Mud, sur les rives du Mississipi (Jeff Nichols)

Mud, sur les rives du Mississipi, Jeff Nichols

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« Nous sommes tous dotés d’une racine pivotante qui descend dans le grand inconscient simple de la vie enfantine primitive ». Gaston Bachelard

Marge

Sur la « carte cognitive » que dressent les cinéastes contemporains états-uniens, le Mississipi semble recouvrer une nouvelle intensité iconographique. Echo traumatique de Katrina, de la catastrophe de Deep water, résultat des politiques fiscales incitatives des Etats du Sud, ou dans le cas de Jeff Nichols, simple volonté de rester fidèle à son Arkansas natal ? Il est, quoiqu’il en soit, tentant de voir dans ce tropisme fluvial et méridional, l’expression sensible d’une renégociation. Celle d’une Wilderness recentrée, interne et constitutive dont s’empare une jeune génération de cinéastes. Nouveau territoire du cinéma indépendant, le vieux Sud est-il gage d’une excentricité, le lieu de fabrique d’une possible mise à distance des normes territoriales et cinématographiques ?
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Diagnostic et gouvernance des territoires : Concepts, méthode, application (G.-F. Dumont)

Les cafés géo rencontrent un auteur

dumontGérard-François Dumont, 2012, Diagnostic et gouvernance des territoires : Concepts, méthode, application, Armand Colin, Coll. U

Les Cafés géo : Votre ouvrage paraît unique en son genre. D’un côté le terme de gouvernance est employé à tout va, de l’autre une méthode pour faire un diagnostic précis d’un territoire et de sa gouvernance manquait jusque-là. Peut-on tout d’abord revenir sur le terme de gouvernance? Comment pourrait-on le définir?

Gérard-François Dumont : mon ouvrage s’inscrit dans une suite de publications sur le territoire1, dont mon analyse ancienne de la métropolisation que j’avais définie, comme « l’exercice de forces centripètes conduisant à la concentration des activités et des hommes dans les espaces urbains les plus peuplées tandis que les villes moyennes et les espaces ruraux perdent, au moins relativement, de la vitalité », définition reprise par exemple en 1994 par le Commissariat général au Plan2. Or, depuis, qu’est-il advenu de cette « métropolisation » ? Même si le processus demeure réel, il est très inégal et non général. Ainsi, il faut constater des évolutions d’intensité très variable entre des villes situées dans un contexte géographique comparable : Toronto, auparavant moins importante que Montréal, l’a largement dépassée ; São Paulo est devenue considérablement plus importante que Rio de Janeiro ; Dubaï, dont les revenus dus aux hydrocarbures sont devenus marginaux, a pris la dimension que l’on sait tandis que la ville iranienne de Bandar-Abbas, pourtant située au cœur du détroit d’Ormuz, a connu un développement limité. Et, pour ne citer qu’un exemple en France, Montpellier, qui a longtemps eu une importance semblable à Nîmes, l’est désormais deux fois plus… D’ailleurs, concernant les territoires de l’Europe occidentale, il faut par exemple noter qu’il y a actuellement de « petites Allemagne » en France et de « petites France » en Allemagne. Autrement dit, certains territoires français ont un taux de chômage inférieur à celui de l’Allemagne alors que certains territoires allemands ont un taux de chômage supérieur à celui de la France. Rappelons que, à l’échelle des zones d’emploi, le chômage varie dans l’Hexagone dans un rapport de 1 à 4.
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Entre dessin et carte, les cartes satiriques : la pieuvre russe vue par les Japonais en 1904

Le dessin du géographe n° 38 – avril 2013

Depuis le XV° siècle au moins les cartographes ont appris à jouer avec le dessin des cartes dans un but de satire politique. On se trouve ici au carrefour de la carte et du dessin, carte détournée de sa vision de représentation scientifique, au profit d’une prise de position partisane.

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La carte présentée est une carte japonaise datant de mars 1904, c’est-à-dire des tout débuts de la guerre russo-japonaise, dessinée après la prise par surprise de la base russe de Port-Arthur, où la flotte russe d’Extrême-Orient fut décimée. Elle est antérieure à l’autre désastre naval russe de Tsushima tout comme à la bataille de Moukden en Mandchourie, qui amenèrent la Russie défaite à négocier en 1905. La carte est censée faire partie d’un « Atlas diplomatique humoristique de l’Europe et de l’Asie ».

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Quel avenir pour le commerce en centre-ville ? avec Bernadette Mérenne-Schoumaker.

