Les Cafés Géographiques de Lyon

CafesGeoLyon

Créés en 1999, les Cafés Géo de Lyon vous proposent un soir par trimestre, à 19h, au Périscope, une grande variété de thématiques décortiquée par des géographes. Selon les sujets abordés, différent.e.s intervenant.e.s se joignent aux géographes pour croiser les regards. Un temps de débat important avec la salle permet d’alimenter la discussion. Ponctuellement, des événements « hors les murs » (notamment des sorties de terrain) sont proposés.
Les Cafés Géo de Lyon sont coordonnés par la Géothèque, et animés depuis la rentrée 2021 par Guillaume Barral (animation et organisation), Maxime Fichet (communication) et Léa Glacet (organisation).
Il.elle.s s’appuient sur le bassin lyonnais de chercheur.euse.s : Édouard de Bélizal, Pierre Le Gall, Ninon Blond, Rémy Madinier, Pauline Iosti, Matthieu Adam, Émeline Comby, Florence Nussbaum, Antoine Le Blanc, Adrien Baisse-Lainé.
Contact : La Géothèque geotheque@gmail.com
En espérant vous voir nombreu.x.ses autour d’un café et de la géographie !

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Retrouvez également les archives des comptes rendus des Cafés Géo de Lyon

 

Téléphériques urbains en France

Mercredi 5 février 2020, Café « Boulang’ et Pâtiss’ », Lyon

Analyse des projets français et mise en perspective internationale    

par Delphine GINEY, docteure en géographie, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Laboratoire LADYSS – UMR 7533 du CNRS, Paris. Séance co-organisée par la Géothèque et l’APHG – Régionale de Lyon, et animée par Martin CHARLET, APHG de Lyon.

Cette première séance de l’année marque la reprise des Cafés géographiques de Lyon, désormais portés par l’engagement de deux associations lyonnaises, la Géothèque et l’APHG, qui souhaitent ainsi maintenir le lien entre l’actualité de la recherche en géographie et le grand public lyonnais.

Pour cette occasion, nous avons le plaisir d’accueillir Delphine GINEY, qui a récemment soutenu une thèse de doctorat sur l’acceptabilité sociale des projets de transport en commun par téléphériques urbains, à l’Université Paris 1, sous la direction du Pr. Pierre PECH. Il s’agit d’une thèse au format peu commun, puisqu’elle s’est inscrite dans le cadre d’un partenariat industriel en R&D (programme I2TC, comprenant notamment le transporteur Poma, le constructeur Eiffage, la recherche appliquée de l’Ecole centrale et la RATP) pour développer cette technologie en milieu urbain. On parlera bien ici d’un mode de transport qui n’est pas à finalité touristique, mais bien à considérer comme une solution de transport en commun à part entière. En cela, il s’agit d’une solution nouvelle, puisqu’elle n’existait pas dans les villes françaises avant 2016 avec la première réalisation de ce type, à Brest.

 

Aspects techniques et émergence de ce mode de transport

La notion de transport par câble recouvre des solutions techniques très variées (nombre de câbles, répartition câbles tracteurs / câbles porteurs, etc.), mais son principe est simple et très ancien : l’idée est visible en Chine dès -250 av. JC, mais elle se développe surtout à partir de la révolution industrielle avec les câbles en acier. Réservée d’abord au transport de matériaux, elle s’ouvre au transport de personnes à la fin du XIXe siècle, d’abord au sol (funiculaires tractés), puis en mode aérien lors des expositions universelles en 1900, avant des réalisations majeures, principalement touristiques (ex : Aiguille du Midi, 1924 ; Grenoble en 1934) ; elle se généralise avec les sports d’hiver.

Pourquoi cependant une réorientation récente vers le contexte urbain ? On constate d’abord une saturation du marché des sports d’hiver, ce qui pousse les constructeurs à se tourner vers un nouveau marché. Le contexte du Grenelle de l’environnement a pu également jouer : ce mode de transport a été promu pour son aspect peu coûteux, peu impactant (faibles infrastructures au sol) et très pratique pour surmonter les coupures urbaines (ex : autoroutes, trémies de chemin de fer). Il a d’ailleurs bénéficié d’un portage politique depuis lors (Ségolène Royal au Ministère de l’environnement, Valérie Pécresse en Île-de-France) et a bénéficié de la levée récente d’un verrou réglementaire qui interdisait, jusqu’en 2016, le survol des habitations privées.

En termes de capacité et de vitesse, le transport aérien par câble est équivalent à un tramway, soit environ 5000 passagers par heure. Mais la nouveauté de ce mode de transport pose d’autres questions : quel accueil par les citadins ? Quelle insertion en milieu urbain dense ? Quelle capacité à être intégré à l’offre de TC habituelle ? En France, on n’a pas l’habitude du transport aérien en ville, si ce n’est dans le cas du métro aérien de Paris. Ce dernier résulte d’une contrainte technique avant tout – des problèmes de forage – et non d’un choix. Par contre, l’idée d’un transport aérien nourrit des imaginaires urbains fertiles (ex : dirigeables, engins volants dans les villes), surtout dans le registre de la science-fiction.

Dans l’absolu, il y a peu d’exemples de transport par câble en ville jusqu’à présent, sauf en Géorgie (Tbilissi, Chiatura : 10 lignes), en Algérie (Alger : 6 lignes), un peu en Russie… et un essor très récent en Amérique du Sud (2004 pour le premier à Medellin, Colombie). En France, on ne compte qu’une seule réalisation (Brest), mais beaucoup de projets, notamment en Île-de-France, sinon à Toulouse ou bien à Saint-Denis de la Réunion. (Lire la suite…)

Se cultiver dans les espaces périurbains : une mission impossible ?

Les Cafés géographiques de Lyon
Au Café de la Cloche (Lyon 2e) le 19 septembre 2018

Catherine Didier-Fèvre est docteure en géographie, agrégée d’histoire-géographie, professeure en classes préparatoires littéraires (Lycée Sainte-Marie, Lyon)

Fabrice Beauvois est maire de Bressolles et président du festival ZAC-en-scène à La Boisse, dans l’Ain.

Catherine Didier-Fèvre explique que sa thèse portait principalement sur la mobilité des jeunes dans les espaces franciliens, mais la question de l’accès à la culture en milieu périurbain s’y posait aussi en filigrane. Après avoir rappelé le ZAU (Zonage en Aires Urbaines) de 2010 et le seuil des 40 % des actifs qui travaillent dans un pôle urbain, elle revient sur les enquêtes qualitatives qu’elle a mené sur trois terrains de la couronne périurbaine de Paris et de Sens, à partir de trois lycées (Sens, Montereau-Fault-Yonne et La Queue-les-Yvelines) recrutant une part importante d’élèves vivant dans les espaces périurbains.

Alors que ces derniers prennent le car parfois à 6h55 pour les cours à 8h et rentrent à 19h, ce qui l’a frappée c’est leur capacité à négocier ces temps de transport et à en faire une ressource. Dans la contrainte (2h de transport/jour), il y a une forme de liberté et d’autonomisation des élèves explorant les espaces autour du lycée dans les temps situés entre les cours et les temps de transport. Les élèves, y compris les siens, ont parlé très librement. Elle a également réalisé des sondages en ligne pour savoir comment on fêtait ses 18 ans à la ville, dans le rural et dans le périurbain ainsi qu’un sondage sur les pièces de la maison, composante importante du choix du périurbain pour les parents.

La variété sociologique des terrains retenus est à noter : l’Ouest francilien présente davantage de cadres venus s’installer, grâce à la proximité relative de la Défense, alors qu’à l’Est les professions intermédiaires, les employés et les ouvriers sont plus représentés. Ces espaces ont également connu une histoire de périurbanisation différente. Les communes étudiées dans l’Ouest francilien ont connu une croissance plus précoce que dans l’Est.

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Biodiversité et alimentation : du jardin à l’assiette

Stéphane Crozat, ethnobotaniste, historien d’art des jardins, directeur du Centre de Ressources de Botanique Appliquée (http://www.crba.fr )
Le Café géographique lyonnais du 6 avril 2018 se déroule dans le contexte particulier de la Nuit de la Géographie, organisée à l’espace Hévéa, rue Maurice Zimmermann, à Lyon.

Le Café d’aujourd’hui met à l’honneur la biodiversité domestique à travers une approche historique et géographique. Les phénomènes spatio-temporels  de répartition, de diffusion,  de disparition et de ré-introduction des plantes arbustives, fruitières et potagères présentés par Stéphane Crozat, sont issus de la région lyonnaise. En guise d’illustration culinaire, le poireau ‘Bleu de Solaize’ a été proposé en dégustation par l’association Santé-Goût-Terroir (https://www.sante-gout-terroir.com/). Son but est de sensibiliser par les sens et d’établir les liens entre le terroir qui nous nourrit et notre santé.

La botanique appliquée est un champ de recherche intéressant, car elle a une dimension autant biologique que sociale pour répondre aux grandes questions de l’approvisionnement alimentaire de l’humanité et au changement global. En effet, l’immense diversité de fruits, de légumes et de céréales qui existaient depuis des siècles se réduit de manière inéluctable. Or, les espèces domestiques locales et anciennes, adaptées à leur milieu et à leur climat, sont plus résistantes que des variétés créées en laboratoire. Elles peuvent être diffusées dans d’autres régions où leur acclimatation permettrait de répondre aux besoins et aux conditions naturelles, elles-mêmes en évolution constante.

Le Centre de Ressources de Botanique Appliquée (CRBA) est un laboratoire d’idées et de recherches appliquées. Il gère, coordonne, expérimente et anime 5 conservatoires participatifs et vivants de la biodiversité domestique. Il propose une expertise et des conseils en conception et en restauration de jardins historiques ou contemporains. Il développe par la transversalité des disciplines, des programmes de recherches et de valorisations dans le domaine de la botanique appliquée allant de l’agriculture à l’horticulture, de la conception à la réhabilitation de jardins, de l’histoire à l’utilisation actuelle des plantes.

La question du retour au terroir est d’actualité, comme le montre l’existence de l’Association Santé-Goût-Terroir qui cherche à promouvoir les bonnes variétés pour la santé et l’environnement.

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La vie nocturne de Beyrouth : espaces publics et régimes de visibilité 

Café Géo du 28 février 2018

Marie Bonte est docteure en Géographie, membre du laboratoire PACTE à l’Université de Grenoble Alpes et ATER à l’Université Lyon III Jean Moulin. Elle a soutenu sa thèse en 2017, intitulée « Beyrouth, états de fête. Géographie des loisirs nocturnes dans une ville post-conflit », sous la direction de Myriam Houssay-Holzschuch et Karine Bennafla.

Le travail de thèse de Marie Bonte étudie la vie nocturne de la ville de Beyrouth au Liban au prisme des espaces publics. Ses recherches proposent de questionner et d’enrichir la notion d’espaces publics, une notion centrale en Géographie qui reste plurielle et a parfois du mal à faire consensus.

Marie Bonte présente son objet de recherche, les espaces de la vie nocturne à Beyrouth, comme un objet pluriel : à la fois espace physique des bars et des boîtes de nuits organisé par une diversité d’acteurs qui produisent, régulent consomment ces espaces, à la fois un ensemble de pratiques et de sociabilités, et enfin des discours et des représentations.

L’approche des villes par leurs nuits est une dimension récente des études urbaines : la dimension temporelle des espaces a été bien souvent jusque-là négligée, la nuit apparaissant comme une « dimension oubliée de la ville » (Gwiazdzinski 2002).

Pourtant, étudier la nuit en ville pose un certain nombre d’enjeux : des enjeux d’aménagement (où sont ces lieux, comment sont-ils réglementés, comment y accède-t-on ? Question de l’éclairage urbain), des enjeux socio-économiques (qui a accès aux établissements nocturnes par exemple ?), des enjeux d’inégalités notamment de genre (quelle place pour les femmes dans l’espace public nocturne ?). Il y a donc un véritable intérêt à étudier les espaces urbains la nuit.

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Tourismes en transition : Réinterroger le changement dans les pratiques récréatives

Café géographique de Lyon, mercredi 22 novembre 2017
Café de la Coche, Lyon Bellecour
Philippe Bourdeau est professeur de géographie à l’Institut d’urbanisme et de géographie alpine de l’Université de Grenoble.

Introduction : la géographie du tourisme de demain

Il faut se poser la question de la géographie du tourisme de demain, quelle est-elle ? Comment le tourisme est-il lié aux impératifs du développement durable ? Un « éco-tourisme » au sens strict est-il possible ou faut-il plutôt envisager plus généralement un tourisme de transition ? Ces solutions sont-elles porteuses de promesses ? Il est question d’enjeux tout à la fois sociaux, environnementaux et économiques qui marquent un changement dans le tourisme et ses pratiques.

