Le dessin du géographe n° 81 . Les dessins en excursion géographique

Les excursions de géo sont en partie passées de mode. Jacques Lévy les avait critiquées dès les années 70 en contestant leur caractère « scientifique ». Mais elles continuent toutefois à être pratiquées et Roland Courtot témoigne ici de celles de la Commission de rurale (Thessalie, Grèce 2001). Le dessin d’excursion est réalisé à la hâte, lors d’un arrêt du groupe, au moment d’une explication. Difficulté supplémentaire : rendre compte de ce qu’on voit mais aussi de ce qu’on entend. Le dessin est aussi la traduction d’un discours. Le pastel et l’aquarelle demandent un peu de temps , dont on ne dispose pas toujours si on suit les commentaires des présentateurs. Il reste le rapide dessin  au crayon, au roller, au stylo à bille, ou mieux au stylo tubulaire à encre de Chine qui permet, comme le bon vieux stylo à encre d’autrefois, de produire des traits  au kilomètre tant que le réservoir n’est pas vide. Et cela avec une encre indélébile qui supportera les lavis et aquarelles si on veut passer ensuite à la couleur.. La plume et l’encrier ne sont pas recommandables dans ce cas, même si notre collègue Pierre Deffontaines s’est rendu célèbre dans le croquis aérien en utilisant les cure-dents du service à bord des avions (en bois ou en plume d’oiseau) et son fidèle encrier d’encre de Chine (gare aux  taches !) lorsque l’occasion lui en était donnée (à une époque où les avions de ligne volaient à des altitudes plus basse qu’aujourd’hui): ses publications ont été souvent illustrées par des dessins au trait tout à fait caractéristiques de cette curieuse technique.

Le dessin d’excursion peut aussi changer d’échelle. Il vise à rendre compte d’un détail technique, mieux que la photo parce qu’il privilégie ce qu’il veut montrer. Ainsi le dessin du système de lavage des tapis et drapage des tissus, ou de serrage de leur trame. C’est ce que le dialecte local appelle dristela. On le verra ci-dessous (Thessalie, 2001)

Enfin le dessin d’excursion peut rendre compte sur un mode humoristique ou caricatural d’anecdotes du voyage. Certains de ces dessins sont destinés à ne pas sortir du carnet. Ils témoignent du rôle social des excursions pour la communauté géographique. (suite…)

Le dessin du géographe n°80. Tour d’horizon de Franz Schrader

Franz Schrader (1844-1924) fut à la fois un géographe très attaché à la cartographie et un bon peintre de montagne. Sa carrière a été marquée par des reconnaissances systématiques sur la chaîne des Pyrénées, mais aussi un travail magistral de cartographie pour la Géographie Universelle d’Elisée Reclus, son cousin, pour l’Atlas Universel Hachette comme pour les guides Joanne. Soucieux d’un enseignement rigoureux, il a publié une série de manuels scolaires bien illustrés, rédigés en association avec Louis Gallouedec. Son engagement pour une approche directe de la montagne l’a conduit à la présidence du Club Alpin Français entre 1901 et 1904. Cet itinéraire en marge des enjeux universitaires lui a permis de développer une approche originale d’analyse des paysages à travers les outils du dessin et de la carte.

L’approche esthétique de la montagne est exprimée dans son discours au Club Alpin en 1897, « à quoi tient la beauté des montagnes », mais aussi à travers ses multiples dessins et aquarelles qui représentent les grands paysages des Pyrénées mais aussi des Alpes, ou encore des côtes françaises. Dans la rubrique, le dessin du géographe N°9, J-M. Pinet a évoqué cette recherche d’une vision exacte du paysage dans une ambiance plutôt romantique avec l’image majestueuse du Pic du Vignemale.

 

L’approche du géographe s’est doublée d’une recherche de cartographie exacte de la montagne.

Les tours d’horizon réalisés par Franz Schrader dans les Pyrénées aragonaises et catalanes allient une vision précise et construite à un regard esthétique du paysage. Une série de 24 feuilles a été tracée dans les Pyrénées aragonaises et catalanes, sur le versant espagnol de la chaîne où ce géographe a mené de nombreuses ascensions d’exploration et de cartographie entre 1873 et 1898.

