Nous sommes ici dans un vrai restaurant coréen (Shin Jung 7, rue Clapeyron 75008 Paris), tenu par une Coréenne, Mme Cheong, alors que bien des restaurants à Paris sont tenus par des Chinois. Ce restaurant joliment décoré, à dominante de gris, dont le nom signifie « la nouvelle maison », propose une cuisine actuelle de Séoul.
Cette cuisine a connu à Paris un fort développement à partir des années 1980, passant de moins de quinze restaurants à une quarantaine aujourd’hui. Cette croissance est à mettre en parallèle avec l’internationalisation et la mondialisation du pays (pensons par exemple au cinéma coréen). L’internationalisation de la cuisine coréenne participe de cette « vague (sud-) coréenne » (dite « hallyu » en coréen), marquée par la diffusion dans toute l’Asie et au-delà (Moyen-Orient) des produits de la pop culture (musique, cinéma, feuilletons télévisés, etc.).
La gastronomie coréenne, encore peu connue, est en forte progression aujourd’hui. De nombreux livres de cuisine sont édités aujourd’hui en Corée. Nous allons voir de quelle façon ce que nous allons manger ce soir reflète un peuple et une culture, celle de l’ensemble de la Corée, car il nous faut éviter d’oublier la Corée du Nord.
Éléments de problématique :
Les élargissements de l’UE à l’Est en 2004 et 2007, permis par le bouleversement géopolitique qu’a représenté la chute du Mur de Berlin en 1989 et l’implosion de l’Union soviétique en 1991, ont posé, avec les nouveaux candidats à l’adhésion, la question très sensible des frontières de l’Europe ont contraint les institutions européennes à tenter de définir des critères d’européanité fondés sur des valeurs communes. Or ces valeurs, qui doivent être le ciment d’une identité européenne, sont loin de faire consensus, que ce soit au sein de la communauté scientifique et universitaire ou au sein des populations européennes et de leurs représentants politiques.
La plupart des capitales d’Etats aux Etats-Unis comptent une population relativement faible, contrairement au Canada ou à l’Australie, où primatie politique et démographique sont étroitement associées à l’échelle des villes. Aborder la question de la faiblesse démographique renvoie à la façon d’analyser les Etats-Unis avec un regard de géographe. Il ne faut absolument pas tomber dans le stéréotype qui associe à la plupart des villes américaines des phénomènes de mégalopolisation, ou de ségrégation, à l’exception de quelques espaces sanctuarisés.
La capitale d’Etat incarne à la fois la municipalité, l’Etat qu’elle symbolise et le capitole. Quel rôle joue-t-elle vraiment dans le cadre du fédéralisme ? Quelles pratiques urbaines peut-on observer dans ces villes ? La notion de « powerful » doit-elle être entendue au sens de puissance économique, politique, ou encore civique et mémorielle ?
Cette réflexion sera suivie d’une étude de cas portant sur Pierre, la capitale de l’Etat du Dakota du Sud.
Le choix des capitales d’Etat : une logique économique ?
Le corpus des capitales d’Etat est hétéroclite. La plus petite est Montpelier, dans le Vermont, tandis que la plus grande reste Boston. La capitale d’Etat n’est pas nécessairement une capitale économique. On observe le plus souvent une dichotomie entre les deux, l’exemple le plus explicite étant le couple New York-Washington. On peut toutefois mentionner un contre-exemple, celui de Denver, Colorado, qui associe les deux fonctions, politique et économique. Pourquoi les capitales d’Etat sont-elles caractérisées par cette hiérarchie subalterne ? Cette dichotomie est-elle influencée en partie par une idéologie puritaine, celle visant à « séparer Babylone de Jérusalem » ? Cette réponse ne suffit pas, car aux Etats-Unis, il est extrêmement difficile de séparer politique et économique. Prenons l’exemple de la notion de liberté, qui associe à la fois la liberté de penser, de se déplacer, d’entreprendre.
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Introduction
Selon la définition de l’INSEE, « l’intercommunalité permet aux communes de se regrouper au sein d’un établissement public soit pour assurer certaines prestations (ramassage des ordures ménagères, assainissement, transports urbains…), soit pour élaborer de véritables projets de développement économique, d’aménagement ou d’urbanisme ».
Si les premières formes de coopération intercommunale sont apparues voici plus de cent vingt ans (suite à la loi du 22 mars 1890 permettant la création d’un syndicat intercommunal à vocation unique), les groupements intercommunaux prennent une place croissante dans l’action publique locale au cours des années 1990, notamment grâce aux lois du 6 février 1992 et du 12 juillet 1999 qui les ont renforcés puis simplifiés, et à celle du 13 août 2004 visant à améliorer leur fonctionnement. Ils couvriront bientôt presque tout le territoire national. [1]
Récemment, la loi du loi du 16 décembre 2010 sur la réforme territoriale a bénéficié d’un écho médiatique important sur des aspects quelque peu controversés, tels que l’élection des conseillers territoriaux, mais les différents aspects du volet intercommunal ont finalement fait l’objet du plus grand consensus. Néanmoins, cette loi, dont l’un des objectifs est « l’adaptation des structures à la diversité des territoires » aura rapidement des conséquences importantes auxquelles ce Café Géo va s’intéresser.