Philippe Bourdeau a principalement travaillé sur les Alpes, on ne parlera pourtant pas tant de montagnes, le but pour tout chercheur étant de monter en généralité. Il faut faire des allers-retours dans les transformations du tourisme, en quoi et comment il s’inscrit dans une échelle plus globale, dans un changement culturel. On peut à la fois parler de changement et de nouveauté, il faut toutefois prendre des précautions avec le terme « nouveauté ». On ne peut pas dire que tout est nouveau : il y a des inerties et des permanences. Le tourisme est marqué par une dialectique articulée entre permanences et changements.

Quand on passe devant un kiosque, par exemple dans une gare, on est frappés de l’exubérance de journaux et magazines qui promettent des choses intemporelles dans les destinations de voyages : le rêve, l’insularité, le paradis. Ce sont des stéréotypes qui utilisent la dialectique classique entre un « ici » et un « ailleurs » idéalisé dénotant le groupe de citadins que nous sommes qui rêvent de nature comme lieu de ressourcement. On voit apparaître à travers ces couvertures la mythologie touristique que cette dialectique déploie.

L’Organisation Mondiale du Tourisme observe actuellement une croissance exponentielle du nombre de touristes qui ne ferait qu’augmenter de manière plus marquée dans les années à venir. Pourtant on peut relever un paradoxe entre cette croissance, la permanente abondance de promesses et de plus en plus de critiques à leur égard sur fond de triple crise climatique, énergétique et économique, qui plus est dans un contexte de changement culturel et technologique. Ce dont rend compte une image diffusée par les « casseurs de pubs » qui montre la figure du touriste –affublé de ses attributs : lunettes de soleil, chapeau, appareil photo et chemise à fleur, mais aussi automobile, avion, skis…– au bord du gouffre dans une ambiance de « de fin de partie ». Ainsi, alors que le tourisme est au cœur de nos modes de vie, constitue un des principaux facteurs de mobilité à l’échelle mondiale et que les progrès technologiques promettent sans cesse une plus grande rapidité et fluidité de transport, on observe une montée des questions et doutes, face aux incertitudes du monde contemporain et de ses enjeux.

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Être touriste dans un pays socialiste : le Vietnam

Cafés géographique de Lyon : le 20 décembre 2017 avec Emmanuelle Peyvel

Emmnanuelle Peyvel est doctoresse en géographie et maîtresse de conférences à l’Université de Bretagne occidentale. Spécialiste du tourisme au Vietnam auquel elle a consacré sa thèse, elle a publié à ENS éditions un ouvrage joliment intitulé L’invitation au voyage, qui reprend, en les actualisant, les résultats de ses recherches.

Carte : Touristes étrangers et domestiques au Vietnam (E. Peyvel, 2011)

Je précise que j’étudie seulement le tourisme domestique ou interne, c’est-à-dire les Vietnamiens qui visitent leur pays (ce qui n’équivaut pas au tourisme national qui comprend aussi les Vietnamiens qui partent à l’étranger).

Le Vietnam est situé dans la péninsule indochinoise, à laquelle appartiennent aussi le Laos, le Cambodge et la Thaïlande, cette dernière n’étant pas incluse dans l’ancienne Indochine française. Ce pays de 95 millions d’habitants est un espace du plein et des fortes densités (285 hab/km²), ce qui contraste avec ses voisins laotiens et cambodgiens. Cette population nombreuse, jeune, éduquée et en bonne santé alimente l’émergence économique du pays et l’essor d’une classe moyenne, qui constituent autant de facteurs expliquant l’importance du tourisme domestique .Les sites touristiques les plus connus sont ceux classés Unesco , comme la baie de Hạ Long ou la Citadelle impériale de Huế , classée la première en 1993, ce qui témoigna de sa réintégration dans le concert des Nations suite à la politique de réouverture (Đổi Mới) initiée en 1986.

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L’espace rural. Marge politique, cœur territorial

Café géographique de Lyon, Mercredi 11 octobre 2017, 
Café La Cloche, Lyon Bellecour

 

par Samuel Depraz, maître de conférences en Géographie et Aménagement à l’Université Lyon III. Spécialiste de la géographie des espaces naturels protégés, il travaille aujourd’hui sur les espaces ruraux européens, notamment sur les questions de définition des espaces ruraux et de démocratie locale en milieu rural. Sur cette question des marges, au programme des concours de l’enseignement, il est l’auteur d’un manuel : La France des marges : Géographie des espaces « autres », paru en 2017 aux éditions Armand Colin.

et Cédric Szabo, démographe de formation, directeur de l’Association des maires ruraux de France. Cette association, créée en 1971 et dont le siège se trouve à Lyon, représente les maires des communes de moins de 3 500 habitants en France dans le but de défendre et de promouvoir les enjeux spécifiques de la ruralité. 

Introduction. Définir la ruralité : des problèmes de représentations

La question de la ruralité est épineuse. On observe des distorsions selon que l’on mobilise un certain type de données ou un autre, ce qui rend difficile la question de la définition de la ruralité en France et peut introduire des biais idéologiques. Comparons quelques chiffres.

Cédric Szabo : Il y a autant d’habitants dans les communes de moins de 2 000 habitants que dans les 115 plus grandes villes de France, soit 15,5 millions d’habitants. À l’échelle de la population française, la population rurale n’est donc pas marginale. Les communes de moins de 3 500 habitants représentent 92 % des communes française, ce qui équivaut à un tiers (32,5 %) de la population française. En termes de population, les espaces ruraux ne peuvent donc pas être considérés comme une marge. On constate pourtant que la manière dont ils sont traités est sans proportion avec ce qu’ils représentent en termes de population.

Samuel Depraz : les outils mobilisés par l’AMRF remettent en question la définition des limites du rural. On peut prendre ici les chiffres de l’Insee. D’après cet institut, 82 % de la population est urbaine, ce qui laisse 18 % de ruraux en considérant le seuil de 2 000 habitants agglomérés pour définir l’espace urbain. L’écart est donc énorme avec les chiffres évoqués par Cédric Szabo. Cela interroge les représentations que nous avons de la ruralité, que nous définissons souvent en France par le négatif et en minorant les faits. Ainsi, le seuil de l’Insee des 2 000 habitants agglomérés par unité urbaine remonte à 1954 et pose aujourd’hui clairement la question de sa pertinence. Les fonctions urbaines ont évolué, se sont concentrées au détriment des bourgs. Marvejols, en Lozère, tient bien plus du monde rural que de l’urbain avec ses 4 000 habitants agglomérés ! Prenons d’autres chiffres de l’Insee, par exemple la mesure de l’influence des villes par les mobilités pendulaires (Zonage en Aires Urbaines). Selon ce découpage, 96 % des habitants en France sont sous influence urbaine. Il ne resterait donc que 4 % d’habitants « authentiquement » ruraux, si on veut être provocateur en utilisant ce mot. Mais un tel ratio vide de sens l’utilisation des deux termes ! On est donc bien dans des questions de représentations, voire d’idéologie que l’on projette sur le territoire. À quelles représentations faudrait-il donc se référer ? Celles du bon sens ? Celle des élus ? Des militants ? Ou d’autres encore ?

D’autres définitions scientifiques semblent cependant donner raison aux discours militants favorables à un calcul plus large du rural en France. On peut se pencher sur les analyses de l’Union Européenne (UE), produites dans le cadre de la mise en œuvre de la Politique Agricole Commune et du soutien au développement rural. Dans les derniers rapports de la Direction générale à l’agriculture, l’UE suit une définition du rural établie en 1992 par l’OCDE et actualisée en 2014 grâce à des méthodes de télédétection qui calculent des densités par grille de 1 km². L’UE propose ainsi une grille de lecture à trois niveaux : des espaces urbains, des espaces intermédiaires (petites villes et périurbain), et des espaces ruraux. Selon cette lecture par densité, la France serait à 38 % rurale (3e catégorie d’espaces prise isolément) quand la moyenne à l’échelle de l’UE est de 29 %.

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Le terroir et sa gastronomie facteurs de développement local

Café géo avec Claire Delfosse & Didier Lassagne, le 15 mars 2017

Claire Delfosse, professeure de géographie, directrice du Laboratoire d’Études Rurales de l’Université Lyon 2, est engagée dans l’association des ruralistes français. Elle est également experte délimitation de l’INAO (Institut national de l’origine et de la qualité), experte dans le cadre du groupe prospective Datar « territoires 2040 » sur les territoires ruraux de faible densité et récemment nommée responsable du conseil scientifique de la future Cité internationale de la gastronomie de Lyon. Ses recherches portent sur les systèmes alimentaires et les nouvelles formes de gouvernance alimentation/agriculture/territoires. Elle est l’auteur de «La France fromagère», et en 2014 «Histoire et mémoire des criées», parmi d’autres ouvrages.

Didier Lassagne, normand d’origine, fut cadre dans l’industrie nucléaire «contrôle non destructif» avant sa reconversion professionnelle en 1998. Il achète alors la fromagerie Tête d’or, rue de la Tête d’or dans le 6e arrondissement de Lyon. Il est consacré Meilleur ouvrier de France en 2007 dans la classe fromager. Référence des grandes tables lyonnaises, («La Mère Barzier», Pierre Orsi, Le Potager des Halles à Lyon, Foulqier à Chaponost, La Pyramide à Vienne). Son succès lui a permis d’ouvrir un second établissement, la fromagerie Lumière, avenue des frères Lumière (Lyon 8e). Son fromage préféré est le camembert de Normandie AOC au lait cru moulé à la louche et à la main. Bref, il est passé de l’atome à la tomme…

«Le repas gastronomique des Français», inscrit en 2010 par l’Unesco au patrimoine culturel immatériel de l’humanité a fait émerger quatre projets de Cité internationale de la gastronomie : à Tours, Dijon, Lyon et Paris-Rungis. Ces cités sont devenues une opportunité incontournable en terme de communication et de valorisation des terroirs, et pour repenser le couplage métropole/arrière pays. Toutes ces propositions sont symptomatiques du regain d’intérêt pour alimentation et l’identité des territoires dans un contexte de globalisation et d’hyper-mobilité des populations. Ceci a d’ailleurs contribué à une véritable déconnexion entre l’acteur économique et son territoire, entre le mangeur et son terroir.

D’où cette question : au regard du passé et des projections sur l’avenir, en quoi le terroir est-il en mesure de contribuer au développement local ainsi qu’au rayonnement des territoires ?

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Hyper-lieux, les nouvelles géographies de la mondialisation

Les Cafés Géo de Lyon accueillent le 5 avril 2017 Michel Lussault, professeur de géographie et d’études urbaines à l’ENS de Lyon, chercheur à l’UMR 5600 Environnement Ville Société, directeur de l’Institut français de l’Éducation. Les quatre livres L’homme spatial, De la lutte des classes à la lutte des places, L’avènement du monde et Hyper-lieux doivent être lus ensemble. Hyper-lieux clôt ce cycle. Ces livres s’inscrivent dans la continuité d’un colloque co-organisé avec J. Lévy sur les « Logiques de l’espace, esprit des lieux. Géographies à Cerisy », dont les actes ont été publiés en 2000.

Deux fils directeurs irriguent ces travaux :

  • La volonté de comprendre la mondialisation sans la réduire à la globalisation économique. Il ne s’agit pas de nier la globalisation économique. La mondialisation est rattachée à l’urbanisation généralisée du monde avec des conséquences sur l’espace et sur l’individu. Les hyper-lieux sont des « prises » de la mondialisation : la mondialisation s’y met en jeu, en scène, en exergue.
  • L’individu comme acteur spatial. L’individu agit avec l’espace, quand les sociétés organisent leur espace. Le point de départ est donc des individus à l’épreuve de l’espace. Exister c’est régler les problèmes que l’espace nous pose, dans les traces de Perec (« vivre c’est passer d’un espace à un autre en essayant le plus possible de ne pas se cogner»). L’accent est souvent mis sur le temps qui nous contraint en tant qu’être fini, mais il s’agit ici de mettre la lumière sur notre relation à l’espace.

Comprendre un individu passe par la manière d’organiser son espace de vie au quotidien, qui se heurte à trois types d’épreuves.

  • La première épreuve est la distance. Tout individu doit régler au quotidien doit régler ses rapports de distance avec autrui, les objets et les non-humains. Le cinéma burlesque trouve un de ses ressorts comique dans la tension entre proche et lointain : le mauvais rapport de distance entraîne un comique de situation.
  • La deuxième épreuve spatiale est l’épreuve du placement. Ne pas savoir se placer a pu poser par exemple des problèmes de bienséance, qui est étymologiquement l’art de bien se tenir assis.
  • La troisième épreuve spatiale est le franchissement : il s’agit de savoir traverser les seuils, les sas, les frontières…

Pour un migrant, ces trois épreuves, dans les espaces publics et privés, peuvent permettre d’assurer la survie.

Hyper-lieux prend naissance dans une perplexité, ressentie à différentes lectures.

