Du base-jump à la randonue, des transgressions récréatives en montagne.

Philippe Bourdeau – 6/05/2015. 5e café géo Annecy-Chambéry, 3e à Chambéry.

Philippe Bourdeau est professeur de géographie à l’Institut de Géographie Alpine de Grenoble. Il travaille sur les activités récréatives en contexte de montagne, notamment le métier de guide. Plus largement, il s’intéresse au hors-quotidien, au rapport des individus et des sociétés à l’ailleurs … et dans ce cadre, aux « dissidences récréatives ». Par cette expression, il entend tout une myriade de pratiques à la marge, non conformes aux « standards » – si tant est qu’il y en ait – des pratiques récréatives, au-delà des deux exemples évoqués dans l’intitulé de ce café géo.

Quelques publications :

Bourdeau Ph. (dir.), 2006, La montagne comme terrain de jeu et d’enjeux. Débats pour l’avenir de l’alpinisme et des sports de nature, L’Argentière la Bessée, Éditions du Fournel, 206 p.

Bourdeau Ph., Christin R., 2011, Le tourisme, émancipation ou contrôle social ?, Éditions du Croquant, 288 p.

« Parler de dissidences récréatives en salle avec ce temps [grand beau et chaud à Chambéry, ndlr], c’est une gageure ! J’arrive avec deux images en tête, des vidéos visionnées sur Internet :

– celle d’une place urbaine, dans une grande ville touristique, avec une fontaine et un jet d’eau : un homme arrive avec une combinaison néoprène et s’y jette, il surfe sur le puissant jet de la fontaine pendant plusieurs minutes. Puis voyant la police arriver, sort de la fontaine et part.

– sur une route de montagne, un homme avec casque intégral se met des roulettes sur les bras et les jambes, se jette dans le flux de voitures allongé sur une planche à roulettes, passe les tunnels, double les voitures… »

Ces références enclenchent un tantinet de jubilation, pas tant pour l’extrême (dans le cas de la fontaine, ça ne l’est pas), même si les prises de risques sont parfois importantes, mais plutôt pour l’extra-ordinaire et le transgressif, parce que ces pratiques apportent une transfiguration de l’ordinaire. L’ « exceptionnel normal » pour reprendre l’expression utilisée par l’historien Edoardo Grendi, l’un des initiateurs du courant de la Microstoria.

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L’implantation de parcs éoliens, un facteur de développement local ? (vidéo)

Retrouvez en vidéo le café géographique de Reims du 22 avril 2015, sur le thème « L’implantation de parcs éoliens, un facteur de développement local ? », avec Céline Burger (Université de Reims Champagne-Ardenne, EA Habiter) et Mathieu Senegas (Association Nationale pour la Protection du Ciel et de l’Environnement Nocturnes – ANPCEN).

• Vidéo à visionner sur le site de l’université de Reims :
https://podcast.univ-reims.fr/videos/?video=MEDIA150521165944788

Les murs frontaliers ou la face obscure de la mondialisation

77ème Café de géographie de Mulhouse .
Stéphane Rosière, P
rofesseur à l’Université de Reims Champagne Ardenne
21 mai 2015 Engel’s coffee. Maison Engelmann. Librairie 47° Nord Mulhouse

J’enseigne à Reims mais je suis aussi enseignant à l’université Matel Bel (Banska Bystrica, Slovaquie) où j’assure des cours de Master de géopolitique conjoint Franco-slovaque. Je suis aussi le directeur de publication de la revue de géographie politique et géopolitique « L’Espace politique » dont le contenu est gratuit.

J’ai travaillé sur la question des violences politiques (génocides, nettoyages ethniques) qui sont des thèmes rarement abordés par les géographes, autant de politiques létales ayant un fort impact spatial, parmi ces violences le refoulement des migrants qui une des formes de « modification coercitive du peuplement » m’a conduit à m’intéresser aux frontières où se multiplient les « murs ».

Le retour des murs a commencé dans les villes avec la construction des gated communities décrites dans « Fortress America » d’Edward Blakely et Marie Snyder, paru dès 1997. Est-ce le signe d’un nouvel « encastellement » (pour reprendre le terme Pierre Toubert, l’historien médiéviste) ? L’analogie contemporaine entre gated communities et les états a déjà été soulignée (Van Houtum et Pijpers 2007, Ballif et Rosière 2009). Mais les frontières internationales, objet d’étude plus ou moins « ringardisé » dans les années 1990, ont été moins étudiées que les villes.

