Les noms de lieux de la France

Café géographique de Paris, Mardi 28 novembre 2017
Café de Flore, Paris

Intervenant : Roger Brunet.
Modérateur : Daniel Oster

Roger Brunet, l’un des meilleurs géographes français, a consacré ses travaux aux formes, à la production et à l’aménagement des territoires et des paysages par les sociétés humaines, aux régions de France, au vocabulaire scientifique et aux noms de lieux, aux cartes et aux atlas. Son dernier livre, Trésor du terroir. Les noms de lieux de la France (CNRS Editions, 2016), sert de support à ce café géographique. Autrement que par la lecture traditionnelle des toponymes proposée par les linguistes, R. Brunet a choisi de partir des lieux et non des langues. Cela nous donne une synthèse très riche et soucieuse de mettre en avant les exigences des sociétés humaines sur leurs territoires.

DO: Pouvez-vous nous éclairer sur le traitement géographique de l’étude toponymique, ce qui n’a pas été simple, je suppose, car vous avez dû surmonter un certain nombre de difficultés pour réaliser une telle synthèse ?

RB : Nous géographes, nous avons affaire à des lieux et à des contrées, ces lieux et ces contrées ont des noms, il est donc tout à fait naturel que nous nous intéressions à ces noms. Jusqu’ici ça n’a pas été fait de façon très systématique. Mais ayant déjà travaillé sur les mots de la géographie (cf Les mots de la géographie. Dictionnaire critique, Reclus-La Documentation Française, première édition en 1992), en ayant même créé quelques-uns au passage (allusion notamment à chorème, terme proposé en 1980), j’ai souhaité m’intéresser aux noms propres, donc aux noms de lieux et de contrées.

Il fallait d’abord défricher le sujet, c’est-à-dire aborder la littérature existante qui appartient essentiellement aux linguistes. Cela m’a permis de faire deux découvertes. D’une part, les linguistes qui ont travaillé sur les noms de lieux ont beaucoup de science et encore plus… d’imagination ; il est très rare qu’ils aient des certitudes. En règle générale, les noms de lieux n’ont pas d’acte de naissance et il n’y a pas de sources directes (penser aux relevés de scribes des VIIIe et IXe siècles qui écrivaient ce qu’ils entendaient et comme ils l’entendaient, avec des changements d’un siècle à l’autre). C’est la première difficulté. D’autre part, la plupart des langues utilisées sur le territoire français sont de la famille indo-européenne et les racines pour décrire un objet précis (montagne, rivière, etc.) ont donc toutes les chances d’être les mêmes. En outre, les noms sont déformés par l’usage, il y a aussi beaucoup d’homonymes, sans oublier qu’il est souvent difficile de savoir si l’on a affaire à un nom de personne ou à un nom commun. Ajoutons le fait que les linguistes (comme les géographes ou d’autres spécialistes) ont leurs écoles, leurs querelles et leurs évolutions. Ainsi ils ont longtemps pensé que la plupart des noms de lieux venaient de noms de personnes. Il y avait aussi des préférences culturelles : les auteurs germaniques du XIXe siècle alléguaient qu’une grande partie toponymie française était d’origine germanique, d’autres auteurs penchaient plutôt pour le celte, etc., en oubliant l’héritage des langues plus anciennes inconnues. Au total, beaucoup d’éléments d’incertitude…D’où ma conviction de pouvoir apporter quelque chose en tant que géographe, aux côtés des linguistes.

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La pax sinisensa

Le mercredi 29 novembre 2017, s’est tenu à la Maison de la Mutualité un colloque intitulé « Les Nouvelles Routes de la Soie ». Il était organisé par l’IRIS (Institut de Relations Internationales et Stratégiques) et l’Ambassade de Chine. Le petit texte ci-dessous n’est pas un compte rendu des communications qui y ont été données, mais une réaction subjective à quelques propos entendus.

