Jules Verne et l’Amérique

Maison du XXIe siècle (St-Dié), 30 septembre 2006

La géographie est omniprésente dans l’œuvre de Jules Verne. Membre de la Société de Géographie de Paris fondée en 182, il s’était abonné au Bulletin et s’est inspiré dans ses romans des informations contenues dans cette publication. Il est considéré comme un géographe à part entière dont les connaissances et le talent ont été révélés par exemple dans le célébrissime 5 semaines en ballon et est depuis longtemps rentré dans la légende comme créateur d’un genre romanesque ” le roman géographique ” Son intérêt pour la géographie s’est porté fréquemment sur le Nouveau monde qui l’a fasciné. En effet, la grande République américaine : les Etats-Unis, le Canada, les mondes polaires ont été le cadre de nombre de ses publications.

Les régions polaires sont plusieurs fois mises en scène, par exemple dans Le pays des fourrures publié en 1871 qui témoigne de l’intérêt que portent les Européens au Grand Nord et au monde des ” factoreries “.Des employés de la compagnie de la Baie d’Hudson, chargés de créer un nouvel établissement, voient leur nouveau fort dériver sur la banquise après un violent séisme qui les condamne à une longue errance.

Si Jules Verne admire la Grande-Bretagne, il reste critique vis-à-vis des Anglais et n’hésite pas à exprimer sa pensée profonde. Un de ses rares romans historiques Famille Sans Nom a pour cadre la révolte d’une partie du Canada en 1837 contre la domination anglaise. Il présente cette histoire comme un épisode tragique, une histoire très triste dans un monde lointain.

Jules Verne s’intéresse aussi à l’Amérique du Sud. Les enfants du capitaine Grant est en fait le premier tour du monde qu’il imagine et qui mène les héros jusqu’en Patagonie. Peu après, il publie La Jangada dont le sous-titre Huit cent lieues sur l’Amazone est explicite. Le superbe Orénoque relance la controverse de l’époque quand à l’endroit où se trouve les sources du grand fleuve.

Mais la majeure partie de l’œuvre de Jules Verne consacrée au continent américain, tant en nombre de romans que de personnages, a cependant pour cadre les Etats-Unis qu’il appelle simplement Amérique et dont il donne une image très moderne.

La présence des ” Yankees “, c’est-à-dire des ” Américains du Nord ” est essentielle dans la société vernienne [1]. C’est la deuxième nation la plus fréquemment citée après l’Angleterre, les deux ensembles rassemblant plus de la moitié des personnages verniens, avant les Français.

Certains thèmes sont récurrents dans l’analyse que fait Verne du monde américain.

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Le FIG hors les murs, le FIG dans les cafés

Le FIG hors les murs, le FIG dans les cafés
Vendredi 30 Septembre 2005 – 18 H – Salle Mélusine (Salon de la Gastronomie)

      Trois idées-force pour introduire une réflexion sur les rapports entre le Festival International de Géographie, qui les a fondés, et les Cafés géographiques, qui depuis huit ans sont le prolongement du FIG hors les murs de Saint-Dié, en France et en pays francophones.

1. LE RESEAU

  • Le FIG a mis “le monde géographique en réseau” : géographes confirmés, débutants et amateurs, venus de France, d’un pays invité et d’autres pays s’y donnent rendez-vous depuis 1992. Elus, journalistes, associations, personnalités de toutes les disciplines mettent à leur tour ce réseau de géographes en connexion avec la société.
  • Les cafés géographiques sont les “lieux visibles” du FIG hors les murs : nés à St-Dié en 1997, ils sont lancés à Paris par Gilles Fumey en 1998, puis à Toulouse et à Lyon en 1999, ils existent maintenant dans 15 villes en France et deux à l’étranger (Bruxelles et Québec), formant ainsi un réseau francophone essentiellement national.
  • Chaque café géographique tisse des “liens invisibles”, à l’échelle locale mais aussi nationale, avec l’Université, les chercheurs et les étudiants de toutes disciplines, les médias, le milieu associatif, les institutions administratives, les entreprises publiques ou privées, les élus, les autres cafés (philo, sciences, etc.) et surtout un public fidèle.

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Archives – Cafés Géographiques de Lyon

Retrouvez toutes les archives des comptes rendus des Cafés Géographiques de Lyon, à consulter et télécharger au format PDF.

Taiwan, des frontières par comme les autres, Stéphane Corcuff, 23 janvier 2013
 cr-taiwan-frontieres-pas-comme-les-autres.pdf

Spatialisation des mémoires douloureuses: l’exemple de la Shoah, Dominique Chevalier, 12 décembre 2012
 cr-spatialisation-des-memoires-douloureuses.pdf

L’Avènement du Monde. Essai sur l’habitation humaine de la Terre, Michel Lussault, 12 juin 2012
 Lussault-2012.pdf

Quelle trame verte pour la métropole lyonnaise de demain ?, Clément Dodane, Laurent Berne, 9 mai 2012
 cr-trame-verte-metropole-lyonnaise.pdf

Quel patrimoine du XXème siècle pour Lyon ?, Vincent Veschambre, 21 mars 2012
 cr-patrimoine-xx-siecle-lyon.pdf

