Géopolitique de la péninsule arabique – Une situation explosive

Dans quel « entre deux mondes » se situe cette péninsule ? Elle est si puissante et si fragile à la fois ! Territoire des Mille et une nuits, elle fait rêver lorsqu’elle étale ses richesses, elle fait trembler lorsque tant de rivaux se manifestent, par tant d’argent, attirés.
N’hésitons pas, allons à sa rencontre.

Arabie – Le Petit Robert – 1999-

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Covid-19, géopolitique d’une pandémie, par Béatrice Giblin

Lundi 17 février 2022, nous avons accueilli au Café de la Mairie (Paris 3e) Béatrice Giblin, géographe, professeure émérite des Universités, directrice de la revue Hérodote, pour un café géopolitique consacré à la géopolitique de la pandémie du Covid-19, sujet du dernier numéro de la revue Hérodote (2021/4, n°183).

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Quand la géographie explique le monde

L’invité de ce mardi 25 janvier au Café de Flore est Thibaut Sardier, actuellement journaliste à Libération. C’est avec un double questionnement que Daniel Oster le reçoit : celui qui porte sur le titre de son dernier ouvrage Quand la géo explique le monde, mais aussi celui qui porte sur son propre parcours intellectuel et professionnel, comment la géographie façonne une personnalité.

Thibaut Sardier. Quand la géo explique le monde : 30 phénomènes que vous ne connaissez pas encore. Ed. Autrement, 2020

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La géopolitique : effet de mode ou nouveau champ disciplinaire ?


A l’occasion de la parution du Dictionnaire de Géopolitique dans la collection Initial des éditions Hatier (voir l’article sur le  Dictionnaire de géopolitique, Hatier, 2021)), nous avons invité les deux géographes qui ont dirigé l’ouvrage, Stéphanie Beucher, professeur de chaire supérieure au lycée Montaigne de Bordeaux, et Annette Ciattoni, professeur honoraire de chaire supérieure au lycée Louis-le-Grand à Paris. Le but de ce café géo était de faire une mise au point sur la géopolitique, d’expliquer sa nature comme sa grande attractivité depuis plusieurs décennies. L’effet de mode est incontestable mais en même temps le succès actuel de la géopolitique n’est-il pas lié à notre désir de comprendre les enjeux très complexes présents sur l’ensemble de la planète ? Micheline Huvet-Martinet a été la modératrice de ce café. (suite…)

Dictionnaire de géopolitique

Le Dictionnaire de Géopolitique qui vient de paraître (août 2021) dans la collection Initial des éditions Hatier, sous la direction de deux géographes, Stéphanie Beucher et Annette Ciattoni, s’ajoute à la liste déjà longue des ouvrages récents qui proposent un tour d’horizon des champs couverts par la géopolitique. Destiné principalement aux étudiants et aux lycéens, il rendra également service à un public curieux de comprendre les dynamiques et les enjeux d’un monde « complexe et en pleine transformation ». Le fait que l’ouvrage se présente comme un dictionnaire en facilite la lecture ciblée en même temps qu’il résulte d’un choix forcément non exhaustif. Le nombre conséquent d’entrées, la centaine de cartes et graphiques et les courtes bibliographies en font un instrument de travail très utile réalisé par une vingtaine d’auteurs relevant de disciplines diverses. (suite…)

FIG 2021. Impressions d’une géographe

Le FIG 2021 à Saint-Dié-des-Vosges (photo prise par l’auteur)

En simple géographe, à Saint Dié-des-Vosges je suis allée.
Pour la 32ème édition du FIG (Festival International de Géographie) le soleil fut éclatant et dans le ciel tout bleu, les sommets vosgiens se détachaient admirablement.
Les festivaliers étaient revenus, peut-être en moins grand nombre qu’avant la pandémie, mais toujours avides de conférences et de retrouvailles conviviales sur les terrasses des nombreux cafés de la ville. Deux sujets étaient retenus cette année :
Territoire invité : Europe(s). Thème : le Corps
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Géopolitique de l’art contemporain. Une remise en cause de l’hégémonie américaine ?

