Les glaciers pyrénéens, miroirs du climat régional

Café géographique à Toulouse – 27.11.2013

Les Glaciers Pyrénéens
miroirs du climat régional
par Pierre René

 Pierre René, glaciologue, a fondé en 2001 l’Association Moraine (http://asso.moraine.free.fr, siège social : mairie de Luchon 31110)  pour étudier l’évolution des glaciers pyrénéens. Il a publié en 2013 « Glaciers des Pyrénées, le réchauffement climatique en images », aux éditions Cairn.

La glace est un indicateur climatique exceptionnel car elle est hyper sensible aux variations climatiques. Les glaciers pyrénéens reflètent l’évolution climatique du Sud-Ouest de la France : si le recul des glaciers est général dans le monde, les disparités régionales sont très importantes et il est particulièrement intéressant d’en faire une observation fine pour avoir un maillage complet des glaciers de la planète

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Le désert de J.M.G. Le Clézio
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Le désert est longtemps resté un espace répulsif. Seuls quelques guerriers et quelques explorateurs osèrent, pendant des siècles, s’aventurer dans ces étendues vides et inhospitalières. Pourtant, le désert est désormais devenu un espace attractif, source d’inspiration et de fascination pour les touristes, les scientifiques, et tous ceux qui – pour une raison ou pour une autre – attachent un intérêt particulier à ces espaces quasi vierges susceptibles d’être exploités (parfois de manière particulièrement lucrative, si l’on en croit les projets sahariens menés par plusieurs firmes pétrolières).

Longtemps considéré comme une contrainte, le désert est désormais devenu une ressource à valoriser, voire même à préserver. Cette redécouverte du désert s’accompagne d’un intérêt littéraire renouvelé pour cet objet.
Dans un contexte de colonisation, nombre d’écrivains firent du désert un de leurs espaces de prédilection. En 1894, Pierre Loti raconte, dans Le désert , sa traversée du Sinaï. Quelques décennies plus tard, Saint Exupéry place au cœur de plusieurs de ses récits le désert, cette « prison de sable » effrayante et attirante. Après un long oubli pendant la deuxième moitié du 20 ème siècle (période marquée par une forte poussée urbaine, qui imprègne largement la littérature), le désert réapparaît, à l’aube du 21 ème siècle, comme espace privilégié d’expression d’une préoccupation environnementale montante. C’est dans ce courant que s’inscrit Jean-Marie Gustave Le Clézio.

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De l’écologie à l’équilibre ?

Café-géo liégeois du 15 novembre 2013.

Intervenant : Emmanuël Sérusiaux, président de Natagora, professeur à l’Université de Liège.

Les débuts de la politique de l’Environnement remontent à 1970 quand le Conseil de l’Europe décrète une « Année de la Conservation de la Nature ». Sont alors fixées les références en matière de protection de l’environnement :

  • l’Ecologie est une et indivisible
  • l’Ecosystème, local comme global, doit être à l’équilibre
  • l’Etat est responsable des procédures et actions
  • le Public doit être sensibilisé.

Les problèmes envisagés sont notamment l’énergie nucléaire (sécurité, déchets, usages civils et militaires), l’accroissement de la population humaine et sa pression sur l’environnement, l’usage du plastique, matériau non biodégradable.
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Traversée des monts Tezoulaig (Sahara)

Dessin N°42

Ce dessin de Michel Vallet, ancien officier méhariste, est extrait d’un compte-rendu d’un voyage effectué en 2009 sous la direction de Marcel Cassou[1]. Ce dernier se proposait de suivre  une partie de l’itinéraire de la première mission qui traversa le Sahara, celle de Foureau et Lamy, et qui en 1899 rejoignit l’Afrique sub-saharienne à partir de l’Algérie.

Les participants de l’expédition de 1899 s’étaient détournés pour traverser le massif d’Obbazer. Ils voulaient rejoindre le puits où le colonel Flatters fut  assailli et tué, en 1881, par les Touaregs avec presque toute son expédition[2]. Flatters se proposait de traverser le premier le Sahara.

