A Mulhouse, le vendredi 17 janvier 2020, dans le cadre du festival Les Vagamondes 2020 organisé à La Filature, une conférence de Michel Foucher, géographe, diplomate et essayiste, porte sur le sujet : « Israël-Palestine : Quelles frontières ? »
Un mot de rappel de mes travaux sur ce sujet. J’ai publié voici 35 ans mon premier article dans Hérodote et il portait le même titre que celui de cette conférence. C’est un sujet qui n’a jamais été un sujet de recherche ou académique mais sur lequel j’ai travaillé en tant que conseiller d’Hubert Védrine, lorsque nous tentions de faire avancer, finalement sans succès après l’assassinat d’Yitzhak Rabin, le processus de paix. Ce sujet me tient à cœur et je continue à clarifier pour les politiques français ses enjeux, notamment territoriaux et démographiques, d’autant plus difficiles à cerner que la Palestine n’est pas un Etat.
On ne peut pas traiter de tout. Ce conflit dure depuis un siècle et nous ne sommes pas dans une réunion politique de soutien à tel ou tel. En tant que diplomate, je cherche le légitime et l’acceptable dans tous les cas[1].
Fabrice Balanche le samedi 25 janvier 2020 à La Filature au Festival Les Vagamondes à Mulhouse
La Syrie est en 2020 bouleversée par une guerre qui n’est pas terminée. Le Nord-Est est encore sous pression entre Turcs et Kurdes tandis qu’un groupe proche d’al Qaïda, est retranché près d’Alep.
Cependant, les combats semblent se limiter au Nord du pays, avec des attentats et des sièges, mais on commence à voir la fin d’un conflit d’envergure à moins qu’un conflit plus large n’éclate entre Israël et Iran. Dans ce cas, les Israéliens feront peut-être une guerre préventive pour se prémunir d’une militarisation iranienne en Syrie où le gouvernement alaouite (chiite) de Bachar el Assad doit beaucoup à Téhéran. D’autre part, si on constate actuellement une pause du fait des élections américaines, on peut s’attendre après novembre, si le nouveau Président est Trump ou Biden, à voir éclater un épisode guerrier avec en arrière-plan la question du nucléaire iranien.
C’est dans ce cadre qu’il faut replacer la guerre de Syrie.
Les cafés géo à La Filature à Mulhouse, le 28 novembre 2019
« La Chine impose-t-elle un nouvel ordre mondial ? » par Alain Nonjon, professeur de chaire supérieure au Lycée Michelet à Vanves et directeur de collections chez Ellipses
Les distorsions des propagandes
Évoquer la Chine peut suggérer … de remonter « jusqu’à Noé, qui aurait rapporté de Chine, une brassée de rameaux ; des Etats-Unis, une brindille et d’Europe, rien » (Marc de Scitivaux ) . Cette parabole rappelle qu’on a tendance souvent à surestimer la Chine et à sous- estimer l’Europe et que l’on doit réinstaller l’épaisseur de l’Histoire d’une civilisation millénaire. Si on veut éviter les clichés et se garder de tomber dans la propagande d’un communisme chinois qui prédit une Chine hégémonique en 2049, il faut s’intéresser à tous les facteurs. En dehors des réussites économiques, il existe des limites à l’influence du PC chinois comme le démontrent l’éruption sur la scène de mouvements de revendications démocratiques ou les « 300 000 insurrections intérieures annuelles » s’élevant contre la corruption, les attaques envers l’environnement, les défaillances des transports. Il faut se garder de toute propagande systémique sur la réussite globale de la Chine et de toute prophétie autoréalisée si nombreuses sur le basculement asiatique[1]. Ainsi en 1994, pour le dirigeant singapourien Lee Kuan Yew « la Chine dans les 30 ans ne sera pas un acteur de plus sur la scène mondiale mais le plus grand acteur mondial dans l’histoire de l’Humanité.
Un autre risque est d’être influencé par la vision de Donald Trump qui accuse la Chine d’être responsable de tout ce qui se passe dans le monde, de voler des emplois comme d’inventer le réchauffement climatique. Selon Mike Pence : « si vous voyez la Chine en ennemi, elle vous verra en ennemi ». Trump noircit le tableau pour diaboliser la Chine.
Pascal Orcier Cartographe et géographe
Festival Vagamondes la Filature de Mulhouse samedi 12 janvier 2019
Le Moyen-Orient fait référence au mystère, à l’exotisme et on l’a parfois surinvesti. Mais il est souvent défini de l’extérieur. D’où vient ce nom de Moyen-Orient ?
En 1914, l’empire ottoman était encore puissant, contrôlant l’Anatolie et le Proche-Orient tel que vu par les Français et qui comprenait les régions de l’Iran à la Palestine.
Pour les Anglais, le Moyen-Orient est la zone séparant l’Europe du monde indien, une zone intermédiaire allant de l’Iran à l’Égypte englobant la péninsule arabique et la Turquie
Il fallait contrôler cet espace qui va se singulariser. Après les accords Sykes&Picot de 1916, le Moyen-Orient va s’insérer dans le grand jeu mondial avec des acteurs limités au départ : ottomans, français, anglais et russes, des acteurs beaucoup plus nombreux aujourd’hui.
Comment concevoir sa place et celle de tous les autres sur un même espace ?
Comment situer la région dans les ensembles qui l’entourent ? L’Iran parait comme un intermédiaire en termes de peuplement. En effet, alors que la région est un des plus anciens foyers de peuplement, elle est aujourd’hui un creux sur la carte de la répartition mondiale du peuplement, entre les deux aires de peuplement dense que sont l’Europe et l’Asie du sud.. Cette région a perdu sa centralité politique depuis le Moyen-Âge où le monde rayonnait autour de Damas ou encore Bagdad , Constantinople puis Istanbul,. Aujourd’hui, la région est en retard de développement malgré un PIB de 3750 milliards contre 18 162 milliards pour l’UE, il est vrai.
