La mondialisation des pauvres

 

Les deux invités du Café Géo du jour sont aussi les auteurs d’un ouvrage titré La mondialisation des pauvres, paru en 2018 au Seuil (collection La République des idées) avec en sous-titre : « Loin de Wall Street et de Davos ». Olivier Pliez, du CNRS, est directeur d’une unité de recherche interdisciplinaire de l’Université Toulouse Jean-Jaurès, Armelle Choplin vient de quitter l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée pour prendre un poste de professeure associée au département de géographie de l’Université de Genève, après avoir passé 3 ans en affectation à l’Institut de Recherche pour le Développement au Bénin.

 

Les présentations faites, Élisabeth Bonnet-Pineau décrit, en guise de sommaire, une situation à la fois transcontinentale et bien ciblée sur la Méditerranée qui offre un exemple historique d’une économie de comptoirs et d’échanges qui fera l’objet de la première partie en soulignant le glissement qui s’est opéré de la Méditerranée occidentale vers le Méditerranée orientale. Dans un second temps, ce sont les « pauvres » dont on étudiera les routes qu’ils parcourent avec une forte intensité de circulation et d’échanges en Afrique occidentale. Puis on accordera une attention particulière au « miracle Yiwu », le plus grand marché de gros du monde situé à 2h de train de Shanghai. Enfin le corridor urbain du Golfe de Guinée en Afrique occidentale entre Accra et Lagos concentrant pas moins de 30 millions d’habitants est le théâtre d’échanges multiples. L’exemple du ciment, véritable or gris, symbole de modernité et de réussite sera pris comme exemple significatif d’une stratégie de filière à la tête de laquelle se trouvent de riches hommes d’affaires.

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Olivier Truc, Le cartographe des Indes boréales

Olivier Truc, Le cartographe des Indes boréales, Paris, Métailié, 2019.

Olivier Truc est venu récemment à l’Institut de géographie pour nous parler des Sami aujourd’hui et de leur intégration dans les sociétés d’Europe du nord (voir le compte rendu de Claudie Chantre). Son dernier roman évoque le temps (XVIIème siècle) de leurs premiers contacts avec la Couronne suédoise.

D’abord un titre. Un titre poétique qui renvoie à l’imaginaire de ces hommes du début du XVIIème siècle qui voulaient découvrir le monde et en extraire les richesses symboliques et matérielles. Ne pouvant s’installer durablement ni dans les Indes orientales, ni dans les Indes occidentales, les Suédois ont choisi d’établir leur souveraineté sur les terres du Grand Nord, les terres boréales.

Sous le titre de couverture, une baleine s’acharne, telle Moby Dick, à renverser une chaloupe de marins accrochés à leur rame pour sauvegarder leur vie. C’est à ce monde de baleiniers qu’appartient le héros du roman, Izko.

Monde arctique, ambitions politiques suédoises, chasse à la baleine, société lapone, fanatisme religieux… tels sont quelques-uns des domaines où Izko, évolue avec courage et intelligence. Il nous emmène de Saint-Jean-de-Luz au sud du Portugal et de Stockholm à la mer de Barents, du palais royal aux tentes de Laponie.

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« Après les frontières ? »

« Après les frontières ? » tel était le titre café géo qui s’est déroulé le jeudi 21 Mars 2019, au café librairie BD Fugue du Centre Bonlieu d’Annecy. Valéry Pratt, professeur de Philosophie au lycée Berthollet d’Annecy, s’est attelé à la question en s’interrogeant notamment sur la manière par laquelle on pourrait penser la frontière dans un contexte de mondialisation. La transdisciplinarité était à l’œuvre lors de ce rendez-vous.

Philippe Piercy, professeur de Géographie au lycée Berthollet d’Annecy ouvre cette conférence-débat en qualifiant la frontière de « fait social total » (Mauss), qu’aucune discipline ne peut s’approprier en exclusivité, et en soulignant la précocité de l’étude géographique de la frontière. En effet, explique-t-il, la frontière a très tôt fait l’objet d’une étude géographique. La géographie académique du XIXème siècle s’est davantage intéressée à la question des frontières interétatiques particulièrement à travers l’invention de la Géopolitique par Ratzel, dont l’expression « espace vital » devient centrale chez Karl Haushofer. Selon Philippe Piercy, la Géographie adopte deux grandes directions d’étude de la frontière. La première s’intéresse à la ligne, sa genèse, ses supports, ses marquages, et traduit la conception tardive de la frontière comme ligne, qui apparaît sous la Révolution française, avec une frontière entendue comme naturelle. Dans une autre direction, les géographes s’intéressent à la zone frontalière entendue comme le terrain d’un ensemble d’effets de la proximité frontalière ; la limite de souveraineté se traduit en effet par un ensemble de différentiels (économiques, juridiques, culturels…) dans la proximité géographique, constituant la notion de « l’effet-frontière », entre porosité et étanchéité, continuité et obstacle. Avant de laisser la parole à Valéry Pratt, Philippe Piercy conclut : « Qu’elle joue comme barrière ou comme charnière, comme coupure ou comme suture, la frontière ne disparaît jamais ». La formule laisse donc entendre que la frontière est enracinée, comme une « mémoire » du territoire, tant dans l’espace que dans nos représentations, ce qui interroge sur un « après », ou un au-delà.