Cécile JEBEILI, Maitre de Conférences en Droit Public à l’Université Toulouse II le Mirail, se propose de présenter les dispositions les plus innovantes de cette réforme en ce qui concerne les territoires, la gouvernance, les moyens de l’intercommunalité ainsi que les nouvelles formes de coopération (métropoles, pôles métropolitains, communes nouvelles) et d’en offrir une lecture critique.
Dans un second temps, Stéphanie GUIRAUD-CHAUMEIL, vice-présidente de la Communauté d’agglomération de l’Albigeois (C2A), fera notamment le point sur les différents enjeux de l’intercommunalité pour le citoyen.
Déjà compétente en matière de transports urbains, d’habitat, de développement économique, des questions des espaces aquatiques, de la collecte et du traitement des déchets, de l’enseignement supérieur et de la recherche, la C2A a récemment franchi de nouveaux caps, notamment avec les transferts de compétences concernant la voirie, l’assainissement dans son ensemble, l’éclairage public, les médiathèques, les déplacements doux et la propreté.
La C2A a été créée au 1er janvier 2003 en regroupant 16 communes (dont 13 étaient déjà réunies au sein de deux Communautés de communes), avant d’accueillir une 17ème commune l’année suivante. La C2A s’étend sur 281km² et comptait, d’après l’INSEE, 82.652 habitants au 1er janvier 2010.
Éléments de problématique :
Pour le grand public, la géographie est d’abord une discipline scolaire, traditionnellement associée à l’histoire dans le système éducatif français. Depuis les débuts de la IIIème République, histoire et géographie ont pour mission de donner aux élèves, de l’école élémentaire au baccalauréat, les bases d’une éducation civique enracinée dans l’espace et dans le temps.
Très tôt, comme l’histoire, la géographie a su éviter le piège d’une instrumentalisation à des fins politiques en s’affirmant comme une discipline scientifique, visant à rendre compte avec méthode et de façon rigoureuse, de la diversité de l’espace terrestre. Un espace terrestre où à différentes échelles, s’organisent des territoires d’une grande variété, résultant de la combinaison de processus naturels et de l’action des groupes humains.
Animé par Jean Marie Théodat, le 2 février 2010
Ce repas prévu dès décembre survient juste après le tremblement de terre qui a lieu à Haïti voici trois semaines, le 12 janvier. Aussi les convives se pressent nombreux dans cet étonnant appartement de la rue Saint-Jacques, l’ancien cardo de Paris, au cœur du Quartier latin, pour venir écouter et apporter leur soutien à Jean Marie Théodat à la suite de cette tragédie.
Après avoir étudié au lycée Fénelon, Jean Marie Théodat a été pendant 5 ans professeur de collège à Nanterre, puis il a été chargé de cours à l’université de Nanterre, où l’a fait venir Michel Sivignon, avant d’être, depuis 1998, maître de conférences à Paris-1 (Panthéon Sorbonne).
M. Sivignon fut aussi son président de jury de thèse, thèse intitulée « Une île pour deux : Haïti et la République dominicaine », avec comme interrogation : Haïti est-elle encore une île, ou en forme-t-elle deux, ou s’agit-il d’une île siamoise ?
Éléments de problématique :
Pourquoi un journaliste peut-il titrer : « Le Tarn, symbole des invraisemblances du découpage électoral » (L’EXPRESS, 31/07/2009) ?
La loi vient de modifier la carte électorale en vigueur depuis 1986 afin de tenir compte de l’évolution de la population et de rendre en principe la représentativité des députés plus homogène : 33 circonscriptions sont supprimées, 22 sont créées en métropole et dans les collectivités d’Outre-mer et 11 attribuées aux Français de l’étranger (6 pour l’Europe, 2 pour les Amériques, 2 pour l’Afrique et 1 pour l’Asie-Océanie).
