L’axe Genève-Luxembourg-Panama ou la géographie économique des paradis fiscaux.

Café-géo liégeois du 23 mai 2014.

Intervenant : David Leloup, journaliste pour l’hebdomadaire M…Belgique.

La Suisse est le plus ancien et le plus important centre de gestion de fortunes : elle accueille la gestion de patrimoines depuis 1920. Dès 1934, la loi sur le secret bancaire y attire des capitaux. Après une période creuse (1945-1950), la période 1950-1980 fut l’âge d’or du monde de la finance. Ensuite, de nouveaux paradis fiscaux (Iles Caïmans, Jersey,…) vont concurrencer la confédération helvétique : pour éviter l’impôt des banques, des sociétés fictives (off-shore) sont créées dans les Caraïbes.

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Peut-on parler d’un système productif fromager ?

Les Cafés Géo de Lyon accueillent ce mercredi 19 novembre à 18h à la Cloche Claire Delfosse, professeur de géographie à l’Université Lumière Lyon 2 directrice du Laboratoire d’Etudes Rurales sur le sujet « Peut-on parler d’un système productif fromager ? ». Auteure de La France fromagère (1850 – 1990) et d’Histoires de Bries, elle propose une lecture du fromage autour d’une question au programme du CAPES et de l’agrégation externes. Elle travaille sur les fromages dans une approche géohistorique, avec un intérêt fort pour les produits de qualité et le terroir. Pour commencer son intervention, elle montre des fromages mis en scène aux Halles Bocuse, lieu touristique lyonnais mais aussi espace d’achat et de consommation. La notion de filière n’est pas satisfaisante à ses yeux pour parler des fromages. Dans une perspective géohistorique, cette notion est trop linéaire car elle sous-entend un échange du producteur au consommateur. La production ne domine peut-être plus uniquement, à l’heure où l’aval joue aussi un rôle important. La notion de filière semble trop économique : pour C. Delfosse, elle peine à s’appliquer dans l’espace. Le bassin de production a pu être proposé, s’attachant alors à la production et aux flux produits, mais cette focale peine à s’intéresser au produit. Qu’en est-il du système productif ? Cette notion est-elle plus satisfaisante ? Le système productif se définit comme « l’ensemble des facteurs et des acteurs concourant à la production, à la circulation et à la consommation des richesses » (Carroué, 2013).

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Bien être en ville. Quand la nature est l’objet du désir des citadins

Les Cafés Géo de Lyon accueillent, le 11 Juin 2014, Lise Bourdeau-Lepage, professeur à l’Université Jean Moulin – Lyon 3 et chercheuse à l’UMR 5600 EVS (directrice adjointe du CRGA). L’intervenante a eu l’idée et a présidé le comité d’organisation du colloque « Bien-être en ville : regards croisés nature-santé ».

La présentation s’appuie notamment sur une enquête qu’elle a conduite et qui s’est intéressée aux désirs des citadins lyonnais, mais aussi sur différents travaux antérieurs. En effet, l’intervenante a déjà dirigé un numéro spécial de la revue Métropolitiques un numéro spécial de Géographie, économie, société sur la relation ville, nature et bien-être, un ouvrage Nature en ville : attentes citadines et politiques publiques (2014, avec Roland Vidal, Editopics).

La problématique des travaux présentés est la suivante : Comment la nature devient-elle l’objet de désir du citadin ? Quels sont les éléments qui expliquent cette évolution ? La présentation est conduite en deux temps : une mise en contexte du désir de nature et l’analyse de quelques résultats d’une enquête lyonnaise.

Contextualisation

Les désirs des citadins préoccupent l’ensemble des acteurs urbains. Mais la conciliation entre ville et nature peut s’avérer difficile voire complexe. Premièrement, la notion de nature est elle-même délicate à définir. Deuxièmement, le besoin de nature de l’homme doit être concilié avec son besoin d’urbanité à l’heure de l’homo urbanus. Comment peut-on rapprocher les notions d’urbanité, de bien-être et de nature ?

On assiste aujourd’hui à un verdissement de la société qui s’explique par une prise de conscience globale des effets de notre développement sur notre environnement que nous rappelle notamment la multiplication de catastrophes naturelles. Ce verdissement serait une réponse à l’idée de la finitude des ressources. Pour répondre à cette inquiétude, des accords internationaux se multiplient et sont traduits aux échelles nationales et locales (comme les Plans Climats ou les Agendas 21).