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L’Europe au miroir de sa démographie

La démographie a la réputation d’une science aride faisant la part belle aux statistiques. Pourtant, derrière les chiffres et les mots des démographes (fécondité, natalité, espérance de vie, mortalité…) se révèlent des aspects essentiels de l’histoire des territoires et du comportement des populations. On le voit clairement à la lecture des données démographiques du continent européen.

Les trois dernières décennies témoignent d’un véritable bouleversement démographique en Europe. Sa population n’augmente plus globalement depuis 1993 et devrait lentement décroître dans quelques années, comme on l’observe déjà dans de nombreux pays. Rappelons que la population européenne représentait le quart de la population mondiale en 1900. Malgré un gain de 180 millions d’habitants entre 1950 et 2000, elle n’en représente plus aujourd’hui qu’environ 10%. Cette évolution globale masque une fracture démographique entre l’Ouest et l’Est qui se creuse toujours davantage depuis la chute du mur de Berlin en 1989. Pourtant les années 1950 à 1970 ont été marquées par une forte convergence démographique entre les deux parties du continent : en 1950, l’Est avait 60 millions d’habitants de moins que l’Ouest ; en 1989, l’Est n’en avait plus que 30 millions de moins. Mais le paysage démographique est bouleversé depuis 1989 avec l’achèvement de la transition démographique et surtout avec la transition économique et sociale des anciens pays communistes.

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Emmanuel RUBEN, Sur la route du Danube

Emmanuel Ruben, Sur la route du Danube, Éditions Rivages, 2019

D’abord, il faut dire que c’est un excellent livre et que je l’ai, pour ma part, lu de bout en bout comme une nécessité, comme une urgence. Pour voir ce qui va se passer au chapitre suivant. Pour son style aussi, mélange de termes précis empruntés à la géographie physique et de l’argot tout-à-fait contemporain. Et aussi parce que je me retrouve dans cette Europe centrale et orientale où j’ai finalement passé beaucoup de temps.

Il y a plusieurs manières d’aborder cet ouvrage, parce qu’il y a plusieurs livres dans un.

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Géographie et polar polaire: les Cafés géo reçoivent Olivier Truc

Le samedi 16 mars 2019 de 10h à 12h, un public nombreux est rassemblé dans la salle du nouvel amphi de l’Institut de Géographie pour accueillir Olivier Truc, journaliste et écrivain français qui habite Stockholm depuis 1994. Il est l’auteur d’une trilogie de romans policiers « ethnologiques » consacrés aux Sami de Laponie. Olivier Truc est de passage à Paris pour la sortie de son dernier livre « Le cartographe des Indes boréales » aux éditions Métailié qu’il présente au Salon du Livre ce week-end.

Cette rencontre a lieu sous forme d’un échange avec Daniel Oster et Michèle Vignaux. Elle donne une suite substantielle à l’article « De l’actualité des Sami » signé Michèle Vignaux et publié sur ce site en novembre 2018.

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Préparer l’épreuve de géographie au concours d’entrée à l’ENS de Lyon avec les ressources des Cafés géographiques (session 2019)

Thème : Les littoraux dans le monde

 

FREMONT Antoine, « Océans, conteneurisation, mondialisation », Cafés géographiques, Rubrique Les comptes rendus, Saint-Brieuc, 13 octobre 2017.

