Les forêts grecques aujourd’hui et leur devenir

Café cartographique « Les forêts grecques aujourd’hui et leur devenir », avec pour invité Michel Sivignon, 8 octobre 2010, 19h30, au Kiss Bar, St-Dié-des-Vosges.

Introduits par Jasmine Salachas, deux cafés cartographiques autour des incendies de forêts se déroulent en cette soirée du vendredi 8 octobre à St-Dié-des-Vosges. Le premier concerne les incendies en Grèce à l’été 2009[1]. Le second, animé par le géographe Jean Radvanyi, aborde une actualité très brûlante à travers les incendies de forêts en Russie à l’été 2010 (en écho au café géo de Paris quelques jours plus tôt). « De l’imaginaire à la réalité… Grèce, Russie : un état des lieux » va être au cœur de ces deux cafés cartographiques qui vont entraîner le public du Festival international de géographie dans des décors forestiers très différents.

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Les Balkans dans ou devant l’Europe

Plus de vingt ans après les premiers affrontements au Kosovo à la fin de l’année 1988, et le début d’une grève générale des Albanais qui amena l’intervention de l’armée nationale yougoslave (JNA), le Kosovo est devenu indépendant en 2008 et les principales puissances de la communauté internationale ont reconnu cette indépendance. Peut-on dire pour autant que tout est réglé dans les Balkans ? Sûrement pas. Du moins peut-on tenter un bilan des vingt ans d’affrontements et de la plus sérieuse crise qu’ait connu l’Europe depuis 1945.

Plus modestement il s’agit de faire le point sur un conflit dont personne n’aurait pu imaginer la violence, les géographes pas plus que les autres. Ce serait un exercice cruel que de recenser ce que des plumes autorisées ont écrit sur le sujet, avant que les événements tragiques ne se déclenchent. On ne prévoit bien qu’après coup.

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Archives – Le dessin du géographe

Retrouvez ici la liste de tous les articles de la rubrique Le Dessin du Géographe.

Dessin du géographe n°85 : 200e anniversaire de la Révolution grecque du 25 mars 1821. Les aquarelles et dessins du capitaine Peytier, Michel Sivignon, 18 mars 2021

Dessin du géographe n°84 : Un confinement normand, Charles Le Coeur, janvier 2021

Dessin du géographe n°83 : Le dessin du géographe au Festival international de Géographie 2020 de Saint-Dié-des-Vosges, Simon Estrangin, Roland Courtot

Dessin du géographe n°82 : Le dessinateur et le photographe : la photographie comme agression, Roland Courtot, Simon Estrangin et Michel Sivignon, 18 août 2020

Dessin du géographe n°81 : Les dessins en excursion géographique, Roland Courtot et Michel Sivignon, 30 juin 2020

Dessin du géographe n°80 : Tour d’horizon de Franz Schrader, Charles Le Coeur, 13 juin 2020

Dessin du géographe n°79 : Dessins d’exode, Roland Courtot et Michel Sivignon, 17 mars 2020

Dessin du géographe n°78 : Christian GRATALOUP, caricaturiste d’Espaces Temps, Michel Sivignon, 26 février 2020

Dessin du géographe n°77 : Maroc Le dessin colonial de Théophile Jean DELAYE, Michel Sivignon et Jean-François Troin, 7 décembre 2019

Dessin du géographe n°76 : A la recherche du paysage beauceron, Jean Pilleboue et Michel Sivignon, 21 novembre 2019

Dessin du géographe n°75 :  Guillaume Lejean, voyageur, géographe et dessinateur, Marie-Thérèse Lorrain et Michel Sivignon, 8 décembre 2018

Dessin du géographe n°74 : La carte de Géographie comme premier apprentissage, Roland Courtot,1er octobre 2018

Dessin du géographe n°73 : Quelques dessins de Jean-Pierre Allix, peintre et géographe (1927-2013), Stéphane Allix, Michel Sivignon, 1er septembre 2018

Dessin du géographe n°72 : En passant par la Lauzière, géographes au dessin, Charles Le Coeur, Roland Courtot, 1er juillet 2018

Dessin du géographe n°71 : Le trait et la lettre dans les carnets d’Afrique de Christian Seignobos, Michel Sivignon, 2 mai 2018

Dessin du géographe n°70 : Vues de côtes : le panorama au service des marins, Roland Courtot, 21 avril 2018