  • Dans le monde est plat, Thomas Friedman étudie des vecteurs d’aplatissement du monde, c’est-à-dire d’une standardisation ou d’une homogénéisation du monde. Or la géographie étudie la différenciation spatiale.
  • De plus, Zygmunt Bauman a théorisé la société liquide : tout circule tout le temps, tout coule, plus rien ne s’arrête, c’est une société sans ancrage, l’espace disparaît, la matière s’efface, la prise matérielle n’est plus là. Pourtant, les géographes voient que les rugosités n’ont pas disparu.
  • Marc Augé dans Non-lieux montre que les espaces fonctionnels liés à la nécessité de la mondialisation se multiplient, mais sans authenticité de l’expérience humaine : il en fait des espaces d’aliénation, en opposition à la demeure ou à la maison (le lieu anthropologique). Comme exemples de non-lieux, il cite les gares, les aéroports, les grands centres commerciaux : l’expérience est alors uniquement fonctionnelle.

Et si le non-lieu était en fait un « lieu mal observé » ? Le processus d’homogénéisation existe : il y a une tendance à la standardisation. Mais un travail de terrain montre un regain d’importance des individus dans l’expérience au lieu. La standardisation n’est pas aussi claire : le rapport au lieu des individus n’a peut-être jamais aussi été important.

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Les États-Unis, espaces de la puissance, espaces en crises

Six mois après la parution de leur Atlas des États-Unis. Un colosse aux pieds d’argile [https://www.autrement.com/ouvrage/atlas-des-etats-unis-christian-montes-pascale-nedelec-cyrille-suss], et au lendemain de l’investiture du président Donald Trump, les cafés géo de Lyon accueillent, 1e 1er février 2017, Pascale Nédélec et Christian Montès pour une présentation à deux voix intitulée « Derrière le choc des urnes, des mutations radicales ? Le regard de l’Atlas des États-Unis 2016 ». Pascale Nédélec est docteure en géographie et AGPR à l’École normale supérieure. Sa thèse de doctorat [https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00946236/PDF/NEDELEC_DA_construire_Las_Vegas.pdf] propose une réflexion sur l’urbanité et la citadinité de Las Vegas. Elle a coordonné un dossier régional sur « les États-Unis, espaces de la puissance, espaces en crises » sur Géoconfluences [http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-regionaux/etats-unis-espaces-de-la-puissance-espaces-en-crises].

Christian Montès est professeur des universités à l’université Lumière Lyon 2 et est rattaché à l’UMR 5600 EVS. Nous avons déjà eu le plaisir de l’accueillir pour plusieurs cafés géo dont l’un portait sur les capitales d’État aux États-Unis [https://cafe-geo.net/les-capitales-detat-des-etats-unis-small-is-powerful/] et l’autre sur les transports urbains à Lyon [http://cafe-geo.net/les-transports-dans-l-amenagement-urbain-a-lyon/]. Il a récemment publié un ouvrage en anglais sur la géohistoire des capitales d’État américaines [http://press.uchicago.edu/ucp/books/book/chicago/A/bo16720894.html].

Introduction

La question qui guide leur présentation est ce savoir si en travaillant sur leur atlas, ils sont parvenus à voir des mutations profondes aux États-Unis qui expliqueraient le vote pour Donald Trump.

Christian Montès commence d’emblée par préciser qu’ils n’ont pas fait de pronostics dans leur atlas, mais qu’à travers les cartes et les graphiques qu’ils commenteront ce soir le public pourra mesurer le niveau de surprise des auteurs à l’égard des résultats de l’élection de novembre.

Qu’est-ce qu’un atlas et qu’y trouve-t-on ?

Pascale Nédélec et Christian Montès ont été contactés par les éditions Autrement pour faire un atlas sur les États-Unis. Pascale Nédélec explique que c’est un exercice très codifié, mais qu’ils ont bénéficié d’une très grande liberté éditoriale. Ils ont cherché un équilibre entre présenter des informations et des visuels que l’on trouve (presque) partout et insuffler des choses plus originales, notamment leurs propres centres d’intérêt pour la géographie des États-Unis et leurs propres sujets de recherche. Il s’agissait, sans négliger les passages obligés, de proposer d’autres éclairages que ceux habituels pour participer à une meilleure compréhension des États-Unis. Les atlas sont des ouvrages qui périment très vite ; la rédaction a commencé au début de l’année 2016 car les éditions Autrement souhaitaient sortir l’ouvrage avant les élections. Les auteurs ont cherché à mettre en avant des dynamiques structurelles et des éléments plus conjoncturels. Selon eux, l’élection de Donald Tump s’inscrit dans une évolution sur le temps long. Faire un atlas suppose d’utiliser un certain nombre de données. Dans le cas des États-Unis, on n’en manque pas, et la difficulté est plutôt celle des choix à faire tant les sources à utiliser sont nombreuses. Les auteurs ont donc essayé de prendre les données les plus parlantes, les plus fiables, et avec beaucoup de profondeur historique. Cet ouvrage s’adresse à des universitaires, des étudiants, mais aussi le grand public, ce qui explique l’alternance entre des pages très codifiées et des pages plus originales ou même amusantes…

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Bernard Debarbieux : le public et ses places

Pour le premier Café Géo de Lyon de 2017, le 26 janvier 2017, Florent Chossière, de l’équipe des Café Géo de Lyon, a invité Bernard Debarbieux, professeur en géographie à Genève. Bernard Debarbieux commence par remercier les Café Géo de Lyon pour cette invitation et souligne que s’il a peu écrit sur le thème précis de l’intitulé, il s’est intéressé aux places et aux formes de spatialités qu’elles mobilisent dans ses écrits, notamment dans son ouvrage sorti en 2015, L’espace de l’imaginaire, essais et détours [http://www.cnrseditions.fr/geographie/7163-l-espace-de-l-imaginaire.html].

Places, publics et spatialités

En guise d’introduction, Bernard Debarbieux explore les différentes façons de concevoir la notion de « public » et la pertinence d’interroger les « places » de ce point de vue.

La notion de public a en effet beaucoup été travaillée par la philosophie politique, les sciences politiques, le droit, et de manière plus générale, les sciences sociales. Les acceptions sont nombreuses et diverses.

Bernard Debarbieux propose de faire une distinction entre deux grands types de public(s).

D’abord, le « public audience » correspond au public d’un conférencier, d’une performance artistique. Il s’agit de l’acception de la plus basique du terme. On retrouve le « public audience » lors d’un match sportif, même s’il y a évidemment une différence en termes de performateur.

Le second type de public désigne un collectif circonscrit par des références communes à des médiations diverses. Il peut s’agir d’un lectorat, d’un public qui consomme des informations à la télévision ou qui interagit sur le web. Ce public est composé de personnes qui accèdent de manière simultanée à l’information même si elles ne constituent pas une audience. Le public des affaires publiques (qui renvoie à l’étatique, au débat public) rejoint ce second sens du terme public. Cette acception de public se distingue des usages dominants des notions de peuple ou de nation. En effet, alors qu’on a tendance à objectiver, voire à essentialiser, le peuple ou la nation, il n’est pas possible d’objectiver le public. Le public implique des formes de subjectivité que les notions de nation et de peuple, dans leur usage dominant, ont tendance à gommer.

Bernard Debarbieux précise ensuite les formes de spatialité associées aux deux types de publics qu’il vient de décrire. L’hypothèse qui guide l’ensemble de sa réflexion est la suivante : tout public serait institué par un imaginaire social de l’espace aux caractéristiques propres.

Le public audience, le public des conférences ou des matchs requiert la coprésence. Cette coprésence est spatialement organisée sur un mode tantôt informel (attroupements), tantôt très formel (des stades, des théâtres, des amphithéâtres, etc.). Qu’ils soient formels ou informels, ces agencements distinguent clairement les places et espaces occupés par le public, les acteurs de la performance et, le cas échéant, les intermédiaires. Cet espace peut être très normalisé comme c’est le cas pour les stades de foot avec le terrain, les tribunes, les gradins… : le public n’occupe qu’une place spécifique et le terrain construit une autre relation au public.

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Les grands stades, au cœur des métropoles ?

Le 8 juin 2016, les Cafés Géo de Lyon accueillent Stéphane Merle, docteur et chargé de cours à l’Université de Saint Etienne. Le lieu est inhabituel : il s’agit du café du Rize, puisque ce lieu villeurbannais accueille une exposition « Bouge ! » sur les aménagements sportifs et la ville. La thèse de Stéphane Merle soutenue en 2007 porte à la fois sur les aménagements et les spectacles sportifs. La géographie du sport est une sous-discipline encore peu représentée. Jean-Pierre Augustin et ses différentes productions ont joué un rôle majeur dans la reconnaissance de l’objet scientifique « sport ». Le propos vise à embrasser différents champs comme l’économie, la sociologie ou le droit du sport. A deux jours de l’Euro, il s’agit d’évoquer l’impact des grands événements sur les stades, tant en termes de nombre que de morphologie.

Les Cafés Géo accueillent ensuite Joffrey Dassonville qui va nous parler du rôle du speaker dans un stade.

  1. Les enjeux sportifs

Pour commencer, il s’agit de se focaliser sur le spectacle sportif, notamment à travers le regard du spectateur. Le spectacle sportif peut être divisé en deux types : les grands événements sportifs (Euro, coupe du monde…) dans des lieux différents et les championnats professionnels. Ces deux types ne génèrent pas les mêmes enjeux. L’Euro est géré à l’UEFA qui impose un cahier des charges et des normes. En France, en 2010, la taille moyenne d’un stade de l’élite de 30 000 places, contre 45 000 places en Allemagne. Les stades français de plus de 40 000 places sont alors au nombre de cinq, contre quinze en Allemagne. Lors de la coupe du monde de 1998, peu de travaux avaient été réalisés : le stade de France avait été le seul stade majeur (420 millions d’euros des 600 millions d’euros investis pour les stades). En Allemagne, en 2006, les choix effectués avaient été bien différents.

L’Euro 2016 a engendré 1,7 millions d’euros d’investissement sur dix villes. En 2009, il y avait dix-sept villes françaises candidates à l’accueil d’un match. L’UEFA avait prévu neuf stades (plus trois en réserve). Face à l’ampleur du cahier des charges, des communes n’ont pas candidaté : il faut rappeler que 80% des équipements sportifs en France sont communaux. Nantes est la première à se retirer, parlant de caprice de l’UEFA. Strasbourg se retire en 2010, le club descendant dans la division inférieure. Rennes avec 29 500 places se retire face aux 40 millions d’euros nécessaires pour atteindre les 30 000 places. En 2011, la fédération retient neuf puis onze stades, avant que Nancy se retire également ensuite (suscitant alors des candidatures provisoires et abandonnées, à Metz ou à Dijon). Saint-Etienne a fait le choix de rénover son stade et non de construire ex nihilo, tout comme le parc des Princes qui, dans un contexte qatari, est parvenu à être un stade de l’Euro, sans agrandissement.

Il y a un danger à organiser un spectacle dans des stades qui risquent d’être ensuite vides. Ces « éléphants blancs » existent aujourd’hui en Grèce ou au Portugal. L’espoir est d’avoir plus de spectateurs. L’Euro 2006 a généré une hausse des spectateurs lors des matchs en Allemagne : 42 000 en moyenne. Cela pose des questions en termes de « culture de l’abonnement ». Il n’y a pas de vraie culture urbaine de « supportérisme », sauf dans quelques villes comme Marseille et Saint-Etienne. Le nombre d’abonnés fluctue fortement, notamment en fonction des résultats du club. Les mouvements ultra jouent un rôle important, mais la politique nationale tend à les « pacifier », souvent par la répression. Il y a assez peu de politiques préventives. Ce rapport aux supporteurs pose question. De plus, les supporters VIP sont de plus en plus visés : des milliers de place en loge sont créés. Depuis l’Euro 2008, les places VIP (5 000 places) génèrent plus de recettes que les places des supporters classiques. A Saint-Etienne, depuis 2013, les spectateurs sont toujours 30 000 : les travaux n’ont pas généré une hausse de leur nombre, le taux de remplissage baisse alors.

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Les parcours des jeunes accompagnés par l’action sociale : approches géographiques et enjeux de politiques publiques

Café Géo de Lyon du 7 décembre 2016
avec Fleur GUY (docteure en géographie, chercheuse associée à l’UMR 5600 Environnement Ville Société)
et Maryse BASTIN JOUBARD (Directrice ESSE, secrétaire nationale de la FNARS, chargée des politiques jeunesse au sein de la FNARS)

C’est Fleur Guy qui se charge d’ouvrir ce Café Géo sur le parcours des jeunes accompagnés par l’action sociale sur la base de ses travaux de recherche.

Ce Café Géo aborde une action sociale spécifique : le cas des placements des adolescents en foyer, c’est-à-dire les cas où un mineur est retiré de son domicile familial pour vivre en foyer ou en famille d’accueil. Il convient d’emblée de faire remarquer que le placement en établissement s’inscrit dans un dispositif complexe structuré par de multiples acteurs : juges des enfants, travailleurs sociaux, associations qui gèrent les établissements, etc… Un placement peut intervenir dans deux situations : lors d’un signalement de danger pour le mineur ou alors lorsque le mineur est mis en cause par la police. Dans le cas de signalement de risque de danger pour un mineur, c’est l’aide sociale à l’enfance ou le juge des enfants qui intervient. Dans le cas d’un placement judiciaire pénal, c’est le juge des enfants qui prend la décision de placement. Dans le cadre de ce Café Géo, c’est le placement en foyer par l’aide sociale à l’enfance qui va être discuté.

