Où donc est la géographie, plus que sur la table où nous mangeons, où abondent les références géographiques des plantes, des lieux d’où elles viennent, des plats tous issus d’une culture, d’une civilisation qui les a façonnés, des eaux, de la bière et des vins, produits très souvent estampillés par un terroir, une origine, un nom même qui signe une culture, des saveurs qui ont voyagé avec les conquérants, les colons, les missionnaires, les soldats et, maintenant, les touristes ou les travailleurs ?
Notre pari est donc de faire cette géographie-là, à table, dans des restaurants « ethniques », lorsqu’on est membre de l’association. Passer de la carte de géographie à la carte du restaurant pour y décrypter ce qu’il y a de plus intime comme relation entre l’homme et son milieu : manger les valeurs portées par ce milieu, cette société, les incorporer jusqu’au plus près de nous. Les anthropologues ont montré combien cette expérience d’ingestion du monde était fondatrice de notre identité. Encore faut-il que nous lui donnions du contenu et du sens. Cest ce que font les géographes qui cherchent comment sest tissé le lien entre le producteur et le mangeur, comment le cuisiner sest approprié tel ou tel produit et comment il le restitue aux mangeurs, à quel paysage il fait référence dans son expérience à table.
L’association a élargi la palette des expériences aux vins et aux boissons en général, aux repas pouvant être des expériences sensorielles fortes comme un repas « dans le noir », elle le fait aussi sans que cela donne toujours lieu à un compte-rendu avec des produits comme les fromages, les épices, etc. Toujours pour faire de la géographie autrement.