Nouveaux systèmes de production agraire, nouveaux conflits en Argentine et en Uruguay, Pierre Gautreau, 7 mars 2012
 cr-production-agraire-argentine-uruguay.pdf

Le Brésil, pays émergent ?, Martine Droulers, 18 janvier 2012
 cr-bresil-pays-emergent.pdf

Qu’est-ce que la géographie peut dire du nucléaire ?, Romain Garcier, 7 décembre 2011
 cr-geographie-du-nucleaire.pdf

L’île de Fogo au Cap-Vert: Terra estimada ? Les enjeux de développement d’un territoire sous pression, Pauline Texier, 9 novembre 2011
 cr-ile-fogo-cap-vert-enjeux-developpement.pdf

Les grands enjeux de la question alimentaire au XXIème siècle, Jean-Christophe Rufin – mercredi 19 octobre 2011
 question-alimentaire-xxi.pdf

De la plume à l’Internet, le voyage se prépare et se raconte, G. Fontaines, E. Boutan , Delphine Maugars , Magda Maaoui – mercredi 11 mai 2011
 plume-internet.pdf

“Sous les pavés la géographie ? Archéologie et géopolitique”, Jean-Pierre Payot, Nicolas Hirsch, Delphine Maugars – mercredi 16 mars 2011
 archeologie-geopolitique.pdf

“Les capitales d’Etat des Etats-Unis : small is powerful ?”, Christian Montès , Magda Maaoui, Delphine Maugars – mercredi 16 février 2011
 capitales-d-etat-etats-unis.pdf

Le Rhône : nouvelles perspectives de gestion territoriale et environnementale, Jean-Paul Bravard , Guy Collilieux , Magda Maaoui – mercredi 19 janvier 2011
 rhone-gestion-territoriale.pdf

Du Cyberespace au GéoWeb. Internet est-il géographique ?, Thierry Joliveau, Laura Péaud – mardi 7 décembre 2010
 cyberespace-geoweb.pdf

Quels défis environnementaux pour les villes de Tunisie ?, A. Bennasr et T. Megdiche, Magda Maaoui – mercredi 17 novembre 2010
 défis-environnementaux-villes-tunisie.pdf

Que la lumière soit ! Eclairer la ville autrement, Jean-Michel Deleuil et Alexandre Colombani, Emmanuelle Peyvel – mercredi 2 décembre 2009
 eclairer-la-ville.pdf

Les circuits courts en agriculture : au plus près du local, Claire Delfosse, Laure Birckel – mercredi 18 novembre 2009
 circuits-courts-agriculture.pdf

Quand les géographes se prennent au jeu : espace et jeux vidéo, Emmanuel Guardiola, Samuel Rufat et Hovig Ter Minassian, Rémi Desmoulière – mercredi 14 octobre 2009
 espace-jeux-video.pdf

Terroir et territoire : vers un patrimoine gastronomique hors-sol ?, Rémy Knafou et Régis Marcon, Clément Vincent – mercredi 23 septembre 2009
 terroir-territoire.pdf

Des espaces naturels protégés : pour quoi faire ?, Samuel Depraz et Stéphane Héritier, Emmanuelle Peyvel – mercredi 25 février 2009
 espaces-naturels-proteges.pdf

La pollution environnementale et ses effets sur la santé humaine, Jean-Pierre Besancenot, Vincent Cogliano et Nicolas Gaudin, Aurélie Delage – mercredi 14 janvier 2009
 pollution-environnementale-sante.pdf

La nature recréée est-elle encore naturelle ?, Isabelle Lefort, Gilles Clément, Yann Calbérac, Laura Péaud, 1er octobre 2008
 nature-recreee.pdf

Quels espaces verts pour la ville de demain ?, Emmanuel Boutefeu, Paul Arnould et Jean-Yves Toussaint, Cécile Michoudet – mercredi 9 avril 2008
 quels-espaces-verts-ville-demain.pdf

La ville événementielle, Philippe Chaudoir, Yann Calbérac, Benjamin Laplante – jeudi 20 mars 2008
 ville-evenementielle.pdf

Espaces ruraux et alimentation en Inde : comment dépasser la révolution verte ?, Frédéric Landy, Yann Calbérac – mercredi 13 février 2008
 espaces-ruraux-alimentation-inde.pdf

Qu’apprend-on d’une ville par l’étude de ses formes ?, Anne-Sophie Clémençon, Yann Calbérac – mercredi 9 janvier 2008
 ville-etudes-formes.pdf

Le pouvoir central face aux régions en Russie, Denis Eckert, Yann Calbérac – mercredi 12 décembre 2007
 pouvoir-central-regions-russie.pdf

Londres 2012 : 100 mètres ou course de fond ?, Manuel Appert, Camille Hochedez – mercredi 18 avril 2007
 londres-2012.pdf

Espace et politique au Proche-Orient, Fabrice Balanche, Marie-Christine Doceul – mercredi 14 mars 2007
 espace-politique-proche-orient.pdf

Villes privées à la carte dans les métropoles mondiales. Peut-on parler de sécessions urbaines ?, Renaud Le Goix, Louise Slater – mercredi 7 mars 2007
 villes-privees-métropoles.pdf