La région est politiquement non structurée. Depuis 1981, des pays du Golfe sont bien réunis dans le CCG [Conseil de Coopération du Golfe], une réunion d’états riverains qui exclut l’Irak, le Yémen et l’Iran. Une alliance entre des régimes monarchiques traditionnalistes et riches, plutôt que de partenaires commerciaux. Le pauvre Yémen, l’Iran et l’Irak républicains n’ont pas été invités à la rejoindre Bien que membres de l’OMC, les pays de la région fonctionnent avec des accords bilatéraux mais qu’ont-ils à échanger entre eux ? Ils importent leurs produits alimentaires et exportent des hydrocarbures, peu d’échanges sont possibles localement. Ils sont pourtant au cœur des flux mondialisés car même si l’approvisionnement européen en pétrole ne dépend plus uniquement du Moyen-Orient, il en va tout autrement pour les Asiatiques. Les hydrocarbures moyen-orientaux sont déterminants pour les émergents d’Asie et 80% des importations de la Chine, de la Malaisie, de la Thaïlande, de l’Indonésie ou de Singapour passent par Ormuz. C’est aussi une autre explication du désengagement américain de la région. Les Etats-Unis sont de moins en moins dépendants de leur pétrole maintenant qu’ils ont développé la production nationale d’hydrocarbures non conventionnels. (Gaz et pétrole dits de schiste)
Cyril Roussel, Université de Poitiers
Festival Vagamondes Mulhouse
12 janvier 2018
Réfléchir à l’Irak après DAECH revient à analyser les enjeux territoriaux car DAECH est un produit de l’Irak, né dans la région sunnite d’Anbar. Depuis les accords Sykes-Picot de 1916, l’Irak, dans la sphère d’influence anglaise, a conservé les 3 wilayats de l’empire ottoman: Bagdad, Mossoul et Bassora.
Dans les années 60, le régime de Bagdad a essayé de modifier la société où prédominaient les logiques communautaires, où se côtoyaient arabes, kurdes, turcomans, turkmènes, yazidis, chrétiens. Le prolongement de la plaine mésopotamienne (région d’Erbil) occupe une grande part du nord de l’Irak, où réside la majorité des Kurdes, minorité persécutée, disséminés dans un territoire enclave aux contours flous. Si DAECH se bat en plaine, les Kurdes se battent en montagne où ils mènent une guérilla depuis 1950.
Le mouvement politique kurde se structure au début des années 50 autour de la figure du général Mustapha Barzani, ancien chef de tribu dont le fils Massoud, a dirigé la région autonome du Kurdistan irakien de 2005 à 2017,sans pour autant réussir à unifier le mouvement et mène la révolte de 1961
Face à eux l’Irak se construit autour de partis dont le parti Baas, que l’on trouve aussi au Liban et en Syrie, un parti nationaliste arabe,défendant une idéologie pan arabe qui s’oppose au nationalisme des Kurdes dont les revendications sont nationales. Émerge progressivement un mouvement pan-kurde, qui associe le PKK (Peshmergas de Turquie), le PDK (Barzani) et l’UPK répartis entre la Turquie, la Syrie et l’Irak.
Au début des années 70, le parti Baas vient de prendre le pouvoir à Bagdad et entame des pourparlers avec les Kurdes sur la reconnaissance d’une région autonome mais la loi promulguée par Bagdad en 1974 est rejetée par les Kurdes qui reprennent les armes. En 1975, l’Iran cesse de soutenir les Kurdes d’Irak en échange d’un accord avec Saddam Hussein sur le Chatt el Arab. Les Kurdes d’Irak sont isolés car le PKK qui naît en Turquie en 1978 a une couleur marxiste qu’ils ne partagent pas mais continuent à résister.
Céline Schmitt
Porte-parole du UNHCR à Paris
[Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés
11 janvier 2017
Société Industrielle de Mulhouse
Festival Vagamondes 2017
La problématique des réfugiés est devenue une question de tous les jours. Je travaille pour le HCR depuis 9 ans et me réjouis que cette conférence ne soit qu’une des expressions de cette thématique, très présente dans le festival Vagamondes. Le HCR travaille avec African Artists for Development qui a conçu avec Salia Sanou le spectacle « Désir d’Horizons » et utilise la danse comme vecteur de réconciliation, comme message de paix
Le monde compte en 2016 65,3 millions de déplacés de force, un chiffre sans précédent. Sur ce chiffre, la grande majorité, 37,5 millions, est déplacée à l’intérieur du pays et 21,3 millions cherchent refuge dans les pays voisins
Pour le HCR, un réfugié est quelqu’un qui se trouve hors du pays dont il la nationalité où il qui craint d’être persécuté en raison de sa race, de sa religion, de ses idées politiques, de sa nationalité ou de son appartenance à un groupe social et qui ne peut, en raison de cette crainte, être protégé par les autorités de son pays.
Le HCR s’occupe aussi des 10,3 millions d’apatrides qui ont besoin de protection.
Créé à l’origine pour 5 3 ans et doté de 34 employés à sa fondation en 1950, le HCR en emploie aujourd’hui 10 700. En 2016, 146 pays ont signé sa convention et le HCR a reçu deux prix Nobel pour son action en 1954 et en 1981.
Le HCR travaille depuis la guerre des Balkans dans les zones même de conflit et est présent sur tous les terrains car le XXIème siècle doit gérer un chiffre record de plus de 65 millions de réfugiés. Il travaille en partenariat avec les autres agences onusiennes, les ONG, avec l’appui des gouvernements, des citoyens car les besoins sont énormes.
Café de géographie de Mulhouse
Mardi 25 février 2017
Xavier Richet
Xavier Richet est Professeur émérite d’économie de Paris Sorbonne-nouvelle,
Chaire Jean Monnet ad personam d’économie de l’intégration européenne
Co-animateur du Séminaire BRIC, FMSH, www.bric.hypotheses.org
“Si tu veux te développer, construis une route…” proverbe chinois
Dans cette présentation, on expose les objectifs généraux de l’ambitieux projet porté par le gouvernement chinois : One Belt, One Road (OBOR), récemment renommé Bridge and Road initiative (BRI), sa conception, les motivations à son origine, les modalités de financement et sa mise en œuvre. Le projet envisage deux routes, l’une terrestre, qui rejoint l’Europe, l’autre maritime, qui arrive au sud de l’Europe et contourne l’Afrique. La route terrestre, elle-même divisée en plusieurs routes, traverse l’Asie centrale et occidentale. Elle traverse, en Asie, de grands espaces, des économies riches en matières premières mais peu peuplées et peu développées, dont certaines étaient des Républiques de l’ancienne Union soviétique (Figure 1). En Europe, à la sortie de l’Union économique euro-asiatique (UEE) une construction supranationale récente à l’initiative de la Russie (parfois considérée comme une tentative de re-soviétisation) elle transite ensuite dans les nouveaux Etats membres de l’Union européenne et les pays en accession des Balkans, la destination finale étant le cœur de l’Europe (Allemagne, France, Grande Bretagne).
