L’Espagne, une nation éclatée ?

Compte rendu du café géographique de Saint-Brieuc
21 avril 2016

Cyril Trépier est géographe, il enseigne à l’université de Cergy et en classe préparatoire à Meaux. En 2011, il soutient sa thèse « Analyse géopolitique de l’indépendantisme en Catalogne ». Elle est éditée en 2015,  dans la collection Logiques politiques, L’Harmattan. Cet ouvrage ainsi que « L’Espagne en crise(s), une géopolitique au XXIe siècle » de Nacima Baron, professeure à l’université de Paris-Est, et de Barbara Loyer, professeure à l’université de Paris 8, Armand Colin, 2015, sont les deux ouvrages de référence pour ce café géographique.

Ce café géographique s’est tenu dans le cadre du projet pédagogique des lycées Renan et Rabelais sur le thème « La musique dit le monde », autour du combo barcelonais Muyayo*Rif invité en résidence. Le sujet de ce soir « L’Espagne, une nation éclatée ? » fait écho à ce groupe de musiciens au répertoire espagnol et catalan. Et en guise d’introduction, les Muyayo ont chanté pour l’auditoire l’Estaca, composé en 1968 par Lluis Llach. Chanson de résistance sous le franquisme, elle est aujourd’hui l’hymne populaire catalan.

Le groupe barcelonais MUYAYO*RIF

Le groupe barcelonais MUYAYO*RIF

Depuis 2008, l’Espagne est confrontée à une crise économique profonde qui a révélé les faiblesses du système politique mis en place en 1975, à la fin de la dictature franquiste. Entre mouvement « indignés », exacerbation des revendications indépendantistes, émergence de nouveaux partis, le pays apparaît comme un territoire fragmenté et socialement fracturé. L’État espagnol va-t-il pour autant éclater ? Pour répondre à la question posée, ce soir, par les Cafés Géographiques, Cyril Trépier prendra pour exemple le cas de la Catalogne.

(La Constitution de 1978 a permis ultérieurement, à partir de 1981, l’organisation du territoire espagnol en 17 Communautés autonomes qui disposent toutes d’un régime plus ou moins large d’autonomie par rapport à l’État central. Trois de ces Communautés autonomes sont reconnues comme des nationalités, la Catalogne, le Pays basque et la Galice, communautés « historiques » car chacune reçut un statut d’autonomie sous la II° République de 1931 à 1936).

(suite…)

Territoires de santé, santé des territoires : vers des déserts médicaux en France ?

Café géographique du 03/ 05/ 2016 au Gazette Café de Montpellier, avec Christophe Evrard, maître de conférences de l’Université Paul Valéry Montpellier 3. 

« Les professions de santé sont en mauvaise santé. »

Cet exposé a pour objectif de vous aider à comprendre le pourquoi et le comment de la situation de la démographie médicale en France, mais surtout de montrer quelles conséquences territoriales cela implique. Les médias sortent souvent ce sujet quand il faut se mettre quelque chose sous la dent : les déserts médicaux, les difficultés de certaines populations pour trouver un médecin au quotidien, le déficit de la sécurité sociale… sont autant de thématiques récurrentes. Mais parmi ces thèmes, la baisse du nombre de médecins est une réalité fréquemment soulignée, ainsi que l’augmentation du nombre de « déserts médicaux ». En 2013, un rapport du Conseil National de l’Ordre des Médecins souligne que le nombre total de médecins (généralistes, spécialistes et chirurgiens) a enregistré une baisse de -0,3%. D’ici 2020, la France risque de manquer de médecins ! Toutefois, certains faits établis il y a quelques décennies, permettent d’apporter les premiers éléments de compréhension de la situation actuelle.

Des disparités géographiques récurrentes…

Il est à remarquer dans un premier temps, que les disparités géographiques entre les régions du Nord et du Sud de la France sont « classiques », et ne datent pas d’aujourd’hui. Ces oppositions géographiques se fondent sur le nombre de médecins et l’accès au soin des populations, soit la densité médicale. Son application aboutit à l’existence de disparités territoriales entre les régions du Sud, mieux pourvus en médecins que les régions se trouvant au Nord. Ce fait ne date pas d’aujourd’hui : il y a déjà des disparités entre le nord et le sud de la France depuis de nombreuses décennies, et en lien avec les contextes successifs.

