Hommage à Samuel Paty, professeur d’Histoire et de Géographie

M. Samuel Paty, professeur d’Histoire et de Géographie, a été assassiné vendredi 16 octobre pour avoir fait son travail d’enseignant. Face à cet acte épouvantable qui nous plonge dans l’effroi, nous souhaitons saluer la mémoire de notre collègue. Nous adressons nos sincères condoléances à sa famille, à ses proches et à la communauté éducative de son établissement.

Notre association renouvelle son attachement à la liberté d’expression qui fait partie de ses valeurs fondamentales.

Nous ne reculerons pas !

Vous trouverez ci-dessous le lien vers le texte publié sur le site de l’APHG avec le soutien des associations:
https://www.aphg.fr/Nous-sommes-professeurs-d-histoire-geographie

 

Les Cafés Géographiques, le 19 octobre 2020

Café géo de Chambéry-Annecy : pourquoi votre soutien régulier nous est-il si précieux ? 

L’association prend en charge les frais de transport de ses invité·es et le cas échéant leurs frais d’hébergement. Entre 2015 et 2023, le coût médian d’un Café était de 60 € et le coût moyen de 80 € (avec un coût minimum autour de 20 € et un coût maximum de plusieurs centaines d’euros). Ce coût est principalement fonction de la provenance de nos invité·es, ce qui n’est pas anodin pour une association située dans une ville universitaire de taille modeste. Entre 2015 et 2023, le vivier local (Annecy, Chambéry, Grenoble) n’a alimenté que 21 % des 58 Cafés géo que nous avons organisés tandis que que la majorité de nos invité·es provenait des universités parisiennes et franciliennes (34 %), suivi·es de collègues lyonnais·es (28 %), de géographes d’autres régions françaises (10 %) comme Limoges, Montpellier, Bordeaux ou Strasbourg, et enfin de voisin·es suisses (7 %).

Nos recettes proviennent des adhésions ainsi que des dons qui peuvent nous être faits par des particuliers comme par des entreprises. La crise sanitaire a porté un coup dur à nos finances : la diminution du nombre de Cafés (3 annulations sur 9 en 2019-2020, un unique Café en 2020-2021 et seulement 5 en 2021-2022, contre une moyenne supérieure à 7 auparavant) a entraîné la baisse des adhésions et des dons, faisant progressivement fondre nos réserves. Plus que jamais, votre soutien est donc précieux !

Alain CORBIN, Terra Incognita. Une histoire de l’ignorance. XVIIIe-XIXe siècle, Albin Michel, Paris, 2020.

Une fois de plus Alain Corbin nous surprend et nous séduit par l’originalité de sa démarche historique. Sur ce que nos ancêtres savaient de la Terre (nous parlerions aujourd’hui de sciences de la Terre, mais aussi de météorologie, d’océanographie, de glaciologie…), il ne fait pas une présentation des connaissances progressivement acquises. Il étudie ce qu’on en ignorait (par rapport à nos connaissances actuelles) et ce que cette ignorance impliquait dans le regard qu’on portait sur le monde. L’historien, plus que tout autre, doit se méfier du péché d’anachronisme. Alors qu’aujourd’hui nos contemporains les moins curieux sont familiers des nombreuses images de la Terre que nous envoient les satellites, les documentaires sous-marins et les bulletins météo, comment imaginer la perception du monde d’un paysan des plaines qui n’avait jamais vu un rivage ni un massif montagneux en réalité ou en image.

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Dessin du géographe n°83 : Le dessin du géographe au Festival international de Géographie 2020 de Saint-Dié-des-Vosges

Photo R. Courtot

Quelques visiteurs attentifs devant « les dix ans du dessin du géographe »

 

Photo R. Courtot

Le Portugal, initialement prévu comme pays invité puis déclaré forfait, était quand même présent par quelques dessins de Pierre Deffontaines, Roland Courtot et Simon Estrangin (de gauche à droite)

 

L’exposition des dessins du géographe s’est tenue à l’étage de la librairie Le Neuf * (5 quai Leclerc, 88100 Saint-Dié-des-Vosges) lors du FIG 2020 (2-4 octobre).  Elle présentait une cinquantaine de dessins de géographes qui célébraient les 10 ans de la rubrique présente sur le site de l’Association des Cafés Géographiques, avec également des dessins sur le thème du climat(s) et du Portugal.

Les visiteurs n’ont pas été nombreux, mais la salle a été rarement vide, et le calme permettait d’engager la conversation avec des personnes qui se sont montrées très intéressées : géographes et plus généralement figures du monde universitaire (climatologie, sociologie, arts plastiques…), membres de l’association des cafés géo, professeurs d’histoire-géographie dans le secondaire (dont certains pratiquaient le dessin sur le terrain avec leurs élèves), professeur des écoles, étudiants en urbanisme et en cartographie, mais aussi journalistes (Libération, Radio France Internationale), et  un public varié qui a beaucoup apprécié cette exposition, pour certaines images qui sont belles, d’autres drôles… L’exposition a été aussi l’occasion de discuter avec des géographes qui dessinent et le contact a ainsi été pris pour nourrir sans doute la rubrique de prochains articles qui s’annoncent passionnants.