Détail d’une carte nautique catalane représentant l’Asie du XIIIe siècle, Majorque, 1375, Bibliothèque Nationale de France, Paris (www.lemonde.fr)

Les villes historiques de Mésopotamie sont détruites  les unes après les autres par des bombes, des massacres ethniques ravagent le sud-Soudan, la menace nucléaire est régulièrement brandie par la Corée du Nord….Face au chaos du monde, l’ONU n’émet que quelques timides recommandations et les objurgations des Grandes Puissances restent vaines. Faut-il désespérer ?

Non. Une solution existe. C’est le « remède chinois ». Après la  Pax romana, limitée au monde méditerranéen, et la  Pax americana  qui voulut imposer un ordre mondial à son profit,  la  Pax sinisensa  va rééquilibrer la mondialisation économique, défendre le multilatéralisme et construire les infrastructures dont le manque est un « piège à pauvreté ». Quelques grands principes chinois encadrent ce beau programme dont le « dialogue politique », l’« esprit de construction », le « gagnant-gagnant », la « consultation »…L’ « esprit inclusif » (savoir dialoguer) des Chinois devrait rassurer tous ceux qui émettraient  quelques inquiétudes à l’encontre des intentions chinoises.

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Océans, conteneurisation, mondialisation

Café géographique de Saint-Brieuc, le Vendredi 13 Octobre 2017

 

Antoine Frémont est agrégé de géographie et directeur de recherche à l’IFSTTAR (Institut français des sciences et technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux). Il est l’auteur de l’ouvrage « Le monde en boîtes. Conteneurisation et mondialisation » Presses de l’INRETS, 2007. Il est également l’auteur avec Anne Frémont-Vanacore du dossier « Géographie des espaces maritimes » documentation photographique, mars/avril 2015. Il a dirigé avec Laetitia Dablanc l’ouvrage « La métropole logistique » Armand Colin, 2015.

« Océans, conteneurisation, mondialisation », les trois termes de l’intitulé du café géographique de ce soir revient à poser l’hypothèse que la mondialisation passe par la mer. C’est ce que propose de nous démontrer Antoine Frémont qui part d’un constat : alors qu’aujourd’hui 10 milliards de tonnes de marchandises empruntent la voie maritime, en 1950 le total s’élevait à 550 millions de tonnes ! Si le transport maritime a connu  plusieurs révolutions, parmi les plus récentes, celle qui date des années 1960, et certainement la plus marquante, est celle de la conteneurisation.

1 – La conteneurisation, une révolution

11 – Une idée simple…

L’américain Malcolm MacLean est considéré comme l’inventeur de la conteneurisation, dans la seconde moitié des années 1950. Son idée consiste à acheminer les marchandises dans des boîtes ou « containers » standards (vingt pieds ou quarante pieds) à forte capacité où l’on peut mettre tout ce que l’on veut (produits manufacturés vendus dans les grandes surfaces de distribution). Certains containers sont réfrigérés  pour le transport des produits alimentaires ou congelés, d’autres sont des containers-citernes pour les vracs liquides.

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Fukushima, six ans après : politiques de retour et zone grise de l’accident nucléaire

Café Géo animé par Marie Augendre (Chambéry, 8 mars 2017)

Téléchargez l’intégralité du compte-rendu au format PDF : CR_café-géo_AUGENDRE_VF (PDF, 670ko)

En ce mercredi 8 mars 2017, les Cafés Géographiques de Chambéry-Annecy reçoivent Marie Augendre, maîtresse de conférences à l’Université Lyon 2. En cette journée internationale des droits des femmes, elle n’est pourtant pas venue nous présenter un café sur la géographie du genre. Son intervention porte sur l’accident de Fukushima, dont on commémore le sixième anniversaire le 11 mars.