Les territoires au risque de la mondialisation, Pierre Veltz, Benjamin Laplante – mercredi 14 février 2007
 territoires-mondialisation.pdf

Des cafés et des hommes : l’exemple de Lyon, Sophie Porcarelli, Benjamin Laplante, Yann Calbérac – mercredi 13 décembre 2006
 cafes-hommes-lyon.pdf

La diaspora tibétaine en Inde, Anne-Sophie Bentz, Yann Calbérac – mercredi 6 décembre 2006
 diaspora-tibetaine-inde.pdf

Pourquoi le retour du thème des frontières ?, Michel Foucher, Daniel Nordmann et Philippe Rekacewicz, Benjamin Laplante – vendredi 6 octobre 2006
 pourquoi-retour-theme-frontieres.pdf

Les SIG au quotidien, des Systèmes d’Ingérence Géographique ?, Claire Cunty et Matthieur Noucher, Florence Richard-Schott – mercredi 10 mai 2006
 sig-au-quotidien.pdf

Formes, réformes et méformes des Parcs Nationaux français, Lionel Laslaz, Yann Calbérac, Cécile Michoudet – mercredi 8 mars 2006
 formes-reformes-parcs-nationaux-fr.pdf

Le Brésil : construire le Mercosul pour affronter la mondialisation, Bernard Bret, Aurélie Delage – mercredi 8 février 2006
 bresil-construire-mercosul.pdf

A quoi sert la manne pétrolière au Moyen Orient et en Afrique du Nord ?, Georges Mutin, Yann Calbérac – mercredi 18 janvier 2006
 manne-petroliere-mo-afrique-nord.pdf

Les dessous du « Dessous des cartes », Frank Tétart, Yann Calbérac – mercredi 14 décembre 2005
 dessous-dessous-cartes.pdf

Banlieues et violences urbaines : la nouvelle exception française ?, Christophe Guilluy, Christophe Noyé, Yann Calbérac – mercredi 7 décembre 2005
 banlieues-violences-exception-francaise.pdf

Chaud devant ! Le regard des médias sur le changement climatique, Martine Tabeaud, Yann Calbérac, Cécile Michoudet – mercredi 16 novembre 2005
 regards-medias-changement-climatique.pdf

La Baltique : vodka et mafia, réseaux et frontières, Pascal Marchand, Yann Calbérac – mercredi 12 octobre 2005
 baltique-reseaux-frontieres.pdf

Pourquoi organiser aujourd’hui un colloque sur Elisée Reclus ?, Paul Boino, Jacques Défossé, Isabelle Lefort et Philippe Pelletier, Yann Calbérac – mardi 6 septembre 2005
 pourquoi-colloque-elisee-reclus.pdf

La confluence : projet, rupture et reproduction du sud de la presqu’île de Lyon, Ismaël Nour et Dominique Rey, Aurélie Delage – mercredi 11 mai 2005
 confluence-projet-lyon.pdf

L’élargissement vers l’Est de l’Union Européenne : un an après, deux ans avant, Emmanuelle Boulineau et Lydia Coudroy de Lille, Aurélie Delage – mercredi 13 avril 2005
 elargissement-est-ue.pdf

La Place du Pont et l’immigration à Lyon, entre visibilité publique et pratiques urbaines, Alain Battegay, Aurélie Delage – mercredi 9 mars 2005
 place-pont-immigration-lyon.pdf

La Corse, la dernière colonie française ?, Jacques Scheibling, Yann Calbérac – mercredi 9 février 2005
 la-corse-colonie-francaise.pdf

Les pentes de la Croix-Rousse : territoire de l’alternative à Lyon ?, Michel Bernard et Mimo Pisanti, Aurélie Delage – mercredi 15 décembre 2004
 pentes-croix-rousse.pdf

Le Sahara est-il encore un désert ?, Jean Bisson, Aurélie Delage – mercredi 10 novembre 2004
 sahara-encore-desert.pdf

De l’enfer des cyclones aux paradis touristiques : les littoraux des DOM, Judith Klein, Yann Calbérac – dimanche 10 octobre 2004
 littoraux-dom.pdf

Athènes, le “néfos” et les Jeux Olympiques, Olivier Deslondes, Yann Calbérac – lundi 10 mai 2004
 athenes-nefos-jo.pdf

Traces d’eau : un géographe chez les archéologues, Pierre Gentelle, Yann Calbérac – mercredi 10 mars 2004
 geographe-archeologues.pdf

Au Burkina Faso : le Sourou, du fleuve paradoxal à l’invention du territoire, Jacques Bethemont, Yann Calbérac – mercredi 4 février 2004
 burkina-faso-sourou.pdf

Iles interdites et montagnes profondes : de l’espace sacré au Japon, Philippe Pelletier, Yann Calbérac – mercredi 14 janvier 2004
 espace-sacre-japon.pdf

Bhopal, Toulouse, Couloir de la chimie : faut-il avoir peur de l’industrie chimique ?, Jacques Donze, Yann Calbérac – mercredi 10 décembre 2003
 peur-industrie-chimique.pdf