Géopolitique de l’art contemporain. Une remise en cause de l’hégémonie américaine ? Nathalie Obadia, Le Cavalier Bleu, 2019.

Le patrimoine d’un pays ne se résume pas à sa géographie ou à ses richesses naturelles, industrielles ou technologiques. Il est aussi constitué de son « aura » culturelle au-delà de ses frontières. Au XXIe siècle, l’art reste plus que jamais, un marqueur de puissance pour un pays, dans le sens géopolitique du terme. Certes, l’utilisation de l’art comme vecteur de puissance a toujours existé, mais ce sont les Etats-Unis qui l’ont perfectionné pour devenir ce que le professeur Joseph Nye, en 1990, a appelé « soft power », défini comme instrument d’influence avec des moyens non coercitifs.

Ce soft power a appartenu au Vieux Monde avant d’être approprié par les E-U après le 2GM. Aujourd’hui se sont les nouvelles puissances économiques qui le convoitent, dont la Chine.
Quelques chiffres donnent le tournis : le marché de l’art, en 2017, représente un volume de 63 milliards de dollars, dont les E-U, la Chine et le Royaume Uni représentent à eux seuls 83 %, laissant à la France 7% et à l’Allemagne 2%.

Le 11 mars 2021, une œuvre d’art numérique signée de Mike Winckelmann (ou Beeple) s’est vendue chez Christie’s 58 millions d’euros. C’est le 3e artiste vivant le plus cher du monde.
On reste bouche bée devant cette démesure, au royaume de l’art contemporain.

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Barbara LOYER, Géopolitique. Méthodes et concepts

Barbara Loyer, Géopolitique. Méthodes et concepts, collection Cursus, Armand Colin, 2019

Agrégée de Géographie, Barbara Loyer est professeur à l’Institut Français de Géopolitique qu’elle a dirigé de 2010 à 2018. Elle y est responsable de la spécialisation sur l’approche géopolitique du risque. Elle est également membre du comité de rédaction d’Hérodote. Spécialiste de la géopolitique de l’Espagne, ses réflexions portent également sur l’Europe et l’Union européenne. Elle pilote la construction d’un consortium Erasmus Mundus spécialisé dans l’analyse géopolitique pluridisciplinaire des conflits en Europe.

La géopolitique, un terme qui désigne un savoir géographique

Son ouvrage « Géopolitique » publié chez Armand Colin en mars 2019 dans la collection Cursus, se propose de travailler sur un terme qui jouit d’un véritable engouement et qui, même s’il est employé dans toutes les disciplines, désigne avant tout un savoir géographique. Conçu comme une initiation au raisonnement géopolitique, il s’adresse aux étudiants en Géographie, en master de Géopolitique et à ceux des classes préparatoires littéraires. La géopolitique faisant son entrée au lycée dès la rentrée 2019, il peut aussi être une aide précieuse pour les professeurs du Secondaire.

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« Après les frontières ? »

« Après les frontières ? » tel était le titre café géo qui s’est déroulé le jeudi 21 Mars 2019, au café librairie BD Fugue du Centre Bonlieu d’Annecy. Valéry Pratt, professeur de Philosophie au lycée Berthollet d’Annecy, s’est attelé à la question en s’interrogeant notamment sur la manière par laquelle on pourrait penser la frontière dans un contexte de mondialisation. La transdisciplinarité était à l’œuvre lors de ce rendez-vous.