Marie Augendre commence son intervention en rebondissant sur cette remarque. Certes, il ne s’agit pas d’un café genré, mais le sujet qui va être abordé l’est pourtant dans une certaine mesure. En effet, la place des femmes est considérable à Fukushima, notamment parce que ce sont souvent elles qui se sont trouvées en première ligne, et tout particulièrement pour protéger les enfants de la radioactivité. La place des femmes dans l’analyse de l’accident nucléaire n’est donc pas négligeable, quand bien même on parle du Japon, société réputée particulièrement clivée (le terme « okusan », qu’on traduit par « épouse », désigne en japonais « celle qui se tient au fond »). Toujours est-il qu’avec l’accident nucléaire, les femmes se sont découvert une capacité à agir sur la scène publique, et elles portent une bonne partie des actions citoyennes qui se mettent en place, tant concernant la mesure de la radioactivité, que l’organisation de vacances sanitaires pour les enfants ou encore la reconnaissance des droits des sinistrés.

  1. Territoires contaminés : zonage administratif et « zone grise » de l’accident

La cartographie des territoires contaminés est très variable dans le temps. Marie Augendre s’appuie sur la carte de la contamination réalisée à partir des données officielles, disponible en ligne et mise à jour régulièrement[1]. Les valeurs de contamination sont aux deux tiers plus basses aujourd’hui qu’au moment de l’accident. Cette baisse renvoie à la décroissance naturelle de la radioactivité, à la dilution liée au ruissellement ainsi qu’aux mesures qui ont été prises par les pouvoirs publics (décontamination des espaces habités). Mais il faut garder à l’esprit que localement, on peut observer des phénomènes de reconcentration de la contamination, voire de contamination secondaire (remobilisation de radionucléides en provenance de la centrale ou des forêts impossibles à décontaminer).

En fait, l’ampleur des retombées radioactives sur le territoire a en partie été limitée par les vents. Fukushima se situe à l’est de l’île de Honshū, et le Japon est soumis à des vents dominants d’ouest (les westerlies), qui ont chassé l’essentiel de la contamination vers l’océan. La carte de la contamination montre certes une concentration autour de Fukushima, mais également dans le nord-ouest et le sud-est de ce département, en particulier dans la région de Tokyo. Mais on ne parle pas de cette contamination-là. Parler de la « catastrophe de Fukushima » fait le silence sur d’autres zones ce qui arrange bien ces espaces ; il faut être conscient que la contamination ne se limite pas au département de Fukushima.

Il faut noter une ambiguïté première dans la radioactivité et sa mesure. Il y a de multiples manières de mesurer la radioactivité, et Marie Augendre détaille les deux principales unités de mesure. Les becquerels renvoient à une désintégration par seconde : il s’agit de la mesure de l’activité émise par les radionucléides (la radioactivité). Les microsieverts/heure (mSv/h) renvoient quant à eux à une tentative de convertir cette radioactivité en tenant compte de ses effets sur l’organisme. On ne mesure donc plus une activité mais une dose. En quelque sorte, les becquerels renvoient à une magnitude, et les sieverts à une intensité.

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Japon.  L’art des jardins, contempler et méditer

Dans un archipel entre terre et ciel, entre montagne hostile et terre tremblante, entre tradition et modernité, la mer pour unique horizon, le Japon a fait , avec l’art du jardin, une synthèse sublime.

L’art des jardins, important et respecté, cherche à interpréter et à idéaliser la nature, en assemblant des codes esthétiques que tous les Japonais peuvent s’approprier dans la vie quotidienne car le jardin se trouve aussi bien dans les demeures privées, petites ou grandes, que dans les parcs des villes et surtout dans les sanctuaires shintoïstes ou les temples bouddhistes.

Méditer, contempler, ce sont les vertus que propose le jardin.

Le Pavillon d’Or à Kyoto

Le Pavillon d’Or miroite dans les eaux d’un étang, tout en se détachant d’un écrin verdoyant adossé au mont Kinugasa. Construit au XIV ème par un shogun, très féru de philosophie zen puis devenu moine, il s’élève dans l’enceinte du temple Rokuon-ji.

De l’eau, une montagne, un premier étage réservé à la méditation, puis deux étages recouverts de feuilles d’or et dont l’architecture est celle des maisons des samouraï, le tout couronné par un phénix. Le phénix, sur le faîte, rappelle tout ce que le Japon doit à la Chine.

