Obscurs réseaux

Obscurs réseaux (Zero Dark Thirty, Katherin Bigelow, 2013, USA)

zdtAvec Mensonges d’État, Ridley Scott décrivait avec brio, en 2008, une spectaculaire mise en réseau du Monde : téléphones mobiles, connexions internet, satellites et autres drones y permettaient l’ubiquité, quoique parfois illusoire, d’agents de renseignement de moins en moins présents physiquement sur le terrain. Kathryn Bigelow, quiretrace dans son dernier film la traque d’Oussama Ben Laden par la CIA, reprend l’idée et systématise le propos. C’est dans la profusion de lignes et de tubes, que la réalisatrice se plaît à filmer dans un beau travelling sur d’innombrables fils reliant à un central téléphonique au son d’innombrables voix se répondant à des milliers de kilomètres, que réside l’intérêt majeur de ce Zero Dark Thirty par ailleurs bien difficile à défendre.

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Territoires amphibies

Territoires amphibies (Les Bêtes du Sud sauvage, Benh Zeitlin, 2012, États-Unis)

betes_sud_sauvageEn Louisiane existent, de part et d’autre d’une discontinuité à la fois matérielle et idéelle qui n’a peut-être pas tant à envier au mur séparant États-Unis et Mexique, un ici et un là-bas vécus comme difficilement réconciliables, difficilement commensurables. Là-bas, c’est au-delà de la digue, dont le caractère fonctionnel, le rôle de protection contre les éléments non humains s’accompagne d’une charge symbolique bien humaine et d’une capacité à séparer qui en fait aussi et surtout une frontière socioéconomique, perçue comme étanche par les habitants de l’ici – et sans doute par ceux du là-bas, qui tentent inlassablement de déloger les inconscients.

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Archives – Littérature

Retrouvez toutes les archives de la rubrique Littérature, à consulter et télécharger au format PDF.

Tonoharu (Lars Martinson), Bénédicte Auvray, 19 mars 2013
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Julien Gracq,  un écrivain-géographe (post-scriptum) : les « photographies recomposées » de Gérard Bertrand, Daniel Oster, 19 janvier 2013
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Julien Gracq, un écrivain-géographe (3/3) : mutations et organisation de l’espace, Daniel Oster, 6 janvier 2013
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Julien Gracq, un écrivain-géographe (2/3) : une géographie sentimentale, Daniel Oster, 9 décembre 2012
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Julien Gracq, un écrivain-géographe (1/3) : des mots et des paysages, Daniel Oster, 18 novembre 2012
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La Crise qui vient. La nouvelle fracture territoriale

Davezies, Laurent, 2012,La Crise qui vient. La nouvelle fracture territoriale, Paris, Seuil, 128 p.

« À force de crier au loup, il a fini par arriver. » Voilà l’une des conclusions (p. 103) du dernier ouvrage de Laurent Davezies, économiste et professeur au CNAM. Celui-ci avait déjà évoqué ledit loup, la métropolisation, dans son précédent livre[1]. Il y montrait que la concentration des activités productives les plus rentables dans les métropoles, décrite à l’envi par les tenants de la « Nouvelle géographie économique »[2], si elle est un fait indiscutable, est pourtant loin d’épuiser la réalité géoéconomique française. Parallèlement à cette concentration des facteurs de croissance (mesurée par le produit intérieur brut), ce sontles territoires capables d’attirer retraités, touristes et grands pendulaires, qui connaissent un véritable développement (mesuré notamment par le revenu) : les territoires les plus riches ne sont pas ceux qui créent la richesse.

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James Bond, le retour à la terre

James Bond, le retour à la terre (Skyfall, Sam Mendès, 2012, États-Unis/Grande-Bretagne)

skyfallRéussite certaine, Skyfall, vingt-troisième livraison des aventures de l’agent 007, se démarque du reste de la série par une indiscutable recherche formelle, doublée d’un hommage au cinéma et, dans un même mouvement, d’une volonté de rester fidèle à la série tout en affichant ses distances avec humour. La contradiction se manifeste à travers le personnage principal, dont on ne sait trop s’il est affaibli et déclinant ou, au contraire, plus fort que jamais ; inquiet et voué aux affres de l’introspection ou toujours aussi nonchalant et implacable ; nostalgique d’un espionnage à l’ancienne ou éternellement ravi d’en découdre.