La nature pèse dans le choix de localisation des individus et des entreprises. L’environnement constitue une aménité pour les hommes. Ainsi, l’environnement est dans certains classements internationaux pris en compte pour évaluer l’attractivité des métropoles globales, c’est-à-dire les villes qui jouent un rôle majeur dans l’économie globalisée aujourd’hui (cf. Classement de la Mori Memorial Foundation) ou encore à l’échelle locale, il permet de distinguer les villes où il fait bon vivre – différents journaux se livrent régulièrement à cet exercice. Par ailleurs, en ville, un marketing du « vert » se développe. A l’échelle individuelle, les citoyens peuvent aussi s’engager : c’est le cas des membres du Guerrilla Gardening, des Colibris, des Incroyables Comestibles… Des labels se mettent en place, par exemple label écojardin – il nécessite de respecter des techniques de production (éviter les pesticides, avoir une technique écoresponsable) et d’être ouvert à différents types de population. De nombreux autres exemples existent.

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Habiter le périurbain

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Café géographique au Café de Flore, Paris, mardi 30 septembre 2014. Avec Hélène Nessi, Maître de conférences en Aménagement et Urbanisme à l’Université de Paris Ouest-Nanterre-La Défense,  et Lionel Rougé, Maître de conférences en géographie à l’Université de Caen Basse-Normandie.

Forum Vies Mobiles est un institut de recherche et d’échanges indépendant créé par SNCF pour comprendre comment évoluent nos modes de vie, fondés sur les déplacements et les communications, et préparer la « transition mobilitaire ».

Cet institut a organisé les 24 et 25 janvier 2013 les deuxièmes Rencontres internationales réunissant quelque 300 chercheurs, artistes et praticiens pour réfléchir à la question : des mobilités durables dans le périurbain, est-ce possible ?

Il s’agit de montrer que, contre toute attente, les espaces périurbains font partie des lieux qui permettront de répondre aux aspirations individuelles tout en autorisant un développement durable. Voilà un des enjeux actuels et futurs pour habiter le périurbain, un enjeu parmi d’autres qui ont été largement évoqués lors de ce Café géographique.

Hélène Nessi et Lionel Rougé, après un bref historique de la question périurbaine, insistent sur la diversité des situations et des définitions dans une volonté de dépasser des modèles théoriques. L’appropriation et le vécu des populations vivant dans ces territoires permettent de nuancer voire contrecarrer l’image péjorative souvent associée à l’espace périurbain.

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« La mémoire est-elle géographique ? »

Compte Rendu café géographique de Saint-Brieuc
17 octobre 2014

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Anne Hertzog est maître de conférences de géographie à l’Université de Cergy-Pontoise, membre du Laboratoire MRTE, associé à l’EIREST (Paris 1 – Sorbonne). Elle travaille sur les processus de patrimonialisation, le lien tourisme-mémoire et la géographie des musées. Ses recherches actuelles portent tout particulièrement sur la fabrique patrimoniale de la première Guerre mondiale et la territorialisation des constructions liées à ce conflit.

Notre intervenante se propose, dans un premier temps, de répondre à la question «La mémoire est-elle géographique ? » à partir de quelques pistes de réflexion et dans un second temps de les croiser avec ses terrains de recherche afin d’illustrer son propos.

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Nouvelles énergies. Gaz de schiste : mise en valeur ou dégradation des campagnes ?

Présentation par Sylvain Lapoix, journaliste et auteur de la bande dessinée, Energies extrêmes, parue en 2014 aux éditions Futuropolis (Dessins de D. Blancou), et François Taulelle, professeur de géographie, (Centre universitaire Champollion d’Albi, LISST CNRS – UMR 5193, Centre interdisciplinaire d’études urbaines – CIEU).

Ce Café Géo a eu lieu le mardi 04 novembre 2014 au Saint-James, Place du Vigan à Albi à partir de 18h30.

Présentation problématique :

Depuis la loi interdisant en France la technique d’extraction dite de « fracturation hydraulique » en juillet 2011 de nombreux retours d’expériences se sont faits jours : aux Etats-Unis bien sûr mais aussi au Canada, en Pologne ou en Argentine. Dans chacun de ces lieux, les spécificités locales sont écrasées sous le poids des engins de chantiers et les espaces ruraux conquis avec l’aide de la législation. Les ressources naturelles ne sont plus que des zones de prospections potentielles visant à assouvir la soif d’énergie des industries et des transports urbains.

Compte-rendu :

Compte-rendu réalisé par Fayçal BENMOUFFOK et Gensane BOIT-BRUGEL, étudiants en licence de géographie et d’espagnol au Centre universitaire J.F.Champollion, sous la direction de Thibault COURCELLE et Mathieu VIDAL, enseignants-chercheurs, co-animateurs des Cafés Géo d’Albi.