 

Il s’agit de panoramas organisés sur un horizon circulaire. Ces dessins ont été exécutés à partir d’un point culminant offrant une vue dégagée sur les vallées et les sommets environnants.  Le paysage se déroule à 360°. Chaque élément est placé à sa distance relative et dans son azimut.

Fig. 1 : Panorama circulaire du Pic de Malibierne relevé le 23 aout 1878 Frantz Schrader. Feuille XIII

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Et au bout, il y a Paris

 

Sur la route nationale 7, quelque part dans la Nièvre (Cliché : Pierre-Louis Ballot, 08 mars 2018)

 

Jeudi 08 mars 2018. Sur la RN7, quelque part dans la Nièvre. Fin d’une nouvelle journée de terrain.

Sur le chemin du retour, je ne peux m’empêcher d’effectuer un arrêt pour photographier la perspective offerte par la route ainsi que le paysage, auquel le jour déclinant donne des couleurs très particulières. Et puis, cela ne fait jamais de mal d’oublier pour un instant les prises de vue destinées à illustrer des aspects du travail de thèse.

 

Il faut dire aussi qu’en ce jeudi 08 mars, je parcours l’une des portions de la RN7 que je préfère.

La Nièvre… ses paysages, ses communes, ses panoramas… autant d’aspects qui éveillent en moi de multiples émotions, de la simple curiosité à une nostalgie exacerbée.

Mais c’est aussi parce que Paris n’est plus si loin. Paris, que j’aime tant arpenter.

 

Le tracé de la Nationale 7. Source: Les Echos Série Limitée

 

Lorsque l’on évoque la RN7, il est souvent question de sa destination, la Côte d’Azur. On se souvient alors des milliers de touristes qui, l’été, au cours des années 1950 et 1960, se lançaient à son assaut à bord de leurs automobiles.

Paris constitue le point de départ de cette route, à partir duquel on s’élance à travers une partie de la France, qui nous offre bien souvent les plus belles émotions géographiques qui puissent exister.

Mais, parfois, selon le sens et le motif du trajet, c’est Paris qui devient la destination de la RN7.

Quand on est sur la route, plus que l’arrivée, c’est le trajet qui constitue souvent le moment le plus enivrant. Sentir qu’on approche d’un lieu qu’on aime, où il nous tarde de se trouver…

Alors, quand je roule sur la RN7 en direction de Paris, arrive toujours ce moment où je sens que j’en approche. Et pour moi, sans que je ne sache réellement pourquoi, c’est dans la Nièvre que naît ce ressenti. L’impression d’éloignement fait soudain place à une impression de proximité.

 

Ce jeudi 08 mars, c’est la limite départementale avec le Loiret qui aura constitué ma « destination ». C’est toujours un peu frustrant de rouler vers Paris mais de savoir que je n’irai pas.

Ce jeudi 08 mars, sur ce chemin du retour, c’est Nevers qui allait constituer ma destination, avant de rentrer à Grenoble le lendemain.

Ce jeudi 08 mars, au moment où cette photo a été prise, la déraison aurait pu être plus forte que la raison. Et j’aurais pu ainsi faire demi-tour, parcourir cette ligne droite, traverser le Loiret, la Seine-et-Marne, l’Essonne… et arriver jusqu’à Paris.

 

Oui, au bout de la RN7, il y a Paris, et je crois bien que c’est l’une des choses que j’affectionne le plus sur cette route mythique.

 

 

Pierre-Louis Ballot, mai 2020.

 

Jean RIEUCAU et Mohamed SOUISSI (sous la direction de), Les lieux symboliques complexes au Maghreb et au Machrek, L’Harmattan, 2020.

 

Pour éclairer le futur lecteur, il faut sans doute préciser ce qui se cache derrière le titre de cet ouvrage collectif, réalisé après un colloque tenu à Sfax en 2018. Des deux grands ensembles géographiques du monde arabo-musulman, le Maghreb a la part belle puisqu’un seul article concerne le Machrek avec un ensemble d’oasis du désert libyque (on est par contre surpris que la frontière guyano-brésilienne soit le sujet d’une communication). Les lieux sont symboliques par leur caractère religieux, leur longue histoire, leur diversité culturelle et ils sont complexes par leurs nombreuses utilisations successives ou simultanées.