L’intervention de Fleur Guy a été pensée en lien avec la question au programme des concours de l’enseignement, la France des marges. Si la marge se définit par rapport au système dominant de la société, ses normes et ses valeurs[1], le placement questionne entre autres les normes associées à la famille et au logement. Le film d’animation Ma vie de courgette, réalisé par Claude Barras, est en ce sens éclairant. Une image du film donne à voir des enfants qui vivent ensemble en collectivité. Le fait d’habiter avec d’autres jeunes avec qui il n’existe aucun lien familial remet en cause plusieurs normes dont les suivantes : l’enfant vit avec ses parents, le logement est toujours associé à la famille.

Cependant, il faut rappeler que ces enfants ne sont pas nécessairement dans des situations de marginalité sociale avant le placement. En effet, la marginalité sociale peut se définir comme le fait d’être placé hors de l’emploi, de la vie urbaine, ou par une participation faible à la vie sociale. Or, le danger ou la mise en danger qui justifie le placement ne relève en fait pas forcément de la marginalité sociale. Ainsi, selon les chiffres de l’Observatoire national de l’Action Sociale Décentralisée (ODAS) de 2006, les principales problématiques qui justifient le placement sont les carences éducatives des parents ou les problèmes de couple de ces derniers. Le chômage et les difficultés financières n’arrivent qu’en troisième position dans la liste des facteurs.

Fleur Guy rappelle que l’analyse du placement proposée s’inscrit dans une démarche de géographie sociale qui considère l’espace comme dimension de processus sociaux. Il est alors possible d’analyser deux aspects spatiaux liés à ces placements : d’une part la manière dont le placement s’inscrit dans un parcours de vie fait de déplacements dans l’espace, d’autre part les parcours quotidiens réalisés par les adolescents en situation de placement.

L’enquête de Fleur Guy a été réalisée dans quatre établissements du département du Rhône : deux urbains, un périurbain et un rural. Sa méthodologie a combiné à la fois des observations ethnographiques avec une présence de dix mois dans chacun des établissements, sur des plages horaires vairées, des entretiens avec les chefs d’établissement et les éducateurs et des entretiens avec les jeunes placés eux-mêmes en utilisant des jeux de reconstruction spatiale (JRS) afin de recueillir les représentations de ces-derniers.

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Itinéraires du commerce et de l’alimentation durables à Lyon

Les Cafés Géo de Lyon font leur rentrée le 16 novembre 2016 devant une salle bien pleine au Café de la Cloche. Deux intervenants vont proposer des itinéraires, notamment en termes de discours et de pratiques. Lisa Rolland est docteure en géographie de l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense et ATER à l’Université Jean Moulin Lyon 3 rattachée à l’UMR 5600 Environnement Ville Société, ainsi que membre associée à « Saisir l’Europe – Europa las Herausforderung » au sein de l’axe développement durable. Axel Hernandez, gérant fondateur de « Cuisine Itinérante », traiteur de produits locaux et de saison, fondateurs de bistrots en circuits courts (« De l’autre côté du Pont » notamment) et développeur d’alternatives d’alimentation durable à Lyon

Lisa Rolland et Axel Hernandez ont souhaité cadré le sujet sur trois points : la consommation durable comme un itinéraire géographique et une manière de consommer ; un état des lieux de ce qui peut se faire à Lyon aujourd’hui ; et enfin, liens entre territoire et alimentation durable. On observe à ce titre un changement majeur récent : la ville devient espace et acteur de l’alimentation durable dans un contexte de forte demande sociale et de médiatisation, de renouvellement des acteurs.

Lisa Rolland propose un itinéraire discursif. De nombreux termes sont associés à l’alimentation durable. Hélas, le champ de l’alimentation durable en géographie n’est pas très développé. Max Sorre a été le premier à se pencher sur les notions de matière première, de famine, de faim. Bien que les géographes ruralistes étudient depuis plus de 50 ans les logiques de localisation agricoles et de filières, aujourd’hui la géographie de l’alimentation demeure un petit champ de recherche, promue par certains géographes comme Gilles Fumey, qui travaille sur le fait alimentaire en le replaçant dans des problématiques géo-culturelles. Les géographes ont tendance à penser l’alimentation comme une manière de manger en prenant en compte les métissages et les mélanges dans un contexte de mondialisation. De nombreux travaux ont porté sur l’agriculture urbaine et l’alimentation en repensant les liens entre acteurs et consommateurs dans un contexte d’émeutes alimentaires et de défis démographiques qui se poseront dans les prochaines années. Les sujets aux concours du CAPES et de l’agrégation « Nourrir les hommes » questionnaient d’ailleurs sur les limites de l’agriculture productiviste et les enjeux de l’alimentation mondiale. Dans un tel contexte, faut-il se pencher sur la problématique d’agriculture locale ? Comment appréhender cette notion de «local» ? L’alimentation et le commerce durables ne sont pas non plus associés à des notions clairement identifiées. Les concepts demeurent également assez flous.

Le commerce durable est-il un concept Nord-Nord ? La dimension Nord-Sud peut-elle être taxée de durable ? Le rôle de l’agriculture urbaine est avant tout de revisiter les fonctions de la ville. Le rôle des politiques publiques devient par ailleurs crucial aujourd’hui pour relayer notamment les initiatives citoyennes (AMAP, circuits courts…).

Que signifie commerce et alimentation durables ? Bio, local, Nord-Nord, Nord-Sud, responsable, équitable, éthique : tous ces termes sont associés au durable mais comment s’y retrouver et comment trouver une cohérence sémantique entre tous ces termes ? En géographie, on a tendance à se poser les questions suivantes : qui sont les acteurs de l’alimentation durable ? Comment fonctionne les jeux d’acteurs ? Quand cela se produit-il ? Où (Nord-Nord, local, Nord-Sud) ? Pourquoi (système de projection sur l’espace avec des imaginaires hérités d’une vision d’un tiers-mondisme dépassé) ?

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Forêts : retours en enfance. Deux BD revisitées. Tintin et Astérix écologues ?

 

Paul Arnould, professeur de géographie à l’ENS de Lyon et chercheur à l’UMR 5600, Environnement Ville Société, évoque, le 16 septembre 2015, les « Forêts : retours en enfance. Deux BD revisitées. Tintin et Astérix écologues ? », au Café de la Cloche.

Spécialiste des forêts, il a écrit dernièrement « Au Plaisir des forêts. Promenade sous les feuillages du monde », où le sixième chapitre (sur 43) porte sur les plaisirs enfantins de la BD. De l’enfance à la BD, il n’y a alors qu’un pas. Sa jeunesse en forêt est marquée par les Vosges, les cabanes et les mini-défrichements pour faire du bois de feu. Elle est occupée aussi par la lecture des albums de Tintin et par l’abonnement au journal Pilote où paraissent les aventures d’Astérix le gaulois. Ayant lu son premier Tintin Objectif Lune a un peu plus de 7 ans, Paul Arnould, approchant des 77 ans, la deuxième date fatidique utilisée par les publicitaires pour borner le lectorat de Tintin, a décidé de revisiter Tintin au prisme de l’environnement. Y ajouter des constatations et des interrogations avec un autre héros au succès phénoménal, Astérix, permet de proposer une lecture jumelle des deux bandes dessinées.

Comment la forêt est-elle représentée par les auteurs de ces deux BD, comment les questions écologiques y sont-elles évoquées ? Tintin et Astérix peuvent-ils être considérés comme des spécialistes de l’environnement forestier ?

Tintin et Astérix sont, pour de nombreux bédéphiles, des BD un peu datées. Ces deux séries sont parmi les plus vendues dans le monde. Les chiffres sont impressionnants : 365 millions d’albums pour Astérix, plus de 230 millions pour Tintin. Le dernier Astérix « Le papyrus de César », paru en octobre 2015, a été tiré à plus de 4 millions d’exemplaires. Tintin est désormais traduit en plus de cent langues, Astérix en plus de 120.

Astérix est très lié à l’Hexagone (Le gaulois, la serpe d’or, le tour de Gaulele combat des chefs, le bouclier arverne, le chaudron, la zizanie, le domaine des dieux, les lauriers de César, le devin, en Corse, le cadeau de César…), mais avec une forte dimension européenne (Les Goths, les Bretons, les Normands, aux jeux olympiques, en Hispanie, chez les Helvètes, chez les Belges….). Astérix est incontestablement plus européanocentré que Tintin.

Tintin s’impose au premier abord comme un chasseur non-écologue, surtout dans Tintin au Congo, livre de massacres et de tueries d’animaux ; mais d’autres représentations vont progressivement nuancer cette posture simplificatrice.

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Energie et jeux de pouvoir en Russie. De nouveaux territoires du gaz naturel à l’est ?

Le 13 avril 2016, les Cafés Géo de Lyon reçoivent Sophie Hou, attachée temporaire d’enseignement et de Recherche (ATER) à l’ENS de Lyon. Docteure de l’Université Paris I Sorbonne, elle est rattachée aux UMR PRODIG et Environnement Ville Société. Ces travaux portent sur les enjeux énergétiques, et notamment la question des transports dans l’aire russe.

Elle commence son exposé par des dessins autour du gaz naturel. Les caricatures offrent un lien entre des questions de pouvoir et de l’énergie (à la fois du côté du transport et de l’accès). Cette question est liée à des menaces perçues notamment par les autres pays : la figure de V. Poutine ou le haut-lieu (le Kremlin) sont surreprésentées dans les caricatures proposées dans différents pays. Gazprom, entreprise gazière publique, apparaît également. Des termes comme « interdépendance », « guerre énergétique » ou « gisement » sont mobilisés dans les médias. La menace a été réactivée lors des épisodes entre la Russie et la Biélorussie, la Russie et l’Ukraine, puis les mouvements ukrainiens. Une carte type est proposée autour des enjeux de dépendances (pays, taux…).

La Russie est un grand pays producteur et exportateur de gaz. Pour les réserves en 2014, la Russie est à la deuxième place derrière le Qatar. Pour la production, elle est à la deuxième place derrière les Etats-Unis (notamment grâce au gaz de schiste). C’est également un gros consommateur de gaz naturel (à la deuxième place). Gazprom vend en majorité dans les frontières russes, que ce soit pour la consommation des particuliers ou des industriels. 51% du gaz de Gazprom est vendu sur le marché domestique. En 2011, dans le mix énergétique, le gaz naturel est la principale énergie (plus de 50%).

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Pour une géographie de la conservation. Porter une attention à la biodiversité.

Les Cafés Géo accueillent le 3 février à 18h Pascal Marty, professeur des universités à l’ENS de Lyon et chercheur à l’UMR 5600 Environnement Ville Société, et Raphaël Mathevet, directeur de recherche au CNRS au Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive UMR 5175. Ils ont été amenés à travailler ensemble dans le cadre de ce laboratoire de Montpellier qui mène des recherches à l’interface entre écologie et sciences humaines et sociales.

Le titre de ce Café est directement inspiré de l’ouvrage Pour une géographie de la conservation récemment paru et dirigé par R. Mathevet et L. Godet. Dans le champ de recherche que constitue la biologie de la conservation, les sciences humaines et sociales ont souvent une place secondaire. Or le titre de cet ouvrage est une forme de revendication : la géographie est aussi une discipline qui produit des connaissances pertinentes pour la conservation.

  1. La biologie de la conservation

Ce premier temps est mené par R. Mathevet. R. Leakey et R. Lewin proposent il y a 20 ans le terme de sixième extinction. La période actuelle est présentée comme la sixième crise, après celle du Crétacé marquée par la disparition des dinosaures et d’animaux marins. Les symptômes de cette crise sont très marqués, notamment si le raisonnement se fonde sur la comparaison avec les taux de disparition liés aux crises historiques. Les causes majeures de cette nouvelle extinction de masse ont été assez clairement identifiées, il s’agit de la surexploitation des ressources naturelles, de la destruction des habitats, des invasions biologiques et des extinctions en chaînes. Ces différentes causes sont plurifactorielles et interagissent entre elles, dans un contexte de changement global. Que faire alors ?

La biologie de la conservation propose un champ pluridisciplinaire depuis les années 1980. La nature est vue comme un patient malade, à travers un discours marqué par une analogie avec la médecine. L’idée est de travailler sur des espaces protégés, la restauration, le renforcement des populations, le monitoring… Ses objectifs sont de promouvoir des principes scientifiques de la conservation, d’identifier des problèmes et des solutions, de faire le lien entre science et gestion, d’établir la base scientifique d’une éthique de la conservation, d’assurer la diffuser de l’information… Elle se définit comme une discipline de crise et donc comme une discipline d’action. Face à l’incertitude, elle considère qu’il vaut mieux agir que ne rien faire. La biologie de la conservation reste cependant mal nommée tant elle invite à l’interdisciplinarité sinon à la pluridisciplinarité (depuis une conférence organisée en 2009 à Montpellier, les scientifiques francophones préfèrent mettre en avant les « Sciences de la conservation »).