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Une géographe au Festival International de Géographie de Saint-Dié-des-Vosges (édition 2020)

La ville de Saint-Dié-des -Vosges pendant le FIG. https://www.fig.saint-die-des-vosges.fr/  

 

En cette année de pandémie un certain nombre d’évènements ont été purement et simplement annulés. Mais le FIG de Saint-Dié-des-Vosges a fait de la résistance et mérite un grand coup de chapeau !

Certes, sur les deux thèmes prévus, un seul a survécu, le pays invité (le Portugal) ayant disparu de l’affiche. Au départ, la thématique de cette 31ème édition est consacrée au(x) climat(s). A l’arrivée, la Covid-19 s’est largement invitée dans le débat.

Les cieux étaient maussades, mais cela n’a pas dissuadé les intervenants de maintenir leur venue dans les Vosges et de faire des prestations souvent de grande qualité. Ci-dessous sont résumées les interventions que j’ai pu suivre à titre personnel.

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La crise sanitaire du coronavirus, un fait éminemment géographique

La propagation du virus sur le globe © Andriy Onufriyenko / Coll. Moment – Getty

 

Dès le début de la pandémie de Covid-19, nous avons eu la conviction que la crise sanitaire actuelle représentait un fait éminemment géographique. Aussi en avons-nous rendu compte dans quelques articles publiés en mars dernier sur le site des Cafés géographiques : Réflexions géographiques sur la Chine et le coronavirus (7 mars 2020), L’efficacité de la gestion de crise du coronavirus dépend-elle du régime politique ? (18 mars 2020), La crise sanitaire du coronavirus est aussi une crise écologique (25 mars 2020). (suite…)

Les Cafés Géographiques soutiennent la création du prix du livre de géographie

Création du Prix du Livre de Géographie des lycéens et étudiants de CPGE.
En 2020 a été créé le Prix lycéen du Livre d’Histoire, magnifique initiative qui a largement inspiré la création du Prix du Livre de Géographie des lycéens et étudiants de CPGE (Classes Préparatoires aux Grandes Écoles). Pour le Prix du Livre de Géographie des lycéens et étudiants de CPGE, un comité de sélection composé à parité d’enseignants dans le Secondaire, en CPGE et à l’Université, choisit les ouvrages en compétition.

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Une belle histoire de route dans les Ardennes

Le beau texte d’Amar Ounissi qui suit a été lu par son auteur devant les participants d’un voyage dans les Ardennes qui a eu lieu du 4 au 6 septembre 2020. Ce voyage a été organisé et préparé par Maryse Verfaillie, Marc Béteille et Michel Degré pour les adhérents de l’Association des Cafés Géographiques.

 

Le site de Revin, l’emplacement de « Passerelle théâtre » dont Amar Ounissi est le directeur. Source: https://www.gralon.net/mairies-france/ardennes/association-passerelle-theatre-revin_W081002113.htm

 

Et si je n’avais pas traversé la route ?

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Nouzonville, Ardennes – Une petite page d’histoire familiale ou quand la petite histoire rejoint la grande

Nouzonville est une localité d’environ 5 800 habitants. Elle s’appelait Nouzon jusqu’en 1921. Le changement de nom avait pour but d’éviter une confusion avec un autre village des Ardennes, Mouzon. Il avait été envisagé de l’appeler Nouzon-les-Forges en raison de ses industries. Une enclume et un marteau figurent d’ailleurs sur le blason de la ville. Mais en 1914, elle comptait 7500 habitants.

Mon arrière-grand-père, Emile Delorme, y avait, en 1912, trouvé un emploi comme comptable dans une de ces forges. Auparavant, il était comptable dans une petite entreprise à Hirson, tout au nord du département de l’Aisne. Lors d’un conflit social, lui qui tenait les comptes de l’entreprise, avait fait valoir que le patron aurait pu répondre favorablement aux revendications du personnel, et il avait été licencié.

Sa fille aînée, ma grand-mère Emilie, née en 1890, était institutrice à Hirson. Elle avait été très bonne élève à l’École Normale de Laon, mais ses parents l’avaient dissuadée de se présenter à Fontenay : « Ce n’est pas pour nous ». En septembre 1912, elle s’était mariée à mon grand-père, Edmond Morbois, né en 1887, instituteur lui aussi.

Lorsqu’Edmond fut mobilisé en août 1914, elle était enceinte de quelques semaines. La région étant envahie par les allemands, elle fut séparée par la ligne de front de son mari qu’elle ne devait revoir que fin 1918.