Dessin du géographe n°69 : Carnets d’une Géographe sur les chemins d’Arménie, 1997-2017, Françoise Ardillier-Carras, 4 février 2018

Dessin du géographe n°68 : Contribution au souvenir du centenaire de la Première Guerre Mondiale 1917-2017 : la bataille de Monastir (Macédoine), Michel Sivignon, 22 octobre 2017

Dessin du géographe n°67 : Le héron : petite disputatio sur l’image géographique et l’art, Roland Courtot, Simon Estrangin, 29 août 2017

Dessin du géographe n°66 : L’atlas de Beautemps-Beaupré et les vues de côtes de l’expédition Bruny d’Entrecasteaux, Roland Courtot,14 juillet 2017

Dessin du géographe n°65 : Un dessin systémique dans la géographie de Anton van der Wyngaerde : Zahara des thons, Roland Courtot, 1er juin 2017

Dessin du géographe n°64 : Géographie et pédagogie dans les préaux des écoles, Roland Courtor, 1er mai 2017

Dessin du géographe n°63 : Quelques croquis d’excursions géographiques au début du 19ème siècle, Charles Le Coeur,  23 décembre 2016

Dessin du géographe n°62 : Croquis d’Albert Demangeon en Limousin (1906-1911), Denis Wolff, 18 novembre 2016

Dessin du géographe n°61 : Un géomorphologue sur le terrain aujourd’hui: des tors et des paléo piétinements, Hervé Regnauld, 8 mai 2016

Dessin du géographe n°60 : Latins et Germains par Kupka, dans « L’homme et la terre » d’Elisée Reclus, Michel Sivignon, 25 avril 2016

Dessin du géographe n°59 : Un carnet de voyage de Maurice Zimmermann en Tunisie (avril 1909), Pascal Clerc, 17 novembre 2015

Dessin du géographe n°58 Pierre Bonnet, géologue et géographe en Transcaucasie, 1909-1914, Françoise Ardillier-Carras, 4 novembre 2015

Dessin du géographe n°57 : L’enfant et la guerre : Dessin d’enfants bosniens représentant les combats (1991-1995), Bénédicte Tratnjek, 21 octobre 2015

Dessin du géographe n°56 : Carnet de voyage dans les îles Gotô (juillet 2009), Philippe Pelletier, 14 septembre 2015

Dessin du géographe n°55 : Viollet le Duc Géographe des montagnes, Roland Courtot, 3 mai 2014

Dessin du géographe n°54 : La carte et le dessin : exemple de la mission saharienne Foureau-Lamy, Charles Le Coeur, 24 février 2015

Dessin du géographe n°53 : Une vallée balkanique d’après Jovan Cvijic, Roland Courtot, Michel Sivignon, 22 janvier 2015

Dessin du géographe n°52 : Les blocs-diagramme dans l’interprétation géomorphologique des paysages : l’exemple du Grand Canyon du Verdon, Jean Nicod, 19 décembre 2014

Dessin du géographe n°51 : Esquisse de paysage par Albrecht Dürer,  Charles Le Cœur, 30 novembre 2014

Dessin du géographe n°50 : Schéma morphologique express : le Daghestan, Jean Nicod, 1 septembre 2014

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La Grèce, pas si balkanique que ça (décembre 2008)

Les quartiers centraux des grandes villes grecques sont depuis le 6 décembre 2008 le théâtre d’affrontements violents ; des sièges de banques sont mis à sac, des magasins sont pillés,des postes de police attaqués. Des foules considérables de jeunes et très jeunes gens manifestent. A l’origine de ces troubles, la mort d’un jeune homme à Athènes tué par une balle tirée par un policier.

Il y a d’une part ces événements, leur déroulement, cette vague qui s’est répandue dans tout le pays. Et puis il y a l’analyse qu’en fait la presse d’Europe occidentale et singulièrement celle de notre pays.

La presse est d’abord allée chercher dans le stock des stéréotypes. Par ignorance sans doute mais aussi par paresse. Dans le Journal du Dimanche du 14 décembre, Nicos Aliagas, un Grec, écrit: « Le Grec vit avec ses mythes depuis la nuit des temps, avec résistance et indolence ». Ce genre de lieu commun n’explique rigoureusement rien. Pas plus que cette affirmation : « le Grec est un animal politique ».Mais cette référence est véhiculée par les Grecs : « Vivez votre mythe en Grèce », proclamaient il n’y a pas longtemps  dans le métro parisien de gigantesques affiches éditées par le très officiel Office du Tourisme Hellénique, sur fond d’île cycladique coiffée d’une chapelle.