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Les ressources territoriales de l’entreprise. Géo-histoire de l’ancrage Michelin à Clermont-Ferrand

Pour le premier Café Géo de Lyon de l’année 2016, nous accueillons Thomas Zanetti, maître de conférences à l’Université Lyon III Jean Moulin et chercheur au CRGA de l’UMR 5600. Il a soutenu une thèse en géographie intitulée « Une ville et sa multinationale, une multinationale et sa ville : emprise spatiale, organisation sociale, fonction économique et régulation politique du « territoire Michelin » à Clermont-Ferrand (fin XIXème à nos jours) » en 2012.

Il propose une étude du système productif de Michelin ; la présentation est avant tout centrée sur la dimension locale de ce système productif et son ancrage à Clermont-Ferrand. Le cas de Michelin à Clermont-Ferrand est emblématique de la manière dont les systèmes productifs évoluent dans le temps et s’articulent en fonction des échelles.

On peut tout d’abord souligner les liens affectifs qui lient Michelin à la ville de Clermont-Ferrand. Pour débuter, T. Zanetti nous propose des photographies qui montrent les obsèques d’Edouard et de François Michelin. Près de 10 000 personnes étaient présentes lors des funérailles d’Edouard Michelin, et beaucoup de Clermontois ont également assisté aux funérailles de François Michelin décédé en 2015. Michelin reste donc très lié à la ville qui l’a vu naître. Clermont-Ferrand a d’ailleurs été surnommée « Michelin-ville ». Pourtant, Michelin est une multinationale implantée dans de nombreux pays. Quelles sont donc les stratégies spatiales de cette multinationale ? Si elle recherche une certaine indépendance vis-à-vis des territoires, sa stratégie n’est pas pour autant aspatiale.

La présentation reviendra d’abord sur les ressources locales mobilisées par l’entreprise pour construire un système productif dans le temps long. Quelles sont les ressources économiques, sociales, spatiales et politiques du système productif Michelin à Clermont-Ferrand ? La présentation abordera ensuite les évolutions spatiales et temporelles de ce système productif pour enfin s’intéresser aux mutations contemporaines et aux caractéristiques actuelles de la stratégie spatiale de Michelin.

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Quelques approches de la question de l’eau en Chine

Les Cafés Géo de Lyon accueillent Jean-Paul Bravard, Professeur émérite de géographie à l’Université Lyon 2, pour évoquer la gestion des grands fleuves en Chine. Plusieurs voyages au Vietnam, en Chine et dans les pays du Mékong dans le cadre de missions d’expertise ou de participations à divers colloques, lui ont permis d’accumuler certaines observations qu’il nous livre aujourd’hui.

  1. La répartition géographique de la ressource

Même si l’on peut noter une progressive ouverture, la question de la gestion de l’eau en Chine fait encore l’objet de peu de publications en raison notamment des enjeux politiques qu’elle soulève. Ce pays qui compte pas moins de 20% de la population mondiale ne représente que 7% des ressources en eau de la planète. L’eau est donc un enjeu primordial pour la société chinoise. 50% des fonds de la Commission nationale du développement et de la réforme lui sont d’ailleurs consacrés. Malgré tout, près de 400 villes et de 30 millions de ruraux sont rationnés en eau.

Pour synthétiser, une ligne est-ouest qui court de Shanghaï jusqu’à Chongqing à peu près différencie une Chine sèche d’une Chine humide. A l’ouest et au nord, le volume des précipitations annuelles est souvent inférieur à 400 mm d’eau. A titre de comparaison, le volume moyen en France est de 800 mm et le Bassin parisien, qui manque d’eau, compte en moyenne 600 mm de précipitation. En conséquence, le nord et l’ouest de la Chine sont confrontés à l’avancée des déserts et au phénomène des pluies acides ce qui n’est pas sans effet sur les sols. A contrario, la Chine du sud est bien mieux pourvue en eau.

Cette dichotomie nord-sud s’explique en bonne partie par l’impact du relief sur les masses d’air. Les chaînes de montagne du sud bloquent l’humidité de la mousson estivale. L’Himalaya notamment empêche les masses d’air humide de remonter par le sud ce qui explique la sécheresse du plateau tibétain. Les flux qui pénètrent par la Mer de Chine ne suffisent pas à pallier cette carence. Pékin par exemple est une ville froide en hiver qui ne connaît pas la mousson avant juillet alors qu’au sud, elle commence au mois de mai. Lorsque la mousson s’arrête dans le sud de la Chine, Pékin manque d’eau. Certes les barrages assurent une réserve conséquente en eau potable pour la population mais ils ne permettent pas d’alimenter en eau l’agriculture.

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Les paradoxes de la santé en Inde : une illustration des enjeux de développement

Café géo du 21 octobre 2015
par Virginie Chasles

Ce mercredi 21 octobre, nous accueillons au café de la Cloche Virginie Chasles, maître de conférences en géographie et aménagement à l’université Lyon 3 et spécialisée dans les questions de santé. Elle étudie plus particulièrement le lien entre genre et santé (place des femmes dans le système de santé, genre et accès aux soins). L’Inde est un pays qui lui tient tout particulièrement à cœur puisqu’elle y a mené, pour sa thèse de doctorat, une étude sur la maternité[1]. Elle vient également de collaborer au nouveau manuel sur l’Inde paru chez Armand Colin (L’Inde, une géographie) sous la direction de Philippe Cadène et Brigitte Dumortier, pour un chapitre sur les questions de santé.

Préambule

Virginie Chasles tient d’abord à souligner un paradoxe concernant l’Inde. Ce pays connaît en effet une croissance économique des plus importantes depuis le début des années 1990. Ce décollage est né de la crise de la balance des paiements en 1991. Celle-ci a nécessité l’intervention du Fonds Monétaire International qui a contraint l’Inde à appliquer une politique d’ajustement structurel. Cette politique a mené à la libéralisation dans tous les domaines, enclenchant le décollage économique du pays.

Economiquement donc, l’Inde paraît puissante : son taux de croissance annuelle a stagné autour de 8% dans les années 2000 puis a légèrement diminué dans les années 2010 mais en restant toujours autour de 5%. Aujourd’hui il augmente de nouveau et rattrape le taux de croissance chinois. Pourtant, cette puissance n’apparaît pas aussi nettement à la lecture des indicateurs de développement. Aurait-on, en Inde, une croissance sans développement ?
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De banals à branchés, comment changent les commerces des quartiers gentrifiés ?

 Ce mercredi 1er avril, les Cafés Géo de Lyon reçoivent Anne-Cécile Mermet qui, malgré la date, vient nous parler du sujet tout-à-fait sérieux de la gentrification. Actuellement ATER à l’Ecole Normale Supérieure de Lyon et attachée à l’EIREST (Equipe Interdisciplinaire de Recherche Sur le Tourisme), Anne-Cécile Mermet a axé ses recherches de doctorat sur l’évolution du quartier parisien du Marais. Sa thèse (Commerce et patrimoine dans les centres historiques, vers un nouveau type d’espace de consommation), soutenue en 2012, a remporté le premier prix de thèse Mappemonde en 2013.

Anne-Cécile Mermet nous propose ce soir de nous intéresser au processus, maintenant bien connu, de gentrification non pas sous l’angle des habitants et des lieux de résidence mais sous celui, plus inhabituel, des bouleversements vécus par les petits commerces. Le côté « branché » de ces quartiers renouvelés que l’on ne peut manquer d’observer quand on se balade dans le Marais, le Vieux Lille ou certains quartiers de Londres entre autres amène en effet à se poser la question des relations entre gentrification et dynamiques commerciales. Certains types de commerces permettraient-ils d’identifier la gentrification ? Et quels sont les enjeux sous-jacents ?

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L’eau à la bouche. Les rivières, un enjeu citoyen ?

Le 22 octobre 2014 au Café de la Cloche, les Cafés Géo de Lyon accueillent Marylise Cottet, chargée de recherche CNRS à l’UMR 5600 Environnement Ville Société, et Jean-Baptiste Chémery, géographe de formation et fondateur du bureau d’études Contrechamp. Leur exposé questionne les cours d’eau comme des ressources qui soulèvent des enjeux de gestion. La participation citoyenne sera centrale dans leur propos.

L’eau est un enjeu de société autour de cinq grands enjeux pour Marylise Cottet.

Le premier enjeu est l’eau potable. L’eau est alors vue comme bien de consommation (peu importe son origine, eaux des rivières ou des nappes d’accompagnement). Toute une série de traitements, via les stations d’épuration notamment, rend l’eau consommable. Ensuite elle est distribuée avant d’être de nouveau retraitée. Ce processus est appelé le petit cycle de l’eau.

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La crise des subprime

Les Cafés Géo de Lyon accueillent le 3 décembre 2014, Guilhem Boulay, maître de conférences à l’Université d’Avignon, au Café de la Cloche. Il travaille sur le marché immobilier en géographie économique. Il ouvre ce Café Géo sur une citation de G.W. Bush : « L’économie va mal parce que nous avons construit trop de maisons ». En effet, le propos va se centrer sur la crise appelée « crise des subprime » ou « crise de 2008 » qui est la plus profonde depuis 1929. Elle se manifeste par un effondrement des prix immobiliers américains à partir de 2007 comme le montre l’indice Case-Shiller. En ce sens, cette crise mondiale mais avant tout made in USA. Ces trente dernières années, les crises étaient plutôt situées en Amérique Latine ou en Asie du Sud-Est, ou relativement cantonnées (l’éclatement de la bulle Internet n’a pas eu un impact sur tous les pays).

Comment l’éclatement de la bulle immobilière américaine a-t-il pu faire exploser l’économie mondiale, alors même que ce n’est pas aux Etats-Unis que les prix immobiliers ont le plus fortement varié lors des années 2000 ? (Ils sont montés beaucoup plus haut au Royaume-Uni, en Irlande, en France ou en Espagne…)

Cette crise a de multiples intérêts théoriques. Elle lie fortement les échelles locale (l’urbain) et globale. Elle questionne les corpus économiques dominants et l’économie mondiale. Elle permet d’interroger la performativité de l’économie qui impose des types de conduites économiques. Ce faisant, elle a aussi, au moins temporairement, réhabilité des lectures hétérodoxes des processus économiques.

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Les métamorphoses de l’autoroute urbaine

A l’occasion de la publication de l’ouvrage collectif auquel ils ont contribué, Les métamorphoses de l’autoroute urbaine (paru le 18 septembre aux éditions Alternatives Gallimard), les Cafés Géo de Lyon accueillent, le 11 mars 2015, Cécile Féré, docteur en géographie, urbaniste, chargée d’études mobilités à l’Agence d’urbanisme de Lyon et Olivier Roussel, géographe, urbaniste, directeur des missions métropolitaines à l’Agence d’urbanisme de Lyon. L’ouvrage propose un tour de France des projets de requalification en cours, éclairé par des expériences internationales. Les deux intervenants proposent aujourd’hui de revenir sur la genèse de cet ouvrage avant de s’intéresser à l’histoire des autoroutes urbaine et de livrer des exemples de réaménagement d’autoroutes urbaines en France mais aussi à l’étranger.

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« En rang, en cercle, assis ou debout ? » Prendre place dans la classe et dans l’école : géographie des espaces scolaires

Le 25 février 2015, les Cafés Géo de Lyon accueillent Pascal Clerc, maître de conférences HDR à l’ESPE de Lyon et chercheur dans l’Équipe EHGO – UMR 8504 Géographie-Cités, et Muriel Monnard, doctorante au Département de géographie et environnement de l’université de Genève et l’Institut Universitaire de Formation des Enseignants (IUFE) de Genève. Dans cette présentation à deux voix, chaque intervenant précise pour débuter pourquoi ils se sont intéressés aux espaces scolaires. Pascal Clerc s’intéresse à ces questions en tant qu’ancien élève, en tant qu’enseignant et en tant que géographe. Il note que souvent, sans y attacher d’importance, les enseignants s’adaptent à toutes les configurations spatiales de salle de classe. Conscient de l’importance de notre rapport à l’espace, des spatialités, des géographicités, il a alors commencé à bouger son mobilier dans ses classes avec les étudiants. Il constate qu’en France cette question des espaces de la classe n’a pas encore été assez travaillée. Muriel Monnard voulait travailler à l’interface entre sciences de l’éducation et géographie. Elle s’intéresse à ces moments et à ces espaces de cohabitation imposés. Le secondaire est pour elle le lieu d’une mixité, quand le primaire est davantage fonction du lieu d’habitation. Elle travaille sur les sociabilités et les rapports de pouvoir dans le collège. Elle s’intéresse à l’espace vécu, notamment à travers la cartographie subjective. Elle travaille plutôt dans les espaces de l’entre-deux, entre les salles de classe que sont la cour ou le couloir. Deux points de vue complémentaires sur les espaces scolaires sont donc présentés : le premier se centre sur la classe quand le second étudie plutôt le hors classe au sein des établissements.