Un nouvel enjeu pour l’aménagement du territoire et la gestion du risque : les sites potentiellement pollués, Frédéric Ogé, Yann Calbérac – mercredi 5 novembre 2003
 enjeu-sites-potentiellement-pollues.pdf

Pour ou contre le tramway lyonnais ?, Christian Montès, Yann Calbérac – mardi 7 octobre 2003
 tramway-lyonnais.pdf

L’intégration des villes de l’Est dans le système monde, Lydia Coudroy de Lille, Yann Calbérac – jeudi 15 mai 2003
 integration-villes-est.pdf

Quels enjeux de développement pour une ville classée au patrimoine mondial de l’UNESCO ? L’exemple de Lyon, Régis Neyret et Isabelle Lefort, Yann Calbérac – jeudi 10 avril 2003
 enjeux-ville-unesco-lyon.pdf

Migrations et conflits en Afrique, Roland Pourtier, Marie-Christine Doceul, Jeanne Vivet – jeudi 13 mars 2003
 migrations-conflits-afrique.pdf

Les dangers passés et présents des bords de l’eau, Jacques Béthemont et Jacques Rossiaud, Yann Calbérac – jeudi 13 février 2003
 dangers-bords-eau.pdf

Philippe Lamour, père de l’aménagement du territoire, Jean-Robert Pitte, Yann Calbérac – jeudi 9 janvier 2003
 philippe-lamour-amenagement.pdf

Y a-t-il trop de forêt en France ?, Paul Arnould, Vincent Clément, Marie-Christine Doceul, Claire Dubus – jeudi 12 décembre 2002
 trop-de-foret-france.pdf

La culture scolaire en géographie, Pascal Clerc, Marie-Christine Doceul – jeudi 14 novembre 2002
 culture-scolaire-geographie.pdf

Où est la Mer d’Orient ? Toponymie et enjeux géopolitiques en Asie Orientale., Philippe Pelletier, Jennifer Bidet – jeudi 10 octobre 2002
 toponymie-asie-orientale.pdf

Le renouveau du local en Géographie, Emmanuelle Bonerandi, Marie-Christine Doceul, Yann Calbérac – jeudi 2 mai 2002
 renouvau-local-geo.pdf

OGM et développement, entre discours et réalité, Sylvie Brunel, Yann Calbérac – jeudi 4 avril 2002
 ogm-developpement.pdf

Ségrégation sociale, ségrégation spatiale, Myriam Houssay-Holzschuch, Olivier Milhaud, Marie-Christine Doceul, Yann Calbérac – jeudi 14 mars 2002
 segregation-sociale-spatiale.pdf

2020 : 8 milliards d’hommes,1 milliard d’automobiles, Olivier Archambeau et Romain Garcier, Olivier Milhaud – jeudi 14 février 2002
 milliards-hommes-automobiles.pdf

Du World Trade Center aux usines de Toulouse : la vulnérabilité des grandes villes, Jacques Bonnet, Olivier Milhaud, Marie-Christine Doceul – jeudi 13 décembre 2001
 wtc-toulouse-vulnerabilite-grandes-villes.pdf

Les montagnes du Maghreb : un cas de déterminisme géographique ?, Marc Côte, Olivier Milhaud – jeudi 15 novembre 2001
 montagnes-maghreb.pdf

Islam et islamisme : une géographie culturelle, Rémy Madinier, Marie-Christine Doceul – jeudi 11 octobre 2001
 islam-islamisme-geo-culturelle.pdf

Les conflits locaux liés à la drogue dans l’après Guerre froide, Alain Labrousse, Marie-Christine Doceul – jeudi 10 mai 2001
 conflits-locaux-drogue.pdf

La mise en désir des lieux ou la réinvention des lieux par le tourisme, Philippe Bachimon, Marie-Christine Doceul – jeudi 5 avril 2001
 reinvention-lieu-tourisme.pdf

La centralité à travers l’exemple du Grand Lyon, Franck Scherrer, Paul Boino, Marie-Christine Doceul – vendredi 9 mars 2001
 centralite-grand-lyon.pdf

Les poubelles dans l’espace : déchets urbains et enjeux géographiques, Gérard Bertolini, Marie-Christine Doceul, Marc Lohez – jeudi 8 mars 2001
 poubelles-espace.pdf

Les échelles de la ville, Marc Bonneville, Marie-Christine Doceul – jeudi 8 février 2001
 echelles-ville.pdf

Quel avenir pour les parcs naturels en France ?, Françoise Gerbeau, Marie-Christine Doceul – jeudi 9 novembre 2000
 avenir-parcs-naturels-france.pdf

Et la Corse ?, Yves Lacoste, Marie-Christine Doceul – jeudi 12 octobre 2000
 et-la-corse.pdf

Le barrage des Trois Gorges et le problème de l’eau en Chine, Jacques Bethemont et Jean-Paul Bravard, Marie-Christine Doceul – jeudi 11 mai 2000
 barrage-trois-gorges.pdf

Les problèmes de l’eau en Inde, François Durand-Dastès, Marie-Christine Doceul – jeudi 13 avril 2000
 problemes-eau-inde.pdf

Les géographies aujourd’hui, Isabelle Lefort, Christian Montès, Marie-Christine Doceul – jeudi 14 octobre 1999
 geographies-aujourdhui.pdf

L’élargissement de l’Union européenne à l’autre Europe : l’Europe médiane, Lydia Gaudray – Coudroy de Lille, Marie-Christine Doceul – jeudi 6 mai 1999
 elargissement-UE.pdf

La question albanaise, Olivier Deslondes, Marie-Christine Doceul – jeudi 8 avril 1999
 question-albanaise.pdf

L’invention du littoral, Roland Paskoff, Marie-Christine Doceul – jeudi 4 mars 1999
 invention-littoral.pdf

 

Jules Verne et son amour de la géographie

Café du Palais, 1er mars 2005
Cafés animé par Rogger Bozzetto, Professeur de littérature comparée à l’université de Provence.