 

  • AUGENDRE Marie, « Fukushima, six ans après : politique de retour et zone grise de l’accident nucléaire », Cafés géographiques, Rubrique Les Comptes rendus, 8 mars 2017.

http://cafe-geo.net/fukushima-6-ans-apres-politiques-de-retour-et-zone-grise/

L’ampleur des retombées radioactives sur le territoire a en partie été limitée par les vents. Fukushima se situe à l’est de l’île de Honshū, et le Japon est soumis à des vents dominants d’ouest (les westerlies), qui ont chassé l’essentiel de la contamination vers l’océan. La carte de la contamination montre certes une concentration autour de Fukushima, mais également dans le nord-ouest et le sud-est de ce département, en particulier dans la région de Tokyo. Mais on ne parle pas de cette contamination-là. Parler de la « catastrophe de Fukushima » fait le silence sur d’autres zones ce qui arrange bien ces espaces ; il faut être conscient que la contamination ne se limite pas au département de Fukushima…

 

  • AUGUSTIN Jean-Pierre, « L’océan, le surf et les territoires de l’éphémère », Cafés géographiques, Rubrique Les Comptes rendus, FIG, 2 octobre 2009.

http://cafe-geo.net/locean-le-surf-et-les-territoires-de-lephemere/

Le surf est l’épure des sports de glisse (parmi lesquels on peut citer également la planche à voile, le kayak-surf, le body surf, le body board…), apparus dans les années 1960 dans les médias. La plupart d’entre eux sont d’origine californienne. Pour ce café géo, il se propose de revenir plus particulièrement sur la question du surf, en trois points : historique des pratiques du surf, diffusion dans le monde et territoires du surf.

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Espaces et hiérarchies des ports mondiaux, quelles mutations contemporaines ?

Annecy, jeudi 31 janvier 2019

Ce café-géo nous a été présenté par Antoine Frémont, né à Caen, qui a une histoire havraise non négligeable. Il est agrégé de géographie et directeur de recherche à l’IFSTTAR.

Le transport maritime est d’abord un service puisqu’il est au service du commerce international. C’est une industrie de sous-traitance. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, de nombreux facteurs, autres que le transport maritime, expliquent la croissance du commerce international, dont notamment le fait que l’on soit entré dans un monde de libre-échange, soutenu par les États-Unis jusqu’à une date très récente.

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les navires sont des outils à transporter de grosses quantités de marchandises sur de grandes distances et à très bas coût. En retour de ses services rendus au commerce international, le transport maritime a une très forte influence sur celui-ci. Sans le transport maritime, il n’y aurait pas eu de mondialisation. La conteneurisation permit d’effectuer des transports sur des milliers de kilomètres avec une très grande fiabilité et à très bas coût.

Le transport maritime a permis d’internationaliser les chaînes de valeur. Un produit est conçu à un endroit, assemblé ailleurs, et distribué encore ailleurs.

Le transport maritime est un élément important de la métropolisation. Aujourd’hui, l’activité est concentrée dans les grandes villes mondiales. Pour aborder les mutations contemporaines des espaces et des hiérarchies portuaires, il faut mettre en relation le commerce international, le transport maritime et la métropolisation.

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Armand Frémont, un grand géographe français

 

Armand Frémont lors d’une conférence à la médiathèque de Coutances (Source: Ouest France, 6 octobre 2015)

 

Armand Frémont, qui vient de nous quitter aura marqué la géographie contemporaine de langue française.

Il fut d’abord et très profondément attaché à sa Normandie natale. Attaché en particulier à la ville du Havre et à ce village de l’Eure, Francheville, où avec Monique, sa femme, ils ont passé beaucoup de temps, ces dernières années.

Sans doute beaucoup de géographes ont-ils eu un parcours similaire qui consiste à suivre une veine régionale : pourquoi ne pas exploiter une connaissance intime d’une société inscrite dans votre terre d’origine et en faire un objet d’étude ? Cette démarche était encouragée par l’orientation de la géographie vers les études régionales, depuis les premiers développements de la géographie scientifique, au XXe siècle.

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Être jeune et périurbain : la double peine ?

par

Catherine Didier-Fèvre

Café de Flore (Paris 6e), le 29 janvier 2019

 

Depuis sa thèse soutenue en septembre 2015 à l’Université Paris-Ouest Nanterre, Catherine Didier-Fèvre a quitté son terrain de recherche et d’enseignement à Sens (Yonne) pour Lyon, où elle continue de s’adonner à deux activités en lien avec la géographie : transmission, d’une part, puisqu’elle continue d’enseigner en CPGE Littéraires et vulgarisation, d’autre part. Elle est en effet fidèle aux Cafés géographiques où elle intervient ce 29 janvier 2019 pour une deuxième fois cette année, après un passage par les Cafés géographiques de Lyon en septembre 2018 consacré au thème de la culture dans ces espaces. Si les deux intitulés des Cafés (Se cultiver dans les espaces périurbains : une mission impossible ?, Être jeune et périurbain : la double peine ?) peuvent laisser à penser le périurbain comme un espace en négatif, l’approche de celui-ci par les jeunes habitants montre une vision positive faite de pragmatisme et de débrouille.

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