Les lieux étudiés sont qualifiés d’« antimondes » car ne relevant pas des règles sociétales ordinaires ou définis d’ « hétérotopiques » car véhiculant un imaginaire en rupture avec le quotidien. Ils peuvent être des micro-lieux comme une avenue ou un tombeau ou des méga-lieux comme un ensemble d’oasis.

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Le Groenland dans la politique arctique du Danemark

Café Géographique de Saint-Brieuc

12 mars 2020

 

 Benoît Raoulx est géographe, maître de conférences, Habilité à Diriger des Recherches, à l’Université de Caen-Normandie. Spécialiste de l’Europe nordique, ses travaux de recherches en géographie sociale et culturelle portent essentiellement sur l’étude de la marginalité spatiale et la marginalité sociale.

 En guise d’introduction

En août 2019, une nouvelle a fait la une des médias à l’échelle internationale : par un tweet, le président des Etats-Unis, Donald Trump, souhaitait négocier l’achat du Groenland au Danemark. Cette demande incongrue a donné lieu à un florilège de caricatures.

 

Greenland : « I promise no to do this to Greeland » Donald Trump  

Mette Frederiksen, Première Ministre du Danemark a répondu vivement au Président des Etats-Unis « Le Groenland n’appartient pas au Danemark. Le Groenland appartient aux Groenlandais ».

L’intérêt du président des Etats-Unis pour un territoire arctique, le Groenland, a mis en évidence l’importance géopolitique de l’Arctique à l’échelle mondiale. La réponse de Mette Frederiksen est révélatrice des relations entre le Danemark et le Groenland en rappelant la situation particulière du Groenland : si le Groenland dépend de la Couronne du Danemark, il jouit d’une autonomie renforcée.

Benoît Raoulx se propose d’organiser son propos en trois parties : dans un premier temps, souligner les nouveaux enjeux de l’Arctique à l’échelle mondiale ; dans un deuxième temps, rappeler les relations dans le temps long entre le Groenland et le Danemark pour comprendre la place du Danemark en Arctique et dans un troisième temps, rendre compte des évolutions en particulier de la société groenlandaise par une étude à l’échelle locale de la région de Thulé.

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A la recherche du village français

Café Géographique de Saint-Brieuc, le 21 novembre 2019                    

 

Brice Gruet, est maître de conférences à l’Université de Paris Est Créteil. Ses thèmes de recherches concernent la géographie historique et culturelle (le patrimoine sous toutes ses formes). Il est l’auteur de nombreux ouvrages, le plus récent « 100 villages à couper de souffle » a été édité chez Larousse en 2019.

 

La définition du village en France a longtemps été, et elle l’est encore très souvent aujourd’hui, une définition statistique : au-delà de 2 000 habitants dans un habitat contigu, on quitte le rural et le village, on parle d’une ville. Or dans les études rurales, quand on adopte une perspective mondiale, ce découpage est arbitraire car le seuil varie selon le pays. Par ailleurs, ce découpage statistique, s’il est commode, est insuffisant pour comprendre à quelles réalités nous renvoient le ou plutôt les villages français. C’est la raison pour laquelle, Brice Gruet adoptera, ce soir, une approche essentiellement culturelle pour traiter le sujet de ce café géographique « A la recherche du village français ».

Le document choisi en ouverture est l’illustration de la Revue La Géographie (N°1573, 2019) consacré au thème « Ruralités françaises ». Il s’agit d’une vue du village de Saint-Cirq-Lapopie (Lot) que l’on retrouve souvent dans les classements des villages les plus beaux de France. Cette photo qui appartient à une banque d’images internationale (Shutterstock) est révélatrice de l’imaginaire collectif qui nous donne à voir un « vrai » village français. Mais le village français recouvre des réalités bien différentes.

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Téléphériques urbains en France

Mercredi 5 février 2020, Café « Boulang’ et Pâtiss’ », Lyon

Analyse des projets français et mise en perspective internationale    

par Delphine GINEY, docteure en géographie, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Laboratoire LADYSS – UMR 7533 du CNRS, Paris. Séance co-organisée par la Géothèque et l’APHG – Régionale de Lyon, et animée par Martin CHARLET, APHG de Lyon.