Source : Blancou D., Lapoix S., Energies extrêmes, Futuropolis, 2014

Source : Blancou D., Lapoix S., Energies extrêmes, Futuropolis, 2014

Eléments de la présentation :

François Taulelle s’est intéressé aux gaz et huiles de schiste en participant à des réunions publiques sur ce sujet en Ardèche. La dimension géographique, notamment celle du paysage, n’est généralement pas prise en compte. F. Taulelle a publié un article à ce sujet dans le journal Libération1 en 2013. L’intérêt des géographes pour les gaz de schistes n’est pas celui des industriels. Les extracteurs s’intéressent au sous-sol et non au paysage. Celui-ci est plutôt une contrainte pour eux car il ajoute de la difficulté à leurs travaux de prospection.

Les recherches menées par F. Taulelle en Argentine dans la Pampa (dans le cadre d’un programme de recherche ANR portant sur les mutations des espaces ruraux) lui ont fait rencontrer d’autres personnes elles aussi intéressées par le sujet. Ensemble, ils ont participé à un colloque sur la problématique des ressources minières en Amérique. En recherchant un spécialiste de la technique d’extraction des gaz de schiste, ils ont fait connaissance de Sylvain Lapoix, journaliste et coauteur de la bande dessinée, Energies extrêmes2, bande dessinée parue en 2014 aux Editions Futuropolis.

Sylvain Lapoix rappelle que ce café géo s’inscrit dans la continuité de son travail, entrepris il y a déjà 4 ans. En guise d’introduction, il met en évidence l’importance du sujet dans nos sociétés actuelles. Lorsque l’on crée une alerte Google sur le gaz de schiste, on reçoit plus d’une centaine d’alertes par jour. Le point de vue géographique dans ce domaine est plus « doux », comparé à la « froideur » qui règne dans le milieu de l’extraction de gaz de schiste. Pas de femme, peu de diversité ethnique. On réfléchit en terme d’autorisation, d’éléments administratifs, de permis d’exploiter et en droits de vente miniers.

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Les animaux sauvages, ennemis des hommes ?

Café géographique à Toulouse le 23.04.2014
par Farid BENHAMMOU

Farid Benhammou est agrégé de géographie et docteur en géographie de l’environnement de l’ENGREF – Agro Paris Tech. Passionné depuis l’enfance par la faune, comme il le confie lui-même en préambule de « son » café-géo, il est aujourd’hui considéré comme l’un des spécialistes français des grands prédateurs. Il travaille sur les conflits autour de la conservation de l’ours et du loup depuis 1998. En 2007, il soutient une thèse distinguée par le Comité national français de géographie: « Crier au loup pour avoir la peau de l’ours : une géopolitique locale de l’environnement ». Il est l’auteur de nombreux articles sur le sujet et a été invité en 2012 dans l’émission « La tête au carré », l’émission scientifique de la radio France Inter.

Une anecdote : l’ibis sacré, un animal majestueux qui déchaîne les passions.

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Le territoire au service de la santé ? Aménagement, urbanisme et santé publique. L’exemple de la santé infantile à Villeurbanne.

Céline Broggio, géographe, Université Jean Moulin Lyon 3.
Virginie Chasles, géographe, Université Jean Moulin Lyon 3.
Sophie Pamiès, médecin, Direction de l’écologie urbaine (Lyon).

Les Cafés Géo de Lyon accueillent le 26 mars 2014 à 18h au Café de la Cloche, deux maîtres de conférences en géographie Virginie Chasles et Céline Broggio de l’Université Jean Moulin Lyon 3 et Sophie Pamiès, médecin territorial, médecin directeur de l’Ecologie urbaine à Lyon. Ce Café Géo vise à articuler des discours scientifiques et une pratique de terrain. Il s’agit d’articuler un champ de la géographie (la géographie de la santé) et un terrain d’action (le quartier des Buers à Villeurbanne), et de voir s’il est possible de mobiliser le territoire pour préserver et améliorer la santé des populations concernées. Cette question est ancienne mais est renouvelée par des enjeux de santé, notamment le surpoids et l’obésité. Ce propos vise alors à relier les facteurs individuels mais aussi le rôle du territoire comme déterminant de santé. De ce fait, l’intervention s’organise en trois temps : en premier lieu, il s’agit de présenter le territoire comme un élément déterminant de la santé ; ensuite, l’objectif est d’expliquer pourquoi l’obésité (et plus particulièrement infantile) est un enjeu de santé publique majeur et enfin, la présentation du terrain d’action ouvre la réflexion sur la problématique de l’urbanisme favorable à la santé.