(suite…)

Violence politique au Burundi ou l’impossible démocratisation

Ce café géographique, programmé le mercredi 25 novembre 2015, a été animé par Aloys NDAYISENGA, chef du département de géographie de l’université de Bujumbura. En 2010, il a soutenu une thèse intitulée « La reproduction d’un système paysan à travers les revenus extérieurs à l’exploitation : le cas de la région du Bututsi au Burundi ». Elle a été réalisée au laboratoire « Dynamiques Rurales », à Toulouse.

Introduction

Petit État de la région des grands lacs (environ 28 000 Km²), le Burundi est peu connu des Français et des Européens en général. Cette méconnaissance est même utilisée à des fins comiques : à la fin du film à succès « Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu », Christian Clavier présente son acolyte, avec lequel il voyage en fraude dans un train de la SNCF, comme le ministre des finances burundais ! De façon moins « légère », les Occidentaux se souviennent que deux de ses principales composantes « ethniques », les Hutus et les Tutsis, se sont affrontés dans un génocide particulièrement meurtrier dans la première moitié des années 1990. Ils ont découvert plus récemment, et en même temps que les membres de la diaspora vivant sur le « Vieux Continent », le déclenchement d’une nouvelle crise politique, dont les origines semblent se trouver dans la réélection contestée de Pierre Nkurunziza, en 2015. L’objet de ce café géographique était donc de débattre et d’apporter, en toute modestie, quelques pistes d’interprétation de ce blocage politique. Deux questions ont guidé le propos de l’intervenant et structurent ce compte-rendu : Pourquoi le « pays des mille collines » fait-il face à un nouveau cycle de violence, après ceux de 1972 et 1993 ? Et quelles sont les perspectives d’accalmie à moyens termes ?

Un territoire élevé, sous-urbanisé et uni autour d’une langue

En se limitant aux aspects généraux, le Burundi peut être subdivisé en trois grands ensembles topographiques :

  • L’Ouest du pays est cisaillé par une profonde ride, dans laquelle se trouvent le lac Tanganyika et la capitale : Bujumbura. C’est une partie du « Rift Albertien », appelée localement Imbo, et dont l’altitude n’excède jamais 1000 mètres.
  • Cette dépression est interrompue vers l’Est par une crête acérée, qui présente les plus hauts sommets du territoire (les massifs du Heha, du Teza ou encore du Twinyoni culminent tous à plus de 2600 mètres) et sépare le bassin hydrographique du Congo de celui du Nil.
  • La crête Congo-Nil est raccordée à l’Est du pays par des plateaux, qui s’affaissent doucement en direction de la frontière tanzanienne. Les « cuvettes » du Bugesera et du Kumoso, situées aux confins orientaux du territoire, ne dépassent pas 1400 mètres d’altitude.

(suite…)

Le Douanier Rousseau. L’innocence archaïque.

Musée d’Orsay
22 mars-17 juillet 2016-05-22

douranier-rousseau-1

Prenant pour thème « l’innocence archaïque du peintre », la très belle exposition organisée par le musée d’Orsay et la Fondazione Musei Civici di Venezia, replace les œuvres de Rousseau entre ses sources d’inspiration académiques et les influences qu’il exerça sur les avant-gardes du début du XX ème siècle. Delaunay, Léger, Picasso, Kandinsky, lui doivent beaucoup.

Bizarre, l’œuvre du Douanier Rousseau ? Naïve ? Primitive ? Allez vite, déguster comme un bonbon, acide ou sucré, une œuvre non conforme qui libère et qui fait rêver.

Henri Rousseau, homme et peintre singulier

Une vie difficile (1844- 1910)

Il naît et grandit à Laval dans un milieu modeste. Sur les bords de la Mayenne, il observe la lumière et dans les églises, les chapiteaux et leur bestiaire.

Après des études de droit, il s’engage dans l’armée, puis trouve un poste à l’octroi de Paris (douane sur la Seine). Toute sa vie sera une vie immobile, sédentaire, même s’il affirmera avoir voyagé jusqu’au Mexique.

Alors qu’il n’est jamais allé dans une école d’art, il se met à peindre et obtient une carte de copiste au musée du Louvre. Ce n’est qu’à 49 ans qu’il quitte son métier de douanier pour vivre (ou tenter de vivre) de son art.

Marié, veuf, remarié, à nouveau veuf, père de nombreux enfants dont un seul lui survivra, Rousseau doit aussi endurer des échecs comme artiste peintre.