Comme il s’agit du centenaire de son décès, de nombreuses manifestations, commémorations ont lieu. Europe consacre un numéro en janvier, il y a eu un colloque à Cerisy en Août, il y en a un en octobre à Amiens, et les Utopiales de Nantes en Novembre prochain. Sans compter les articles des journaux, des magazines- spécial Télérama de février, Le Monde 2 de fin février, Le Point etc sans parler d’émissions de télé et de radio. Et sans oublier un renouveau bibliographique important. On pourrait penser que c’est beaucoup pour un auteur qualifié souvent “d’auteur pour la jeunesse”, publié dans l’ ancienne “bibliothèque verte” . C’est oublier que ses ouvrages se vendent toujours avec des préfaces nouvelles, qu’il a été discuté et analysé par Michel Foucault, Michel Butor, Michel Serres, Simone Vierne ; qu’il a été admiré comme écrivain par Raymond Roussel et bien d’autres depuis, et qu’il est l’auteur français le plus traduit dans le monde.

Comment aborder cet apparent paradoxe d’un auteur “pour enfants” (que les enfants d’ailleurs ne lisent peut-être plus ? Cela serait à voir ailleurs que dans les classes, dans les cas de lecture librement choisie) et que les philosophes comme les auteurs littéraires interrogent ? En quelque sorte Verne serait devenu un « classique ».

Notons que c’est en apparence aussi le cas d’autres auteurs qui jouent sur l’imaginaire censé être enfantin le XIX° siècle a inventé Pinocchio, Alice, Peter Pan, et réhabilité pour les enfants les lilliputiens de Swift par exemple. Mais le fait d’insérer Verne dans cette série de personnages et d’auteurs pose problème : Verne n’invente pas des choses imaginaires, ou du moins dans une perspective différente de celle d’un Pinocchio ou d’un lilliputien Il crée des personnages, nombreux et variés, par lesquels il inventorie le monde de son époque sous deux angles particuliers, celui d’un futur proche et donc peu perturbant ou celui d’un ailleurs familier légèrement décalé, mais en relation avec la conception du monde que se font à son époque les lecteurs (jeunes ou vieux) des ces ailleurs. Il émerveille mais crée peu d’ angoisse, à la différence d’HG Wells, qui invente la science alors que Verne dit s’en servir.

Voyons ce qu’il en est en partant de l’usage qu’il fait de la géographie puisqu on est au café géographique et que Verne avoue que « la plus grande part de la géographie de mes romans [est] tirée de l’observation personnelle ». Je vais donc aborder le rapport de Verne à la géographie, aussi bien réelle qu’imaginaire.

D’abord une citation de Verne : « Chaque fait isolé géographique et chaque fait scientifique dans chaque livre que j’ai écrit a été examiné avec soin et il est scrupuleusement avéré. Et on sait, touchant à l’aspect scientifique, qu’il a fait vérifier les calculs aboutissant à des exploits physico mathématiques au moins pour De la terre à la Lune et pour Sans dessus dessous, deux récits où il est question de canons et de projectiles.

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Croquer la pomme ou la table des peintres

Retrouvez le compte rendu complet et ses illustrations au format PDF :
 Croquer la pomme.pdf

La mondialisation du Père Noël
Présentation du café géographique “La mondialisation du Père Noël” avec Marc Lohez, à Mulhouse, le 17 décembre 2003.

Noël, et le personnage mythique qui lui est associé depuis peu ne sont pas seulement les résultats d’une histoire culturelle. Noël est le produit de glissements dans l’espace de la fête et de ses figures : tout d’abord le basculement initial de l’est du bassin méditerranéen vers l’Europe de l’Ouest et du Nord, ensuite, une traversée de la Manche et deux traversées de l’Atlantique, des “migrations” profondément liées aux courants commerciaux des époques concernées.

Les espaces fondateurs de Noël ont souvent les même caractéristiques : plutôt riches, ouverts sur d’autres espaces mondiaux et capables d’innover. Noël ne se pare du manteau des traditions que pour mieux cacher ses modernisations. Le cas de la Finlande, qui sera particulièrement étudié lors du café de Mulhouse le prouve : le petit pays nordique a pu “kidnapper” le Père Noel en se fondant sur ses propres traditions et en profite aujourd’hui pour organiser un actif tourisme international de Noël, de la capitale à la lointaine Laponie. Le père Noel est donc l’un des symboles de la mondialisation, ce qui ne retire rien à la dimension culturelle ou spirituelle de Noël : il est l’héritier d’une culture marchande que l’on ne peut séparer de sa dimension religieuse.