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Géographie et sexualités : repolitiser la ville

Café géographique au Café de Flore, Paris
Mardi 27 mai 2014

Avec Charlotte Prieur et Rachele Borghi (Université Paris-Sorbonne)
Animation Judicaëlle Dietrich

Rachele Borghi revient sur ces thématiques courantes mais peu connues, car invisibilisées ou ignorées. On pense parfois que ces questions ne concernent pas la géographie. L’idée est d’expliquer comment des géographes regardent la ville, et plus largement l’espace, en ajoutant une catégorie d’habitude cantonnée à la chambre à coucher. A travers la sexualité, on mélange les autres catégories pour faire sortir quelque chose du chapeau.

La géographie des sexualités est assez ancienne

Les lectures des sexualités dans les espaces urbains datent déjà des années 1970 aux Etats-Unis. On s’est alors surtout penché sur les formes spatiales des communautés gays et lesbiennes qui polarisaient les questionnements initiaux : les sexualités autres. Le principal apport de la géographie à l’époque était de cartographier des zones résidentielles gays dans les villes américaines. Culture, consommation, espace urbain : les communautés gays interviennent dans le processus de gentrification des villes. Dans les années 1990, la question est abordée différemment : comment l’hétéronormativité influence l’espace public. L’espace public n’est pas qu’un support, une scène, mais il est conçu selon des normes hétérosexuelles et influence les normes sexuelles. L’hétéronormativité apparaît comme une injonction, une obligation. On la transforme en norme. Les hétérosexuel.le.s ont un accès légitime à l’espace public. Les sexualités produisent des espaces d’inclusion et d’exclusion. On abandonne l’approche cartographique et on se concentre sur les rapports entre espace, identité et pouvoirs. On crée des espaces de pouvoir, avec des catégories dominantes. La géographie féministe renouvelle ces questionnements. L’idée était de rendre visibles les sexualités dissidentes, afin de résister à l’hétéronormativité. S’y ajoutent l’étude de la bisexualité, et l’étude des trans. Ces sexualités et ces genres non normatifs ont un impact sur l’espace.

Les points faibles sont les suivants : la production scientifique est très liée au contexte gay, des hommes blancs étudient des zones commerciales, où la culture gay était prévalente. Le point fort creusait le lien entre sexualité et espace. Cela éclaire la production de connaissances géographiques – des connaissances situées, qui viennent d’un certain point de vue. Il faut voir comment le monde académique est lui aussi hétéronormé. Le prisme de la sexualité visibilise le caractère situé de la production de la connaissance, surtout assurée par des hommes blancs, riches, hétérosexuels.

En France, les études en géographie de la sexualité sont de plus en plus répandues. Le travail de Marianne Blidon a porté l’attention sur le fait que les personnes ne se questionnaient pas sur ces problématiques de recherche. Le monde académique français devait alors considérer un objet jusque-là considéré comme illégitime.

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Chemin de fer et diplomatie

Café de Flore, Café géographique, 29 avril 2014

flore 29-04-14

Henry Jacolin, ancien ambassadeur, Président de l’Association internationale d’histoire des chemins de fer www.aijc-irha-aihf.com

Alain Gascon, Professeur émérite à l’Institut Français de Géopolitique de Paris 8, ancien chargé de cours à l’INALCO

Paul Véron, modérateur de la soirée, est directeur de la communication et directeur du Moyen-Orient de l’Union internationale des chemins de fer. L’Union internationale des chemins de fer est une organisation mondiale de coopération des chemins de fer, créée en 1922 au lendemain de la Première Guerre mondiale à Paris. Elle gère toutes les formes de coopération entre les chemins de fer du monde : standardisation des équipements ferroviaires et représentation du secteur ferroviaire auprès des grands organismes mondiaux.

Le chemin de fer est beaucoup plus qu’un mode de transport. Il peut être étudié sous de très nombreux angles. Les premiers chemins de fer, lents, desservant des distances courtes, ont servi à réaliser quelques prouesses techniques et à transporter personnes et marchandises entre des centres importants. Progressivement, le chemin de fer est devenu un outil d’aménagement du territoire, de contrôle des territoires, d’exercice du pouvoir et outil de stratégie militaire. Première ligne internationale entre Liège et Cologne. Puis le chemin de fer devient mode d’expression du pouvoir politique, militaire, colonial.

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