Pendant vingt ans il expose au Salon des Indépendants, parfois considéré comme celui des « peintres du dimanche », parce qu’il n’y a ni prix, ni jury. Il doit essuyer les moqueries de nombreux visiteurs et la critique acerbe d’un journaliste : « Monsieur Rousseau peint avec ses pieds, les yeux fermés ».

Mais il s’obstine et se prétend le plus fort de son temps (avec Picasso). Il n’est reconnu que pendant sa dernière décennie d’artiste, mais par les plus grands peintres de l’avant-garde de son temps : Il fascine Delaunay, Léger, Picasso, Kandinsky, qui lui achètent des toiles.

Il vit comme une apothéose de sa vie artistique le banquet organisé en son honneur en 1908 par Picasso et ses amis dans l’atelier du Bateau-Lavoir.

(suite…)

Nucléaire et territoires : Je t’aime, moi non plus !

Compte rendu du Café géopolitique qui s’est tenu au Café de la Mairie, Paris 3e, le 23 mars 2016

C’est l’actualité qui nous a guidé vers le thème « Nucléaire et territoires » pour plusieurs raisons :

–  5ème anniversaire de la catastrophe de Fukushima

– le vote, cet été 2015, d’une loi sur la transition énergétique

– quelques mois après, la tenue de la COP 21 à Paris

– des moments politiques récents : la volonté de la ministre de l’environnement de prolonger de 10 ans la durée de vie des centrales nucléaires; la plainte de la ville et du canton de Genève contre X pour les conséquences de la centrale du Bugey (Genève étant défendue par Corinne Lepage, ancienne ministre en France).

Autant le préciser tout de suite, il ne s’agit absolument pas de déterminer si nous sommes pour ou contre le nucléaire, chacun est venu avec sa position et sans doute repartira avec ! Nous allons plutôt tenter de déterminer les conséquences, les influences du choix de cette énergie pour les territoires, les habitants et les mécanismes de contestation que ces choix induisent. Au-delà d’une analyse internationale, souvent de rigueur dans les domaines énergétiques, nous allons tenter de revenir sur les dynamiques territoriales internes (en France). En effet, l’implantation d’une centrale dans une commune – en zone souvent rurale – a des conséquences financières importantes, et donc des conséquences nombreuses en termes de développement local, des retombées économiques et en termes d’emploi également. Mais cela n’est pas toujours suffisant face aux risques encourus, ce qui engendre des mécanismes de contestation nombreux. Mais les contestations sont-elles les mêmes à 10 km d’une centrale qu’à plus grande distance ? Comment fonctionnent ces mobilisations ? Et quel est le rôle des pouvoirs locaux face à l’implantation d’une centrale ? Quel poids les élus locaux conservent-ils ? Sont-ils pris en otage entre les retombées des centrales et les opposants ?

Pour cela nous accueillons, notre intervenant de la soirée – et nous excusons Olivier SCHNEID, journaliste spécialiste des questions de l’énergie à la Gazette des communes, absent en raison d’impératifs familiaux – Teva MEYER. Il est doctorant à l’Institut Français de Géopolitique et ATER à l’université de Mulhouse. Il s’intéresse depuis son master 1 aux conflits liés à l’utilisation de l’énergie nucléaire. Son travail de thèse porte sur une étude comparative des géopolitiques du nucléaire civil en Allemagne, France et Suède sous la direction de Philippe Subra (que nous avions d’ailleurs accueilli lors d’un précédent café géopolitique sur les ZAD).

(suite…)

Un géomorphologue sur le terrain aujourd’hui: des tors et des paléo piétinements

Le dessin du géographe : n°61

dessin-regnauld

L’ile d’Ouessant est totalement incluse dans le périmètre du parc Marin d’Iroise et son littoral est intégralement protégé. La lande littorale, les pelouses halo-éoliennes, très sensibles au piétinement sont soigneusement observées et suivies par le Centre d’Etude du Milieu d’Ouessant (CEMO) et des chemins côtiers spécifiques canalisent les promeneurs loin des espaces les plus écologiquement fragiles.