Thierry Pairault. EHESS/CNRS
La Filature
Vagamondes
17 janvier 2018
Je me bats régulièrement contre l’expression « Chinafrique » car elle enferme la pensée dans un cadre prédéfini. Si on l’écrit en deux mots : « Chine-Afrique », on a de fait un gros problème impliquant la perception d’une Afrique homogène alors qu’elle se décompose en 54 entités avec des histoires, des trajectoires économiques et sociales différentes. L’Afrique est tout sauf homogène, donc il ne saurait y avoir une politique mais des politiques fondées de fait sur des accords bilatéraux
L’expression « Chinafrique », avec le e gommé rappelant la « Françafrique » est une autre hérésie. Même si, un des acteurs de cette Françafrique, Pierre Falcone, œuvre à présent à l’établissement de rapports entre la Chine et l’Afrique après l’avoir fait pour la France, cette acception renvoie l’analyse à des rapports de domination hors de tout contexte réel.
Je combats partout cette expression qui nous impose un jugement, une démarche, nous enferme dans une réflexion déterministe et nous interdit de jeter un regard froid sur les réalités de cette présence chinoise.
Les Cafés Géographiques vous présentent la programmation du festival Vagamondes 2017, auquel les Cafés Géo de Mulhouse sont comme chaque année étroitement associés. Venez nombreux !
Voici la programmation du festival Vagamondes 2017 à Mulhouse en janvier qui poursuit l’expérience menée avec succès l’an dernier grâce aux talents des conférenciers invités l’an dernier (Christian Grataloup, Gilles Fumey, Jacques Levy, Antoine Frémont, Hélène et Philippe Baumert, Michel Sivignon, Michel Bussi).Cette année, toute une équipe de la Sorbonne se réunira à Mulhouse autour de Florence Desprest : Elise Olmedo, Pascal Clerc, Florence Troin, Louis le Douarin ainsi que Serge Weber, Roland Pourtier et Dominique Roquet car Vagamondes s’intéresse aux Suds, c’est-à-dire cette année la Méditerranée et l’Afrique.
Le festival associe étroitement les spectacles aux conférences et prolonge ses actions dans de nouveaux quartiers de Mulhouse en partenariat avec les associations qui organisent par exemple des déjeuners avec les géographes (un déjeuner algérien, un déjeuner libanais, un déjeuner africain) dans un cadre très convivial.
Retrouvez plus d’informations sur le site de La Filature – http://www.lafilature.org/
90ème Café de géographie de Mulhouse,
avec Roland Pourtier, Professeur émérite, Université de Paris 1 Panthéon Sorbonne,
le 23 mars 2016, au Carré des associations
Le lac Tchad est au centre d’une région bouleversée par le terrorisme, où sévit Boko Haram qui a fait allégeance à DAECH.
Suite à un Forum du développement durable à N’Djamena, en 2010, il a été décidé de faire un atlas du lac Tchad, le premier du genre, qui regroupe toutes les problématiques sur ce lac, partagé entre 4 États. Un espace unique au sein du Sahel, le seul grand lac de la région, la seule grande zone humide.
Longtemps ignoré des Européens mais au cœur des empires Bornou et Kanem, on n’a commencé à s’y intéresser qu’au XIXème après des voyages d’exploration dont celui d’Heinrich Barth en 1851. A cette occasion, une cartographie approximative en représente les contours pour la première fois.
Sauver le lac Tchad est depuis longtemps une préoccupation majeure bien avant que les exactions de Boko Haram ne s’y déroulent car la menace sur le lac Tchad est d’abord climatique.
Face au changement climatique certains ont craint la disparition de ce lac, situé au contact entre Sahara et Sahel [un mot qui veut dire la bordure, le rivage]. Le Sahel est fragile. L’agriculture, l’élevage sont aléatoires. Les sécheresses récurrentes (1970- 1990) ont entraîné une rétraction du lac Tchad.
Entre 1963 et 2001, le lac a, d’après les images satellites, perdu une bonne partie de ses eaux. Les cartes établies à partir de ces images sont destinées à mobiliser l’opinion, les ONG, les OIG pour les pousser à agir : on veut attirer leur attention
- En 1963, le lac présentait une surface de 25 000 km2 en eau, à l’achèvement d’un cycle humide caractérisé par des débits élevés du Chari, principal tributaire du lac.
- En 1973, c’est le début des sécheresses larvées depuis 1969. Se cumulent des déficits pluviométriques et une baisse du débit des fleuves.
- En 1997, l’effet des sécheresses persiste
Ce lac est marqué par des fluctuations constantes. Ses contours bougent sans arrêt. On s’interroge depuis le début du XXème sur sa disparition potentielle. Situé à une altitude de 280 mètres, il est exposé à un risque de capture par la Bénoué, le grand affluent du Niger.
Les images satellites montrent les variations des surfaces en eau mais les images indiquent l’année et non pas la saison ! Selon la période de crue ou d’étiage, cela change tout. Il faudrait que les photos soient toujours prises au même moment pour être comparables.
Surtout, il faut différencier les eaux libres où l’on circule aisément en pirogue et les eaux marécageuses, encombrées de végétation aquatique mais qui font partie du lac, la profondeur pouvant atteindre un mètre. Les représentations cartographiques qui ne tiennent pas compte de ces deux faciès du lac faussent la réalité.. C’est ainsi qu’en 2013, au moment de la crue, le lac (eaux libres et marécageuses) couvrait plus de 13 000 km2, Il était à peu près identique à ce que révèle la première cartographie dressée par la mission Tilho en 1908. Les marécages servent de frayères, de réservoir de biodiversité. Ils ont une utilité indéniable. Un lac ne se résume pas à ses seules eaux libres.
Le festival Les Vagamondes d’Arts et de Sciences Humaines, consacré à la Méditerranée, se déroulera du 13 au 23 janvier 2016 à Mulhouse avec de nombreuses conférences et représentations dans lesquelles la géographie va tenir une place très importante.
Au cours du festival auront également lieu plusieurs conférences géographiques, sur le modèle des Cafés Géo, avec notamment des apéro et des petits-déjeuners de géographie !
Nous vous invitons à découvrir ci-dessous le programme complet du festival, en espérant vous-y retrouver nombreux.