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Une publicité pour une destination touristique ensoleillée dans le métro parisien : sous la lumière, des ombres.

 

Publicité à destination des populations qui fréquentent le métro Denfert-Rochereau.
Photographie prise par Emilie Viney, 3 octobre 2017.

Le slogan publicitaire est le suivant : « Envie de plaisirs méditerranéens. Valencia, là où le soleil brille 300 jours par an ». « Vol Paris Valencia, 2H, Vols 7 jours sur 7 ».

Le but de la publicité est de vendre aux Parisien.ne.s qui fréquentent le métro une destination touristique. Dans « les  heures souterraines »[1] qui animent nos parcours journaliers dans le métro, que cherche à nous dire le message publicitaire ? Avec quels registres du discours fraye cette publicité ? Pourquoi, dans l’ombre du métro, les publicités des destinations ensoleillées peuvent-elles avoir des relents coloniaux ?

Que voit-on sur la photographie qui vante la destination de « Valencia » ? Au premier plan, un homme et  deux femmes. L’homme à la peau blanche est debout, porte une chemise blanche, des lunettes de soleil, une barbe et a les mains sur le volant d’un bateau à moteur. Il sourit mâchoire serrée. Il semble, derrière ses lunettes, regarder vers nous.

A la gauche de l’homme, une femme à la peau blanche se tient debout en position plus basse que l’homme. Elle porte une veste violette ouverte et un t-shirt blanc. Elle a les cheveux détachés et rit la bouche ouverte, dents visibles, en tenant d’une main une boisson jaune pétillante et de l’autre main sa veste en-dessous du sein. Son visage est tourné vers le côté en direction de l’autre femme et de l’homme.

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L’espace rural. Marge politique, cœur territorial

Café géographique de Lyon, Mercredi 11 octobre 2017, 
Café La Cloche, Lyon Bellecour

 

par Samuel Depraz, maître de conférences en Géographie et Aménagement à l’Université Lyon III. Spécialiste de la géographie des espaces naturels protégés, il travaille aujourd’hui sur les espaces ruraux européens, notamment sur les questions de définition des espaces ruraux et de démocratie locale en milieu rural. Sur cette question des marges, au programme des concours de l’enseignement, il est l’auteur d’un manuel : La France des marges : Géographie des espaces « autres », paru en 2017 aux éditions Armand Colin.

et Cédric Szabo, démographe de formation, directeur de l’Association des maires ruraux de France. Cette association, créée en 1971 et dont le siège se trouve à Lyon, représente les maires des communes de moins de 3 500 habitants en France dans le but de défendre et de promouvoir les enjeux spécifiques de la ruralité. 

Introduction. Définir la ruralité : des problèmes de représentations

La question de la ruralité est épineuse. On observe des distorsions selon que l’on mobilise un certain type de données ou un autre, ce qui rend difficile la question de la définition de la ruralité en France et peut introduire des biais idéologiques. Comparons quelques chiffres.

Cédric Szabo : Il y a autant d’habitants dans les communes de moins de 2 000 habitants que dans les 115 plus grandes villes de France, soit 15,5 millions d’habitants. À l’échelle de la population française, la population rurale n’est donc pas marginale. Les communes de moins de 3 500 habitants représentent 92 % des communes française, ce qui équivaut à un tiers (32,5 %) de la population française. En termes de population, les espaces ruraux ne peuvent donc pas être considérés comme une marge. On constate pourtant que la manière dont ils sont traités est sans proportion avec ce qu’ils représentent en termes de population.