Mais il n’en a pas toujours été ainsi. Ainsi vers 2840 cal BC des occupants de l’île marchaient régulièrement vers des lieux de pêche et creusaient des chemins. Vers 1190 cal BC * le piétinement aux alentours des pêcheries était suffisant pour que les horizons organiques s’accumulent 10 fois moins vite que sur des sites non fréquentés. Il s’agit bien sur de mesures et de datations qui n’ont pas une exactitude absolue mais elles indiquent que les premiers occupants de l’île avaient déjà un impact sur les pelouses littorales et localement sur le recul de certaines falaises meubles.

A une époque un peu moins lointaine, mais encore non datée, des constructions littorales autre que des pêcheries ont été installées dans de toutes petites anses où un bateau (petit) peut s’abriter et s’échouer, même par grande tempête d’Ouest : ainsi à Porz Milin juste à l’Est du phare de Creac’h.

(suite…)

Le classement de la Champagne au Patrimoine mondial de l’UNESCO (Vidéo)

Retrouvez en vidéo le café géographique de Reims du 3 février 2016, sur le thème « Le classement de la Champagne au Patrimoine mondial de l’UNESCO », avec Amandine Crépin (directrice de la Mission côteaux, maisons et caves de Champagne) et Olaf Holm (directeur du Parc Naturel Régional de la Montagne de Reims).

• Vidéo à visionner sur le site de l’université de Reims :
https://podcast.univ-reims.fr/videos/?video=MEDIA160229103433794

L’Asie centrale, des empires à la mondialisation

Julien Thorez est géographe, chargé de recherche au CNRS, membre du laboratoire « Mondes iranien et indien ». Il a récemment dirigé la publication d’un ouvrage intitulé Asie centrale : des indépendances à la mondialisation.

L’expression « Asie centrale » désigne une entité géographique dont les limites diffèrent suivant les périodes, les approches, les auteurs. Dans le cadre de cette conférence, Julien Thorez s’intéresse à l’Asie centrale post-soviétique, aujourd’hui composée de cinq états indépendants : le Kazakhstan, l’Ouzbékistan, le Turkménistan, le Kirghizstan et le Tadjikistan. Au cœur du continent eurasiatique, cette région du monde turco-iranien été au centre du « grand jeu » entre l’empire britannique et l’empire russe au XIXe siècle. Après avoir été colonisée par l’Empire tsariste puis intégrée à l’Union soviétique, elle entre dans la mondialisation.

I] Qu’est-ce que l’Asie centrale ?

L’Asie centrale post-soviétique

L’Asie centrale est donc une région aux contours flous, englobant des réalités très variées, au point d’être considérée comme une région à géométrie –et d’autant plus à géographie- variable.  Dans son acceptation la plus large, l’Asie centrale s’étale de l’Anatolie jusqu’au désert de Gobie. Même en la restreignant aux cinq pays post-soviétiques, c’est une région très vaste de quatre millions de kilomètres carrés, néanmoins peu peuplée avec seulement soixante-cinq millions d’habitants. Sa voisine orientale, la Mongolie, constitue le pays à plus faible densité.

 Kazakhstan  Kirghizistan  Ouzbékistan  Tadjikistan  Turkménistan  Asie Centrale
Population (en M)  16,009  5,362  29,993  7,564  ~5,100  64,028
Superficie (en M de Km²)  2,717  0,198  0,447  0,143  0,488  3,993
Densité (hab/km²)  6  27  67  39  10  16

Sources : recensement 2009/2010, estimations

Les pays qui la constituent sont indépendants depuis 1991, séparés par quinze mille kilomètres de frontières dont l’existence est inédite. Leur indépendance a été en réalité plus acceptée que recherchée ; contrairement  aux pays baltes ou caucasien,  les pays d’Asie centrale n’ont pas connu de puissants mouvements indépendantistes.

Ces pays deviennent indépendants au moment où disparait le système politique qui les a engendrés – l’URSSS. Ces entités politiques n’existaient pas avant qu’elles soient créées dans le cadre de la soviétisation de l’Asie centrale avec comme principe de fonder des territoires nationaux. La carte politique est élaborée dans les années 1920-1930.

Depuis leur indépendance en 1991, les Etats centrasiatiques conduisent une politique de consolidation de l’Etat et de la nation dans le cadre politique et territorial hérité de la période soviétique. Les autorités post-soviétiques s’inscrivent dans la continuité des élites politiques soviétiques car, dans la plupart des pays, ceux qui accèdent à la présidence de la république étaient des dirigeants des partis communistes. Actuellement, les présidents ouzbékistanais (Islom Karimov) et kazakhstanais  (Noursoultan Nazarbaïev) qui étaient les leaders de leur République socialiste soviétique, sont toujours au pouvoir.