Festival_les_Vagamondes_2015_Mulhouse (PDF)
75ème Café de géographie de Mulhouse
Thierry Kranzer, United Nations, Department of Public Information, News and Media Division – Meetings Coverage section, Président des Alsaciens de New-York.
17 avril 2015
À la Cour des chaînes à Mulhouse
L’ONU au Kivu
On me dit toujours que je mets l’Alsace à toutes les sauces. Mais le fait est que je trouve nombre de similitudes entre ma région d’origine et celle du Sud-Kivu où j’ai été en mission pour l’ONU de mai 2006 à septembre 2007. Nos quatre changements de nationalité, nos dizaines de milliers de morts, l’évolution de notre situation entre 1945 et Maastricht en 1992 m’ont permis de trouver des arguments pour sensibiliser la société civile du Sud-Kivu, en essayant de montrer que l’exemple de l’Alsace était la démonstration que tout est possible en termes de développement et de pacification d’une frontière, mais qu’il fallait laisser le temps au temps.
Je me suis retrouvé dans ce coin des trois frontières, coincé entre la RDC, le Rwanda et le Burundi, où en « nonante-quatre », pour reprendre le vocabulaire local hérité des Belges. Les images des massacres au Rwanda de 1994 m’avaient bouleversé. On ne comprenait pas à l’époque comment cette crise rwandaise avait eu un tel impact sur l’Est de la RDC voisine où s’étaient réfugiés 2 millions de Rwandais hutus craignant les représailles du FPR qui venait de prendre le pouvoir à Kigali. Nous ne savions pas encore alors que nous vivions la fin de l’ère Mobutu. Deux ans après le génocide rwandais, en 1996, Laurent Désiré Kabila envahissait la RDC à partir de la Ville d’Uvira, avec le soutien logistique des nouveaux maîtres du Rwanda. A l’époque tout semble compliqué. On ne sait plus à un moment qui massacre qui, jusqu’à l’arrivée de Laurent-Désiré Kabila au pouvoir à Kinshasa en 1997, ni pourquoi et comment s’était développé en RDC un nouveau « génocide » provoqué par la colère et la vengeance des rescapés, parfois parqués dans les mêmes camps en RDC que leurs bourreaux : les génocidaires du Rwanda en 1994.
77ème Café de géographie de Mulhouse .
Stéphane Rosière, Professeur à l’Université de Reims Champagne Ardenne
21 mai 2015 Engel’s coffee. Maison Engelmann. Librairie 47° Nord Mulhouse
J’enseigne à Reims mais je suis aussi enseignant à l’université Matel Bel (Banska Bystrica, Slovaquie) où j’assure des cours de Master de géopolitique conjoint Franco-slovaque. Je suis aussi le directeur de publication de la revue de géographie politique et géopolitique « L’Espace politique » dont le contenu est gratuit.
J’ai travaillé sur la question des violences politiques (génocides, nettoyages ethniques) qui sont des thèmes rarement abordés par les géographes, autant de politiques létales ayant un fort impact spatial, parmi ces violences le refoulement des migrants qui une des formes de « modification coercitive du peuplement » m’a conduit à m’intéresser aux frontières où se multiplient les « murs ».
Le retour des murs a commencé dans les villes avec la construction des gated communities décrites dans « Fortress America » d’Edward Blakely et Marie Snyder, paru dès 1997. Est-ce le signe d’un nouvel « encastellement » (pour reprendre le terme Pierre Toubert, l’historien médiéviste) ? L’analogie contemporaine entre gated communities et les états a déjà été soulignée (Van Houtum et Pijpers 2007, Ballif et Rosière 2009). Mais les frontières internationales, objet d’étude plus ou moins « ringardisé » dans les années 1990, ont été moins étudiées que les villes.
76ème Café de géo de Mulhouse
« Penser le monde avec des cartes »
D’après L’Atlas global (Les Arènes, 2014)
6 mai 2015, Maison Engelmann Engels café. Librairie 47°Nord
Gilles Fumey, Professeur de géographie culturelle à l’université Paris-Sorbonne, Chercheur au CNRS
Les co-auteurs de l’atlas se sont posé deux questions :
- Comment parler du Monde avec une représentation intelligible au temps des atlas numériques ? Google Earth bouleverse notre pratique de la carte. Surtout pour les plus jeunes qui n’auront, dans quelques années, rarement eu contact avec la carte papier.
- Quel récit du Monde pouvons-nous construire ? Laissons-nous toujours l’Occident au centre de nos représentations ? Il nous faut « désoccidentaliser » notre manière de voir le monde.
On part du travail de Christian Grataloup, selon lequel la cartographie est une convention. Faut-il en changer ? Non pas, comme on aimerait le faire, mettre en ordre le monde, mais bien exposer les désordres. De manière visuelle. Et que cette exposition soit l’engagement d’une pensée destinée à lever des lièvres plus qu’à relier des pensées éparses.
Certes, le globe est une figure fascinante, totémique. Il porte avec lui l’idée de totalité, mais pourtant le Monde est très fragmenté. Et, surtout, depuis 1969, on ne va plus le voir du dedans. Mais du cosmos. Révolution ! Car la planète bleue paraît tout d’un coup très fragile. D’aucuns y voient le point de départ de nos visions de l’environnement aujourd’hui. Qui insiste sur l’enveloppe atmosphérique, la bulle, les océans….
Le Moyen Orient, épicentre de l’arc de crises
Fabrice Balanche
Festival Vagamondes La Filature
Samedi 17 janvier 2015
Café de géographie de Mulhouse
Ce sujet est au cœur d’une actualité brûlante, qui nous rattrape et met en lumière les responsabilités de la politique étrangère de la France dans le drame de Charlie hebdo.
Moyen-Orient, Proche-Orient ou MENA ?
Il convient pour bien comprendre de préciser certaines notions.
Quelle différence entre Moyen-Orient et le Proche-Orient ?
Je pense que la meilleure définition est celle de Winston Churchill.
- Le Proche-Orient, c’est le Maghreb plus l’Égypte et la Syrie
- Le Moyen-Orient : c’est la péninsule arabique et l’Iran
- L’Orient : le monde indien
- L’Extrême-Orient : la Chine et le Japon
Pour les Français, le Proche-Orient, c’est le Levant : la façade méditerranéenne de la péninsule arabique : Syrie, Liban, Égypte, Israël
En fait, la région n’existe pas, c’est une notion géopolitique qui dépend de la puissance dominante dans le monde qui la détermine.