Le dessin représente un guide touareg et, à l’arrière plan, les monts Tezoulaig, difficilement accessibles et dont la silhouette resemble étrangement à celle du guide.

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Le Far West selon John Ford : Une géographie épique

« My name is John Ford. I make westerns ». Les westerns représentent une part importante des près de cent quarante films de la carrière aussi inégale qu’éclectique de John Ford. Plusieurs sont des chefs-d’œuvre et ont participé à donner une certaine légitimité à un genre largement relégué, dans les années 1930, au rang de complément dans les doubles programmes, devenus la règle après 1929 – les fameuses « séries B ». L’œuvre de Ford donne ainsi quelque valeur à la fameuse formule d’André Bazin et Jean-Louis Rieupeyrout, selon laquelle le western est « le cinéma américain par excellence » (Rieupeyrout, 1953). Affirmation qui, à son tour, soutient l’idée que les westerns sont un objet d’investigation incontournable pour qui s’intéresse aux représentations de l’espace nord-américain.

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Un abécédaire géolittéraire (3/26) : C comme Campagne
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La vallée de la Santoire (Cantal), le « pays premier » de Marie-Hélène Lafon

Il y a près d’un demi-siècle, le sociologue Henri Mendras annonçait la « fin des paysans », sous l’effet de la mécanisation inexorable et de l’urbanisation conquérante (La fin des paysans, Gallimard, 1967). A peine plus tard, le géographe Armand Frémont proposait un beau portrait des paysans de Normandie en combinant remarquablement la rigueur des analyses scientifiques et l’évocation de la vie paysanne avec un indéniable talent d’écriture (Paysans de Normandie, Flammarion, 1982). Aujourd’hui, plusieurs décennies après le « grand chambardement des campagnes », selon l’expression de Fernand Braudel, la notion de « ruralité » tend à prendre le pas sur le mot  « campagne » comme si celui-ci s’avérait incapable de rendre compte d’une réalité devenue complexe et de plus en plus liée aux dynamiques urbaines.

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Repas russe

Association Café Géo de Paris, Repas russe du 3 décembre 2013, au Da-Niet, Bistrot russe (5, rue de Lancry à  Paris 10ème). Repas animé et commenté par Jean Radvanyi.

Jean Radvanyi, professeur à l’INALCO, vient d’assurer pendant 4 ans  la direction du Centre franco-russe en Sciences Sociales, à Moscou. Son dernier ouvrage : « Retour d’une autre Russie, plongée dans  la Russie de Poutine ». Editions Le Bord de l’Eau. 2013

La cuisine russe dont on parle ici est une cuisine familiale, faite le plus souvent par les femmes, même si bien sur certains hommes se mettent aussi au fourneau. On mange quotidiennement dans la cuisine, pièce petite où on se serre, mais s’il y a une fête le repas peut être plus élaboré dans une salle à manger où très souvent, à l’époque soviétique, quelqu’un dormait. Les appartements collectifs ont à peu près disparu (sauf pour les migrants). Ils comportaient une cuisine commune à plusieurs familles (parfois même plusieurs cuisines) et chaque famille s’entassait dans une pièce.

En Russie quand on arrive, la table est festive, déjà chargée de victuailles (les « zakouski » ou hors d’œuvre) et de boissons. Jean Radvanyi nous lit un texte de Constantin Véréguine du début du XX° siècle où il est question du repas de rupture du carême dans une famille noble et fortunée de Yalta. Au centre un énorme koulitch aux quatre coins une paskha, pyramide de fromage blanc. Et puis, des jambons, des viandes, des poissons. Vins et vodka.
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Quand les montagnes donnent froid

atlas-des-montagnes_9782746731677Café géographique « Quand les montagnes donnent froid », animé par Bénédicte Tratnjek, avec Xavier BERNIER (géographe, Université de Savoie), le mercredi 20 novembre 2013 au Café de La Cloche (Lyon).

Le Café Géo du 20 novembre 2013 accueille Xavier Bernier, maître de conférences à l’Université de Savoie et chercheur à EDYTEM (Chambéry). Il est l’auteur en 2013 avec C. Gauchon de l’Atlas des montagnes – Espaces habités, mondes imaginés chez Autrement. Après une thèse sur les  Transports, communications et développement en Himalaya central : le cas du Népal, il a élargi son cadre de recherche notamment aux Alpes et aux enjeux des mobilités et travaille en particulier sur le traverser (http://www.espacestemps.net/auteurs/xavier-bernier/).