Retrouvez ci-dessous la liste des comptes rendus des Cafés Géographiques d’Albi, publiés sur le site :
- Le redécoupage électoral du Tarn : quels enjeux identitaires et géopolitiques ? (G.Buono), Gérard Buono, 09 novembre 2010
- Géopolitique à l’heure du numérique : la Géographie sert-elle (toujours) à faire la guerre ? (E.Eveno), Emmanuel Eveno, 14 décembre 2010
- Qu’est ce que la géographie aujourd’hui ? (R.Marconis), Robert Marconis, 11 janvier 2011
- L’intercommunalité : quelles conséquences sur la vie quotidienne du citoyen ? (C.Jebeili & S.Guiraud-Chaumeil), Cécile Jebeili, Stéphanie Guiraud-Chaumeil, 8 février 2011
- Vers une identité et une citoyenneté européennes ? (Th.Courcelle), Thibaud Courcelle, 8 mars 2011
- Les villes moyennes : l’enjeu clé de l’entre-deux territorial ? (D.Behar & Ph.Bonnecarrère), Daniel Behar, Philippe Bonnecarrère, 12 avril 2011
- Les systèmes d’information géographiques (SIG) : un nouvel outil indispensable de l’aménagement du territoire ? (F.Martorell), F. Martorell, 10 mai 2011
- Eviter, réduire, réutiliser :Quels enjeux territoriaux de la prévention des déchets ?, Jean-Baptiste Bahers, Daniel Vialelle, 8 novembre 2011
- Géographie des Solidarités numériques : de nouvelles formes d’entraide à différentes échelles ?, Destiny Tchehouali, 13 décembre 2011
- Géographie de l’enfermement : quel contrôle politique et social de l’espace ?, Bénédicte Michalon, Olivier Razac, 10 janvier 2012
- L’eau, ressource multiple: quels risques sociaux et environnementaux ?, Frédérique Blot, Bénédicte Veyrac, 14 février 2012
- Quels déplacements dans la ville de demain ? (G. Dupuy), Gabriel Dupuy, 13 mars 2012
- Le printemps arabe: un an après, quel bilan?, Olivier Pliez, 03 avril 2012
- Fukushima – Hiroshima : même combat ?, Philippe Pelletier, 15 mai 2012
- Espaces protégés : une nature sous cloche ?, Lionel Laslaz, 13 novembre 2012
- Syrie : du soulèvement pacifique à la guerre civile ?, Isabelle Feuerstoss, 11 décembre 2012
- Transports, frontières : quelles mobilités en Afrique de l’Ouest ?, Olivier Ninot, Jérôme Lombard, 15 janvier 2013
- Peut-on encore croire en l’Europe quand on est Grec ?, Michel Sivignon, 12 février 2013
- Carnet de voyage : des chercheurs français dans la pampa ?, Laurence Barthe, François Taulelle, 12 mars 2013
- Après la Françafrique : la Chinafrique ?, Roland Pourtier, 9 avril 2013
- Internet et Réseaux sociaux : quel rôle dans la (géo)politique ?, Mathieu Vidal, 21 mai 2013
Lorsque Pierre Gentelle nous rendit visite pour 4 heures de cours de concours le 9 décembre 2008, dans le cadre de la nouvelle question de programme « Nourrir les hommes », il avait pris un soin méticuleux à se renseigner sur les caractéristiques du CAPES et de l’agrégation, s’inquiétant du décalage entre son année de passage de l’agrégation, fort lointaine, et les réalités actuelles des concours. Son cours « Nourrir le premier peuple du Monde. La Chine face au défi alimentaire », ponctué d’anecdotes et de facéties, avait enthousiasmé les étudiants.
Lorsqu’il revint à Chambéry, c’était pour la 7e édition de notre journée d’études Géo’rizon, le jeudi 17 décembre 2009, consacrée à « l’Asie orientale » et à laquelle il participa aux côtés de Marie-Orange Rivé-Lasan, Philippe Pelletier et Guillaume Giroir. Clôturant la journée, il avait néanmoins captivé l’auditoire, fatigué par une journée bien pleine. Sans Powerpoint ni document, mais avec des images dans les mots, il avait atteint la cible des géographes en devenir. Un sens du verbe et de l’expression qui faisait à chaque fois mouche. Collant au programme de Terminale, cette journée d’études avait pu être suivie, en sus des étudiants, par deux classes de Terminale accompagnées de collègues enseignants du Lycée d’Argonay, près d’Annecy. Les lycéens avaient été fascinés par son sens de la formule, son humour corrosif, son côté « vulgarisateur » (quel mot mal choisi !) dont la géographie a tant besoin, et son comportement de franc-tireur. Ils avaient regretté leur départ vers le bus qui devait les ramener dans les horaires impartis vers leur lycée. Pierre Gentelle m’avait demandé les coordonnées de l’enseignante qui avait fait les démarches, pas toujours simples, auprès de son établissement pour pouvoir emmener ces deux classes à cette manifestation. Il tenait à lui adresser un message directement : « donnez-moi l’adresse de la prof des terminales que je la félicite », et elle reçut effectivement un courriel qui l’a beaucoup touchée.
Il y avait chez Pierre Gentelle cette passion de l’enseignement et de la transmission, une réponse aux diverses sollicitations toujours enthousiaste, sans complication et affichage de titres, un respect pour les étudiants et les petites universités de « province » qui les accueillent.
Si je devais retenir deux choses de Pierre Gentelle, ce serait d’une part le doute, si souvent oublié des chemins académiques pavés de certitudes. Ce serait d’autre part un don de la captation : captation du public et de l’auditoire, comme de ses lecteurs des Lettres de Cassandre, captation des faits essentiels et des articulations majeures, captation des tics, des petits travers de ces contemporains.
Si la géographie a perdu beaucoup avec la disparition de Pierre Gentelle, elle a surtout perdu un de ses meilleurs « médiateurs » ou « passeurs » dans une phase où sa remise en cause comme discipline à part entière est régulière.
Lionel Laslaz
Directeur du Département de Géographie de l’Université de Savoie
2010-10-14 01:35:56