66ème café de Géographie de Mulhouse 29 Avril 2013

Le commerce a toujours été un secteur qui change et cette évolution touche bien sûr les centres-villes.

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L’âge d’or des cartes marines. Quand l’Europe découvrait le Monde

Café géo-expo 

L’âge d’or des cartes marines. Quand l’Europe découvrait le Monde, 12 janvier 2013, Dupont Café.

Ce compte rendu a été rédigé à partir des discussions et débats du café géo-expo (voir le programme), mais aussi des notes prises pendant la visite de l’exposition par les adhérents. Pour un compte rendu exhaustif de l’exposition, voir le texte de Daniel Oster dans la rubrique « Des expos ».

Cartes_Marines_CafesGeo1Pour la première édition des Cafés géo-expo, les adhérents de l’Association des Cafés géographiques ont visité, en compagnie de l’historien Jean-Yves Sarazin (directeur du département des Cartes & Plans de la Bibliothèque nationale de France, notamment auteur de deux des trois catalogues de l’exposition L’âge d’or des cartes marines :Nouveaux mondes et Cartes et images des nouveaux mondes) et du géographe Christian Grataloup (professeur de géographie à l’Université Paris Diderot, notamment auteur de Géohistoire de la mondialisation. Le temps long du Monde, de L’invention des continents, et de la Documentation photographique « Représenter le Monde ») l’exposition L’âge d’or des cartes marines. Quand l’Europe découvrait le monde (à la Bibliothèque nationale de France). Une visite exceptionnelle qui n’a pas manqué d’attirer l’intérêt des visiteurs de l’exposition, au cœur de documents exceptionnels, dont beaucoup sont disponibles sur le site des expositions virtuelles de la BNF1. Nos deux intervenants ont été rejoint par Jasmine Salachas (cartographe, fondatrice des Cafés cartographiques) pour un café géographique exceptionnel, afin de discuter du making-of de cette exposition, de ce que les regards de l’historien, du cartographe et du géographe peuvent dire d’un tel événement. Parce que cette exposition propose une démarche atypique : elle n’est pas une histoire de la cartographie marine, Bénédicte Tratnjek la présente comme un « lieu de mémoire » éphémère sur les représentations du Monde dans l’histoire, sur la manière dont l’Europe a découvert, découpé et pensé le Monde. Les portulans présentés dans cette exposition sont de véritables œuvres d’art, que ce café géo-expo se propose comme un voyage au cœur des cartes marines et de l’histoire des représentations spatiales sur le Monde. A travers les portulans, ce café géo entraîne l’auditoire dans l’histoire et la géographie de la connaissance du monde par les cartes marines.

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Corée du Nord : la carte et la pomme (de la discorde ?)

Avant les attentats de Boston, l’actualité médiatique était « monopolisée » par la Corée du Nord : les annonces du nouveau dirigeant, Kim Jong-Un, concernant l’escalade de menaces contre les Etats-Unis ont amené beaucoup d’articles de presse, plus ou moins éclairés, sur la possible attaque du territoire étatsunien. Parmi les commentaires, les photographies officielles dévoilées à la presse du monde entier ont fait couler beaucoup d’encre. Si certains médias ont eu la décence d’utiliser un point d’interrogation1, d’autres2 seront nettement moins prudents, et titreront, sans point d’interrogation, combien « la Corée du Nord dévoile des secrets militaires sur des photographies officielles ». Pourtant, la source commune de tous ces articles de presse, l’AFP (dont la dépêche titrait avec le point d’interrogation), avait déjà publié, deux jours plutôt, sur son blog Making-of, un décryptage des photographies nord-coréennes présentant le matériel militaire, montrant combien les dites photographies n’étaient que d’évidents montages.

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Remonter une rivière (2/3) : l’Evre de Julien Gracq

Les Eaux étroites développent une thématique simple : l’évocation d’un site associé aux enchantements de l’enfance, la remontée d’une petite rivière à proximité du bourg natal. Il s’agit d’une sorte d’exploration, longtemps après, de lieux d’enfance privilégiés le long d’un « chemin d’eau », en l’occurrence l’Evre, « petit affluent inconnu de la Loire qui débouche à quinze cents mètres de Saint-Florent ». L’écriture des Eaux étroites – huit fragments rédigés à des moments rapprochés en 1973 – puise uniquement dans la mémoire, sans aucune nostalgie, cherchant seulement à décrire le paysage remémoré avec la plus grande précision possible.