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L’intervenant commence par la projection d’un petit film, Valhalla, où des skieurs nus dévalent les pentes dans un paysage de montagnes enneigées. Ce film sorti cette année et imaginé par un collectif de cinéastes canadiens et états-uniens, Sweatgrass, pose la question d’un retour aux origines d’un héros qui cherche à retrouver ses sensations de jeunesse. L’étymologie du mot froid Frigidus fait référence au froid thermique, mais a aussi le sens de terne ou de fade. Le froid brûle également. A la lumière de ce premier paradoxe, il s’agit de montrer le caractère agressif ou rugueux du froid. Derrière une approche biologique, une autre complémentaire doit être abordée à l’aide du film projeté : le bonheur d’un retour à la nature via le froid. Entrer par le froid c’est aussi poser la question de la saisonnalité. En termes de représentations notamment publicitaires, le froid est souvent identifié comme polaire ou montagnard, notamment pour les fabricants de vêtements (comme Damart ou les vêtements de sports), deux qualités combinées dans l’identification récente d’un record de froid en Antarctique (-93°C cf. Le Point.fr). La relation ambivalente avec le froid et la montagne peut ressembler à « un je t’aime moi non plus ». Le froid est tantôt relié à des mondes menaçants ou repoussants, tantôt à un cadre propre au repoussement. Mais les associations se révèlent parfois complexes : le yéti apparaît par exemple très souvent en Occident dans un cadre hivernal tandis qu’il est d’abord représenté l’été chez les Sherpas népalais. Sur ces associations, sont fondés aussi bien des légendes que des produits culturels : dernier en date, La Reine des Neiges de Disney sortie en 2013 est l’adaptation d’un conte d’Andersen La Reine des Glaces. Une des deux sœurs transforme en froid tout ce qu’elle touche. La sœur maudite habite en montagne dans un monde chromatiquement froid mais aussi froid en termes de paysages. Il faut rappeler que le mot froid est utilisé pour des températures, mais aussi des couleurs voire des personnes.
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The Lunchbox (Ritesh Badra)

The lunchbox, film indien réalisé par Ritesh Badra, 2013, 1h42

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Ila est une jeune femme délaissée par son mari, qui réside dans un appartement cossu du quartier Kandivali.
Sajaan est un fonctionnaire au bord de la retraite, qui partage son existence entre un vaste bureau collectif d’un quartier d’affaires de Mumbai et un modeste logis du quartier chrétien de Bandra. Au premier abord, rien ne prédispose ces deux personnages à la rencontre. Pourtant…
A la suite d’une – rarissime – inversion entre deux adresses, la Lunch Box[1] préparée par Ila, à l’intention de son époux, arrive sur la table de travail de Sajaan. Il s’ensuit une rencontre imprévisible entre deux individus que tout sépare.

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Le caviar fait la fête
Le caviar reste un produit de fête prestigieux même si la géographie de sa production a bien changé depuis deux décennies (source : www.caviarpassion.com )

Le caviar reste un produit de fête prestigieux même si la géographie de sa production a bien changé depuis deux décennies (source : www.caviarpassion.com )

Chaque année en décembre, les pages des magazines consacrées aux repas de fêtes n’omettent rien des différentes variétés de caviar qui doivent figurer sur les meilleures tables. Le caviar garde son aura de mets de luxe malgré de profondes transformations dans sa production et sa commercialisation. Là aussi, la mondialisation est passée par là et, pour prendre un seul exemple,  le caviar made in France livre depuis quelques années une bataille impitoyable au caviar made in China. De leur côté, ignorant la part de marché croissante accaparée par les supermarchés, les grandes maisons qui commercialisent le produit aux œufs d’or (noir, gris ou brun) ne sont pas en reste en matière de compétition en fourbissant leurs armes, à grands renforts de communication et de nouveaux rituels de dégustation.

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