Samuel Depraz : les outils mobilisés par l’AMRF remettent en question la définition des limites du rural. On peut prendre ici les chiffres de l’Insee. D’après cet institut, 82 % de la population est urbaine, ce qui laisse 18 % de ruraux en considérant le seuil de 2 000 habitants agglomérés pour définir l’espace urbain. L’écart est donc énorme avec les chiffres évoqués par Cédric Szabo. Cela interroge les représentations que nous avons de la ruralité, que nous définissons souvent en France par le négatif et en minorant les faits. Ainsi, le seuil de l’Insee des 2 000 habitants agglomérés par unité urbaine remonte à 1954 et pose aujourd’hui clairement la question de sa pertinence. Les fonctions urbaines ont évolué, se sont concentrées au détriment des bourgs. Marvejols, en Lozère, tient bien plus du monde rural que de l’urbain avec ses 4 000 habitants agglomérés ! Prenons d’autres chiffres de l’Insee, par exemple la mesure de l’influence des villes par les mobilités pendulaires (Zonage en Aires Urbaines). Selon ce découpage, 96 % des habitants en France sont sous influence urbaine. Il ne resterait donc que 4 % d’habitants « authentiquement » ruraux, si on veut être provocateur en utilisant ce mot. Mais un tel ratio vide de sens l’utilisation des deux termes ! On est donc bien dans des questions de représentations, voire d’idéologie que l’on projette sur le territoire. À quelles représentations faudrait-il donc se référer ? Celles du bon sens ? Celle des élus ? Des militants ? Ou d’autres encore ?

D’autres définitions scientifiques semblent cependant donner raison aux discours militants favorables à un calcul plus large du rural en France. On peut se pencher sur les analyses de l’Union Européenne (UE), produites dans le cadre de la mise en œuvre de la Politique Agricole Commune et du soutien au développement rural. Dans les derniers rapports de la Direction générale à l’agriculture, l’UE suit une définition du rural établie en 1992 par l’OCDE et actualisée en 2014 grâce à des méthodes de télédétection qui calculent des densités par grille de 1 km². L’UE propose ainsi une grille de lecture à trois niveaux : des espaces urbains, des espaces intermédiaires (petites villes et périurbain), et des espaces ruraux. Selon cette lecture par densité, la France serait à 38 % rurale (3e catégorie d’espaces prise isolément) quand la moyenne à l’échelle de l’UE est de 29 %.

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Le Brésil : entre ambitions internationales et crise interne

Compte-rendu du Café-géo du 21 septembre 2017 avec Bernard Bret

Les ambitions internationales du Brésil se caractérisent à plusieurs échelles :

À l’échelle mondiale d’abord par une franche disposition au multilatéralisme. On peut ainsi noter une nette évolution par rapport à sa position diplomatique affichée lors de la Guerre froide et du découpage bilatéral du monde, où le Brésil était alors un des pays « satellites » des États-Unis : dans cette position d’allié fidèle, l’impératif de « sécurité nationale » et la consolidation du pouvoir interne produisaient un régime dictatorial (comme dans d’autres pays latino-américains à cette période).

Cette mise en perspective historique souligne le contraste avec la situation actuelle : le pays a désormais des revendications internationales légitimes, qui se traduisent par exemple par la revendication d’un siège permanent au Conseil de Sécurité de l’ONU, d’autant plus légitime que le Conseil actuel ne dispose toujours pas de représentant du continent latino-américain. Le Brésil a par ailleurs pris des responsabilités au sein de l’ONU, par exemple lors de ses interventions à Haïti, se montrant ainsi capable d’assumer de hautes responsabilités à l’échelle mondiale.

Au-delà des opérations de prestige de la Coupe du Monde de football de 2014 et des Jeux Olympiques d’été à Rio de Janeiro en 2016, qui prouvent sa capacité d’organisateur de grands évènements, le Brésil possède d’importants atouts économiques, notamment grâce à de grandes entreprises nationales telles que Petrobras, entreprise pétrolière d’envergure mondiale, mais aussi Embraer, société de construction aéronautique brésilienne qui a étendu son champ d’action en se perfectionnant dans l’aviation civile.

La maîtrise technologique, par ailleurs, contribue à donner du crédit à son économie. Dans le domaine énergétique notamment, le Brésil a fait preuve d’une capacité inventive remarquable, après la crise pétrolière de 1973, en s’investissant grandement dans sa transition énergétique par la recherche de solutions alternatives, comme la mise au point de moteurs à alcool de canne à sucre et d’autres fonctionnant aussi bien à l’essence qu’à l’alcool.