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Périph’Strip

Rando-géo 30.06.2014

Carte topographique IGN au 1/50000°, n°2043 ET, 2010. Les numéros sont ceux de quelques photos.

Carte topographique IGN au 1/50000°, n°2043 ET, 2010. Les numéros sont ceux de quelques photos.

Les textes en italique sont extraits de « Périphérique intérieur »,
publié aux Ed . Wildproject , 2014

Un cercle n’a pas d’origine, on entre sur le périphérique et sur ses marges par le côté : bretelles autorisées pour le premier, mais bris de clôture pour les secondes. Double effraction : de la propriété privée de la Société d’autoroute, et surtout d’un espace inconnu entre rocade et ville, rarement parcouru, vaguement inquiétant, plutôt sans intérêt ou répulsif dans notre imagination.

1. Entrée des artistes

1. Entrée des artistes

Embarqués sur cette terre inconnue que nous refusons de nommer « non-lieu », nous écoutons ce qui vient à nous.

Ce jour-là les paysages sont de larges aplats
Un          deux           trois           quatre
Vous les reliez
atomes disciplinés
mais la matière ici est rompue à toutes les expériences
Vous les traversez

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« Penser le monde avec des cartes »

76ème Café de géo de Mulhouse
« Penser le monde avec des cartes »
D’après L’Atlas global (Les Arènes, 2014)
6 mai 2015, Maison Engelmann Engels café. Librairie 47°Nord

Gilles Fumey, Professeur de géographie culturelle à l’université Paris-Sorbonne, Chercheur au CNRS

Les co-auteurs de l’atlas se sont posé deux questions :

  • Comment parler du Monde avec une représentation intelligible au temps des atlas numériques ? Google Earth bouleverse notre pratique de la carte. Surtout pour les plus jeunes qui n’auront, dans quelques années, rarement eu contact avec la carte papier.
  • Quel récit du Monde pouvons-nous construire ? Laissons-nous toujours l’Occident au centre de nos représentations ? Il nous faut « désoccidentaliser » notre manière de voir le monde.

On part du travail de Christian Grataloup, selon lequel la cartographie est une convention. Faut-il en changer ? Non pas, comme on aimerait le faire, mettre en ordre le monde, mais bien exposer les désordres. De manière visuelle. Et que cette exposition soit l’engagement d’une pensée destinée à lever des lièvres plus qu’à relier des pensées éparses.

Certes, le globe est une figure fascinante, totémique. Il porte avec lui l’idée de totalité, mais pourtant le Monde est très fragmenté. Et, surtout, depuis 1969, on ne va plus le voir du dedans. Mais du cosmos. Révolution ! Car la planète bleue paraît tout d’un coup très fragile. D’aucuns y voient le point de départ de nos visions de l’environnement aujourd’hui. Qui insiste sur l’enveloppe atmosphérique, la bulle, les océans….

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L’imaginaire géographique

Compte rendu du Café Géographique du 26 mai 2015 (Paris, Café de Flore)

Intervenant :

Pierre Jourde, écrivain, universitaire, polémiste

Modérateur :

Daniel Oster.

Universitaire, romancier, poète, polémiste, auteur d’un blog sur le site de L’Obs, Pierre Jourde accorde à la géographie, ou plus exactement à l’imaginaire géographique, une place importante dans son œuvre, ainsi qu’en témoignent plusieurs titres de ses ouvrages (par exemple Géographie de Vialatte, de l’Auvergne à la Rhénanie, Champion, 2000). Sa thèse, Géographies imaginaires (José Corti, 1991), tente de déceler la logique des géographies imaginaires principalement mises en scène par quatre œuvres de Gracq, Borges, Michaux et Tolkien.

Pierre Jourde (photo JP Muller/AFP)

Pierre Jourde (photo JP Muller/AFP)

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De banals à branchés, comment changent les commerces des quartiers gentrifiés ?

 Ce mercredi 1er avril, les Cafés Géo de Lyon reçoivent Anne-Cécile Mermet qui, malgré la date, vient nous parler du sujet tout-à-fait sérieux de la gentrification. Actuellement ATER à l’Ecole Normale Supérieure de Lyon et attachée à l’EIREST (Equipe Interdisciplinaire de Recherche Sur le Tourisme), Anne-Cécile Mermet a axé ses recherches de doctorat sur l’évolution du quartier parisien du Marais. Sa thèse (Commerce et patrimoine dans les centres historiques, vers un nouveau type d’espace de consommation), soutenue en 2012, a remporté le premier prix de thèse Mappemonde en 2013.