Le terme « Middle East » des Etats-Unis s’est imposé longtemps, élargi depuis les années 2000 au MENA ; Middle East North Africa. Un arc s’étendant du Pakistan à la Maurétanie, régions qu’ils entendaient dominer alors que Churchill se focalisait sur la région allant du Caire à l’Inde.
La notion de Proche-Orient n’est plus utilisée qu’en France, parfois en Espagne, en Italie et souvent restreinte au conflit Israël-Palestine
L’AFPAK, la zone Afghanistan- Pakistan est une « sous-zone » pour les Etats-Unis qui cherchent à en dissocier les conflits qui contribuent cependant à désorganiser l’ensemble de la région
Le Maghreb, plus proche de l’Europe, appartient au monde arabe et musulman. Il obéit à des problématiques différentes, éloignées de celles dominantes en Israël, Palestine, Arabie saoudite ou Iran. Les Maghrébins migrent davantage vers l’Europe que vers les Pays du Golfe. Pourtant, ces pays qui ensemble ont une puissance égale à la Chine, sont le centre géo économique de la région. Puissances rentières, ils sont engagés politiquement. Le Qatar soutient des mouvements extrémistes comme les Frères musulmans en Égypte, Nahda en Tunisie, il héberge et finance le Hamas, organisation considérée comme terroriste par les Etats Unis et l’Union Européenn, contrairement aux dires de Laurent Fabius. Le Qatar surenchérit car il est en lutte avec l’Arabie saoudite pour le leadership de la région et ils s’affrontent en Syrie à travers des mouvements radicaux opposés.
En 1472, les Portugais avec à leur tête l’explorateur Fernando Pô arrivent sur les côtes du Cameroun et sont étonnés par les milliers de crevettes pullulant dans le fleuve Wouri. Ils baptisent cette terre inconnue des Européens « Rio dos Camarões », ce qui évolué en «Cameroun». Au cœur de l’Afrique, proche de l’Équateur, le Cameroun combine à la fois tous les atouts et tous les problèmes du continent, au point qu’il est possible en s’intéressant au Cameroun, d’étudier dans un seul territoire, l’Afrique dans son ensemble.
Le poids des héritages coloniaux
Le Cameroun est revendiqué mais non exploité par les Portugais. Au XIXème, les Allemands installent un comptoir de commerce près de Douala, ouvrant la porte à l’explorateur Gustave Nachtigal, dont les expéditions permettent à Bismarck de déclarer le territoire comme protectorat allemand en 1884 sous le nom de Kamerun.
Cette appropriation est confirmée lors des conférences de Berlin en 1884-85 qui attribuent à l’empire allemand outre le Cameroun, les actuels Togo, la Namibie, la Tanzanie et le Rwanda. En 1911, en compensation du Maroc, le Kamerun allemand est agrandi par l’adjonction de territoires sous contrôle français leur ouvrant un accès au fleuve Congo. Au Cameroun, comme dans tous les territoires colonisés, on n’a jamais consulté les populations locales, mises devant le fait accompli.
Après 1918, la France et le Royaume-Uni se partagent les dépouilles de l’empire colonial allemand en Afrique. La France devient le tuteur mandaté par la SDN du Togo et du Cameroun en 1922. La langue française devient la langue véhiculaire, ce qui est à la fois un atout car une « lingua franca » facilite la communication et un handicap car elle fait disparaître certains parlers locaux et exclut ceux qui ne la maîtrisent pas.
73ème Café de géographie de Mulhouse
Olivier Lazzarotti
Professeur de géographie à l’université de Picardie
Mulhouse, 2 octobre 2014
Le monde change, la géographie change. Habiter, c’est un moyen de penser ce changement et les concepts qui le signalent. C’est au cœur de la transformation du monde et de la géographie
Le monde change on le sait. Les changements sont économiques, sociaux, écologiques géopolitiques, technologiques. La géographie des années 80 ne rend plus compte de ces nouveaux phénomènes qui impliquent une nouvelle manière de lire le Monde. Une partie des bouleversements qui concernent la géographie touche aux mobilités. Ceux qui bougent et ceux qui ne bougent. Ceux qui sont bougés, ceux qui font bouger. Tout le monde bouge. En se multipliant, les mobilités se diversifient : migrations internationales, déplacements touristiques, déplacements pendulaires etc. De ces mobilités émergent des types sociétaux spécifiques, les sociétés à habitants mobiles. Aborder le Monde par l’ « habiter » est l’un des moyens de prendre en compte ces transformations dont le tout constitue une révolution géographique sans précédent.
Café de géographie du 11 février 2014
Pascal Orcier (Université de Lyon III)
Café l’Avenue, Mulhouse
La géopolitique de l’Europe est un sujet d’actualité à 100 jours des élections européennes, 48 heures après la votation suisse et en pleins Jeux Olympiques de Sotchi.
La question de l’Ukraine est au cœur de l’actualité car écartelée entre l’UE et la Russie mais comment se représente la frontière pour chacune de ces entités ? Une frontière négociée pour l’UE? Un front ou un glacis pour les Russes ?
Sur un autre plan, l’attitude ambiguë de la Suisse face à UE dont elle est une enclave depuis l’adhésion de l’Autriche en 95 mais qui reste en marge de l’UE.
L’Europe est un continent neuf en terme géopolitique. Ses frontières ont été stables entre 1945 et 1990, avant les bouleversements liés à la fin de la Guerre Froide. Ensuite sa carte politique a changé à plusieurs reprises : implosion de l’URSS, morcellement de la Yougoslavie, scission de la Tchécoslovaquie. La dernière modification date de 2008 avec la création du Kosovo. Elle va peut-être encore évoluer selon le résultat du référendum de septembre prochain en Écosse.
Débat « Les capitales européennes de la culture en Méditerranée : lieux, acteurs, enjeux »
avec Boris Grésillon, professeur de géographie à l’université d’Aix-Marseille,
le 18 janvier 2014, à La Filature, Mulhouse
Présentation
Le titre de « capitale européenne de la culture » est devenu au fil du temps un label envié par les villes européennes. Il est censé, pendant un an, faire porter les feux des projecteurs sur une ville européenne. Au-delà de l’organisation d’une année culturelle, ce label suscite des enjeux qui dépassent la stricte sphère culturelle : il s’agit tout à la fois d’attirer des touristes, de réaliser une opération économiquement rentable, de réorganiser un territoire, d’améliorer l’image ou la visibilité internationale d’une ville, de recréer du lien social à partir de projets culturels de terrain, etc. D’une certaine manière, Marseille et son territoire offraient en 2013 un terrain de jeu idéal pour répondre à ces défis.