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L’Australie entre imagination et découverte, à propos de « L’âge d’or des cartes marines », exposition à la BNF

L’Australie entre imagination et découverte, à propos de « L’âge d’or des cartes marines », exposition à la BNF (23 oct 2012-27 janvier 2013).

Le 4 novembre 2011 a été vendu aux enchères, à Richelieu-Drouot par Pierre Bergé et Associés, un exemplaire d’un ouvrage qui rassemble des relations de voyages du 17° siècle et d’époques antérieures. Une carte l’accompagne, Terre australe découverte l’an 1644, reproduite ici, c’est tout bonnement la première carte de l’Australie en français, dans l’état des connaissances de l’époque. Inutile de dire que ce livre a été vendu pour une somme rondelette : 14.000 euros. Peut-être un collectionneur australien ?

La carte de Melchisédec Thévenot est mentionnée comme référence première dans une légende de carte manuscrite de l’Océan Pacifique (Joao Texeira Albernaz 1649)  à l’exposition de la Bibliothèque Nationale de France en cours d’octobre 2012 à janvier 2013 ; .

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Retour sur une mémoire de géographe. 5 Juillet 1962 L’indépendance de l’Algérie.

Je me rappelle très précisément le 5 juillet 1962.

Une imageme revient, celle de la descente en avion sur Oran :le survol des bidonvilles interminables,  proches de l’aéroport, ponctués de figuiers et partout surmontés ce jour là de drapeaux verts et blancs, innombrables. L’affaire était pliée; une nouvelle ère commençait. C’était une chose d’avoir manifesté pour la paix en Algérie durant mes années d’étudiant et c’était tout autre chose d’assister  à ce bouleversement, la fin de 130 ans de colonisation française. Le paysage de la nouvelle Algérie, au sens propre, me sautait aux yeux.

Ce jour-là, après une permission en France,  j’avaisà Marseille pris l’avion pour Oran,afin de rejoindre Sainte Barbe du Tlélat, petit village de colonisation de l’Oranais. Làse trouvait mon nouveau corps, en l’occurrence un régiment de cuirassiers où je venais juste d’être affecté. J’y fus le cothurne de  Marc Augé qui se préparait à une carrière d’ethnologue ; il avait déjà pris langue avec Claude Lévi-Strauss.

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Le Tourisme suisse et son rayonnement international (XIXe-XXe siècles). « Switzerland, the playground of the world »

Humair, Cédric & Tissot, Laurent (dir.), 2011,Le Tourisme suisse et son rayonnement international (XIXe-XXe siècles). « Switzerland, the playground of the world », Lausanne, Antipodes.

Quels facteurs ont permis à la Suisse de devenir l’une des destinations les plus prisées, attirant l’essentiel de la demande européenne au XIXe siècle et se maintenant parmi les grandes puissances touristiques depuis ? L’ouvrage dirigé par Cédric Humair et Laurent Tissot, enseignants-chercheurs respectivement à Lausanne et Neuchâtel, tente d’expliquer cette « soif » que la Suisse a attisée chez les Anglais dès la fin du XVIIIe siècle, puis les autres Européens.

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El Campo

El Campo, Hernan Belón, 2012, Argentine.

el_campoAlors que le milliardaire blasé et arrogant de Cosmopolis nie la ville tout en la traversant, le couple mis en scène par l’Argentin Hernan Belon dans El Campo décide de la fuir pour de bon. Ou plutôt, c’est Santiago qui a convaincu Elisa de quitter la ville, en compagnie de leur petite fille, pour s’installer dans une grande maison à la campagne.

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Le Monde depuis une Limousine

(Cosmopolis, D. Cronenberg, 2012, Canada)

cosmopolisPlutôt qu’adopter une posture didactique, Cronenberg a fait le choix, dans son dernier film, de la suggestion, pour parler du monde de la finance et du fossé qui sépare – et continue de se creuser ? – une infime minorité de rentiers multimilliardaires du reste de la population mondiale. Plus, la mise en images de cette idée suit une logique spatiale, l’essentiel du travail de mise en scène consistantdans Cosmopolisà donner corps à cette séparation, à rendre visible la discontinuité entre happy few et commun des mortels.

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