lendemains des événements de Tian’anmen de 1989 et de la relance des réformes par Deng Xiaoping.

Notre intervenant souligne l’urbanisation récente, explosive de la Chine (en 2011, le ratio population urbaine/population rurale atteint 50%) et parallèlement le recul du monde rural dans un Etat qui s’est construit depuis des millénaires sur une base rurale. Il rappelle que Pierre Gentelle qui était un spécialiste de la Chine et une grande figure des cafés géographiques parlait déjà de « déruralisation » des campagnes chinoises au début des années 2000.

C’est à partir de cette situation inédite et irréversible qu’il faut interroger les nouvelles relations  ville-campagne engendrées par le tourisme rural.
(suite…)

Les mises en scène du monde

Compte rendu du 1er Café Géographique de St Brieuc,
28 février

cg_st_brieuc_grataloup01

Christian Grataloup est professeur à l’université Paris-Diderot (Paris 7). Il enseigne également à l’Institut d’Etudes politiques de Paris et à l’université Cheik Anta Diop de Dakar. Spécialiste de géohistoire, il est l’un des fondateurs de la revue EspacesTemps en 1975. Il a publié de nombreux ouvrages, Lieux d’Histoire. Essai de géohistoire systématique (La Documentation française, 1996), Modélisation graphique (Presses de l’université de Reims, 1998), Géohistoire de la mondialisation. Le temps long du Monde (Armand Colin, 2007), L’invention des continents (Larousse, 2009), Faut-il penser autrement l’histoire du monde ? (Armand Colin, coll. « Eléments de réponse, 2011).

Le café géographique s’est tenu le vendredi 28 février 2014 à l’espace bar du théâtre La Passerelle à Saint-Brieuc.

C’est devant une centaine de personnes que Christian Grataloup lance ce 1er café géographique briochin.

Son propos  est de montrer que depuis une trentaine d’années la mondialisation, outre ses aspects économiques, modifie la perception globale et les cadres intellectuels qui ont été les nôtres.
(suite…)

« Page précédente