Barques le long de l’Evre

Barques le long de l’Evre

L’auteur « se promène » dans une barque sur la rivière et, lorsque la berge s’élève, il n’aperçoit plus devant lui que le plan d’eau étroit. Bien sûr, à l’occasion de l’élargissement de la vallée, il remarque un château ou une chapelle, la pente des coteaux ou encore la falaise boisée, mais les paysages parcourus sont surtout aquatiques avec leurs bordures de roselières ou d’herbes noires. Cet itinéraire-rêverie ne concerne qu’une petite partie de la vallée de l’Evre, la seule navigable, entre le pont-barrage du Marillais, situé tout près de la confluence avec la Loire, et le moulin à eau de Coulaines un peu plus en amont. Dans la réalité géographique, l’Evre déroule ses méandres encaissés sur quelque quatre-vingt-dix kilomètres dans la région des Mauges. Mais pour Gracq, « l’Evre, comme certains fleuves fabuleux de l’ancienne Afrique, n’avait ni source ni embouchure qu’on pût visiter. Du côté de la Loire, un barrage noyé (…) empêche de remonter la rivière à partir du fleuve (…). Vers l’amont, à cinq ou six kilomètres, un barrage de moulin, à Coulènes, interdit aux barques de remonter plus en avant. » L’émoi poétique des promenades enfantines de Gracq le long de l’Evre sort renforcé de cette concentration géographique d’une rivière réduite à un bief très court, déconnecté de ses prolongements fluviaux et, de plus, encadré par des versants pentus voire abrupts. Le lecteur-géographe, habitué à regarder des paysages en les resituant dans des espaces de dimensions variables, associe la puissance d’imaginaire des lieux évoqués par l’écrivain et l’acuité d’une vision géographique qui intègre les profils longitudinal et transversal de la rivière.

L’itinéraire remémoré fait défiler des paysages – comme un « diorama » pour reprendre le terme de Gracq – avec des lieux privilégiés marquant des étapes, des « stations jalonnant le chemin d’eau élu de l’enfance ». Tout d’abord, le point de départ, le pont-barrage du Marillais quand « on s’embarquait (…) au bas d’un escalier de planches qui dégringolait la haute berge glaiseuse ». Puis le passage en vue de la ferme de la Jolivière, seul point de tout le trajet « où un témoin désenchantant de la terre cultivée fût un instant en vue ». Vient ensuite l’endroit où « la rivière se resserre et se calibre » et qui précède de peu le bateau-lavoir et le manoir de la Guérinière. Bientôt, survient le véritable clou de la promenade de l’Evre, l’écaille de la Roche qui boit, détachée en avant de la falaise boisée. Enfin, la gorge devient une vallée simplement étroite et encaissée jusqu’au barrage d’amont marquant la fin du bief navigable. Un lecteur doté d’une culture géographique peut enrichir la lecture des Eaux étroites grâce à sa connaissance  d’un vocabulaire particulier, grâce  surtout à des attitudes et des curiosités qui lui sont propres, autrement dit une certaine manière d’être sensible au monde.

L’Evre près de son confluent avec la Loire, point de départ des promenades de Julien Gracq sur les « eaux étroites »

L’Evre près de son confluent avec la Loire, point de départ des promenades de Julien Gracq sur les « eaux étroites »

Si Les eaux étroites décrivent la promenade sur l’Evre, la promenade de l’enfance entre toutes préférée, les images qui se succèdent devant la barque ne forment pas un continuum géographique car elles sont disjointes par des réflexions et des digressions sur des écrivains, des lectures et des tableaux qui servent de supports à une rêverie associative. Le récit esquisse une théorie de la rêverie par l’intermédiaire des sensations, le passage constant du réel à la littérature contribue à sonder le fonctionnement de l’imaginaire. Face aux pouvoirs de la rêverie  le regard géographique apparaît peu utile et même désarmé. Ainsi, nous pensons qu’un autre livre de Gracq, La forme d’une ville, qui, pourtant, prolonge le jeu de la mémoire écrite commencé avec Les eaux étroites, se prête bien mieux au filtre de l’esprit géographique.

Essayons tout de même d’explorer le versant de la rêverie associative dans Les eaux étroites. Le spectacle du monde de la rivière sollicite tous les sens. D’abord la vue, bien sûr, sensible à « la variété miniaturiste des paysages que longe le cours sinueux » de l’Evre ainsi qu’ « aux accidents de l’ombre et de la lumière ». Mais aussi l’ouïe : « L’oreille, non moins que l’œil, recueille les changements qu’apporte presque chaque méandre ». Gracq souligne que « les bruits qui voyagent sur l’eau, et qu’elle porte si loin » lui ont été familiers de bonne heure. Tous ces bruits s’associent naturellement à l’élément liquide avec la « résonance creuse que leur prêtait la vallée captivée par son ruban d’eau dormante. » Le géographe sait bien qu’il n’existe pas de paysage indépendamment du regard porté sur une portion de l’espace terrestre et que la dimension subjective du paysage n’est pas seulement liée au regard de l’observateur mais également aux autres sens de celui-ci.