En outre, dans le domaine du Soft-Power (influence d’un pays par d’autre biais que l’économie ou la force militaire) son statut de seul pays lusophone du continent américain donne au Brésil un rayonnement culturel non négligeable, notamment à travers la diffusion de médias comme le groupe Globo, spécialisé en feuilletons (les telenovelas), qui participent à l’ancrage d’une identité brésilienne spécifique aux yeux du public international (notamment dans un monde lusophone étendue en Europe et en Afrique).

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Contribution au souvenir du centenaire de la Première Guerre Mondiale 1917-2017 : la bataille de Monastir (Macédoine)

Le dessin du géographe n° 68

Ce dessin est issu des archives du Service Historique de l’Armée de Terre, au Château de Vincennes. Il a été réalisé après novembre 1915 date à laquelle les troupes de l’armée d’Orient du général Sarrail pénètrent dans la ville de Monastir, aujourd’hui Bitola en République de Macédoine.

Le dessin représente une partie de la ville de Monastir, actuellement Bitola n Macédoine, et son environnement montagneux du côté nord. Le tout est dessiné à partir d’un point d’observation au sud de la ville, dit « observatoire de l’Orénoque ».La ville est située dans un bassin correspondant à un fossé d’effondrement, autrefois partiellement occupé par un lac.

Jusqu’en 1912, c’est-à-dire jusqu’au déclenchement de la Première Guerre Balkanique, Monastir est une importante ville de 50.000 habitants capitale d’un vilayet étendu au sein de l’Empire Ottoman. Sa composition est composite : Turcs, Grecs, Albanais, Macédoniens que l’on appelle alors Bulgares, sans qu’aucune nationalité ne domine. On verra à ce sujet l’excellent article de Bernard Lory dans les Cahiers Balkaniques de 2011 (Revue en ligne) «  Un poste consulaire en Macédoine, Bitola-Monastir 1851-1912 ».

Monastir a été conquise par les troupes serbes au cours de la Première Guerre Balkanique, puis intégrée en 1913 dans le Royaume de Serbie.

Mais les Serbes sont peu nombreux à Monastir beaucoup moins que les Bulgares ou Macédoniens et lorsque la Bulgarie rentre dans la Première Guerre Mondiale, en octobre 1915, aux côtés des Empires Centraux, elle envahit cette partie de la Serbie qu’elle revendiquait et les troupes serbes sont submergées.

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Existeront-elles encore demain ? Les îles du Pacifique face au réchauffement climatique

Café Géographique de Saint-Brieuc, Mardi 16 mai 2017

 

Emilie Chevalier est agrégée de géographie. La thèse qu’elle va soutenir dans quelques mois porte sur la question des migrations climatiques au XXIème siècle dans le Pacifique Sud. Elle a écrit plusieurs articles sur le sujet et participé à des tables rondes (FIG, Cafés géo).

Le sujet de ce soir pose la question de l’éventualité de la disparition d’îles dans le Pacifique Sud dans le contexte du changement climatique.

Emilie Chevalier précise que la réflexion qu’elle se propose de mener est liée à son sujet de thèse qui porte sur les migrations et les mobilités comme facteur de production des territoires insulaires en Océanie face au changement climatique. Ses réflexions s’inscrivent également dans un projet de recherches sur les stratégies françaises dans le Pacifique Sud (Projet STRAFPACC) dans le contexte du changement climatique et qui a été financé un an avant la COP 21 de Paris où la France s’est positionnée comme un leader face au changement climatique notamment comme un leader en lien avec les Océaniens.

La réflexion de notre intervenante s’organise en trois temps :

– les récits de disparition d’îles dans le Pacifique à travers une iconographie foisonnante largement médiatisée…

– …en regard avec les faits, en particulier la diversité des territoires insulaires (variété des trajectoires de vulnérabilité et d’adaptation)…

– …nous amènent à nous interroger :  la disparition est-elle la véritable question ?

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