Quels contours des provinces à la création du Royaume de Belgique en1830 ? Le fond cartographique de la Bibliothèque nationale de France au service de notre histoire.

Café-géo liégeois du 19 avril 2013.

Intervenants : François Nawrocki, conservateur du département des cartes de la BnF à Paris ;
Jasmine D.Salachas, cartographe.

En début de séance, Mme Salachas rappelle l’importance de la vérification des sources. Mr Nawrocki souligne quant à lui le rôle de la carte en tant que document de synthèse, notamment pour défendre un territoire ou pour éclairer la genèse de limites territoriales.

Les contours de la Belgique ont évolué au cours du temps comme le montrent les nombreuses illustrations, issues des collections de la BnF, présentées au cours de la soirée.

La carte « Leo Belgicus » (Pieter van der Keere, vers 1650) montre un territoire correspondant approximativement à la forme d’un lion assis : les Pays-Bas actuels constituent la tête et le cou, le reste du corps représente la Belgique.

A l’époque de Louis XIV, une carte des Pays-Bas présente la division géographique du territoire entre les différentes puissances qui le gouvernent. Les frontières sont soit des limites naturelles, soit une suite de places fortes participant au système de défense du territoire. Les conflits nombreux entraînent souvent l’apparition d’enclaves.

Aux 17e et 18e siècles, les frontières sont définies par des conférences tentant de résoudre les litiges apparus après des conflits. Cela entraîne de nouvelles tensions, et le travail doit souvent être refait. La solution consiste à échanger des territoires et à consolider les frontières, en essayant de supprimer les nombreuses enclaves.
La carte militaire du 18e siècle montre frontières et enclaves, ainsi que la topographie. Elle est cependant difficile à utiliser car de nombreux détails indiqués n’ont pas été vérifiés sur le terrain, d’où des imprécisions fréquentes.
Fin 18e, la géographie prend le pas sur la « raison du plus fort » et les cartes se rapprochent plus de la réalité du terrain.
En 1795, la Belgique est incluse à la France : neuf départements sont alors créés. Les enclaves disparaissent, de même que la principauté de Liège et les territoires appartenant à l’Eglise.

En 1814, la Belgique devient indépendante sous tutelle, ce qui s’accompagne de la disparition des départements. En 1815, le territoire est intégré au royaume des Pays-Bas.
Lors de la période révolutionnaire de 1830, Philippe Vandermaelen réalise l’Atlas administratif et statistique du royaume de Belgique, document destiné à soutenir la délimitation du territoire en cours de discussion.

En 1831, le Protocole de Londres reconnaît l’indépendance de la Belgique mais accorde le Luxembourg et un morceau du Limbourg aux Pays-Bas.
En 1833, la Belgique continue cependant de gérer ces deux entités, tandis que les villes de Luxembourg, Maastricht et Anvers sont occupées par les Néerlandais.
En 1839, le Traité des 24 articles reconnaît la Belgique. Vandermaelen présente alors des cartes où les provinces sont copiées sur les anciens départements, ainsi qu’un document indiquant les territoires à céder aux Pays-Bas. Malgré la militance en faveur d’un statu quo, la séparation Belgique-Luxembourg-partie du Limbourg a lieu.
En 1919, le Traité de Versailles restitue à la Belgique les territoires germanophones qui lui étaient attachés à l’époque napoléonienne.

En fin de séance, quelques questions ont été posées :
1. A quoi est due la déformation de la frontière franco-belge au niveau de la « botte « de Givet ?
La France a voulu conserver cette ville de garnison.
2. Pourquoi l’enclave de Baarle-Hertog (enclave belge en territoire néerlandais) a-t-elle subsisté ? Des accords bilatéraux et le choix de la population locale expliquent cette situation.
3. Comment expliquer le sort du Grand-Duché du Luxembourg ?
Le Luxembourg est devenu autonome en 1839, mais il restait attaché à la couronne des Pays-Bas en tant que propriété du roi Guillaume Ier. En 1868, le Luxembourg conquiert son indépendance par l’accès à une gestion et un gouvernement propres.

Pour terminer, une anecdote en rapport avec le sujet abordé : actuellement, le relevé géologique des cantons germanophones belges est toujours inexistant. Cela tient à leur histoire : la Belgique a effectué ses relevés géologiques avant 1919, l’Allemagne a dressé ses cartes géologiques après cette date.

Les documents présentés sont accessibles sur le site Internet de la BnF dont l’adresse électronique peut être obtenue sur le site des cafés-cartographiques. Les documents proviennent de la bibliothèque « Gallica ».