Faut il chercher la “renaissance africaine” à la ville ou à la campagne ?

Grenoble, 10 décembre 2003
Frédéric Giraut, Myriam Houssay-Holzschuch et Roger Navarro

La vision de l’Afrique fait l’objet de messages contradictoires : d’une part, le profond pessimisme des années 1990, d’autre part le discours sur une « renaissance africaine » initié par Thabo Mbéki, président de l’Afrique du Sud. Trois spécialistes de l’Afrique ont été invités ce soir pour confronter ces discours aux réalités africaines, notamment les conséquences de l’urbanisation actuelle.
Frédéric Giraut (IGA) est un spécialiste des questions de géographie politique : il étudie particulièrement la construction des territoires, avec une entrée urbaine. Il a d’abord fait des recherches sur l’Afrique de l’Ouest puis sur l’Afrique du Nord et aujourd’hui surtout sur l’Afrique du Sud ; ces dernières années, il travaille sur la décentralisation.

Myriam Houssay-Holzschuch (Lyon -ENS LSH) est une spécialiste de l’Afrique du Sud ; ses recherches ont commencé par l’étude de la ville du Cap. Elle a étudié la ségrégation puis la déségrégation et ses limites ; elle travaille aujourd’hui sur les espaces publics (mixité et question de la violence).

Roger Navarro Sociologue-urbaniste, est chercheur au laboratoire «Territoires» (UJF/UPMF) ; il se revendique d’abord comme un africaniste. Il a vécu et étudié au Sénégal (Dakar) puis en Côte d’Ivoire. Il est l’auteur de : Côte d’Ivoire, le culte du blanc, les territoires culturels et leurs frontières paru chez l’Harmattan en mai 2003.

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Tragédies africaines

Le Lounge Bar, 04 Décembre 2003

Dans une salle bondée, aux nombreux préparatifs à l’agrégation présents, Delphine Papin présente, avec son charme et sa fraîcheur habituels, le thème de la soirée…
Ce café géopolitique de décembre 2003 est dédié à la sortie du n°111 de la revue Hérodote, intitulé Tragédies africaines. Le titre est d’actualité, au regard de la situation tendue de la Côte d’Ivoire et de l’extension de l’épidémie de Sida. Le nombre de victimes de la guerre en Afrique est faible par rapport au nombre de victimes de cette maladie. Il existe en Afrique une série d’événements dramatiques qui permettent de parler de tragédies africaines au pluriel. Ces tragédies se doublent de phénomènes de violences inouïes, avec des guerres sans frontières bien éloignées de celles des années 1960 lors des indépendances.

Roland Pourtier évoquera la situation très complexe de la région des Grands Lacs, tandis que Philippe Gervais-Lambony dressera un bilan de l’Afrique du Sud, 10 ans après la fin de l’apartheid.

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Qu’est-ce qu’un fleuve ?

Approche poétique

Le fleuve des géographes est d’abord considéré comme une ressource en eau : boisson, irrigation, énergie, navigation, cadre de vie  urbain. Sans perdre pour autant son caractère naturel, le fleuve est donc le plus souvent aménagé : transferts et pompages, barrages et digues impliquent conflits et gestion[1]. Mais qu’est-ce qui fait qu’un fleuve, domestiqué ou non, est un fleuve ? Quelles sont les notions sans lesquelles le fleuve n’existe pas ? N’y a-t-il pas, en-deçà de sa détermination géographique – la source, le cours, le lit, l’embouchure – un autre vocabulaire qui renvoie à un ordonnancement du monde par le fleuve et en autorise une approche cosmologique ?

Le fleuve a aussi une dimension imaginaire et symbolique, mythologique ou religieuse : le temps qui passe, le cataclysme de la crue et la quiétude du lac, la pureté naïve de la source et les miasmes mortels du marais, la vie et la mort, l’enfer et le paradis. Au principe de cette approche de l’eau codée par les mythes et le sacré, n’y a-t-il pas des symboles archaïques engendrés par la dimension proprement cosmique du fleuve ? Quelles sont les interrogations suscitées par sa double nature à la fois géographique et cosmique ? En quoi l’inscription géographique du fleuve signifie-t-elle à l’homme sa place dans l’univers ?

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Tintin : une Hergéographie ?

Café géographique, Le Flore, 23 octobre 2001

Après le grand retour de la géopolitique, l’engouement pour la géomatique, l’alternative géopoétique, voici poindre une nouvelle branche de notre discipline : l’hergéographie. En attendant d’être inscrite dans les programmes scolaires, la géographie de Tintin était ce soir au menu du Flore…

Nous la pratiquions sans le savoir, souvent depuis le plus jeune âge. Restait à lui donner un nom (merci à Jean-Louis Tissier), des perspectives, une cohérence. Depuis le Café du mardi 23 octobre 2001, c’est chose faite. L’hergéographie étudie le monde imaginaire bâti par Hergé (pseudonyme formé à partir des initiales inversées du nom du dessinateur belge, Georges Rémi, 1907-1983). Son principal objet : Tintin, personnage ambigu, gravitant dans un monde où l’interpénétration de l’imaginaire et du réel offre un champ inépuisable d’exploration.

