Les frontières

Débat “Les frontières” animé par Michel Foucher (géographe et diplomate, ENS Ulm, Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale, auteur, entre autres, de L’obsession des frontières), le mardi 26 mars 2013, de 19h30 à 21h30, au premier étage du Café de Flore, Paris, M° Saint-Germain.

Présentation :
Nous vivons sur une idée fausse et dangereuse : parce que le monde est devenu plus fluide et l’économie globalisée, les frontières seraient condamnées à disparaître. Or, depuis quinze ans, plus de 26 000 kilomètres de frontières politiques ont été tracées rien qu’en Europe et en Asie centrale, et autant ont fait l’objet d’accords internationaux. Plus grave, les conflits les plus durables et les plus disputés portent sur le bornage des territoires : entre Israël et ses voisins ; entre le Pakistan, l’Inde et l’Afghanistan. Partout, on délimite l’espace, on l’équipe de caméras et de portiques, on y patrouille, on le clôture. Les frontières, terrestres et maritimes, sont devenues un marché florissant, en même temps qu’une lancinante question : à quoi servent-elles dans le monde actuel ? Michel Foucher a multiplié les analyses de terrain avec sa qualité rare d’associer vision planétaire et réalités frontalières.

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Entre dessin et carte, les cartes satiriques : la pieuvre russe vue par les Japonais en 1904

Le dessin du géographe n° 38 – avril 2013

Depuis le XV° siècle au moins les cartographes ont appris à jouer avec le dessin des cartes dans un but de satire politique. On se trouve ici au carrefour de la carte et du dessin, carte détournée de sa vision de représentation scientifique, au profit d’une prise de position partisane.

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La carte présentée est une carte japonaise datant de mars 1904, c’est-à-dire des tout débuts de la guerre russo-japonaise, dessinée après la prise par surprise de la base russe de Port-Arthur, où la flotte russe d’Extrême-Orient fut décimée. Elle est antérieure à l’autre désastre naval russe de Tsushima tout comme à la bataille de Moukden en Mandchourie, qui amenèrent la Russie défaite à négocier en 1905. La carte est censée faire partie d’un « Atlas diplomatique humoristique de l’Europe et de l’Asie ».

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Corée du Nord : la carte et la pomme (de la discorde ?)

Avant les attentats de Boston, l’actualité médiatique était « monopolisée » par la Corée du Nord : les annonces du nouveau dirigeant, Kim Jong-Un, concernant l’escalade de menaces contre les Etats-Unis ont amené beaucoup d’articles de presse, plus ou moins éclairés, sur la possible attaque du territoire étatsunien. Parmi les commentaires, les photographies officielles dévoilées à la presse du monde entier ont fait couler beaucoup d’encre. Si certains médias ont eu la décence d’utiliser un point d’interrogation1, d’autres2 seront nettement moins prudents, et titreront, sans point d’interrogation, combien « la Corée du Nord dévoile des secrets militaires sur des photographies officielles ». Pourtant, la source commune de tous ces articles de presse, l’AFP (dont la dépêche titrait avec le point d’interrogation), avait déjà publié, deux jours plutôt, sur son blog Making-of, un décryptage des photographies nord-coréennes présentant le matériel militaire, montrant combien les dites photographies n’étaient que d’évidents montages.

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Quels contours des provinces à la création du Royaume de Belgique en 1830 ?

Quels contours des provinces à la création du Royaume de Belgique en1830 ? Le fond cartographique de la Bibliothèque nationale de France au service de notre histoire.

Café-géo liégeois du 19 avril 2013.

Intervenants : François Nawrocki, conservateur du département des cartes de la BnF à Paris ;
Jasmine D.Salachas, cartographe.

En début de séance, Mme Salachas rappelle l’importance de la vérification des sources. Mr Nawrocki souligne quant à lui le rôle de la carte en tant que document de synthèse, notamment pour défendre un territoire ou pour éclairer la genèse de limites territoriales.

Les contours de la Belgique ont évolué au cours du temps comme le montrent les nombreuses illustrations, issues des collections de la BnF, présentées au cours de la soirée.

La carte « Leo Belgicus » (Pieter van der Keere, vers 1650) montre un territoire correspondant approximativement à la forme d’un lion assis : les Pays-Bas actuels constituent la tête et le cou, le reste du corps représente la Belgique.