Elle vint donc s’établir à Nouzon, auprès de ses parents. Emile Delorme, dont on a vu plus haut quel était son caractère, refusant de travailler pour les Allemands, avait quitté son emploi pour vivre, avec sa femme et trois enfants encore jeunes, du salaire de ses deux filles aînées, institutrices, et des légumes de son jardin qu’il cultivait avec le plus grand soin. Au moment des récoltes (en particulier celle des pommes de terre) il organisait un service de surveillance de nuit. Ma grand-mère et sa jeune sœur montaient la garde de 21 h à minuit et lui prenait la suite jusqu’au matin. Mais la présence des deux sœurs qui, peureusement, restaient blotties au pied de la maison n’empêchait pas toujours la disparition de quelques précieux pieds, ce qui leur valait des reproches véhéments du maître de maison.

Ma grand-mère était donc institutrice à Nouzon. Elle avait 80 élèves dans sa classe. Elle devait être bonne pédagogue car, à Pâques, les trois quarts d’entre eux savaient lire.

C’est ici que le frère aîné de mon père, mon oncle André, est né le 9 avril 1915. C’était un enfant chétif, malingre, souffrant de la malnutrition, tant étaient grandes les pénuries, et précaires les conditions d’existence. Il n’y avait pas de lait. Pour s’en faire attribuer une ration supplémentaire, on avait conduit la plus jeune sœur de ma grand-mère, la petite Marguerite, âgée de cinq ans, chez le médecin. Elle racontait qu’à sa grande honte, on l’avait juchée, toute nue, sur une balance. Elle n’était pas bien grosse, elle non plus, et avait ainsi mérité cette ration qui devait aider son neveu à vivre. Le petit André vécut, malgré les privations, malgré les maladies. Un docteur allemand, le médecin des enfants du Kronprinz, qui séjournait dans un château près de Charleville, lui avait, à l’occasion d’une d’entre elles, sauvé la vie. A trois ans, pourtant, il marchait à peine. Quant à ma grand-mère, à moins de 30 ans, elle avait perdu toutes ses dents, et portait un dentier complet.

En 1914, envahissant la Belgique sans déclaration de guerre et le nord de la France, les troupes allemandes avaient fait montre d’une extrême brutalité. L’armée impériale voulait terroriser la population des régions envahies pour annihiler toute velléité de résistance, même passive, d’où des réquisitions brutales, des fouilles, des incendies de maisons, des exécutions sommaires… Ainsi dans les Ardennes, le village de Gué-d’Hossus avait été brûlé. 800 maisons avaient été incendiées dans la vieille ville de Rethel. Mais selon ma grand-mère, les troupes d’occupation à Nouzon étaient des soldats plutôt âgés, bon enfant, surtout préoccupés d’envoyer en Allemagne ce qui pouvait manquer à leur famille.

Le sergent fourrier Edmond Morbois est revenu de la guerre, il a retrouvé sa femme et fait la connaissance de son petit garçon. De leurs retrouvailles est né mon papa, en 1921. Mes grands-parents maternels se sont quant à eux mariés lorsque mon grand-père est revenu de trois ans de captivité en Allemagne, et ma maman est née en 1920. Que mes quatre grands-parents aient survécu à la première guerre mondiale, et mes parents à la deuxième (en dépit de leurs activités de résistance) fait donc de moi, d’une certaine façon, un rescapé de ces deux conflits.

 

Jean-Pierre Morbois, septembre 2020

 

Note de Daniel Oster :

Ce texte a été rédigé à l’occasion d’un voyage dans les Ardennes (du 4 au 6 septembre 2020) organisé et préparé par Maryse Verfaillie, Marc Béteille et Michel Degré pour les adhérents de l’association des Cafés Géographiques. Le thème de ce voyage « Ardennes, terres de contacts » trouve toute son illustration dans le beau texte de Jean-Pierre Morbois : à Nouzonville, les contacts ont réuni ou opposé des populations, des armées, des territoires, des productions… dans cette Ardenne française, région frontalière meurtrie par plusieurs conflits européens et aujourd’hui bien reliée à l’espace européen, ce qui lui laisse quelque chance de surmonter la grave crise industrielle qui l’accable douloureusement.

« L’ardennitude existe-t-elle ? »

Sont présentés ici des extraits de textes d’auteurs ardennais des vallées de la Meuse et de la Semoy.

Ainsi que deux témoignages publiés dans leur intégralité.

Un beau samedi de septembre, chemin faisant, le long,

Francine Béteille Brisson et Michel Degré ont donné lecture d’extraits choisis de ces auteurs locaux.

Ces textes ont aidé les « voyageurs » à mieux voir et explorer l’espace et le temps.

Textes choisis par Michel Degré et Francine Brisson Béteille

Illustrations à partir des œuvres de Simon C. Peintre de l’Ardenne

L’ardennitude existe-t-elle ?

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