L’hergéographie est une école d’initiés (au berceau), avec ses fondateurs, passionnés et passionnants (même pour ceux qui ne sont pas tombés dedans) : Marc Lohez, professeur d’histoire-géographie, Jean-Dominique Merchet, journaliste à Libération, Jean-Louis Tissier, géographe, longtemps enseignant à l’ENS de Fontenay-Saint-Cloud, aujourd’hui professeur à l’université de Paris-XII.

Comme dans tout groupe de penseurs, des tiraillements s’y dessinent déjà, principalement entre tintinophiles, haddockphiles et tryphonphiles… Alors, Hergé a-t-il fait plus qu’il ne pensait pour la géographie ? Nos trois invités nous en ont persuadés.

Tintin : Journaliste, voyageur ou géographe ?

Qui est Tintin ? Officiellement, un reporter. Mais Jean-Dominique Merchet, lui-même journaliste, semble sceptique : Tintin ne peut être journaliste car il ne travaille jamais. Pas un carnet de notes, aucune machine à écrire, pas de compte à rendre au journal. Voyageur ? Sans nulle doute. La première bulle du premier album de ses aventures (Tintin au pays des Soviets, 1930) est explicite : ” Bon voyage “. Tintin voyage, il ne fait que cela. Il a le goût du monde, de la découverte, des autres peuples. Pour un géographe, ce sont là les qualités premières, inhérentes à la discipline.

Tintin est-il pour autant géographe ? Jean-Louis Tissier, en qualité de géographe tintinophile (ou plutôt haddockphile…), s’interroge. Tintin parcourt vingt-deux pays mais sa géographie est lacunaire. Malgré le vol 714 pour Sydney, il manque irrémédiablement l’Australie à son planisphère. Certains secteurs du monde sont au contraire surchargés de son empreinte : les Balkans, le Moyen-Orient.

La géographie de Tintin est un système-monde centré sur Moulinsart, une vision européocentrique (et même bruxellocentrique) du monde, avec une auréole proche très parcourue et des périphéries lointaines à peine survolées (il n’ira qu’une seule fois en Amérique du Nord). Par contre, Tintin marche sur la Lune, expérience qui le place évidemment au-delà de celle du commun des géographes.

Autre point suspicieux, Tintin ignore les cartes. Il ne peut, à ce titre, prétendre au statut de géographe. Tintin part, arrive, vit une série d’aventures mais ne semble jamais s’informer sur son lieu de destination ni organiser son itinéraire. Pire, Tintin, en dépit de la beauté des paysages qui l’entourent, ne s’arrête jamais pour les observer. Ce n’est pas un contemplatif.

Il a cependant quelques qualités propres au géographe. Attentif aux autres peuples, il permet à Hergé de dessiner une ethnographie, certes élémentaire, mais qui traduit une réelle sensibilité aux autres cultures. Tintin a d’ailleurs un goût prononcé pour le costume local, il se déguise avec un grand soin (plaisir ?) pour mieux passer inaperçu (voir Le Lotus bleu, Le Crabe aux pinces d’or…).

Plus intéressant encore, Tintin a le goût des points chauds, des zones de conflit. À se demander si la curiosité géopolitique de Tintin-Hergé n’a pas anticipé de quelques années le renouveau initié par Yves Lacoste et la revue Hérodote… La bande dessinée aurait-elle servi à faire de la géopolitique à une époque (l’après seconde guerre mondiale) où cette branche était suspecte et mise au ban de l’Université ?

L’intérêt majeur de l’œuvre d’Hergé est, dans tous les cas, la vraisemblance et la qualité de sa construction géographique. Hergé, au contraire de son héros, travaillait d’ailleurs à partir de cartes. Le réalisme, allié à l’esthétique des paysages, peuvent-il expliquer l’appropriation, le succès de Tintin dans le monde entier ?

Tintin ne peut être labellisé géographe du point de vue de la géographie académique mais sans doute a-t-il créé des vocations de géographe. ” eut-être même, réplique Jean-Dominique Merchet, Hergé a-t-il permis à la géographie de rester sympathique (ce qu’elle n’était pas forcément, à l’époque, au sein de l’institution scolaire) et de faire vivre la passion pour cette discipline au fil des générations… La cartographie occupe d’ailleurs une place majeure dans l’un des albums, Le Trésor de Rackham le Rouge, qui m’a permis d’apprendre, en marge de l’école, ce qu’était la longitude… Il y a peu de cas, dans la littérature, où un concept géographique sert de fil conducteur à une intrigue”.

Imaginaire et politique, le monde d’Hergé

Marc Lohez s’interroge sur l’univers de Tintin, qu’il voit, empreint des fantasmes et représentations de son auteur.