Cette première séance de l’année marque la reprise des Cafés géographiques de Lyon, désormais portés par l’engagement de deux associations lyonnaises, la Géothèque et l’APHG, qui souhaitent ainsi maintenir le lien entre l’actualité de la recherche en géographie et le grand public lyonnais.

Pour cette occasion, nous avons le plaisir d’accueillir Delphine GINEY, qui a récemment soutenu une thèse de doctorat sur l’acceptabilité sociale des projets de transport en commun par téléphériques urbains, à l’Université Paris 1, sous la direction du Pr. Pierre PECH. Il s’agit d’une thèse au format peu commun, puisqu’elle s’est inscrite dans le cadre d’un partenariat industriel en R&D (programme I2TC, comprenant notamment le transporteur Poma, le constructeur Eiffage, la recherche appliquée de l’Ecole centrale et la RATP) pour développer cette technologie en milieu urbain. On parlera bien ici d’un mode de transport qui n’est pas à finalité touristique, mais bien à considérer comme une solution de transport en commun à part entière. En cela, il s’agit d’une solution nouvelle, puisqu’elle n’existait pas dans les villes françaises avant 2016 avec la première réalisation de ce type, à Brest.

 

Aspects techniques et émergence de ce mode de transport

La notion de transport par câble recouvre des solutions techniques très variées (nombre de câbles, répartition câbles tracteurs / câbles porteurs, etc.), mais son principe est simple et très ancien : l’idée est visible en Chine dès -250 av. JC, mais elle se développe surtout à partir de la révolution industrielle avec les câbles en acier. Réservée d’abord au transport de matériaux, elle s’ouvre au transport de personnes à la fin du XIXe siècle, d’abord au sol (funiculaires tractés), puis en mode aérien lors des expositions universelles en 1900, avant des réalisations majeures, principalement touristiques (ex : Aiguille du Midi, 1924 ; Grenoble en 1934) ; elle se généralise avec les sports d’hiver.

Pourquoi cependant une réorientation récente vers le contexte urbain ? On constate d’abord une saturation du marché des sports d’hiver, ce qui pousse les constructeurs à se tourner vers un nouveau marché. Le contexte du Grenelle de l’environnement a pu également jouer : ce mode de transport a été promu pour son aspect peu coûteux, peu impactant (faibles infrastructures au sol) et très pratique pour surmonter les coupures urbaines (ex : autoroutes, trémies de chemin de fer). Il a d’ailleurs bénéficié d’un portage politique depuis lors (Ségolène Royal au Ministère de l’environnement, Valérie Pécresse en Île-de-France) et a bénéficié de la levée récente d’un verrou réglementaire qui interdisait, jusqu’en 2016, le survol des habitations privées.

En termes de capacité et de vitesse, le transport aérien par câble est équivalent à un tramway, soit environ 5000 passagers par heure. Mais la nouveauté de ce mode de transport pose d’autres questions : quel accueil par les citadins ? Quelle insertion en milieu urbain dense ? Quelle capacité à être intégré à l’offre de TC habituelle ? En France, on n’a pas l’habitude du transport aérien en ville, si ce n’est dans le cas du métro aérien de Paris. Ce dernier résulte d’une contrainte technique avant tout – des problèmes de forage – et non d’un choix. Par contre, l’idée d’un transport aérien nourrit des imaginaires urbains fertiles (ex : dirigeables, engins volants dans les villes), surtout dans le registre de la science-fiction.

Dans l’absolu, il y a peu d’exemples de transport par câble en ville jusqu’à présent, sauf en Géorgie (Tbilissi, Chiatura : 10 lignes), en Algérie (Alger : 6 lignes), un peu en Russie… et un essor très récent en Amérique du Sud (2004 pour le premier à Medellin, Colombie). En France, on ne compte qu’une seule réalisation (Brest), mais beaucoup de projets, notamment en Île-de-France, sinon à Toulouse ou bien à Saint-Denis de la Réunion. (suite…)

Où va l’Europe de l’Est ? Par Jacques Rupnik

Notes prises à la conférence des cafés géopolitiques du 9 mars 2020.

