L’Union européenne dans le monde, par Michel Foucher

Michel Foucher (MF) et Daniel Oster (DO)

Mardi 13 décembre, devant une audience nombreuse et attentive, les Cafés géographiques ont reçu au Flore Michel Foucher, géographe et diplomate, qui a dirigé le Centre d’Analyse et de Prévision du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (1999-2002) et a servi comme Ambassadeur de France en Lettonie de 2002 à 2006. (suite…)

Russes et Ukrainiens, les frères inégaux, avec Denis Eckert

Russes et ukrainiens, les frères inégaux, du Moyen Age à nos jours

Depuis le 24 février 2022 la guerre en Ukraine a bouleversé l’échiquier géopolitique mondial. L’émotion suscitée par cet événement a été considérable, notamment dans les pays de l’Union européenne, entraînant dans le même temps un besoin de mieux comprendre les relations entre les deux protagonistes principaux (Russes et Ukrainiens).

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Constantin Paoustovski ((1892-1968), arpenteur et reporter de la Russie (soviétique ?)

Constantin Paoutovski. La tanche d’or. Ed. de l’aube, 2018. https://editionsdelaube.fr/catalogue_de_livres/la-tanche-dor/

Une traversée de l’espace-temps soviétique par un romancier qui rêvait d’un ouvrage purement géographique 

L’œuvre abondante de cet auteur, toujours très diffusée, alors même que l’héritage soviétique est souvent ignoré par les jeunes générations russes, mérite l’intérêt pour plusieurs autres raisons :

  • Ses ouvrages, nombreux, comme des chroniques, des enquêtes au sens des Histoires d’Hérodote, permettent un voyage géo-historique particulièrement étendu dans l’espace russe entre naturalité, ruralité héritée, et bouleversements historiques par un régime qui vise à maîtriser la nature au service d’un « homme nouveau ».
  • La position de Paoustovski est celle d’un écrivain « compagnon de route » du soviétisme, position difficile tant elle peut vite devenir suspecte aux yeux du régime. Mais cette prudence de Paoustovski est aussi celle qui lui permit de traverser le stalinisme et d’apparaître comme un « homme du dégel », un « écrivain-modèle » acceptable tant par le régime, stalinien comme post-stalinien, que par les voix dissidentes hors de l’URSS ; ainsi est -il « nobélisable » en 1965 (c’est finalement M. Cholokhov qui reçut le prix). Tout cela souligne la grande popularité de Paoustovski, de son vivant comme après.
  • Cette popularité dans la Russie post-soviétique tient au fait qu’il incarne une sorte de continuité entre la grande tradition romanesque, et romantique, pré-révolutionnaire, et les valeurs national(ist)es promues de nos jours, et même la valorisation d’une nature menacée par sa subordination aux visées extractivistes. Cette synthèse est résumée par G. Nivat dans sa préface à la réédition de La tanche d’or en 2013 : « L’humilité du paysage et des êtres simples le peuplant renouait avec une Russie ancienne, sainte, pure, paysanne, et qui n’avait plus droit de cité dans le chantier prométhéen où les grands mythes de la violence conduisaient et bousculaient les hommes. ». (suite…)