Exceptionnellement, et en l’absence de compte-rendu, retrouvez sur cette thématique l’article de Boris Grésillon, Marseille-Provence 2013, analyse multiscalaire d’une capitale européenne de la culture, publié le 4 novembre 2013 sur le site de Géoconfluences.
68ème café de géographie de Mulhouse
Jeudi 28 novembre 2011
Lucile Medina, UMR ART-Dév, Université de Montpellier 3
Quelle est la centralité de l’Amérique centrale ? A part sa position géographique, la question se pose vraiment. La géopolitique et l’économie peuvent aider à y répondre.
Il faut tenir compte de deux dimensions :
– La dimension longitudinale : l’Amérique centrale est-elle un lien entre le Nord et le Sud du continent ? Est-elle une charnière ?
– La dimension transversale : sa centralité à l’échelle mondiale avec Panama à la centralité d’échanges mondiaux.
L’isthme est cependant le « ventre mou » du continent avec 40 millions habitants, 500 000 km² fragmentés en 7 Etats. Des paysages différents, un relief morcelé avec une cordillère centrale. Pour Alain Musset, c’est une mosaïque de petits mondes. L’Amérique centrale est mal connue ou partiellement comme « région chaude », affectée par des séismes, le volcanisme, des cyclones, des inondations. Un climat politique longtemps délétère : les Sandinistes, les guérillas etc..
Néanmoins, l’Amérique centrale est un ensemble original qui s’étend géographiquement de l’isthme de Tehuantepec à celui de Panama. Elle se rattache à la Méso Amérique et à l’Amérique du Sud.
On a peu de publications en français (et même en espagnol et en anglais) sur cet espace. Alain Musset en 1994, a publié « Amérique centrale et Antilles ». Le tome sur l’Amérique latine dans la collection de la Géographie Universelle de Belin-Reclus lui consacre également un chapitre en 1994, rédigé par Noëlle Demyk. On peut aussi mentionner “Guerre et paix » en Amérique centrale d’Alain Rouquié (1992) ou encore un numéro thématique de la revue Problèmes d’Amérique latine en 2009 « Amérique centrale, fragilité des démocraties ». En anglais, est paru « Historic Atlas of America », (coord. Hector Perez Brignoli et Carolyn Hall), en 2003.
Pour revenir sur le modèle centre- périphérie qui vient de l’économie avant d’avoir été récupéré par la géographie en 1980 (Alain Reynaud), il se rapproche des théories néo marxistes décrivant un monde vu en terme de dominations : celle des PDEM [Pays Développés à Economie de Marché] sur les PED [Pays En Développement]
L’Amérique centrale est-elle un centre ou une périphérie ? Elle semble plutôt périphérique, sous dépendance de l’Amérique du Nord, mais est-elle intégrée ou dominée ? C’est en question.
63ème café de géographie de Mulhouse
Jérôme Lageiste
Maitre de conférences à l’université d’Artois
Mardi 12 février 2013
Café l’Avenue Mulhouse
Le tourisme s’exerce – pas exclusivement, mais majoritairement – sur des espaces conduisant à une orientation vers la nature. Les littoraux – combinaison des éléments primaires : plage, mer, soleil – font l’objet d’un véritable tropisme impérieux s’exerçant de date ancienne et dans divers régions du monde.
Comment appréhender cet attrait pour les littoraux ? Qu’est-ce qui conduit des légions individus vers les littoraux ?
S’agirait-il d’une phénoménologie particulièrement expressive de cet espace ?
Dans une démarche géographique assurément subjective, plaçant l’individu au centre de nos préoccupations, il s’agira ici de s’intéresser à l’intimité que chacun entretient avec les éléments, à ses affects, de comprendre le sens de cette topophylie.
66ème café de Géographie de Mulhouse 29 Avril 2013
Bernadette Mérenne-Schoumaker
Phénomènes généraux
Le commerce a toujours été un secteur qui change et cette évolution touche bien sûr les centres-villes.
Pourquoi des changements ?
Le commerce est le reflet de la société qui évolue sans cesse. Les technologies ont toujours favorisé les changements comme les transports, les cartes de crédit et l’e-commerce mais il se passe des choses très différentes dans des villes similaires selon les pays.
Plusieurs acteurs influencent le commerce ainsi : les pouvoirs publics qui ne peuvent cependant porter seuls le poids des responsabilités, les distributeurs qui décident des implantations et les consommateurs qui pèsent beaucoup en orientant le commerce par leur comportement et leur choix.
Évolutions de la demande
Plusieurs facteurs interviennent pour expliquer les changements. Des facteurs socio-économiques comme l’accroissement global des revenus des ménages et la bipolarisation des extrêmes [très riches et très pauvres], la réduction de la taille des ménage, le vieillissement des populations , le multiculturalisme, de nouvelles valeurs plus hédonistes qui priment : la santé, la famille, le plaisir, l’écologie… et des facteurs spatiaux liés à la mobilité comme l’étalement urbain des classes moyennes qui induit une segmentation des espaces.
Évolutions de l’offre
On constate la montée en puissance des grandes enseignes internationales omniprésentes mais aussi la transformation des modes de vente avec la banalisation du libre-service, de l’e-commerce, du discount. Se multiplient les « offres bouquet » : « tout pour l’enfant » et on voit apparaitre de nouveaux produits et services. Le plus grand changement est la généralisation de la distribution périphérique, d’une banalité évidente sur le plan paysager à l’inverse des centres-villes. L’opposition centre-périphéries s’accroit et le commerce urbain se reconcentre sur quelques petites rues alors qu’à l’inverse, on constate une dégradation des quartiers non centraux.
65ème Café de géographie de Mulhouse
Roland Pourtier
Professeur émerite de géographie.
Mulhouse, Café L’Avenue 3 avril 2013
Si j’avais pensé l’Afrique mal partie, j’aurai changé de métier ou de continent. En effet, s’il y a encore beaucoup de problèmes dans la région, l’Afrique bouge énormément.