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Nord / Sud, une représentation dépassée de la mondialisation ?

Café Géo du 14 janvier 2015
« Nord / Sud, une représentation dépassée de la mondialisation ? »
Par Christian Grataloup

Pour ce premier Café géo de 2015, nous accueillons Christian Grataloup, professeur de géographie à l’université Paris-Diderot, qui se fait une joie de retrouver ses racines lyonnaises pour l’occasion. Spécialiste de géohistoire et membre de l’UMR Géographie-Cités, il est l’auteur notamment de L’invention des continents (2009) et d’une Géohistoire de la mondialisation (2010) et vient de diriger avec Gilles Fumey, la publication de l’Atlas Global (paru en novembre 2014).

Il nous propose aujourd’hui de revenir sur la star des manuels scolaires d’histoire-géographie : la fameuse limite Nord / Sud. Cette ligne, construction historique de la fin du XXème siècle, instaure une vision binaire du monde (les pays riches sont au Nord et les pays pauvres au Sud) qui est aujourd’hui largement dépassée mais qui n’en est pourtant pas moins toujours abondamment utilisée. Se pose la question de savoir comment une inégalité économique et sociale a fini par être nommée par des points cardinaux. Christian Grataloup dresse en trois parties une histoire et une explication de ce concept. C’est lorsqu’il enseignait, récemment, à Sciences Po Paris que l’idée lui est venue : et si tout cela n’était justement qu’une histoire de café ?

Préambule

1980 : Voilà la date de naissance de l’expression Nord / Sud dont la paternité revient au chancelier allemand Willy Brandt qui présidait alors la Commission indépendante sur les problèmes de développement international qui publie à cette date le rapport « Nord / Sud : un programme de survie » (pour plus de précisions se référer à Vincent CAPDEPUY, (2007), « La limite Nord / Sud », Mappemonde, n°88) L’émergence de cette expression est concomitante de la généralisation de l’emploi du terme « mondialisation ». Avec l’expression « Nord / Sud », des termes spatiaux se substituent aux termes temporels qui accompagnent un processus de transition (tels que développé / sous-développé).

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Le Moyen Orient : épicentre de l’arc de crise

A l’occasion de la sortie du dernier numéro de la Documentation Photographique qu’il a consacré à la « Géopolitique du Moyen-Orient », les Cafés Géo de Lyon accueillent le 5 novembre 2014 Fabrice Balanche, Maître de conférences à l’Université Lyon 2 et membre du GREMMO, qui revient sur les crises qui agitent les pays du Proche et du Moyen-Orient. Cette intervention a pour ambition d’éclairer ce sujet d’actualité, très – voire trop – médiatisé, de façon à en faire ressortir les acteurs, leurs objectifs et leurs moyens d’action.

Le Moyen-Orient dans la géopolitique mondiale

Historiquement, la Guerre Froide a joué un rôle majeur dans les conflictualités qui ont agité l’arc moyen-oriental. Après la période coloniale, cette zone géographique située à la marge des deux grands blocs a connu nombre de conflits armés qui se sont, à l’exception près du conflit israélo-palestinien, essoufflés après la chute de l’Union Soviétique. Toutefois, après vingt ans d’hégémonie américaine, la montée en puissance des pays émergents et le retour de la Russie sur la scène diplomatique ont changé la donne dans cette région du monde. Certes, en 2011, Moscou et Pékin ne se sont pas opposées à l’intervention franco-britanico-étasunienne en Libye, une intervention où les Etats-Unis ont joué les premiers rôles. Cet accord tacite tient au fait qu’il n’était pas officiellement question de renverser le régime libyen. Mais par la suite, la Russie et la Chine ont opposé trois vetos successifs aux demandes d’intervention en Syrie, tandis que la crise ukrainienne et l’annexion de la Crimée couplées aux ambitions croissantes de Vladimir Poutine sur les richesses kazakhes signent bien l’émergence d’un nouveau bloc russe.

Si les Russes n’ont aucune ambition territoriale au Moyen-Orient, ils soutiennent néanmoins un axe pro-iranien chiite qui s’oppose au bloc sunnite soutenu par les Etats-Unis, les zones tribales détenues par l’Etat Islamique et Al Qaïda échappant à cette géopolitique. La politique russe dans la région est simple : faire ce que les Etats-Unis ont fait en Afghanistan dans les années 1980, à savoir attirer l’ennemi dans un bourbier. Ainsi, pendant que les Etats-Unis s’épuisent militairement dans la région, les Russes ont les mains libres ailleurs. Barack Obama l’a d’ailleurs bien compris et c’est l’un des facteurs qui expliquent par exemple l’objectif de retrait des troupes étasuniennes d’Irak et, plus généralement, du Moyen-Orient.

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Peut-on parler d’un système productif fromager ?

Les Cafés Géo de Lyon accueillent ce mercredi 19 novembre à 18h à la Cloche Claire Delfosse, professeur de géographie à l’Université Lumière Lyon 2 directrice du Laboratoire d’Etudes Rurales sur le sujet « Peut-on parler d’un système productif fromager ? ». Auteure de La France fromagère (1850 – 1990) et d’Histoires de Bries, elle propose une lecture du fromage autour d’une question au programme du CAPES et de l’agrégation externes. Elle travaille sur les fromages dans une approche géohistorique, avec un intérêt fort pour les produits de qualité et le terroir. Pour commencer son intervention, elle montre des fromages mis en scène aux Halles Bocuse, lieu touristique lyonnais mais aussi espace d’achat et de consommation. La notion de filière n’est pas satisfaisante à ses yeux pour parler des fromages. Dans une perspective géohistorique, cette notion est trop linéaire car elle sous-entend un échange du producteur au consommateur. La production ne domine peut-être plus uniquement, à l’heure où l’aval joue aussi un rôle important. La notion de filière semble trop économique : pour C. Delfosse, elle peine à s’appliquer dans l’espace. Le bassin de production a pu être proposé, s’attachant alors à la production et aux flux produits, mais cette focale peine à s’intéresser au produit. Qu’en est-il du système productif ? Cette notion est-elle plus satisfaisante ? Le système productif se définit comme « l’ensemble des facteurs et des acteurs concourant à la production, à la circulation et à la consommation des richesses » (Carroué, 2013).

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Bien être en ville. Quand la nature est l’objet du désir des citadins

Les Cafés Géo de Lyon accueillent, le 11 Juin 2014, Lise Bourdeau-Lepage, professeur à l’Université Jean Moulin – Lyon 3 et chercheuse à l’UMR 5600 EVS (directrice adjointe du CRGA). L’intervenante a eu l’idée et a présidé le comité d’organisation du colloque « Bien-être en ville : regards croisés nature-santé ».

La présentation s’appuie notamment sur une enquête qu’elle a conduite et qui s’est intéressée aux désirs des citadins lyonnais, mais aussi sur différents travaux antérieurs. En effet, l’intervenante a déjà dirigé un numéro spécial de la revue Métropolitiques un numéro spécial de Géographie, économie, société sur la relation ville, nature et bien-être, un ouvrage Nature en ville : attentes citadines et politiques publiques (2014, avec Roland Vidal, Editopics).

La problématique des travaux présentés est la suivante : Comment la nature devient-elle l’objet de désir du citadin ? Quels sont les éléments qui expliquent cette évolution ? La présentation est conduite en deux temps : une mise en contexte du désir de nature et l’analyse de quelques résultats d’une enquête lyonnaise.

Contextualisation

Les désirs des citadins préoccupent l’ensemble des acteurs urbains. Mais la conciliation entre ville et nature peut s’avérer difficile voire complexe. Premièrement, la notion de nature est elle-même délicate à définir. Deuxièmement, le besoin de nature de l’homme doit être concilié avec son besoin d’urbanité à l’heure de l’homo urbanus. Comment peut-on rapprocher les notions d’urbanité, de bien-être et de nature ?

On assiste aujourd’hui à un verdissement de la société qui s’explique par une prise de conscience globale des effets de notre développement sur notre environnement que nous rappelle notamment la multiplication de catastrophes naturelles. Ce verdissement serait une réponse à l’idée de la finitude des ressources. Pour répondre à cette inquiétude, des accords internationaux se multiplient et sont traduits aux échelles nationales et locales (comme les Plans Climats ou les Agendas 21).

La nature pèse dans le choix de localisation des individus et des entreprises. L’environnement constitue une aménité pour les hommes. Ainsi, l’environnement est dans certains classements internationaux pris en compte pour évaluer l’attractivité des métropoles globales, c’est-à-dire les villes qui jouent un rôle majeur dans l’économie globalisée aujourd’hui (cf. Classement de la Mori Memorial Foundation) ou encore à l’échelle locale, il permet de distinguer les villes où il fait bon vivre – différents journaux se livrent régulièrement à cet exercice. Par ailleurs, en ville, un marketing du « vert » se développe. A l’échelle individuelle, les citoyens peuvent aussi s’engager : c’est le cas des membres du Guerrilla Gardening, des Colibris, des Incroyables Comestibles… Des labels se mettent en place, par exemple label écojardin – il nécessite de respecter des techniques de production (éviter les pesticides, avoir une technique écoresponsable) et d’être ouvert à différents types de population. De nombreux autres exemples existent.

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Le territoire au service de la santé ? Aménagement, urbanisme et santé publique. L’exemple de la santé infantile à Villeurbanne.

Céline Broggio, géographe, Université Jean Moulin Lyon 3.
Virginie Chasles, géographe, Université Jean Moulin Lyon 3.
Sophie Pamiès, médecin, Direction de l’écologie urbaine (Lyon).

Les Cafés Géo de Lyon accueillent le 26 mars 2014 à 18h au Café de la Cloche, deux maîtres de conférences en géographie Virginie Chasles et Céline Broggio de l’Université Jean Moulin Lyon 3 et Sophie Pamiès, médecin territorial, médecin directeur de l’Ecologie urbaine à Lyon. Ce Café Géo vise à articuler des discours scientifiques et une pratique de terrain. Il s’agit d’articuler un champ de la géographie (la géographie de la santé) et un terrain d’action (le quartier des Buers à Villeurbanne), et de voir s’il est possible de mobiliser le territoire pour préserver et améliorer la santé des populations concernées. Cette question est ancienne mais est renouvelée par des enjeux de santé, notamment le surpoids et l’obésité. Ce propos vise alors à relier les facteurs individuels mais aussi le rôle du territoire comme déterminant de santé. De ce fait, l’intervention s’organise en trois temps : en premier lieu, il s’agit de présenter le territoire comme un élément déterminant de la santé ; ensuite, l’objectif est d’expliquer pourquoi l’obésité (et plus particulièrement infantile) est un enjeu de santé publique majeur et enfin, la présentation du terrain d’action ouvre la réflexion sur la problématique de l’urbanisme favorable à la santé.

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Multinationales et territoires, histoire d’investissements européens dans les ordures d’Egypte

Ce Café Géo s’est tenu le 9 octobre 2013 au Café de la Cloche à Lyon.

L’intervenante Lise Debout a soutenu une thèse en 2012 : Gouvernements urbains en régime autoritaire. Le cas de la gestion des déchets ménagers en Égypte téléchargeable ici (PDF) . Elle nous présente une partie de ce travail dans cette communication qui a pour thème la territorialisation des politiques publiques en régime autoritaire.

À travers le cas de la réforme de la gestion des déchets ménagers, les questions notamment abordées dans cette thèse sont les suivantes :

– Comment mettre en œuvre une politique publique en régime autoritaire ?
– Quelles sont les marges de manœuvre des territoires locaux pour adapter le contenu de ces politiques publiques dans un contexte d’extrême centralisation et d’absence de représentants légitime de la population au niveau local ?

Dans ce cadre, c’est aujourd’hui plus précisément l’enjeu de l’implantation des multinationales dans la gestion des déchets en Égypte qui seront analysées.
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Mais où est donc passé l’espace rural ?

Café géographique « Mais où est donc passé l’espace rural ? », animé par Bénédicte Tratnjek, avec Samuel DEPRAZ (géographe, maître de conférences à l’Université Jean Moulin Lyon 3, chercheur à l’UMR 5600 Environnement Ville et Société), le mercredi 25 septembre 2013 au Café de La Cloche (Lyon).

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Le Café Géo du 25 septembre 2013 accueille Samuel Depraz, maître de conférences à l’Université Jean Moulin Lyon 3. Sa thèse soutenue en 2005 a pour titre Recompositions territoriales, développement rural et protection de la nature dans les campagnes d’Europe centrale post-socialiste. Ses travaux au sein de l’UMR 5600 EVS portent notamment sur les espaces protégés, les politiques régionales de l’Union européenne, le développement local et la gouvernance en particulier dans des communes rurales. Le thème de ce soir, l’espace rural, a été proposé en relation avec le site Géoconfluences pour lequel se prépare un débat « A la une » sur la même question. Il part d’une interrogation de fond, suscitée notamment par les travaux de Jacques Lévy, selon laquelle « tout est urbain », tandis que le rural n’existerait plus.