 

De gauche à droite, Henry Jacolin, Jacques Rupnik et Michel Sivignon, au Café de la Mairie (Paris 3ème), lundi 9 mars 2020 (Photo de Jean-Pierre Némirowsky).

 

Une conférence remarquable par la qualité de l’information et par l’aisance pédagogique de Jacques Rupnik. Une des meilleures des cafés géopolitiques.

Jacques Rupnik, historien et politologue, est né à Prague. Il est titulaire d’un doctorat de l’Université Paris 1 en histoire des relations internationales et diplômé de russe à l’INALCO. Professeur à Sciences Po, il est directeur de recherches au CERI (Centre d’Etudes et de Recherches Internationales) Il a été conseiller du président de la République tchèque Vaclav Havel.

Ses derniers ouvrages parus :

Géopolitique de la démocratisation : l’Europe et ses voisinages. Presses de Sciences Po, 2014

L’Europe des Vingt Cinq. 25 cartes pour un jeu complexe (avec Chr. Lequesne), Autrement, 2004

Les Européens face à l’élargissement : perceptions, acteurs, enjeux.
Presses de Sciences-Po 2004

 

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Le dessin du géographe n°79. Dessins d’exode

 

Couverture de l’ouvrage reprenant un dessin de Régine Laurenson : l’exode sur la route de Paris à Fontainebleau (Seine et Marne), 13 juin 1940.

     

Les éditions Taillandier ont publié en 2003 un remarquable ouvrage intitulé « Dessins d’exode » (142 p., 29 euros). Cet ouvrage centré sur les dessins des élèves, est accompagné de textes très éclairants de Yves Gaulupeau, Directeur du Musée National de l’Education à Rouen, et d’Antoine Prost, comme lui historien.

La couverture reproduit un dessin de Régine Laurenson intitulé « L’exode sur la route de Paris à Fontainebleau (Seine et Marne) 13 Juin 1940 ». C’est un recueil de dessins tout-à-fait inhabituels réalisés par des élèves d’une classe féminine de primaire supérieur dans la période 1936-1940, sous l’égide de leur professeur de dessin, qui était en même temps un peintre de grande qualité, Adrienne Jouclard.

Les élèves de primaire supérieur suivaient une formation de type professionnel : il s’agissait en particulier des métiers de la couture. Pourtant ce livre nous offre tout autre chose : Adrienne Jouclard  a incité ses élèves à dessiner des épisodes vécus par elles. De ce point de vue, Yves Gaulupeau souligne dans une introduction la différence avec les dessins correspondants de la guerre de 14-18 : ces derniers sont imaginés par les élèves à partir de récits des « poilus ». Ceux de notre période ont pour base le vécu personnel des jeunes élèves.

A cette occasion, un texte d’Antoine Prost éclaire utilement les conditions de cette production artistique.  Si l’on possède un nombre considérable de témoignages sur le vécu de la Première Guerre Mondiale, ceux de la Seconde sont concentrés sur l’Occupation, la Shoah, la Libération. L’effondrement de mai 40, traumatisme majeur de la nation, est passé sous silence. Aucun peuple ne fête volontiers ses défaites. On sera sans doute surpris de trouver l’évocation très patriotique du 11 Novembre 1936. Antoine Prost souligne que, contrairement au discours contemporain, on observe après 1938 une recrudescence du patriotisme, à partir du moment où la société française se convainc que la guerre est inévitable. Ces dessins sont ainsi l’occasion de remettre en cause un récit historique convenu.

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La crise sanitaire du coronavirus est aussi une crise écologique

 

C’est « la plus grave crise sanitaire » que la France affronte depuis un siècle. Cette crise, de dimension mondiale, n’est pas seulement sanitaire, elle est également économique et financière, et son volet politique ne saurait être négligé avec ses replis nationaux et l’absence d’une véritable coordination globale. Pour les spécialistes qui réfléchissent aux liens entre la biodiversité et la santé, derrière la crise du coronavirus, il y a, à l’évidence, une crise écologique qui est en rapport avec l’anthropisation croissante de la planète et la globalisation des échanges.

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