J’ai en main un texte de Nicolas Baverez, paru ce matin qui contredit René Dumont car en effet : « L’Afrique noire est bien partie ». Nous venons d’aborder une période « d’afro-optimisme »
Il faut cependant raison garder, savoir qu’il y a des éléments extrêmement positifs mais encore nombre de problèmes à résoudre.
Les « Lions africains » répondent aux « Tigres d’Asie ». L’heure des lions qui vont dévorer la terre entière telle que décrits par le numéro spécial de Courrier International sur l’Afrique composé d’articles écrits uniquement par des Africains ayant une vision stimulante.
64me café de géographie de Mulhouse
Campus de la Fonderie
20 mars 2013
Laurent Carroué
Inspecteur Général . Ancien Professeur de géographie. Université de Paris VIII
La pression humaine : la durabilité de nos modèles de développement en débat
La croissance démographique est un des premiers éléments d’explication de la redistribution des cartes car la présence de plus de 6 milliards d’hommes, inverse les équilibres. Les pays développés stagnent sur le plan démographique, la croissance vient à 90% de la vitalité des Suds.
Partout les améliorations sociales, sanitaires, médicales, expliquent les progrès de l’espérance de vie mais aussi la baisse de la mortalité plus rapide que celle de la fécondité qui reste élevée. Les pays les plus évolués du Sud rejoignent le modèle européen (cf. enjeux du vieillissement en Chine) mais dans le reste monde 50 % de la population a moins de 20 ans.
L’enjeu géopolitique de gestion, au XIXème, qui a permis à l’Europe de peupler le reste du monde, grâce à un boom démographique qui lui a permis de s’étendre sur les ¾ de la planète a vécu. Au XXème, ce processus est interdit au Sud car il n’y a presque plus d’espaces à développer.
Les niveaux de migration actuels (en %) sont équivalents à ceux de la Première Guerre Mondiale mais aujourd’hui, on observe un cloisonnement des flux induisant des enjeux de développement internes tout à fait nouveaux.
Il est possible que l’on aille vers des catastrophes géopolitiques (Côte d’Ivoire) car les processus fonciers, d’accueil sont bloqués. C’est la même chose au Kivu dans la région des Grands Lacs d’Afrique ; au Sahel quand il y a pression sur la terre. Cela pose un problème de solidarité comme de transferts de compétence. « La terre est finie » dit-on en Afrique.
Hugo Lefebvre
ATER à l’université d’Artois, doctorant à l’Institut Français de géopolitique, Université Paris VIII
Café L’Avenue Mulhouse
4 octobre 2012
Hugo Lefebvre a passé un an en Californie pour cette thèse qui sera déposée demain matin. Il a étudié les enjeux et conflits de pouvoir nés en Californie de la crise de 2008, entre plusieurs acteurs à diverses échelles. Cette crise, la plus grave crise depuis 1929, a commencé en 2007. Elle s’est traduite par une augmentation rapide des saisies immobilières. Elle se résorbe cependant progressivement depuis 2010.
La crise a frappé dans un premier temps les villes centres car le modèle urbain américain est très différent de l’Européen : d’une manière générale, les villes centres sont pauvres et les périphéries riches. À l’échelle du pays, la Californie est l’un des États les plus touché par l’augmentation des saisies. La répartition des saisies immobilières n’est cependant pas homogène en Californie. La vallée de San Joaquin, petite région rurale de 1.5 millions d’habitants située 150 km à l’est de San Francisco , constitue l’une des régions les plus touchés par la crise, non seulement à l’échelle de l’État, mais également à l’échelle du pays. Ce territoire ne ressemble pourtant en rien aux villes centres car c’est une région rurale, qui a connu un développement urbain rapide avant le déclenchement de la crise.
Noël, et le personnage mythique qui lui est associé depuis peu ne sont pas seulement les résultats d’une histoire culturelle. Noël est le produit de glissements dans l’espace de la fête et de ses figures : tout d’abord le basculement initial de l’est du bassin méditerranéen vers l’Europe de l’Ouest et du Nord, ensuite, une traversée de la Manche et deux traversées de l’Atlantique, des « migrations » profondément liées aux courants commerciaux des époques concernées.
Les espaces fondateurs de Noël ont souvent les même caractéristiques : plutôt riches, ouverts sur d’autres espaces mondiaux et capables d’innover. Noël ne se pare du manteau des traditions que pour mieux cacher ses modernisations. Le cas de la Finlande, qui sera particulièrement étudié lors du café de Mulhouse le prouve : le petit pays nordique a pu « kidnapper » le Père Noel en se fondant sur ses propres traditions et en profite aujourd’hui pour organiser un actif tourisme international de Noël, de la capitale à la lointaine Laponie. Le père Noel est donc l’un des symboles de la mondialisation, ce qui ne retire rien à la dimension culturelle ou spirituelle de Noël : il est l’héritier d’une culture marchande que l’on ne peut séparer de sa dimension religieuse.
Retrouvez toutes les archives des comptes rendus des Cafés Géographiques de Mulhouse, à consulter et télécharger au format PDF.