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Quand les montagnes donnent froid

atlas-des-montagnes_9782746731677Café géographique « Quand les montagnes donnent froid », animé par Bénédicte Tratnjek, avec Xavier BERNIER (géographe, Université de Savoie), le mercredi 20 novembre 2013 au Café de La Cloche (Lyon).

Le Café Géo du 20 novembre 2013 accueille Xavier Bernier, maître de conférences à l’Université de Savoie et chercheur à EDYTEM (Chambéry). Il est l’auteur en 2013 avec C. Gauchon de l’Atlas des montagnes – Espaces habités, mondes imaginés chez Autrement. Après une thèse sur les  Transports, communications et développement en Himalaya central : le cas du Népal, il a élargi son cadre de recherche notamment aux Alpes et aux enjeux des mobilités et travaille en particulier sur le traverser (http://www.espacestemps.net/auteurs/xavier-bernier/).

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L’intervenant commence par la projection d’un petit film, Valhalla, où des skieurs nus dévalent les pentes dans un paysage de montagnes enneigées. Ce film sorti cette année et imaginé par un collectif de cinéastes canadiens et états-uniens, Sweatgrass, pose la question d’un retour aux origines d’un héros qui cherche à retrouver ses sensations de jeunesse. L’étymologie du mot froid Frigidus fait référence au froid thermique, mais a aussi le sens de terne ou de fade. Le froid brûle également. A la lumière de ce premier paradoxe, il s’agit de montrer le caractère agressif ou rugueux du froid. Derrière une approche biologique, une autre complémentaire doit être abordée à l’aide du film projeté : le bonheur d’un retour à la nature via le froid. Entrer par le froid c’est aussi poser la question de la saisonnalité. En termes de représentations notamment publicitaires, le froid est souvent identifié comme polaire ou montagnard, notamment pour les fabricants de vêtements (comme Damart ou les vêtements de sports), deux qualités combinées dans l’identification récente d’un record de froid en Antarctique (-93°C cf. Le Point.fr). La relation ambivalente avec le froid et la montagne peut ressembler à « un je t’aime moi non plus ». Le froid est tantôt relié à des mondes menaçants ou repoussants, tantôt à un cadre propre au repoussement. Mais les associations se révèlent parfois complexes : le yéti apparaît par exemple très souvent en Occident dans un cadre hivernal tandis qu’il est d’abord représenté l’été chez les Sherpas népalais. Sur ces associations, sont fondés aussi bien des légendes que des produits culturels : dernier en date, La Reine des Neiges de Disney sortie en 2013 est l’adaptation d’un conte d’Andersen La Reine des Glaces. Une des deux sœurs transforme en froid tout ce qu’elle touche. La sœur maudite habite en montagne dans un monde chromatiquement froid mais aussi froid en termes de paysages. Il faut rappeler que le mot froid est utilisé pour des températures, mais aussi des couleurs voire des personnes.
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Les villages d’insertion : un événement spatial ?

« Les villages d’insertion : un événement spatial ? Territoires et temporalités des dispositifs de relogements des bidonvilles en Seine-Saint-Denis »

Elise Roche

Le 13 mars 2013, à 18h, au Café de la Cloche, Sébastien Ah-Leung introduit ce Café Géo présenté par Elise Roche, maître de conférences à l’INSA de Lyon et enseignante-chercheuse à l’UMR 5600 EVS -ITUS. Elle a travaillé sur la gestion urbaine des banlieues et des territoires périphériques et a soutenu une thèse en 2010 dont le titre est Territoires institutionnels et vécus de la participation en Europe. Le cas des quartiers périphériques.

Lors de la programmation des Cafés Géo à l’été 2012, le regard médiatique était focalisé sur la question de l’expulsion des Roms. Les dispositifs de relogement semblaient alors s’apparenter comme une solution alternative à ces expulsions. Ces villages d’insertion vont donc constituer le cœur de l’exposé d’Elise Roche.

Que sont les villages d’insertion ? Un dispositif expérimental

Le Café Géo commence par une présentation de ces villages d’insertion qui sont un dispositif relativement méconnu. Après avoir présenté le dispositif et le public auquel il est destiné, la discussion porte sur les éléments de permanence entre les dispositifs de relogement des bidonvilles des années 1960, et ceux des années 2010. A la suite d’Olivier Legros (2011), il s’agit ainsi de voir dans quelle mesure le relogement de migrants en habitat auto-construit dans les années 2010 présente des éléments de réactivation de pratiques des années 1960, afin d’éclairer sous un angle diachronique ces nouveaux objets que constituent les villages d’insertion dans le paysage urbain.

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Quand les métropoles font leur marché : quels agriculteurs et quelles politiques pour maintenir une production périurbaine à Stockholm et à Buenos Aires ?

Ce deuxième Café Géo de la saison accueille Julie Le Gall,  maître de conférences à l’ENS de Lyon qui a soutenu une thèse sur l’influence des Boliviens sur les réseaux de commercialisation maraîchère à Buenos Aires. A ses côtés Camille Hochedez, ATER à l’ENS de Lyon, nous parlera de ses travaux sur les réseaux d’agriculteurs biologiques et leurs liens avec le développement durable dans la région de Stockholm.

Buenos Aires et Stockholm, Nord et Sud, peut-on comparer l’incomparable ? Qui sont ces agriculteurs ? Parle-t-on d’agriculteurs d’ailleurs quand on se trouve dans une région métropolitaine ? S’agit-il d’espace rural dans la ville ou d’un autre type d’espace ? Autant de questions qui réunissent deux terrains très différents…

A partir de leurs recherches sur l’approvisionnement de la ville en légumes en Suède et en Argentine, Camille Hochedez et Julie Le Gall nous invitent à un véritable décloisonnement des recherches Nord/Sud pour voir quelles expériences peuvent être échangées et pérennisées d’un espace à l’autre. Dans les deux cas, on observe une certaine complexité de l’agriculture et une marche, plutôt lente et difficile, vers le développement durable.

Cette démarche s’inscrit d’abord dans une actualité scientifique. Aujourd’hui, le champ des ruralités est de plus en plus investi par des urbanistes, mais le champ des urbanités est de son côté investi par les ruralistes. Dans un contexte d’urbanisation croissante à l’échelle de la planète, l’enjeu principal est de comprendre la place de l’agriculture dans la construction de métropoles durables. Ce thème correspond aussi à une actualité médiatique et politique puisqu’on assiste à un regain d’intérêt pour l’agriculture périurbaine. Les différents acteurs politiques prennent conscience du lien intrinsèque entre l’agriculture et la ville ; la ceinture maraîchère de Buenos Aires est emblématique de cette agriculture pour la ville. Ce regain d’intérêt montre aussi le rôle social de l’agriculture et des agriculteurs au-delà de leur fonction alimentaire initiale. L’agriculteur ne doit plus seulement produire mais aussi entretenir un paysage, être le garant de loisirs dans les espaces de nature ou maintenir de l’emploi. Plus généralement, on constate de nouvelles attentes sociétales envers l’agriculture. Les consommateurs souhaitent des produits locaux et exigent une meilleure traçabilité.

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Les capitales d’Etat des Etats-Unis : small is powerful ?
Débat “Les capitales d’Etat des Etats-Unis : small is powerful ?” animé par Christian Montès (Lyon 2)le mercredi 16 février 2011 à 18h30 au Café de la Cloche, 4 rue de la Charité, 69002 Lyon (M° Bellecour).

La plupart des capitales d’Etats aux Etats-Unis comptent une population relativement faible, contrairement au Canada ou à l’Australie, où primatie politique et démographique sont étroitement associées à l’échelle des villes. Aborder la question de la faiblesse démographique renvoie à la façon d’analyser les Etats-Unis avec un regard de géographe. Il ne faut absolument pas tomber dans le stéréotype qui associe à la plupart des villes américaines des phénomènes de mégalopolisation, ou de ségrégation, à l’exception de quelques espaces sanctuarisés.

La capitale d’Etat incarne à la fois la municipalité, l’Etat qu’elle symbolise et le capitole. Quel rôle joue-t-elle vraiment dans le cadre du fédéralisme ? Quelles pratiques urbaines peut-on observer dans ces villes ? La notion de « powerful » doit-elle être entendue au sens de puissance économique, politique, ou encore civique et mémorielle ?
Cette réflexion sera suivie d’une étude de cas portant sur Pierre, la capitale de l’Etat du Dakota du Sud.

Le choix des capitales d’Etat : une logique économique ?

Le corpus des capitales d’Etat est hétéroclite. La plus petite est Montpelier, dans le Vermont, tandis que la plus grande reste Boston. La capitale d’Etat n’est pas nécessairement une capitale économique. On observe le plus souvent une dichotomie entre les deux, l’exemple le plus explicite étant le couple New York-Washington. On peut toutefois mentionner un contre-exemple, celui de Denver, Colorado, qui associe les deux fonctions, politique et économique. Pourquoi les capitales d’Etat sont-elles caractérisées par cette hiérarchie subalterne ? Cette dichotomie est-elle influencée en partie par une idéologie puritaine, celle visant à « séparer Babylone de Jérusalem » ? Cette réponse ne suffit pas, car aux Etats-Unis, il est extrêmement difficile de séparer politique et économique. Prenons l’exemple de la notion de liberté, qui associe à la fois la liberté de penser, de se déplacer, d’entreprendre.
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Archives – Cafés Géographiques de Lyon

Retrouvez toutes les archives des comptes rendus des Cafés Géographiques de Lyon, à consulter et télécharger au format PDF.

Taiwan, des frontières par comme les autres, Stéphane Corcuff, 23 janvier 2013
 cr-taiwan-frontieres-pas-comme-les-autres.pdf

Spatialisation des mémoires douloureuses: l’exemple de la Shoah, Dominique Chevalier, 12 décembre 2012
 cr-spatialisation-des-memoires-douloureuses.pdf

L’Avènement du Monde. Essai sur l’habitation humaine de la Terre, Michel Lussault, 12 juin 2012
 Lussault-2012.pdf

Quelle trame verte pour la métropole lyonnaise de demain ?, Clément Dodane, Laurent Berne, 9 mai 2012
 cr-trame-verte-metropole-lyonnaise.pdf

Quel patrimoine du XXème siècle pour Lyon ?, Vincent Veschambre, 21 mars 2012
 cr-patrimoine-xx-siecle-lyon.pdf

Nouveaux systèmes de production agraire, nouveaux conflits en Argentine et en Uruguay, Pierre Gautreau, 7 mars 2012
 cr-production-agraire-argentine-uruguay.pdf

Le Brésil, pays émergent ?, Martine Droulers, 18 janvier 2012
 cr-bresil-pays-emergent.pdf

Qu’est-ce que la géographie peut dire du nucléaire ?, Romain Garcier, 7 décembre 2011
 cr-geographie-du-nucleaire.pdf

L’île de Fogo au Cap-Vert: Terra estimada ? Les enjeux de développement d’un territoire sous pression, Pauline Texier, 9 novembre 2011
 cr-ile-fogo-cap-vert-enjeux-developpement.pdf

Les grands enjeux de la question alimentaire au XXIème siècle, Jean-Christophe Rufin – mercredi 19 octobre 2011
 question-alimentaire-xxi.pdf

De la plume à l’Internet, le voyage se prépare et se raconte, G. Fontaines, E. Boutan , Delphine Maugars , Magda Maaoui – mercredi 11 mai 2011
 plume-internet.pdf

“Sous les pavés la géographie ? Archéologie et géopolitique”, Jean-Pierre Payot, Nicolas Hirsch, Delphine Maugars – mercredi 16 mars 2011
 archeologie-geopolitique.pdf

“Les capitales d’Etat des Etats-Unis : small is powerful ?”, Christian Montès , Magda Maaoui, Delphine Maugars – mercredi 16 février 2011
 capitales-d-etat-etats-unis.pdf

Le Rhône : nouvelles perspectives de gestion territoriale et environnementale, Jean-Paul Bravard , Guy Collilieux , Magda Maaoui – mercredi 19 janvier 2011
 rhone-gestion-territoriale.pdf

Du Cyberespace au GéoWeb. Internet est-il géographique ?, Thierry Joliveau, Laura Péaud – mardi 7 décembre 2010
 cyberespace-geoweb.pdf

Quels défis environnementaux pour les villes de Tunisie ?, A. Bennasr et T. Megdiche, Magda Maaoui – mercredi 17 novembre 2010
 défis-environnementaux-villes-tunisie.pdf

Que la lumière soit ! Eclairer la ville autrement, Jean-Michel Deleuil et Alexandre Colombani, Emmanuelle Peyvel – mercredi 2 décembre 2009
 eclairer-la-ville.pdf

Les circuits courts en agriculture : au plus près du local, Claire Delfosse, Laure Birckel – mercredi 18 novembre 2009
 circuits-courts-agriculture.pdf

Quand les géographes se prennent au jeu : espace et jeux vidéo, Emmanuel Guardiola, Samuel Rufat et Hovig Ter Minassian, Rémi Desmoulière – mercredi 14 octobre 2009
 espace-jeux-video.pdf