Philippe Piercy, professeur de Géographie au lycée Berthollet d’Annecy ouvre cette conférence-débat en qualifiant la frontière de « fait social total » (Mauss), qu’aucune discipline ne peut s’approprier en exclusivité, et en soulignant la précocité de l’étude géographique de la frontière. En effet, explique-t-il, la frontière a très tôt fait l’objet d’une étude géographique. La géographie académique du XIXème siècle s’est davantage intéressée à la question des frontières interétatiques particulièrement à travers l’invention de la Géopolitique par Ratzel, dont l’expression « espace vital » devient centrale chez Karl Haushofer. Selon Philippe Piercy, la Géographie adopte deux grandes directions d’étude de la frontière. La première s’intéresse à la ligne, sa genèse, ses supports, ses marquages, et traduit la conception tardive de la frontière comme ligne, qui apparaît sous la Révolution française, avec une frontière entendue comme naturelle. Dans une autre direction, les géographes s’intéressent à la zone frontalière entendue comme le terrain d’un ensemble d’effets de la proximité frontalière ; la limite de souveraineté se traduit en effet par un ensemble de différentiels (économiques, juridiques, culturels…) dans la proximité géographique, constituant la notion de « l’effet-frontière », entre porosité et étanchéité, continuité et obstacle. Avant de laisser la parole à Valéry Pratt, Philippe Piercy conclut : « Qu’elle joue comme barrière ou comme charnière, comme coupure ou comme suture, la frontière ne disparaît jamais ». La formule laisse donc entendre que la frontière est enracinée, comme une « mémoire » du territoire, tant dans l’espace que dans nos représentations, ce qui interroge sur un « après », ou un au-delà.

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La géopolitique pour les nuls. Comprendre le Moyen-Orient par les cartes

Pascal Orcier Cartographe et géographe
Festival Vagamondes  la Filature de Mulhouse samedi 12 janvier  2019

Le Moyen-Orient fait référence au mystère, à l’exotisme et on l’a parfois surinvesti. Mais il est   souvent défini de l’extérieur. D’où vient ce nom de Moyen-Orient ?

En 1914, l’empire ottoman était encore puissant, contrôlant l’Anatolie et le Proche-Orient tel que vu par les Français et qui comprenait les régions de l’Iran à la Palestine.

Pour les Anglais, le Moyen-Orient est la zone séparant l’Europe du monde indien, une zone intermédiaire allant de l’Iran à l’Égypte englobant la péninsule arabique et la Turquie

Il fallait contrôler cet espace qui va se singulariser. Après les accords Sykes&Picot de 1916, le Moyen-Orient va s’insérer dans le grand jeu mondial avec des acteurs limités au départ : ottomans, français, anglais et russes, des acteurs beaucoup plus nombreux aujourd’hui.

Comment concevoir sa place et celle de tous les autres sur un même espace ?

Comment situer la région dans les ensembles qui l’entourent ? L’Iran parait comme un intermédiaire en termes de peuplement. En effet, alors que la région est un des plus anciens foyers de peuplement, elle est aujourd’hui un creux sur la carte de la répartition mondiale du peuplement, entre les deux aires de peuplement dense que sont l’Europe et l’Asie du sud.. Cette région a perdu sa centralité politique depuis le Moyen-Âge où le monde rayonnait autour de Damas ou encore Bagdad , Constantinople puis Istanbul,. Aujourd’hui, la région est en retard de développement malgré un PIB de 3750 milliards contre 18 162 milliards pour l’UE, il est vrai.

La région est politiquement non structurée. Depuis 1981, des pays du Golfe sont bien réunis dans le CCG [Conseil de Coopération du Golfe], une réunion d’états riverains qui exclut l’Irak, le Yémen et l’Iran. Une alliance entre des régimes monarchiques traditionnalistes et riches, plutôt que de partenaires commerciaux. Le pauvre Yémen, l’Iran et l’Irak républicains n’ont pas été invités à la rejoindre  Bien que membres de l’OMC, les pays de la région fonctionnent avec des accords bilatéraux mais qu’ont-ils à échanger entre eux ? Ils importent leurs produits alimentaires et exportent des hydrocarbures, peu d’échanges sont possibles localement. Ils sont pourtant au cœur des flux mondialisés car même si l’approvisionnement européen en pétrole ne dépend plus uniquement du Moyen-Orient, il en va tout autrement pour les Asiatiques.  Les hydrocarbures moyen-orientaux sont déterminants pour les émergents d’Asie et 80% des importations de la Chine, de la Malaisie, de la Thaïlande, de l’Indonésie ou de Singapour passent par Ormuz.  C’est aussi une autre explication du désengagement américain  de la région. Les Etats-Unis sont de moins en moins dépendants de leur pétrole maintenant qu’ils ont développé la production nationale d’hydrocarbures non conventionnels. (Gaz et pétrole dits de schiste)

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