Un monde touristique, une lecture géographique, Philippe Duhamel, 3 octobre 2013
CR monde touristique P Duhamel.pdf
Quel avenir pour le commerce en centre-ville ?, Bernadette Mérenne-Schoumaker, 29 avril 2013
CR commerce centre ville B. Merenne Schoumaker.pdf
Quand l’Afrique s’éveillera !, Roland Pourtier, 3 avril 2013
CR Afrique R. Pourtier.pdf
La crise : vers une redistribution des cartes à l’échelle mondiale, Laurent Carroué, 20 mars 2013
CR crise L. Carroue.pdf
Tropismes balnéaires, Jérôme Lageiste, 12 février 2013
CR tropismes balneaires J. Lageiste.pdf
Le développement durable : utopie ou avenir économique ?, Alexandra Monot, 21 novembre 2012
CR developpement durable A. Monot.pdf
L’extension de la crise des subprimes aux Etats-Unis, Hugo Lefebvre, 4 octobre 2012
CR subprimes H. Lefebvre.pdf
Quelle place pour les prisons ?, Olivier Milhaud, 30 mai 2012
CR prisons O. Milhaud.pdf
Les Etats-Unis, des paysages emblématiques, Christian Montes, 28 mars 2012
CR Etats-Unis Montes.pdf
Différences entre les lieux, injustices entre les personnes. Pour une lecture géoéthique du Brésil, Bernard Bret, 16 février 2012
CR B. Bret Bresil.pdf
Les enjeux de l’Arctique, Eric Canobbio, 18 janvier 2012
CR enjeux arctique.pdf
« Notre vision cartographique du monde est pleine de cicatrices… », Christian Grataloup, 6 décembre 2011
CR Grataloup.pdf
Les régions françaises sont-elles des espaces vécus ?, Armand Frémont, 12 mai 2011
CR régions françaises.pdf
Les banlieues, territoires du passé ou terre d’avenir ?, Marie-Claire Vitoux, Didier Burcklen, Hervé Vieillard-Baron, 1 avril 2011
CR banlieues.pdf
L’énergie en Europe : bilan et enjeux, B. Mérenne-Schoumaker, 10 février 2011
CR Energie Europe.pdf
L’Iran, Etat voyou ou pays émergent ?, Bernard Hourcade, 24 janvier 2011
CR Iran.pdf
Le Mexique entre deux Amériques, Alain Musset, 24 novembre 2010
CR Mexique.pdf
Le temps de l’Afrique est-il venu ?, Roland Pourtier, 15 novembre 2010
CR temps de l’Afrique.pdf
La mondialisation du transport maritime : Comment le monde a-t-il été mis en boîtes ?, Antoine Frémont, 29 avril 2010
CR Transport maritime.pdf
Chine, Japon : collision ou collusion ?, Pierre Gentelle, Philippe Pelletier, 26 mars 2010
CR Chine Japon.pdf
Le TGV dans l’espace Rhin Rhône : quelle place pour Mulhouse, Valérie Fachinetti-Mannone, Cyprien Richer, 23 février 2010
CR TGV Espace Rhin Rhone.pdf
Le mur de Berlin, vingt ans après, Bernard Reitel, 10 décembre 2009
CR Mur de Berlin.pdf
L’Allemagne, vingt ans après, Boris Grésillon, 1 octobre 2009
CR Allemagne.pdf
Le Congo ou la poudrière du Kivu. Géopolitique d’une périphérie à haut risque, Roland Pourtier, 19 mars 2009
CR Congo.pdf
L’agriculture peut-elle nourrir le monde ?, Jean-Paul Charvet, 17 février 2009
CR Agriculture Monde.pdf
La mondialisation : plus ou moins d’Europe ?, Jacques Levy, 5 février 2009
CR Mondialisation Europe.pdf
Les Etats entre Russie et Europe (Moldavie, Biélorussie, Ukraine) entre-deux ou Etats satellites ?, Yann Richard, 18 décembre 2008
CR Etats entre Russie et Europe.pdf
Le Maroc, île ou pont ?, Jean-Luc Piermay, 25 novembre 2008
CR Maroc Piermay.pdf
La géopolitique du vin. Vins du terroir, vins du nouveau monde, Hélène Vélasco-Graciez, 24 avril 2008
CR Géopolitique du Vin.pdf
Hong Kong et la Chine du Sud, Thierry Sanjuan, 13 mars 2008
CR Hong Kong.pdf
Villes et mondialisation, Stéphane Leroy, 31 janvier 2008
CR villes mondialisation.pdf
Les défis posés au Japon, Philippe Pelletier, 14 décembre 2007
CR défis Japon.pdf
La Caspienne au cœur de nouveaux enjeux, Jean Radvanyi, 5 décembre 2007
CR Caspienne enjeux.pdf
Les enjeux territoriaux de la logistique, Antoine Beyer, 25 septembre 2007
CR enjeux territoriaux logistique.pdf
Les enjeux géopolitiques en Afghanistan, Sonia Jedidi, 10 avril 2007
CR enjeux géopolitiques Afghanistan.pdf
La Turquie en quatre monde, Stéphane de Tapia, 19 février 2007
CR Turquie quatre mondes.pdf
Le Liban, la triste réalité d’un Etat tampon, Fabrice Balanche, 9 janvier 2007
CR Liban Etat tampon.pdf
La mondialisation en débats, Laurent Carroue, jeudi 9 novembre 2006
CR mondialisation débats.pdf
Le réchauffement climatique, mythe ou réalité ?, Patrice Paul, 17 mai 2006
CR réchauffement climatique.pdf
Les banlieues, des territoires urbains en crise, Hervé Vieillard Baron, 14 mars 2006
CR banlieues H Vieillard Baron.pdf
Villes et risques naturels, Yvette Veyret, 11 janvier 2006
CR ville risques naturels.pdf
La banalisation des paysages, Michel Perigord, 16 décembre 2005
CR banalisation paysages.pdf
La Chine en 2020, géopolitique et géostratégie, Pierre Gentelle, 22 novembre 2005
CR Chine 2020.pdf
Quel avenir pour les transports urbains en Europe ?, Christian Montès, Manuel Appert, 7 avril 2005
CR Transports Urbains.pdf
La géographie de l’Inde, François Durand-Dastes, 16 mars 2005
CR Inde.pdf
L’agriculture, moteur ou frein du développement en Amérique latine, Bernard Bret, 20 octobre 2004
CR Bresil.pdf
Les Etats-Unis, une puissance en question, Gérard Dorel, 31 mars 2004
CR Dorel.pdf
La Pologne à l’heure de l’entrée dans l’U.E., Benjamin Kostrubiec, 11 février 2004
CR Pologne.pdf
L’Afrique peut-elle entrer dans la modernité ?, Jean-Luc Piermay, 2 octobre 2003
CR Piermay 2003.pdf
L’eau, un enjeu pour le XXIème siècle, Jacques Bethemont, 7 mai 2003
CR Bethemont 2003.pdf
La vision chinoise du monde, Pierre Gentelle, 13 mars 2003
CR Gentelle 2003.pdf
Les relations entre les Balkans et l’Europe, Michel Sivignon, 13 décembre 2002
CR Sivignon 2002.pdf
Risques naturels, risques majeurs, leur gestion est-elle possible ?, Brice Martin, 5 juin 2002
CR Brice Martin 2002.pdf
L’aménagement du territoire. Pour qui ? Pour quoi ?, Michel Hagnerelle, Jean-Roch Klethi, Bernard Reitel, 1 mars 2002
CR Hagnerelle 2002.pdf
La frontière, zone de contacts ou de ruptures ?, Henri Chamussy, 28 septembre 2001
CR Chamussy 2001.pdf
Quelle ville voulons-nous ?, Jacques Lévy, 5 avril 2001
CR Levy 2001.pdf