Ukraine, État islamique… Une multiplication de conflits non conventionnels ?

Café Géo animé par Béatrice GIBLIN, Professeur émérite de géographie, Institut Français de Géopolitique de l’Université Paris 8. Co-fondatrice et directrice de la revue Hérodote.

Ce Café Géo a eu lieu le mardi 13 janvier 2015 au Saint-James, Place du Vigan à Albi à partir de 18h30.

Présentation problématique :

Qu’entend-t-on par conflits conventionnels ? Une guerre armée officiellement déclarée à une date précise entre deux ou plusieurs Etats dont les armées professionnelles s’affrontent sur des champs de bataille bien identifiés. Dans ce type de guerre, les armées doivent respecter les règles de la convention de Genève. Tout comme il y a une date pour le début de la guerre, il y a aussi une date pour sa fin.

Avec les conflits non conventionnels il en va tout autrement et le droit de la guerre est systématiquement bafoué.

Cependant, parler de conflits non conventionnels serait-ce une façon d’éviter de parler de guerre ? Car c’est en effet bien de cela qu’il s’agit quant à leurs conséquences sur les populations combattantes ou non et au vu des destructions non seulement d’objectifs militaires mais aussi civils. Les conflits non conventionnels ont souvent un caractère de guerre civile puisque s’y affrontent des armées dont les combattants peuvent avoir la même nationalité. Le terme même de « civile » est d’ailleurs inapproprié non seulement parce que ces conflits n’ont vraiment rien de « civils » mais aussi parce que chacune des armées qui s’affrontent c’est-à-dire l’armée officielle et l’armée ou les armées des rebelles est soutenue financièrement et militairement par des Etats étrangers.

Mais ceci n’a rien de nouveau et les guerres asymétriques existent depuis longtemps.

Serait-ce donc leur multiplication qui serait le caractère novateur et préoccupant de ces conflits conventionnels ? C’est à cette question que nous tenterons de répondre.

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L’eau à la bouche. Les rivières, un enjeu citoyen ?

Le 22 octobre 2014 au Café de la Cloche, les Cafés Géo de Lyon accueillent Marylise Cottet, chargée de recherche CNRS à l’UMR 5600 Environnement Ville Société, et Jean-Baptiste Chémery, géographe de formation et fondateur du bureau d’études Contrechamp. Leur exposé questionne les cours d’eau comme des ressources qui soulèvent des enjeux de gestion. La participation citoyenne sera centrale dans leur propos.

L’eau est un enjeu de société autour de cinq grands enjeux pour Marylise Cottet.

Le premier enjeu est l’eau potable. L’eau est alors vue comme bien de consommation (peu importe son origine, eaux des rivières ou des nappes d’accompagnement). Toute une série de traitements, via les stations d’épuration notamment, rend l’eau consommable. Ensuite elle est distribuée avant d’être de nouveau retraitée. Ce processus est appelé le petit cycle de l’eau.

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La randonnée : une expérience géographique 

Jean-Louis Tissier, professeur émérite de géographie à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, présente brièvement Antoine de Baecque, l’intervenant de la soirée consacrée à  » la randonnée, une expérience géographique « . Antoine de Baecque, historien, professeur à l’ENS, vient de publier un ouvrage, La traversée des Alpes.Essai d’histoire marchée. (Gallimard, Bibliothèque des histoires, 2014), qui interroge le géographe intéressé par l’exercice de la randonnée.

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En septembre 2009, pendant un mois, l’historien-randonneur a marché tous les jours sur le chemin du GR5, du lac Léman jusqu’à la Méditerranée. Résultat : 650 km, 30 000 m de dénivelée, 30 cols majeurs gravis avec 17 kg sur le dos. Pour Jean-Louis Tissier, cette aventure équivaut à une véritable géographie à pied d’œuvre. Confronté à la pente, forcé d’avoir recours aux cartes pour résoudre ses problèmes d’itinéraire, obligé de se concentrer sur son orientation pour rattraper ses bifurcations malheureuses, Antoine de Baecque a fait en quelque sorte de la géographie à l’ancienne avec un goût prononcé pour les paysages alors que la géographie contemporaine préfère, elle, « traverser le monde sur coussin d’air en évitant les territoires » (dixit Jean-Louis Tissier).

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La crise des subprime

Les Cafés Géo de Lyon accueillent le 3 décembre 2014, Guilhem Boulay, maître de conférences à l’Université d’Avignon, au Café de la Cloche. Il travaille sur le marché immobilier en géographie économique. Il ouvre ce Café Géo sur une citation de G.W. Bush : « L’économie va mal parce que nous avons construit trop de maisons ». En effet, le propos va se centrer sur la crise appelée « crise des subprime » ou « crise de 2008 » qui est la plus profonde depuis 1929. Elle se manifeste par un effondrement des prix immobiliers américains à partir de 2007 comme le montre l’indice Case-Shiller. En ce sens, cette crise mondiale mais avant tout made in USA. Ces trente dernières années, les crises étaient plutôt situées en Amérique Latine ou en Asie du Sud-Est, ou relativement cantonnées (l’éclatement de la bulle Internet n’a pas eu un impact sur tous les pays).