Dans son souci pointilleux des paysages, ce sont indéniablement la montagne et la forêt tropicale qui constituent les deux environnements préférés d’Hergé. Le dessinateur en fournit une série d’images idéalisées. Avec la forêt tropicale, nous nous éloignons de la géographie pour nous rapprocher du Douanier Rousseau : luxuriance, vert profond, singes, perroquets. La forêt est un lieu de rêve. Quant à la montagne, elle fait figure de gigantesque terrain de jeu, où Tintin peut dévaler des rapides, chuter, être englouti par la neige, se rattraper aux branches… Cet imaginaire continue d’alimenter les représentations et les inspirations dans nos sociétés. Prenons les agences de voyage, avec la mode du trekking dans l’Himalaya, ou la publicité, qui a largement utilisé l’image du moine tibétain en état de méditation. Tintin n’a-t-il pas également joué un rôle dans la sympathie immédiate que nous ressentons pour le Tibet ?

Dans la construction de son système-monde, Hergé met en scène de vrais théâtres géopolitiques. Il a créé pour cela cinq pays imaginaires : outre le Khemed (dans la Péninsule arabique, où l’on retrouve tout l’arsenal de l’Etat pétrolier), ces pays fonctionnent par couples antagonistes. La Bordurie contre la Syldavie, c’est l’opposition entre un état capitaliste et un Etat sans nulle doute communiste, situé dans les Balkans, qui se cristallise autour d’un enjeu économique, l’uranium. En Amérique du Sud, le pétrole du GranChapo (analogie avec le Gran Chaco réel) sert de pôle de conflit entre le San Theodoros et Nuevo Rico, opposant, au-delà, des intérêts britanniques et américains. Systématiquement, le dessinateur met donc en scène un antagonisme entre des acteurs nationaux, soutenus par des puissances internationales rivales, le tout en lutte pour le contrôle d’une ressource.

Les allusions politiques sont omniprésentes dans l’œuvre d’Hergé : condamnation du régime communiste dans Tintin au Pays des Soviets, regards critiques portés sur les inégalités sociales et les dictatures latino-américaines, lutte entre Palestiniens et Israéliens dans la première édition de Tintin au pays de l’Or noir (avec mention de la ville d’Haïfa).

L’approximation, l’idéalisation rendent cependant difficile la pratique de la géographie à travers la lecture de Tintin.

Reprenons l’histoire de Rackham le Rouge. Le parchemin retrouvé par nos héros indique l’emplacement d’une île au trésor à environ 20° de latitude nord et 70° de longitude ouest. On peut bien sûr ouvrir nos atlas pour y rechercher l’identité réelle de l’île mystérieuse (au travail !) mais un problème semble avoir échappé à Hergé : à l’époque où le manuscrit de l’intrigue est supposé avoir été écrit, soit au 17ème siècle, notre monde ne savait pas encore calculer la longitude…

Héros positif, héros ambigus

Comme Céline, Hergé est un auteur aux choix politiques critiquables, souligne Jean-Dominique Merchet. D’un côté, il fut proche de l’extrême-droite belge, de l’autre, il a pu dénoncer l’impérialisme dans le Lotus bleu.

D’une part, on peut considérer que Tintin au Congo est une caricature de l’Afrique, d’autre part, Tintin est lu et apprécié partout dans le monde, y compris en Afrique où il inspire les auteurs de bandes dessinées.

En fait, Tintin s’est très vite mondialisé. Dès la fin des années 1960, la référence explicite à la Belgique disparaît des albums. L’identité nationale de Tintin s’atténue, Hergé se globalise. Les aventures de Tintin sont écrites dans des dizaines de langues, le personnage connu jusqu’au cercle polaire (on trouve des albums en finnois, en coréen, en bengali, en arabe…). Tintin passe désormais partout, c’est un héros universel.

Pourtant, Haddock est un personnage beaucoup plus fort du point de vue littéraire. Dans Les Bijoux de la Castafiore, il occupe d’ailleurs toute la place. Le personnage semble progressivement s’imposer à Hergé. Peut-être aurait-il fini par devenir le véritable héros…

Car Haddock, souligne un intervenant, est la figure humaine, l’expression de la faiblesse. Il recule, freine le goût du risque de Tintin. Il est le modérateur, également le protecteur de Tintin (“vous allez vous faire tuer !”). Tournesol, lui, a une dimension infantile et fantaisiste. En comparaison de ces excentriques, Tintin apparaît comme un personnage plutôt falot.

Michel Sivignon : Tintin est un héros positif précisément parce qu’il est un personnage lisse, sans défaut. Il n’est pas sans rappeler l’univers scout des années 1930, qu’Hergé a beaucoup fréquenté.

Marc Lohez : Tintin est un peu la version mondiale du Tour de France par deux enfants. C’est une exploration du monde à destination de la jeunesse, à qui il faut un héros qui suscite l’identification. Mais la vision du monde d’Hergé est non consensuelle et de plus en plus pessimiste dans les derniers albums.

Jean-Dominique Merchet : Certains éléments seraient pourtant inconcevables dans la littérature pour la jeunesse actuelle. Pensons à l’alcoolisme de Haddock. L’alcool est très présent dans l’œuvre, même Milou boit assez régulièrement !

Jean-Louis Tissier : Sans parler de la savoureuse grossièreté du capitaine. ” Bachibouzouk “, ” Crétin des Alpes “, ” Zouave “, ” Canaque “… Des insultes souvent géographiques, non ?

Compte-rendu : Maud Lasseur

 

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