L’autre stéréotype est balkanique. Il a donné « balkaniser » et balkanisation ». Les Balkans seraient porteurs, depuis toujours, d’un mélange de violence et d’archaïsme.

Il s’agit d’un avatar d’un autre stéréotype, celui d’orientalisme, tel que décrit et décortiqué par Edward Saïd (« L’orientalisme, l’Orient créé par l’Occident. » Le Seuil 1980).

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Émeutes et géographie : les événements de Grèce

ELes émeutes qui secouent la Grèce depuis plusieurs jours ne surprennent guère les Grecs eux-mêmes et ceux qui suivent l’actualité de ce pays. Depuis deux ans déjà, les étudiants étaient particulièrement inquiets de la politique suivie par le gouvernement conservateur de Kostas Karamanlis, au pouvoir depuis 2004 et confirmé par les législatives anticipées de septembre 2007. Une loi, accompagnée d’une modification de la Constitution autorise désormais l’ouverture d’universités privées en même temps qu’une série de dispositions modifie le fonctionnement des universités (évaluation des enseignants, fin des distributions gratuites de manuels etc.…). Depuis deux ans, l’année universitaire est hachée de grèves et de manifestations. Ce mécontentement profond et diffus est relayé par l’agitation lycéenne, dans un pays où les études et les diplômes apparaissent à beaucoup de familles comme la seule possibilité de promotion sociale. Les familles investissent des sommes énormes dans l’éducation des enfants : les lycées sont doublés d’établissements privés, les frondistiria qui fonctionnent l’après midi et le soir et où on répète les leçons du lycée. On trouve ce système même dans les petites bourgades équipées d’un établissement secondaire. Les études supérieures engagent d’autres frais : on vend communément à la campagne des terrains bien placés pour un  futur usage touristique,  pour permettre de financer des études à l’étranger. Les Grecs sont les Européens qui vont le plus volontiers étudier hors de leurs frontières.

C’est qu’en Grèce l’accès à l’enseignement supérieur est soumis à un numerus clausus

Chaque année en juin, un concours national dit « panhellénique» classe les candidats et la  note obtenue les amène dans un établissement qui peut être situé à l’autre bout du pays et pour des études qui peuvent avoir un rapport lointain avec leurs souhaits. A ce titre les lycéens sont précocement préparés à cette perspective de rude compétition, d’où leur facile mobilisation politique. Les établissements de leur côté recrutent à un niveau de notes d’autant plus élevé que leur réputation est bonne. Il est fort difficile d’entrer à l’Ecole polytechnique d’Athènes où à la faculté de médecine de Salonique et beaucoup plus facile d’entreprendre des études de biologie à Igoumenitsa en Epire. Aussi bien de nombreuses places disponibles demeurent-elles vides dans des établissements de peu de renom, pendant que beaucoup vont étudier aux Etats-Unis ou en Angleterre si la famille est fortunée, en Italie, en Bulgarie ou Roumanie dans le cas contraire.

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Mai 1968, vu de la Grèce des colonels.

J’aurais dû être fortement touché par mai 68. Ce ne fut pas le cas.

En mai 68, nous étions en Grèce, où nous étions arrivés en octobre 67. Nous allions y rester jusqu’en octobre 1970. La Grèce était sous la botte des colonels depuis le 21 avril 1967. C’étaient donc les premiers mois de la dictature.

Dans le centre des Sciences Sociales où nous étions détachés, Pierre-Yves Péchoux et moi-même, nous nous trouvions aux premières loges pour assister à l’installation du nouveau pouvoir. Nous avions vite compris ce que signifiaient les mots de dictature, prison, liberté : il suffisait d’observer ce qui se déroulait sous nos yeux.

La question s’était posée à nous : fallait-il continuer et donner en quelque sorte notre caution indirecte à ce nouveau régime ? J’avais répondu par l’affirmative, tous mes amis grecs pensant que nous pouvions être beaucoup plus utiles en restant sur place qu’en quittant le pays.