Comment l’éclatement de la bulle immobilière américaine a-t-il pu faire exploser l’économie mondiale, alors même que ce n’est pas aux Etats-Unis que les prix immobiliers ont le plus fortement varié lors des années 2000 ? (Ils sont montés beaucoup plus haut au Royaume-Uni, en Irlande, en France ou en Espagne…)

Cette crise a de multiples intérêts théoriques. Elle lie fortement les échelles locale (l’urbain) et globale. Elle questionne les corpus économiques dominants et l’économie mondiale. Elle permet d’interroger la performativité de l’économie qui impose des types de conduites économiques. Ce faisant, elle a aussi, au moins temporairement, réhabilité des lectures hétérodoxes des processus économiques.

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La fondation Louis Vuitton

Fondation Louis Vuitton
8 avenue du Mahatma Gandhi
75116 Paris

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Dédiée à la création contemporaine, la Fondation Louis Vuitton a ouvert ses portes en octobre 2014 à l’ouest de la capitale, dans le Jardin d’Acclimatation. L’édifice, imaginé par Frank Gehry, flotte à la lisière du bois tel un nuage de verre blanc. Qui a dit que Paris s’endormait sur ses lauriers ? Qui a dit que  « l’archi-star » Gehry, couronné par le Pritzker en 1989 n’était pas resté le maître des « constructions tordues », le maître des prouesses innovantes ?

Allez admirer ce vaisseau et ses voiles de verre et de métal. Gehry a le vent en poupe !

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Tirer parti du danger sur les volcans javanais

Les ressources en milieu volcanique

Les fortes densités de population sur les flancs des volcans javanais sont à l’origine d’une importante  exposition  aux  aléas  volcaniques.  Elles  témoignent  aussi  d’une  certaine attractivité de ces milieux. Les ressources des espaces volcaniques javanais contribuent à fixer durablement des populations capables d’en tirer parti. Le Merapi, dont les éruptions très récurrentes, pouvant menacer jusqu’à plus d’un million de personnes, en ont fait le volcan le plus surveillé d’Indonésie. Traditionnellement, les dépôts laissés dans le fond des vallées par les coulées pyroclastiques ou les laharsi sont utilisés par les populations locales qui les revendent sur l’ensemble de l’île de Java. Les blocs d’andésite et les fractions sableuses représentent des matériaux de construction très prisés. Les carrières du Merapi, aménagées dans les corridors de coulées pyroclastiques et de lahars, ont longtemps fonctionné avec les dangers et la ressource que constituent les matières premières apportées par les aléas volcaniques. Cependant, l’éruption de 2010 a induit plusieurs ruptures dans le système traditionnel mis en place sur le Merapi entre les sociétés javanaises et le volcan. L’étude sur le long terme des évolutions et tentatives d’adaptation successives de cette activité encore mal encadrée révèle combien les espaces volcaniques sont attractifs. Cela entraîne une démultiplication d’acteurs extérieurs au Merapi plus ou moins bien identifiés. Cette situation engendre  des  conflits  entre  des  populations  locales  qui  accusent  les  industriels  de confisquer leurs ressources. Les conflits portent aussi sur la dégradation économique et environnementale qui menace les moyens de subsistance traditionnels des sociétés du Merapi. Ces dernières se tournent donc de plus en plus vers d’autres modes de mises en valeur du volcan.

Les ressources qui permettaient de fixer et de protéger économiquement les sociétés sur le Merapi  sont  aujourd’hui  à  l’origine  d’une  certaine  compétition.  La  concurrence  est importante, tant dans le domaine de l’extraction que dans celui du tourisme. La question soulevée est celle de l’adéquation des mesures de gestion des risques avec les enjeux générés par l’évolution des conditions de vie sur le volcan.

Edouard de Bélizal est agrégé et docteur en géographie, rattaché à l’UMR 8591 Laboratoire de Géographie Physique Paris 1-CNRS

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Les métamorphoses de l’autoroute urbaine

A l’occasion de la publication de l’ouvrage collectif auquel ils ont contribué, Les métamorphoses de l’autoroute urbaine (paru le 18 septembre aux éditions Alternatives Gallimard), les Cafés Géo de Lyon accueillent, le 11 mars 2015, Cécile Féré, docteur en géographie, urbaniste, chargée d’études mobilités à l’Agence d’urbanisme de Lyon et Olivier Roussel, géographe, urbaniste, directeur des missions métropolitaines à l’Agence d’urbanisme de Lyon. L’ouvrage propose un tour de France des projets de requalification en cours, éclairé par des expériences internationales. Les deux intervenants proposent aujourd’hui de revenir sur la genèse de cet ouvrage avant de s’intéresser à l’histoire des autoroutes urbaine et de livrer des exemples de réaménagement d’autoroutes urbaines en France mais aussi à l’étranger.