A l’époque de Louis XIV, une carte des Pays-Bas présente la division géographique du territoire entre les différentes puissances qui le gouvernent. Les frontières sont soit des limites naturelles, soit une suite de places fortes participant au système de défense du territoire. Les conflits nombreux entraînent souvent l’apparition d’enclaves.

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Les frontières entre ouverture et fermeture : peut-on souhaiter la disparition des frontières ?

Le 1er février 2013 en soirée, l’établissement « le 9 bis » a accueilli le premier Café géographique stéphanois. Cette manifestation marquait la fin d’une journée d’étude dédiée à la géographie des frontières1, et invitait à une réflexion au-delà des salles de conférences et des rassemblements organisés, autour de la question suivante : peut-on souhaiter la disparition des frontières ? Animé par François Arnal (professeur en Lettres Supérieures au Lycée Claude Fauriel), ce café géo clôture un débat plus vaste consacré à la géographie et à la géopolitique des frontières : « Les frontières et les espaces frontaliers : objet d’étude géographique et géopolitique ».

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Si de nombreux sujets ont été abordés pendant la journée2, François Arnal a proposé aux intervenants de poursuivre le débat dans une salle comble. Les débats entre les intervenants et le public, mais aussi entre les intervenants eux-mêmes ont permis de montrer des divergences d’opinion. Comme l’a énoncé plus tôt dans la journée Philippe Rekacewicz, « on peut tous aller voir une frontière, mais on n’y voit pas la même chose ». François Arnal rappelle que si les avis divergent, c’est parce que la définition même de frontière est ambiguë, et que certains espaces de conflit sont sujets à certaines tensions, autour du tracé, du statut et de la matérialisation des frontières. Tout cela complique la vision extérieure que nous portons sur les frontières. Les notions de limites, de territoires, de conflits mais aussi de gestion, d’échanges et de relations humaines sont à prendre en compte pour (re)penser les frontières et les espaces frontaliers. Cet objet géographique « classique » est au cœur de très nombreuses publications ces dernières années, tant la question est d’une actualité brûlante. C’est pourquoi, pour ce café géo, François Arnal a invité trois intervenants aux parcours différents, qui tous abordent la frontière par ses dimensions spatiales, mais en ont, par leur métier, une approche différente : Philippe Rekacewicz (cartographe au Monde diplomatique, animateur du blog Visions cartographiques), Bénédicte Tratnjek (géographe, IRSEM, animatrice du blog Géographie de la ville en guerre) et Luisa Pace (journaliste, spécialiste de géopolitique).

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Les mondes arctiques en ébullition

Débat “Les mondes arctiques en ébullition” avec Eric Canobbio (maître de conférences en géographie, Université Paris 8) le mardi 31 mai à 19h30 au premier étage du Café de Flore, 172 bvd Saint-Germain, 75006 Paris, M° Saint-Germain

Olivier Milhaud donne le coup d’envoi de ce Café Géo en présentant au public venu nombreux l’intervenant de la soirée, Eric Canobbio, Maître de conférences en géographie à l’Université Paris VII Saint-Denis, auteur notamment de l’Atlas des Pôles aux Editions Autrement (2007), de Géopolitique d’une ambition inuite : le Québec face à son destin nordique aux Éditions du Septentrion (2009) et de Mondes arctiques : Miroirs de la mondialisation à la Documentation photographique (n°8080, mars-avril 2011).

Claudine Chantre introduit alors le sujet : les mondes arctiques en ébullition. Poursuivant la métaphore calorique, elle invoque une récente surchauffe médiatique ayant remis la question de la géopolitique de cette région sur le devant de la scène. De la « ruée vers l’or » évoquée par le New York Times en 2005 à l’expédition russe ayant planté en 2007, à 4261m sous la surface et à la latitude du pôle Nord, un drapeau national, en passant par l’ouverture de nouvelles voies maritimes et la possible exploitation de réserves d’hydrocarbures, les journaux ont témoigné d’un regain d’intérêt pour le sujet, certains allant même jusqu’à prédire le début d’une nouvelle « guerre froide », comme le suggérait Libération le 15 août 2007. Suivant cette dynamique, un chapitre du programme de seconde était cette année consacré aux mondes arctiques.

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