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Carte postale du Pinde (Grèce)

Le pope aux fourneaux, le barman chez les moines

 

La taverne, le pope et sa femme Photo : Michel Sivignon (juin 2007)

La taverne, le pope et sa femme
Photo : Michel Sivignon (juin 2007)

Nous fûmes dans le Pinde, « rocs inaccessibles et précipices affreux ».

A Mouzaki on nous avait dit de nous arrêter à l’hôtel de Pétrilon dont on nous garantissait le confort. On est passé devant sans le voir. Arrivés au village, on demande où manger et on nous a dit que deux km plus loin, juste après la fin de la route goudronnée, il y avait un bon restaurant. On a du bien faire 5 km au-delà du goudron sur une route déserte et on a découvert une superbe bâtisse en surplomb sur la rivière avec un grand parking et des tas de voitures. De part et d’autre de la porte des grandes couronnes mortuaires accrochées sur des piquets. Le patron est sorti pour nous dire qu’il regrettait mais que c’étaient les obsèques de son père. Il nous a conseillé d’aller juste un tout petit peu plus loin dans un village au-dessus de la route.

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Quel avenir pour les Balkans?

Compte-rendu du Café géopolitique du 1er février 2007
“Quel avenir pour les Balkans?”

Présenté par Sonia Jedidi
Avec Michel SIVIGNON, Professeur émérite de Géographie, Université Paris X
Amaël CATTARUZZA, Docteur en Géographie, Université Paris IV
Mirjana MOROKVASIC, Directrice de recherche au CNRS

Le Café Géopolitique qui se déroule ce soir a été préparé en collaboration avec la revue Questions internationales n°23 consacré au thème « Les Balkans et l’Europe ». En introduisant le Café, Sonia Jedidi nous rappelle l’actualité de cette problématique à l’heure où le statut du Kosovo est toujours en suspens.

Pour tenter de répondre à la question « Quel avenir pour les Balkans ? », nos trois intervenants brossent un tableau des enjeux géopolitiques des Balkans. Notre premier intervenant, Michel Sivignon, professeur émérite de géographie à l’Université Paris X, nous invite à observer les pays qui attendent en file d’attente aux portes de l’Union Européenne puis s’attache aux représentations des Européens sur cette région marquée par la guerre. Amaël Cattaruzza, docteur en géographie de l’Université Paris IV, souligne l’ambiguïté de la relation entre l’Union Européenne et les Balkans occidentaux ainsi que ses conséquences sur l’enthousiasme des populations locales. Finalement, Mirjana Morokvasic, directrice de recherches au CNRS, rappelle le sort tragique des réfugiés de l’ex-Yougoslavie et nous expose l’ampleur et  les conséquences de ces déplacements.

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Miami International Airport

miami_airport

Qu’est-ce que j’attends ici?
Aéroport prêt-à-porter
Sans odeur, sans saveur, seulement propre
Dalles de plastiques brillantes. Duty free shops.
Où d’un bout du monde à l’autre, les alcools attendent dans les mêmes bouteilles,
Les cigares dans les mêmes boîtes, les parfums, les montres…
Boutiques du village planétaire.
Bourg fabriqué dont on sait tout avant d’y avoir mis les pieds
Un sas peut-être vers les paradis perdus, les eldorados
Les vagues irisées où la mer vire au turquoise
Les îlots de Key-West où Hemingway allait pêcher au tarpon.
L’Indien devant moi, casquette californienne à l’envers,
Reeboks blancs aux pieds, contemple la marque de ses chaussettes,
Satisfait.

Michel Sivignon
Miami Airport, Septembre 1996

Le Charolais-Brionnais, cinquante ans après

En 1953, dans sa thèse « Les capitaux et la région », Jean Labasse illustrait le rôle des capitaux régionaux dans la constitution des activités agricoles en développant l’exemple de l’élevage charolais. En 1956 je prenais contact scientifique avec le Charolais au cours d’une excursion d’étudiants de géographie dirigée par André Gibert.

Puis en 1958, je rédigeais sur ce sujet le mémoire destiné au Diplôme d’Etudes Supérieures et en 1960, la Revue de Géographie de Lyon le publiait en article, sous le titre « Elevage et embouche en Charolais-Brionnais ».

Cinquante ans après, les choses ont considérablement évolué.

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