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Les mystères (ou les trompe-l’œil) de l’Ourcq

Au promeneur naïf qui flâne le long du bassin de La Villette et du canal de l’Ourcq un jour d’hiver gris et brumeux, le paysage urbain rappelle certaines pages de Simenon ou l’atmosphère des films de Marcel Carné. Ecluses de Jaurès du début du XIXe siècle, gros pavés irréguliers des quais de Loire et de Seine, silhouette massive des anciens entrepôts des Magasins généraux, grosse péniche à la coque décolorée…Plus en amont, sur une rive du canal, un pêcheur à casquette, sans âge. Un monde immobile ? En fait un des lieux les plus dynamiques et les plus « branchés » de Paris.

Le bassin de la Villette de la Rotonde de la Villette (à gauche sur le plan) au pont levant de Crimée (à droite sur le plan) (site tourisme93.com)

Le bassin de la Villette de la Rotonde de la Villette (à gauche sur le plan) au pont levant de Crimée (à droite sur le plan) (site tourisme93.com)

Les soirs d’été, les pavés sont recouverts de couvertures et de toiles bariolées où viennent s’asseoir, voire s’allonger, des jeunes gens, plutôt cadres qu’ouvriers. Les plus soucieux de confort ont une chaise basse en alu. On y mange des sushis, de petits sandwichs ou on prend l’apéro avant de dîner dans un des restaurants qui entourent le bassin, anciennes guinguettes dont on a gardé le caractère vintage. Autre projet possible pour la soirée, une séance de cinéma dans une des douze salles des deux MK2. Hésitation entre un film d’auteur ou un blockbuster…le « Zéro de conduite » vous fait traverser le bassin en quelques minutes du complexe du quai de Loire à celui du quai de Seine. Les structures métalliques des anciens portiques en fonte rappellent bien le passé industriel du quartier, mais un passé intégrant aussi la fiction et l’imaginaire. « T’as de beaux yeux, tu sais » et autres célèbres répliques sont taguées en couleur sur les murs. Les ouvriers de ce quartier qui fut laborieux et populaire, ne pouvaient y avoir que la tête de Gabin.

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Transports maritimes et mondialisation

Compte-rendu du café géographique de Chambéry-Annecy – 25 février 2015 au Café du Beaujolais, avec Antoine Frémont, agrégé de géographie et directeur de recherche à l’IFSTTAR.

Café géo Antoine Frémont

Les Cafés géographiques de Chambéry Annecy accueillent Antoine Frémont, en lien avec la question « Mers et Océans », inscrite aux concours externes de recrutement des professeurs du secondaire (CAPES et Agrégation). Antoine Frémont et Anne Frémont-Vanacore sont tous les deux auteurs de la Documentation photographique « Géographie des espaces maritimes », à paraître en mars 2015.

Comment aborder le thème des transports maritimes et de la mondialisation ? Antoine Frémont souhaite partir d’une anecdote vécue quelques années auparavant à la frontière entre la zone économique spéciale de Shenzhen et Hong-Kong. Le chercheur attendait avec des collègues nord-américains à la frontière pour obtenir un passeport à la journée pour accéder aux terminaux à conteneurs, en pleine émergence au sein de cette zone économique spéciale (ZES), et discutait avec un concepteur de jouets originaire de Chicago qui les faisait fabriquer dans la ZES de Shenzhen. Ce nord-américain venait observer comment ses jouets, conçus à des milliers de kilomètres de la ZES de Shenzhen, étaient expédiés vers les Etats-Unis, ou encore vers l’Europe, par le Transpacifique vers les côtes Ouest des Etats-Unis ou par les routes du Sud-Est asiatique, via le détroit de Malacca par exemple.

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Les jours d’avant
Les jours d'avant, 2013 Karim Moussaoui France - Algérie

Les jours d’avant, 2013
Karim Moussaoui
France – Algérie

Ma mère m’a annoncé qu’on devait déménager. C’était devenu trop dangereux ici. Pourquoi devions nous partir ? Après tout, nous n’avions rien fait.

Les jours d’avant

Les jours d’avant trace le parcours parallèle de Djabber et Yamina, deux lycéen-ne-s de la banlieue algéroise. Aujourd’hui adultes, ils se souviennent de ces moments passés, de cette jeunesse, de ces émotions, de cette vie qui leur a échappé. Le film se divise en deux parties : la première raconte le quotidien tel que vécu par le jeune Djabber, la seconde se situe du point de vue de Yamina. Leurs visions, bien que croisées, sont irréconciliables : une fracture diégétique mise en parallèle avec une autre fracture, sociale et politique cette fois-ci, celle traversant la société algérienne dans son ensemble.

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