Terroir et territoire : vers un patrimoine gastronomique hors-sol ?, Rémy Knafou et Régis Marcon, Clément Vincent – mercredi 23 septembre 2009
 terroir-territoire.pdf

Des espaces naturels protégés : pour quoi faire ?, Samuel Depraz et Stéphane Héritier, Emmanuelle Peyvel – mercredi 25 février 2009
 espaces-naturels-proteges.pdf

La pollution environnementale et ses effets sur la santé humaine, Jean-Pierre Besancenot, Vincent Cogliano et Nicolas Gaudin, Aurélie Delage – mercredi 14 janvier 2009
 pollution-environnementale-sante.pdf

La nature recréée est-elle encore naturelle ?, Isabelle Lefort, Gilles Clément, Yann Calbérac, Laura Péaud, 1er octobre 2008
 nature-recreee.pdf

Quels espaces verts pour la ville de demain ?, Emmanuel Boutefeu, Paul Arnould et Jean-Yves Toussaint, Cécile Michoudet – mercredi 9 avril 2008
 quels-espaces-verts-ville-demain.pdf

La ville événementielle, Philippe Chaudoir, Yann Calbérac, Benjamin Laplante – jeudi 20 mars 2008
 ville-evenementielle.pdf

Espaces ruraux et alimentation en Inde : comment dépasser la révolution verte ?, Frédéric Landy, Yann Calbérac – mercredi 13 février 2008
 espaces-ruraux-alimentation-inde.pdf

Qu’apprend-on d’une ville par l’étude de ses formes ?, Anne-Sophie Clémençon, Yann Calbérac – mercredi 9 janvier 2008
 ville-etudes-formes.pdf

Le pouvoir central face aux régions en Russie, Denis Eckert, Yann Calbérac – mercredi 12 décembre 2007
 pouvoir-central-regions-russie.pdf

Londres 2012 : 100 mètres ou course de fond ?, Manuel Appert, Camille Hochedez – mercredi 18 avril 2007
 londres-2012.pdf

Espace et politique au Proche-Orient, Fabrice Balanche, Marie-Christine Doceul – mercredi 14 mars 2007
 espace-politique-proche-orient.pdf

Villes privées à la carte dans les métropoles mondiales. Peut-on parler de sécessions urbaines ?, Renaud Le Goix, Louise Slater – mercredi 7 mars 2007
 villes-privees-métropoles.pdf

Les territoires au risque de la mondialisation, Pierre Veltz, Benjamin Laplante – mercredi 14 février 2007
 territoires-mondialisation.pdf

Des cafés et des hommes : l’exemple de Lyon, Sophie Porcarelli, Benjamin Laplante, Yann Calbérac – mercredi 13 décembre 2006
 cafes-hommes-lyon.pdf

La diaspora tibétaine en Inde, Anne-Sophie Bentz, Yann Calbérac – mercredi 6 décembre 2006
 diaspora-tibetaine-inde.pdf

Pourquoi le retour du thème des frontières ?, Michel Foucher, Daniel Nordmann et Philippe Rekacewicz, Benjamin Laplante – vendredi 6 octobre 2006
 pourquoi-retour-theme-frontieres.pdf

Les SIG au quotidien, des Systèmes d’Ingérence Géographique ?, Claire Cunty et Matthieur Noucher, Florence Richard-Schott – mercredi 10 mai 2006
 sig-au-quotidien.pdf

Formes, réformes et méformes des Parcs Nationaux français, Lionel Laslaz, Yann Calbérac, Cécile Michoudet – mercredi 8 mars 2006
 formes-reformes-parcs-nationaux-fr.pdf

Le Brésil : construire le Mercosul pour affronter la mondialisation, Bernard Bret, Aurélie Delage – mercredi 8 février 2006
 bresil-construire-mercosul.pdf

A quoi sert la manne pétrolière au Moyen Orient et en Afrique du Nord ?, Georges Mutin, Yann Calbérac – mercredi 18 janvier 2006
 manne-petroliere-mo-afrique-nord.pdf

Les dessous du « Dessous des cartes », Frank Tétart, Yann Calbérac – mercredi 14 décembre 2005
 dessous-dessous-cartes.pdf

Banlieues et violences urbaines : la nouvelle exception française ?, Christophe Guilluy, Christophe Noyé, Yann Calbérac – mercredi 7 décembre 2005
 banlieues-violences-exception-francaise.pdf

Chaud devant ! Le regard des médias sur le changement climatique, Martine Tabeaud, Yann Calbérac, Cécile Michoudet – mercredi 16 novembre 2005
 regards-medias-changement-climatique.pdf

La Baltique : vodka et mafia, réseaux et frontières, Pascal Marchand, Yann Calbérac – mercredi 12 octobre 2005
 baltique-reseaux-frontieres.pdf

Pourquoi organiser aujourd’hui un colloque sur Elisée Reclus ?, Paul Boino, Jacques Défossé, Isabelle Lefort et Philippe Pelletier, Yann Calbérac – mardi 6 septembre 2005
 pourquoi-colloque-elisee-reclus.pdf

La confluence : projet, rupture et reproduction du sud de la presqu’île de Lyon, Ismaël Nour et Dominique Rey, Aurélie Delage – mercredi 11 mai 2005
 confluence-projet-lyon.pdf

L’élargissement vers l’Est de l’Union Européenne : un an après, deux ans avant, Emmanuelle Boulineau et Lydia Coudroy de Lille, Aurélie Delage – mercredi 13 avril 2005
 elargissement-est-ue.pdf

La Place du Pont et l’immigration à Lyon, entre visibilité publique et pratiques urbaines, Alain Battegay, Aurélie Delage – mercredi 9 mars 2005
 place-pont-immigration-lyon.pdf

La Corse, la dernière colonie française ?, Jacques Scheibling, Yann Calbérac – mercredi 9 février 2005
 la-corse-colonie-francaise.pdf

Les pentes de la Croix-Rousse : territoire de l’alternative à Lyon ?, Michel Bernard et Mimo Pisanti, Aurélie Delage – mercredi 15 décembre 2004
 pentes-croix-rousse.pdf

Le Sahara est-il encore un désert ?, Jean Bisson, Aurélie Delage – mercredi 10 novembre 2004
 sahara-encore-desert.pdf

De l’enfer des cyclones aux paradis touristiques : les littoraux des DOM, Judith Klein, Yann Calbérac – dimanche 10 octobre 2004
 littoraux-dom.pdf

Athènes, le “néfos” et les Jeux Olympiques, Olivier Deslondes, Yann Calbérac – lundi 10 mai 2004
 athenes-nefos-jo.pdf

Traces d’eau : un géographe chez les archéologues, Pierre Gentelle, Yann Calbérac – mercredi 10 mars 2004
 geographe-archeologues.pdf

Au Burkina Faso : le Sourou, du fleuve paradoxal à l’invention du territoire, Jacques Bethemont, Yann Calbérac – mercredi 4 février 2004
 burkina-faso-sourou.pdf

Iles interdites et montagnes profondes : de l’espace sacré au Japon, Philippe Pelletier, Yann Calbérac – mercredi 14 janvier 2004
 espace-sacre-japon.pdf

Bhopal, Toulouse, Couloir de la chimie : faut-il avoir peur de l’industrie chimique ?, Jacques Donze, Yann Calbérac – mercredi 10 décembre 2003
 peur-industrie-chimique.pdf

Un nouvel enjeu pour l’aménagement du territoire et la gestion du risque : les sites potentiellement pollués, Frédéric Ogé, Yann Calbérac – mercredi 5 novembre 2003
 enjeu-sites-potentiellement-pollues.pdf

Pour ou contre le tramway lyonnais ?, Christian Montès, Yann Calbérac – mardi 7 octobre 2003
 tramway-lyonnais.pdf

L’intégration des villes de l’Est dans le système monde, Lydia Coudroy de Lille, Yann Calbérac – jeudi 15 mai 2003
 integration-villes-est.pdf

Quels enjeux de développement pour une ville classée au patrimoine mondial de l’UNESCO ? L’exemple de Lyon, Régis Neyret et Isabelle Lefort, Yann Calbérac – jeudi 10 avril 2003
 enjeux-ville-unesco-lyon.pdf

Migrations et conflits en Afrique, Roland Pourtier, Marie-Christine Doceul, Jeanne Vivet – jeudi 13 mars 2003
 migrations-conflits-afrique.pdf

Les dangers passés et présents des bords de l’eau, Jacques Béthemont et Jacques Rossiaud, Yann Calbérac – jeudi 13 février 2003
 dangers-bords-eau.pdf

Philippe Lamour, père de l’aménagement du territoire, Jean-Robert Pitte, Yann Calbérac – jeudi 9 janvier 2003
 philippe-lamour-amenagement.pdf

Y a-t-il trop de forêt en France ?, Paul Arnould, Vincent Clément, Marie-Christine Doceul, Claire Dubus – jeudi 12 décembre 2002
 trop-de-foret-france.pdf

La culture scolaire en géographie, Pascal Clerc, Marie-Christine Doceul – jeudi 14 novembre 2002
 culture-scolaire-geographie.pdf

Où est la Mer d’Orient ? Toponymie et enjeux géopolitiques en Asie Orientale., Philippe Pelletier, Jennifer Bidet – jeudi 10 octobre 2002
 toponymie-asie-orientale.pdf

Le renouveau du local en Géographie, Emmanuelle Bonerandi, Marie-Christine Doceul, Yann Calbérac – jeudi 2 mai 2002
 renouvau-local-geo.pdf

OGM et développement, entre discours et réalité, Sylvie Brunel, Yann Calbérac – jeudi 4 avril 2002
 ogm-developpement.pdf

Ségrégation sociale, ségrégation spatiale, Myriam Houssay-Holzschuch, Olivier Milhaud, Marie-Christine Doceul, Yann Calbérac – jeudi 14 mars 2002
 segregation-sociale-spatiale.pdf

2020 : 8 milliards d’hommes,1 milliard d’automobiles, Olivier Archambeau et Romain Garcier, Olivier Milhaud – jeudi 14 février 2002
 milliards-hommes-automobiles.pdf

Du World Trade Center aux usines de Toulouse : la vulnérabilité des grandes villes, Jacques Bonnet, Olivier Milhaud, Marie-Christine Doceul – jeudi 13 décembre 2001
 wtc-toulouse-vulnerabilite-grandes-villes.pdf

Les montagnes du Maghreb : un cas de déterminisme géographique ?, Marc Côte, Olivier Milhaud – jeudi 15 novembre 2001
 montagnes-maghreb.pdf

Islam et islamisme : une géographie culturelle, Rémy Madinier, Marie-Christine Doceul – jeudi 11 octobre 2001
 islam-islamisme-geo-culturelle.pdf

Les conflits locaux liés à la drogue dans l’après Guerre froide, Alain Labrousse, Marie-Christine Doceul – jeudi 10 mai 2001
 conflits-locaux-drogue.pdf

La mise en désir des lieux ou la réinvention des lieux par le tourisme, Philippe Bachimon, Marie-Christine Doceul – jeudi 5 avril 2001
 reinvention-lieu-tourisme.pdf

La centralité à travers l’exemple du Grand Lyon, Franck Scherrer, Paul Boino, Marie-Christine Doceul – vendredi 9 mars 2001
 centralite-grand-lyon.pdf

Les poubelles dans l’espace : déchets urbains et enjeux géographiques, Gérard Bertolini, Marie-Christine Doceul, Marc Lohez – jeudi 8 mars 2001
 poubelles-espace.pdf

Les échelles de la ville, Marc Bonneville, Marie-Christine Doceul – jeudi 8 février 2001
 echelles-ville.pdf

Quel avenir pour les parcs naturels en France ?, Françoise Gerbeau, Marie-Christine Doceul – jeudi 9 novembre 2000
 avenir-parcs-naturels-france.pdf

Et la Corse ?, Yves Lacoste, Marie-Christine Doceul – jeudi 12 octobre 2000
 et-la-corse.pdf

Le barrage des Trois Gorges et le problème de l’eau en Chine, Jacques Bethemont et Jean-Paul Bravard, Marie-Christine Doceul – jeudi 11 mai 2000
 barrage-trois-gorges.pdf

Les problèmes de l’eau en Inde, François Durand-Dastès, Marie-Christine Doceul – jeudi 13 avril 2000
 problemes-eau-inde.pdf

Les géographies aujourd’hui, Isabelle Lefort, Christian Montès, Marie-Christine Doceul – jeudi 14 octobre 1999
 geographies-aujourdhui.pdf

L’élargissement de l’Union européenne à l’autre Europe : l’Europe médiane, Lydia Gaudray – Coudroy de Lille, Marie-Christine Doceul – jeudi 6 mai 1999
 elargissement-UE.pdf

La question albanaise, Olivier Deslondes, Marie-Christine Doceul – jeudi 8 avril 1999
 question-albanaise.pdf

L’invention du littoral, Roland Paskoff, Marie-Christine Doceul – jeudi 4 mars 1999
 invention-littoral.pdf