(suite…)

L’impact migratoire du changement climatique au Burkina Faso

Café géo Toulouse 30.03.16
avec Véronique Lassailly-Jacob, professeur émérite de géographie à l’Université de Poitiers

Rappelons que la COP 21 (novembre 2005) s’est terminé par un accord sur trois points :

  • Réduire la production des gaz à effet de serre pour ne pas dépasser une augmentation de température de 1,5°.
  • Accélérer la transition énergétique (énergies renouvelables, etc.).
  • Promouvoir une « justice climatique ».

Ne pas respecter rapidement cet accord, c’est prendre le risque de migrations climatiques massives en provenance d’une part, des îles basses et des grands deltas, inondés à cause de l’élévation du niveau des mers et d’autre part, des zones tropicales sèches et arides désertifiées par les sécheresses.

Migrations environnementales et migrations climatiques

On compte officiellement (Norwegian Refugee Council) plus de 19,3 millions de déplacés environnementaux en 2014, victimes de catastrophes brutales (inondations, séisme, tsunamis, etc.). Ce chiffre de 19,3 millions est sous-estimé puisqu’il ne comprend que les déplacés environnementaux. Il ne prend pas en compte les migrants, victimes de dégradations lentes de l’environnement (élévation lente des eaux, érosion des côtes, désertification progressive, etc.). Ces migrants sont difficiles à comptabiliser, contrairement aux précédents.

  • Être déplacé signifie être forcé à fuir et demeurer à l’intérieur du pays, ce qui est le cas de la majorité des migrants environnementaux,
  • Être réfugié signifie migrer sous la contrainte à l’extérieur du pays, ce qui ne concerne qu’une minorité des migrants environnementaux.
  • Être migrant signifie être acteur de son déplacement.

La notion de migration environnementale a été introduite par l’ONU lors du 1er sommet de la Terre à Stockholm en 1972, en lien avec une prise de conscience des dégradations anthropiques croissantes. Celle de migration climatique apparaît plus récemment dans les rapports du Groupe d’experts Intergouvernemental d’Etudes du Climat, le GIEC.

(suite…)

Latins et Germains par Kupka, dans « L’homme et la terre » d’Elisée Reclus

Le dessin du géographe n°60

Les stéréotypes ont la vie dure.

Né en 1871 en Bohème, alors partie de l’Empire Austro-Hongrois, Franck (ou Frantisek ou François) Kupka. S’installe à Paris en 1898.Il s’y fixe définitivement. II y décède en 1957. Il est connu comme un des peintres majeurs du XX° siècle, mais dans ses premières années en France, il gagne sa vie comme illustrateur. Ses convictions anarchistes l’amènent à collaborer à l’Assiette au Beurre, journal satirique. On trouvera ici la couverture du numéro du 11 janvier 1902 intitulé l’Argent.

Ses convictions anarchistes le rapprochent d’Elisée Reclus qui prépare « L’Homme et la Terre ». Durant quatre années, de 1904 à 1908, Kupka dessine  bandeaux et culs-de-lampe. La signature de Kupka est toujours accompagnée de celle du graveur Deloche. Ernest-Pierre Deloche (1861-1950) est un graveur important, tout-à-fait contemporain de Kupka.

kupka latins et germains

Le bandeau présenté ici illustre le chapitre 3 du cinquième volume de « L’Homme et la Terre », qui paraît en 1905.

Dans ce chapître, Reclus développe le thème des nationalités européennes. Il montre comment les nationalismes composent une image immortelle de la nation : « L’Allemagne ne se dit-elle pas la première par la puissance de son génie et par l’ampleur de ses pensées ? »(p.78). Reclus explique aussi comment la notion de race sert de support au nationalisme. Il vit à une époque où les puissances principales de l’Europe du nord ont le vent en poupe : Allemagne, Royaume-Uni, Russie. La défaite de la France en 1870 face à la Prusse va dans le même sens. Aussi bien les pays du nord de l’Europe, nous dit Reclus, sont-ils persuadés du déclin irrémédiable du monde méditerranéen, qui pour lui est peuplé de Latins. Il englobe les Grecs sous la même dénomination.

(suite…)

« Page précédentePage suivante »