Anne-Cécile Mermet nous propose ce soir de nous intéresser au processus, maintenant bien connu, de gentrification non pas sous l’angle des habitants et des lieux de résidence mais sous celui, plus inhabituel, des bouleversements vécus par les petits commerces. Le côté « branché » de ces quartiers renouvelés que l’on ne peut manquer d’observer quand on se balade dans le Marais, le Vieux Lille ou certains quartiers de Londres entre autres amène en effet à se poser la question des relations entre gentrification et dynamiques commerciales. Certains types de commerces permettraient-ils d’identifier la gentrification ? Et quels sont les enjeux sous-jacents ?

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Faut-il un grand musée pour être une grande ville ? (vidéo)

Retrouvez en vidéo le café géographique de Reims du 18 février 2015, sur le thème « Faut-il un grand musée pour être une grande ville ? », avec Elsa Vivant, maître de conférences à l’Institut Français d’Urbanisme, LATTS, Université Paris Est.

• Vidéo à visionner sur le site de l’université de Reims :
https://podcast.univ-reims.fr/videos/?video=MEDIA150323114301462

La réforme territoriale, y-a-t-il un territoire idéal ?

Café GEO d’Annecy du 2 avril 2015 avec Frédéric Giraut (Professeur à l’Université de Genève)

Régionalisation et emboîtement des échelles : approche politico-administrative

Le re-découpage régional français -maintenant approuvé- est à mettre en relation, comme partout, avec les phénomènes d’identité (ou de rejet) et de jeu de pouvoirs entre échelons. Quelles sont alors les particularités du système français. Les régions administratives sont des collectivités territoriales avec leurs budgets, leurs compétences et leur conseil ; elles s’inscrivent au sein d’un véritable édifice territorial dans un système historiquement centralisé et se construisent comme une reproduction du système présidentiel,

Petit jeu des spécificités territoriales françaises : que répondent les personnes présentes lorsqu’on leur demande les caractéristiques originales du système français ?

  • Mailles de base très fines et esprit de clocher avec 36.000 communes héritées d’une longue tradition d’encadrement paroissial
  • Il existait un rapport étroit entre une base départementale et un centralisme national, jusqu’à ce qu’on assiste au processus de décentralisation, lequel reconnaît une clause de compétence générale, dans le transfert de compétence qui se traduit par une autonomie généralisée des niveaux les uns par rapport aux autres.
  • L’expression de « mille-feuilles » est employée sur le nombre de niveaux emboîtés

FG : Tout d’abord, il faut souligner que ce n’est pas une spécificité française, loin de là, nos voisins italiens, allemands et espagnols possèdent le même nombre de niveaux administratifs. Cependant, il est vrai que les intercommunalités, par exemple, constituent une structure administrative supplémentaire, alors qu’elles sont issues d’une volonté de regroupement -et donc de simplification. C’est finalement plus une question de compétence, de hiérarchie et de subsidiarité que de nombre de niveaux.

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Comment lire les territoires de l’eau en France : « une approche géEAUgraphique »

Stéphane GHIOTTI, Chercheur CNRS en géographie (Art-Dev, Université Paul Valéry Montpellier)
Café-géo de Montpellier du mardi 07 octobre 2014

* Qu’est-ce que l’eau?
Une divinité ? Une simple équation ?Une composante physico chimique ?Une force hydraulique ?Un élément qui tisse des liens entre les sociétés et les hommes ?

Au milieu du XIXème siècle, vision qui va réduire l’eau à sa composante physico chimique HO2==> eau moderne, et dans toutes ses fonctions (le transport, le refroidissement, l’eau potable) une eau qui est mesurable, objectivable, a-territoriale , a-historique.

L’eau est un objet hybride, à la fois une matérialité, mais aussi construction sociale autour de cette matérialité ; les usages, les modes de gestion relèvent de ces matérialités, de notre compréhension de celles-ci (connaissance de la ressource et du cycle de l’eau) ; elle est appropriée, elle est gérée, variant dans le temps et l’espace : elle ne se réduit pas à sa seule composition chimique, elle est facteur de lien entre sociétés et les hommes.

Au XIXème siècle, on apprend à lire le monde en parcourant les pages des abécédaires géographiques : nous allons utiliser ce procédé pour comprendre le fonctionnement et les enjeux des territoires de l’eau.

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