Les « eaux étroites » de l’Evre

Les « eaux étroites » de l’Evre

Dans Les eaux étroites le défilé des paysages s’organise en voyage initiatique. Un voyage rythmé avec ses moments de calme et de lenteur quand la barque n’avance presque pas, et ses moments de glisse plus rapide lorsque l’esquif semble comme attiré. Le voyage initiatique commence naturellement par des rites préliminaires : « Aller sur l’Evre se trouvait ainsi lié à un cérémonial assez exigeant… »,  et il suppose la séparation d’avec le monde du quotidien pour entrer dans le monde de l’autre vie : « Presque tous les rituels d’initiation, si modeste qu’en soit l’objet, comportent le franchissement d’un couloir obscur, et il y a dans la promenade de l’Evre un moment ingrat où l’attention se détourne, et où le regard se fait plus distrait. »

Au-delà de la puissance des symboles – le fil de l’eau, la barque, les heures du jour, les âges de la vie – chaque lieu de la promenade aquatique suggère des images par le biais de la rêverie. Pourquoi suis-je devenu cet écrivain ? semble dire Gracq. Les eaux de l’Evre apparaissent comme la métaphore de la création littéraire. La rêverie associative est analysée avec précision : « Mon esprit est ainsi fait qu’il est sans résistance devant ces agrégats de rencontre, ces précipités adhésifs que le choc d’une image préférée condense autour d’elle anarchiquement ; bizarres stéréotypes poétiques qui coagulent dans notre imagination, autour d’une vision d’enfance, pêle-mêle des fragments de poésie, de peinture ou de musique. » Ainsi sont convoqués tour à tour, Edgar Poe, Nerval, Rimbaud, Balzac, Alain-Fournier, Jules Verne, mais aussi Vermeer, Titien et la peinture chinoise. « Aucune peinture autant que la peinture chinoise – et particulièrement celle des paysagistes de l’époque Song – n’a été hantée par le thème pourtant restreint de la barque solitaire qui remonte une gorge boisée. Le charme toujours vif qui s’attache à une telle image tient sans doute au contraste entre l’idée d’escalade, ou en tout cas d’effort physique rude et de cheminement pénible, qu’évoque la raideur des versants, et la planitude, la facilité irréelle du chemin d’eau qui se glisse indéfiniment entre les à-pics : le sentiment de jubilation qui naît, dans l’esprit du rêveur, de la solution incroyablement facile des contradictions propre au rêve, s’ancre ici concrètement dans la réalité. »

Peinture chinoise de l’époque Song

Peinture chinoise de l’époque Song

 Mais c’est sans doute l’œuvre d’Edgar Poe  qui, pour Gracq révèle le mieux les vertus de la rêverie associative : « Je parle d’Edgar Poe et voici qu’il ne va plus guère me quitter tout au long de cette excursion tant de fois recommencée… ». Le domaine d’Arnheim, nouvelle publiée en 1847, apparaît même comme la préfiguration imaginaire de la promenade sur l’Evre avec sa route d’eau et sa végétation luxuriante ; Edgar Poe écrit : « Pendant quelques heures, on filait à travers les méandres de ce canal, l’obscurité augmentant d’instant en instant, quand tout à coup, la barque, subissant un brusque détour, se trouvait  jetée comme si elle était tombée du ciel, dans un  bassin circulaire d’une étendue très considérable, comparée à la largeur de la gorge. »

 En analysant le fonctionnement de son imaginaire, Gracq distingue deux types de rêverie : la « rêverie fascinée » conduisant « vers ces régions frontières où l’esprit se laisse engluer par le monde… », et la « rêverie ascensionnelle » tendant « vers la totale liberté d’association qui remet sans trêve dans le jeu les significations et les images… ». Ces formes de rêverie  expliquent le tropisme de Gracq pour « certains confins endormis de la Terre », pour les « ravins ingrats de la lande occidentale », pour les « friches sans âge et sans chemin » : « le sentiment de sa liberté vraie n’est jamais entièrement séparable pour moi de celui de terrain vague ». L’œuvre de Julien Gracq est une littérature des confins – régions-frontières, régions marginales, d’avant-postes -, ce que le géographe appelle des discontinuités spatiales formées par le contact de deux ensembles spatiaux différenciés. Cette littérature des confins correspond certainement à une inclination personnelle mais celle-ci a été accentuée par une formation universitaire et des lectures géographiques et historiques.

Daniel Oster

 

Quels contours des provinces à la création du Royaume de Belgique en 1830 ?

Quels contours des provinces à la création du Royaume de Belgique en1830 ? Le fond cartographique de la Bibliothèque nationale de France au service de notre histoire.

Café-géo liégeois du 19 avril 2013.

Intervenants : François Nawrocki, conservateur du département des cartes de la BnF à Paris ;
Jasmine D.Salachas, cartographe.

En début de séance, Mme Salachas rappelle l’importance de la vérification des sources. Mr Nawrocki souligne quant à lui le rôle de la carte en tant que document de synthèse, notamment pour défendre un territoire ou pour éclairer la genèse de limites territoriales.

Les contours de la Belgique ont évolué au cours du temps comme le montrent les nombreuses illustrations, issues des collections de la BnF, présentées au cours de la soirée.

La carte « Leo Belgicus » (Pieter van der Keere, vers 1650) montre un territoire correspondant approximativement à la forme d’un lion assis : les Pays-Bas actuels constituent la tête et le cou, le reste du corps représente la Belgique.

A l’époque de Louis XIV, une carte des Pays-Bas présente la division géographique du territoire entre les différentes puissances qui le gouvernent. Les frontières sont soit des limites naturelles, soit une suite de places fortes participant au système de défense du territoire. Les conflits nombreux entraînent souvent l’apparition d’enclaves.

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Enjeux géopolitiques des Pôles

Café géo de Toulouse 17.04.2013 

Discours de Michel Rocard (09.11.2010), Ambassadeur de France chargé des négociations internationales relatives aux pôles Arctique et Antarctique

Je pense que je devrais me présenter. Personne n’est parfait : je viens de très loin de l’Arctique. Je suis Français. Je suis même un ancien Premier ministre, ce qui aggrave mon cas : pour un politicien, la relation avec le sérieux et la rigueur scientifique est moins claire qu’elle ne l’est pour la plupart d’entre vous. Mais j’ai néanmoins été nommé Ambassadeur français chargé de la négociation internationale pour les pôles Arctique et Antarctique. Inutile de le demander, j’entends vos deux questions : pourquoi, et pour faire quoi ?

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Après la Françafrique : la Chinafrique ?

Compte rendu du café géo albigeois du 9 avril 2013

Présentation par Roland POURTIER, Professeur émérite des Universités en géographie, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, membre du laboratoire de géographie PRODIG. Spécialiste de l’Afrique centrale et du bassin du Congo.

Présentation de la problématique :

En une décennie, la Chine s’est hissée au rang de premier partenaire commercial du continent africain, longtemps resté sous la dépendance de l’héritage colonial. Forte de son dynamisme économique et de son statut de pays « en développement » militant contre le colonialisme, elle est devenue un acteur majeur de l’Afrique dont elle accélère l’insertion dans la mondialisation. Le modèle « gagnant-gagnant » a séduit les autorités politiques africaines ; grâce à la compétitivité de ses entreprises, la Chine s’est imposée comme leader dans le secteur des infrastructures ; elle inonde l’Afrique de ses produits industriels.

Mais à quel prix ? Le « troc » pétrole et minerais contre infrastructures favorise-t-il un développement durable, ou n’est-ce que la nouvelle mouture de l’exploitation d’un continent réputé « regorger » de ressources naturelles ?

Si la Françafrique a été décriée, la Chinafrique est-elle au-dessus de tout soupçon ?

Autant de questions alimentant spéculations et rumeurs, d’autant plus que l’information est incertaine, souvent opaque. La déferlante chinoise est de toute évidence portée par les besoins en énergie et matières premières de l’usine du monde.

Mais combien de Chinois se sont-ils engouffrés dans le sillage des grandes entreprises ?  500 000, un million ? Qu’en est-il des « millions d’hectares » de terre soi-disant accaparés par la Chine ? Tandis que la rumeur va bon train, « l’amitié » entre la Chine et l’Afrique commence à être écornée : grèves, manifestations anti-chinoises ternissent l’image d’une coopération proclamant l’intérêt mutuel des partenaires mais qui peine à masquer les enjeux de la realpolitik.

Alors que la Françafrique est en train de disparaître du champ des relations internationales, la Chinafrique rebat les cartes de la géopolitique au bénéfice de la deuxième puissance mondiale.

Peut-on pour autant parler d’un « impérialisme rouge » ?

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